L’album Blood Sweat & Tears
Publié le 18 décembre 2025
Par Michel Linker
Le 11 Décembre 1968 paraissait chez CBS, l’album Blood Sweat & Tears

Formé en 1967 par le compositeur, polyinstrumentiste et chanteur newyorkais Al Kooper. Un ambitieux projet d’associer un orchestre de cordes et cuivres d’une vingtaine de musiciens à une équipe de qualité réunissant des artistes venus du rock. Le guitariste Steve Katz (ancien membre, comme lui, de Blues Project) ou encore le bassiste Jim Fielder (Mothers Of Invention, Buffalo Springfield) et du jazz, le trompettiste Randy Brecker, le saxophoniste Fred Lipsius et le tromboniste Dick Halligan.
Steve Katz, Jim Fielder, Jerry Weiss, Fred Lipsius, Bobby Colomby, Dick Halligan, Randy Brecker et Al Kooper.
Blood Sweat And Tears publia chez Columbia en février 1968 Child is Father To The Man, un remarquable premier album trop sous-estimé à l’époque. Registre inclassable mêlant rock, blues, jazz, R’n’B/soul et funk. Avec Chicago, ils furent les chefs de file d’un nouveau sous-genre progressiste, mariant l’électrique aux cuivres, baptisé d’ailleurs ‘brass rock’ en outre Atlantique. S’engouffreront à leur suite, plusieurs formations Sons Of Champlin, Heaven, Dreams (à redécouvrir avec les frères Brecker, John Abercrombie, Billy Cobham et Don Grolnick, Catapilla ou encore les groupes If en Grande Bretagne et Zoo en France (deux formations oubliées et à redécouvrir).
À l’image de morceaux tels que Without Her aux accents brésiliens, Blood Sweat & Tears était toutefois plus jazz et moins rock que Chicago qui comptait notamment la présence du guitariste Terry Kath. BS&T publiait à la fin de cette même année, ce second album sans titre, en l’absence, déjà, de leur fondateur Al Kooper impitoyablement écarté par d’autres membres influents du groupe. Il ne restait ici que les arrangements de trois des morceaux. À sa suite, après auditions (entre autres de Stephen Stills), le groupe accueillait David Clayton-Thomas au chant puissamment ancré dans un registre soul/R’n’B tandis que Dick Halligan, secondé au trombone par Jerry Hyman, prenait également en charge les claviers (piano, orgue).

Par ailleurs, Randy Brecker ayant, comme Jerry Weiss, quitté le groupe pour préparer la sortie d’un premier album solo Score, aux côtés de son frère Michael, fut remplacé ici par le tout aussi talentueux trompettiste Lew Soloff.
Enregistré en quinze jours au cours du mois d’octobre dans les studios Columbia de New York sous la houlette de James William Guercio (Mothers Of Invention), également producteur attitré de Chicago. Ce second opus offrait un répertoire plus accessible et musicalement plus populaire que le précédent. En l’absence définitive de cordes, il mettait fortement l’accent sur les cuivres, à l’image de Spinning Wheel, l’un des grands tubes du groupe figurant ici. You’ve Made Me So Very Happy encore très empreint de soul & R’n’B ou encore l’allègre et entrainant And When I Die.
Pour ouvrir et refermer cet album, le choix du groupe s’était tourné vers l’impressionnisme français à travers une relecture des Trois Gymnopédies d’Erik Satie. Portée en légèreté par la flûte à bec et une guitare acoustique rejoints par un arrangement de cuivres à la fin de la première plage.
Smiling Phases, première des reprises de Traffic par BS&T mettait en exergue le chant de David Clayton-Thomas autour des énergiques parties d’orgue et d’un somptueux chorus de piano jazz, soutenus énergiquement par le bassiste Jerry Fielder et le batteur Bobby Colomby. Cette section rythmique portait avec cette même vigueur le groove de More And More dans lequel, aux riffs de cuivres, se mêlait la guitare électrique de Richard Katz.
1969 – Smiling Phases – The Ed Sullivan Show
Something In Winter proposait une pop légère tandis que God Bless The Child revisitait un grand standard immortalisé par Billie Holiday. Blues Part II, le plus long des dix morceaux, développait une jam instrumentale de neuf minutes. Alternant des parties isolées d’orgue, basse, batterie puis un long solo de saxophone alto avant le retour du chant pour un final dans la plus grande tradition du blues.
Il empruntait en partie à des courtes sections du célèbre Sunshine Of Your Love par Cream (Disraeli Gears -1967) ainsi que de Spoonful (1960), un standard du Chicago Blues par Willie Dixon.
L’album obtint le Grammy Award 1970 dans une concurrence pourtant rude avec les Beatles, Abbey Road, Johnny Cash et Crosby, Stills & Nash.
À 3 minutes et 6 secondes (3.06)
L’année fut aussi marquée, au-delà d’un troisième album également couronné de succès, par une tournée en Europe de l’Est, organisée en pleine guerre froide par le Département d’Etat américain. Relatée dans le film documentaire What The Hell Happened To Blood Sweat And Tears ?. Bien que celle-ci ait quelque peu terni sa réputation, le groupe allait publier jusqu’en 1977, un album par an à une cadence métronomique. Malgré nombre de changements, et dans un registre toujours très proche du jazz et de la fusion, accueillant par exemple le saxophoniste Joe Henderson et le batteur Tom Malone.
En 1980, le peu convaincant Nuclear Blues marquait un point final à la discographie d’un groupe qui, autour de son dernier membre fondateur Bobby Colomby, ne cesse pour autant encore de se produire dans des concerts et festivals.
Ce second album fut réédité en 2000 pour l’Europe (Columbia/Legacy) dans une version remasterisée comprenant deux pistes bonus (versions Live 1968 de More And More et Smiling Phases).
Musiciens:
David Clayton-Thomas (chant)
Steve Katz (guitare, harmonica, chant, chœurs)
Dick Halligan (orgue, piano, flûte, trombone, chœurs)
Fred Lipsius (saxophone alto, piano)
Lew Soloff, Chuck Winfield (trompettes, bugles)
Jerry Hyman (trombone, flûte à bec)
Jerry Fielder (basse)
Bobby Colomby (batterie, percussions, choeurs)
Pour un monde meilleur
Fabriqué au Québec
Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone
INFOGRAPHE: MURIEL MASSÉ
WEBMESTRE: MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE
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