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George Thorogood Entrevue 1

George Thorogood, entrevue Partie 1/3
Backstage, MTELUS,  jeudi le 3 juillet 2025
Publié le 18 septembre 2025

Par Glen Bourgeois

Loge, MTELUS, jeudi le 3 juillet 2025, avant le spectacle.

George:
J’ai une bonne anecdote franco-canadienne pour vous. Vous voulez l’entendre?
Glen:
Bon! Oui!
George:
All right… La voici: « Lorsque j’étais… lors de ma première visite en France et à Paris, j’ai dit, Écoute, lorsque je visite un pays dont je ne parle pas leur langue, j’apprécie avoir quelqu’un à me dire… à m’enseigner quelque chose dans leur langue que je peux dire sur scène.” Exemple, en Italie, j’ai dit… (ils m’ont instruit comment dire “Il molto bella sei qua con voi.” Tu sais ce que ça veut dire? Grosso modo, ça veut dire “les dames ici sont jolies.”Compris? Alors, lorsque j’étais en France, j’ai dit, “Apprenez-moi quelque chose.” Ils m’ont répondu: “Bon, dit ceci: les femmes qui sont ici sont très jolies…” Et je l’ai répété et répété et répété… Et je suis arrivé à, bon, j’étais à Montréal ou la ville de Québec. Je le disais de l’estrade et… rien. Les gens seraient confus. Et je me disais, “Bon, que fais-je mal?” Alors un gars de notre compagnie de disque, je lui ai demandé, tu sais, “Est-ce que je le dis mal? Les femmes qui sont ici sont très jolies..” Et il me répond… “La ferme est belle?” Ce qu’il essayait de me dire, c’était… le français parlé en France n’est pas le français canadien, c’est différent. C’est comme on parle un différent espagnol à Cuba qu’au Mexique. Un différent espagnol en Espagne qu’au Puerto Rico. Nous les Américains pensons que c’est toute la même chose. Alors, pendant
grand nombre d’années, j’étais sur l’estrade, Glen, à leur dire, “La ferme est belle.” [rire] Maintenant, je dis simplement “quel pied.” C’est censé vouloir dire “C’est merveilleux. »
Glen:
Ah… Ça m’est nouveau…
George:
Je peux te dire une chose, que tu ne rateras pas en disant… Rock and Roll!

1978:  Californie.   Photo : George Rose

Glen:
Ah oui, absolument.
George:
Tu dis ça et t’es couvert! …Montréal c’est ma ville du monde entier.
Glen:
Chouette! Avez-vous des souvenirs des fois précédentes que vous êtes venu ici pour jouer?
George:
La première fois qu’on a joué à Montréal, en 1978. C’était un club appelé le El Casino. Ce n’était pas un casino mais c’était… Il fallait que tu montes un escalier afin d’y entrer. Bon, on a joué dans ce lieu, on n’avait qu’un seul album chez les disquaires. On se présentait pour quatre soirs à ce club, je pense. Deux spectacles par soir, tous à guichet fermé. On est seulement trois dans le groupe. On fait le premier show et les propriétaires du club viennent ensuite nous dire, “Il y a un problème.” Je dis, “Qu’est-ce que vous voulez dire, des problèmes?” “Les gens dans la salle, ils ne quittent pas, ils ne quittent pas. “ Il y en a, environ dix. TRÈS bien habillés et ils paraissent TRÈS bien. Ils étaient plus vieux que nous. Ils étaient allés voir la sécurité… ils refusaient de quitter. “On ne quitte pas.” Le propriétaire, la gérance [leur dit,] “Il faut que vous quittez, le deuxième show est à guichet fermé, on n’a plus de place.” Et ils voulaient que, moi, j’aille raisonner avec eux, leur dire, “Vous ne pouvez pas rester.” Je leur ai dit, “Savez-vous combien d’années que j’ai joué des trous d’clubs et creusé des fossés et, tu sais… J’m’en viens au Canada, à Montréal, à ces gens magnifiques et je vais les demander de quitter? Avez-vous perdu la tête? No way.” Pendant qu’ils parlent à la gérance, ça devient plus agité, ils ne sont pas saouls mais ça devient agité. Ils parlent français, je pense que c’est du français, français-canadien, tout en
faisant [George parle en onomatopée et mime un mouvement répétitif simulant le dépôt de dollars sur une table]. “Merci! Ouah.” Ils ont fini par les laisser rester.

Publié le 26 août 1978, journal Pop Rock Jeunesse

Glen:
Tu sais, c’est flatteur pour un musicien. Quelqu’un vous a vu jouer et ils se disent, “Tu sais, on n’vas pas ailleurs. Ce gars est bon.”
George:
Ouai [les deux rient]. Et j’veux dire, ils sont restés en arrière [de la salle], ils n’ont pas fait mal à personne. Et on a pu faire entrer tout le reste des gens [qui avaient des billets] là-dedans. Quelle expérience! Ils refusaient catégoriquement de quitter. Et bien, je leur ai dit, “Vous allez simplement faire la ré-écoute de toutes les mêmes chansons pendant notre deuxième set car on n’en a pas d’autres.”
[Les deux rient encore.]
George:
De merveilleux, merveilleux souvenirs du Canada, merveilleux. Un de nos albums est paru, Get a Haircut
Glen:
Oui! En 93…
George:
Ouai, c’est la seule chose de nous qui fut #1, tourné et demandé à la radio canadienne. Aux États, c’était #2. Alors pour un bref moment, on était #1. J’le prends! Pour un bref moment de ta vie…
Glen:
Est-ce que vous avez observé des changements quant à la composition de votre auditoire en ce temps- là? Est-ce que des nouveaux visages sont apparus? Même aussi tôt que, tu sais, Bad to the Bone. Lorsque tu l’as écrit et enregistré et qu’elle a… pogné. Est-ce que ton auditoire s’est transformé à l’époque?
George:
Pas vraiment… pas vraiment. Ce qui a changé, lorsqu’on jouait aux États, lorsqu’on jouait au El Mocambo. Tout le groupe… voulait aller à l’hôpital le lendemain, le torticolis, tout raide. Tu veux savoir pourquoi? On jouait le El Mocambo trois jours [de fil]. De 60 à 65% des gens dans le club étaient des femmes. Et 50% de ces femmes étaient des plus belles que j’avais jamais vu de toute ma vie, comme si elles étaient sorties tout droit des pages de Playboy. Et elles sont toutes placées juste en avant de la scène. Nous, on avait l’air de… j’avais, j’portais des pantalons en velours côtelé et des Hush Puppies. On venait du Delaware, on était peu sophistiqué, qu’est-ce qu’on savait, nous? On se disait, “Are you kidding me? Are. You. Kidding. Me.”

Alors j’ai parlé à ce gars qui travaillait pour une compagnie de disques à Montréal. Il s’appelait Gaston, absolument génial comme gars. Il n’a probablement jamais vécu même un seul mauvais jour de toute sa vie. Excellente attitude face à la vie, ouais, un gars absolument génial. Je lui dis, “Gaston, t’es toujours content.” Il me répond, “Oui, mon ami, être content, c’est la seule façon de vivre.” Il était de toute beauté. Mais j’y mentionne au sujet du El Mocambo et les femmes de Toronto et il me répond, “Euhhh, non, mon ami. Les femmes de Montréal…” Il avait raison. On pensait que Toronto était toute qu’une affaire, mais non. Rien contre Toronto, mais on est arrivé à Montréal et quelques autres endroits. On se disait, “Mais les Beatles se sont-ils regroupés? Qu’est-ce qui s’passe? Elles viennent nous voir?”

J’ai aussi sué à grosses gouttes pendant quelques soirs au Spectrum. Ouais… J’ai fait un gig là, deux spectacles lors de cette tournée-là et le deuxième débutait à minuit, j’pense. J’aime Montréal. Il s’agit de mon deuxième chez nous. Mais c’est une ville qui peut être bourrue. Alors on est dans ce club, il est minuit.

Veuillez cliquer sur  Regarder sur YouTube      (Spectrum de Montréal, 1985)

J’pense que la marine franco-canadienne était en congé et environ 15 à 20 marins étaient là. Et tout ce qu’ils voulaient entendre, c’était One Bourbon, One Scotch, One Beer. En même temps, il y avait trois femmes en avant de l’estrade, une noire, une Asiatique et une rousse. Et elles portaient des lunettes de soleil. Elles sont restées fixées en avant de la scène toute la soirée, elles nous regardaient jouer. J’ai trouvé ça quoique bizarre, pas complètement bizarre, juste quoique bizarre, nananana, tu sais? Et tout d’un coup ça m’est venu à l’esprit. George, il est minuit. Ces femmes sont toutes seules avec des marins franco-canadiens assez bourrus dans la salle. Et pis ça commence à brasser. J’veux dire, ces filles sont restées toute la soirée pour te voir jouer. Elles portaient des lunettes de soleil à cause qu’elles étaient tout près des lumières de l’estrade. Pas à cause qu’elles voulaient être cool ou plus cool que le groupe, tu connais le type… Je n’aurais pu me sentir plus honoré. J’me suis dit, Elles sont restées toute la soirée. Et elles avaient probablement besoin de travailler le lendemain. Et elles ont probablement dû endurer tous ces soldats, marins, de plus.”

Il n’y a pas d’autre ville comme Montréal. Mais je dois dire que la plus belle ville que j’ai jamais vu est la ville de Québec. J’veux dire, elle scintille, tout droit sur le Fleuve Saint-Laurent, vrai?
Glen:
Et ensuite tu montes la pente jusqu’au vieux Québec, les vieilles rues…
George:
Ouais. Et je n’ai jamais vu autant d’églises catholiques qu’à la ville de Québec. Je n’ai jamais… Incroyable. Vous cherchez la religion, c’est l’endroit. Mais si vous jetez un regard aux femmes, vous serez convertis! (Les deux rient.)
Glen:
Vous vous marierez probablement aussi…
George:
Ouais. Pourquoi tu penses qu’on revient toujours ici? (Rire) Extraordinaire, extraordinaire… Rien contre Montréal spécialement… Je n’sais pas si c’est la nature, si l’économie est bonne, qu’importe. Mais c’que je sais, une chose, je n’ai jamais vu autant de gens heureux. J’veux dire, vous rivalisez bien Chicago en tant que nombre de gens heureux. Et les gens de Montréal sont tous habillés en noir, ils ont tous l’air hip, tu sais? Leur attitude vis-à-vis… simplement la vie, leur ville, qu’importe, ils sont tout l’temps contents! Si je vivais à Montréal, j’serais content moi aussi. (Les deux rient.) Très content!

À suivre…

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INFOGRAPHE: MURIEL MASSÉ
WEBMESTRE: MARCO GIGUERE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE

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