Entrevues

George Thorogood Entrevue 2

George Thorogood, entrevue Partie 2/3
Backstage, MTELUS,  jeudi le 3 juillet 2025
Publié le 26 octobre 2025

Par Glen Bourgeois

Loge, MTELUS, jeudi le 3 juillet 2025, avant le spectacle.

Glen: A-t-il des chansons au fil des ans qui vous a surpris, j’veux dire, les gens ont fini par embarquer même s’ils n’y étaient pas mordus du début…
George: J’en ai eu quelques unes, euh, au moins trois qui m’ont vraiment étonnées. Quatre à vrai dire, mais trois grandes chansons m’ont vraiment surprises. Une était The Sky is Crying. Une autre, Who Do You Love. Et encore une autre, Move It On Over. Il fallait remplir l’album, on avait fait un album pour Rounder [la première étiquette de disques à signer Thorogood] et on en faisait un deuxième sans avoir assez de matériel pour compléter l’album. Alors une d’elles, Move It On Over, on jouait pendant nos tests de son.
Glen: Wowwww…
George: The Sky is Crying, on faisait celle-là aux bars parce qu’on la jouait comme deuxième de la soirée car les gars voulaient danser avec les filles. Et c’était bien long… la toune. Alors on aurait eu quelques bières et les gars voulaient toujours qu’on joue cette chanson, car c’était leur façon de pogner avec les filles. Comment sais-tu si tu vas l’avoir autre que de danser avec elle, une ballade? Toi, tu connais ça! Tu sais si tu vas l’avoir ou non… Et c’était ainsi.

Who Do You Love avait été interprétée un million de fois par un million d’autres artistes. Et c’est les chansons qui ont absolument pogné. Et quelques-unes d’elles, Rounder était très très convaincant pour qu’on mette ces chansons-là sur l’album. Ils pensaient que… Jusqu’à ce jour, je ne le comprend toujours pas. Mais on garde Who Do You Love et Move It On Over dans notre setlist. Je ne dis pas que je n’aime pas les chansons, je me dis encore… Je ne le comprend absolument pas. Parce que ma génération, elle, entendait Who Do You Love jouée par tout le monde. Pour bien de gens, c’était peut-être la première fois qu’ils l’entendaient. Mais tout le monde dans ma génération la faisait.

Quant à The Sky is Crying, BB King, Eric Clapton, Stevie Ray Vaughan, j’veux dire allons! Tu sais, pourquoi, moi? Tu sais… et elles ont cliqué. D’autre façon… il y a des chansons que j’étais certain qu’elles pogneraient et ne l’ont pas fait. Elles n’ont pas réussi. Ça arrive, tu sais! Par chance que Bad to the Bone n’était pas parmi celles-ci! Celle-là a tourné. On l’a bien eu, là!
Glen:  Elle tourne toujours.
George: Oui! (rire) Qui me permet de tourner! (petit rire).
Glen: Oui… Et une détail de cette chanson que j’me suis aperçu… Et j’veux dire, maintenant, en regardant votre lineup, c’est évident: vous y avez intégré le saxophone. Le mix garde le saxophone un peu caché, mais votre prochain album, Maverick (paru en 1985) mettait le saxophone au premier plan. J’veux dire, Gear Jammer
George: Ouais.

Glen:  J’apprécie beaucoup le son du saxophone au style blues-rock, mais j’aimerais savoir comment le son du saxophone vous a attiré car vous avez quand même deux guitaristes au groupe.
George: Ben, on est tombé sous le charme de la pièce Madison Blues, la version originale d’Elmore James. Ce qui a commencé le groupe, c’était cette toune. Et la solo de saxophone de la part de J.T. Brown est absolument formidable. Du tout début, on voulait un joueur de saxophone, on n’pouvait pas en trouver un. J’ne voulais pas de joueur d’harmonica car ç’aurait fait de nous un groupe blues comme tous les autres. On a dit, Et bien, quoi dire d’un joueur de piano? Et j’ai dit, Je n’veux pas un joueur de piano, c’est compris? Je n’suis pas Jerry Lee Lewis, compris? Ce qu’il nous faut… et on a trouvé le bon.

Ça nous a prit bien du temps, mais ce qu’on entend à Maverick ou à la pièce Bad to the Bone était le son de groupe que je voulais du tout début. Mais on ne pouvait absolument pas trouver le joueur de saxophone. Et peut-être une autre raison pourquoi les gens se sont accrochés à nous était le fait qu’on n’était qu’un trio. Cela les a impressionné. Et c’était très rentable. (Les deux rient).
Glen: Ah, j’en sais… Mais de ce point, combien de temps que les membres courants des Destroyers… ça fait combien de temps qu’ils sont dans le groupe?
George: Et bien, celui qui a passé le moins de temps avec nous, ça fait déjà 22 ans… C’est un bon bout d’temps. Peut-être que… peut-être que j’suis sympa, car j’ne paie pas aussi bien que ça… (Les deux rient.)

Glen: Il y a de quoi à dire d’une synergie de groupe, lorsque tous… pognent la vibe ensemble. C’est compris qu’on se chamaille parfois comme en famille ou quelque chose du genre… mais lorsqu’on considère la musique et que tous sont à l’aise à jouer ensemble, cela en dit long.
George: Et bien, les gars au groupe étaient tous des bons joueurs, mais leur niveau de succès ne comparait absolument pas au nôtre. Alors c’était un poste de rêve pour eux. Tu sais, un poste de rêve… de pouvoir jouer à ce niveau, j’veux dire… Massey Hall, ça vous va? Royal Albert Hall, ça vous suffit?
Glen: Absolument!

George: Je veux dire, un bar n’ayant que quinze personnes, dont la moitié est saoûle, tu comprends ce que j’dis? On enlève quelqu’un de cette situation et on l’intègre à la nôtre, il va rester.
Glen: Excellent. Et, parlons liste de voeux: si tu pouvais choisir un musicien, vivant ou mort, à embarquer sur la scène et jouer avec vous. Qui serait votre choix et pourquoi?
George: Embarquer juste une fois avec nous, ou tourner avec nous?
Glen: Comme tu préfères.
George: (Après une longue pause.) C’est difficile. C’est difficile mais très facile. Seulement une réponse à cela, la même réponse que donnerait n’importe qui d’autre, Jeff Beck.

Glen: Bon! C’est bien, il s’est démontré polyvalent au fil de sa carrière mais il a également joué le blues.
George: Et lui, il est absolument bien coiffé. (Glen rit.) N’importe qui le nommerait. Un joueur de guitare est un joueur de guitare. Il était l’idole de Jimi Hendrix. Pas d’autre, il n’y avait pas d’autre comme lui. Et aussi un homme merveilleux. Et bien, j’ai eu la chance de le rencontrer, comme, quatre fois.
Glen: Cool…
George: Il est vraiment venu nous voir jouer.
Glen: Wow… étiez-vous tous deux au même festival…
George: Combien de gens vont voir Jeff Beck?
Glen: Bon nombre…
George: C’est qui Jeff Beck va voir jouer?
Glen: Toi.
George: Oui. (Glen rit.) Et bien? Tu comprends?
Glen: Absolument.

Glen: Ah, bien… et au fil des ans, mettons, parmi les gens avec qui vous avez joués qui vous a impressionné, soit un invité ou un qui vous a accompagné pour un bout. Que ce soit leur son ou leur attitude… ou bien simplement la façon qu’ils se présentaient? Que ce soit leur talent ou leur personnalité.
George: (Suite à une pause.) Je dirais… La personne qui est venue sur scène. Éclipsant même Peter Wolf [du J Geils Band]0u Mick Jagger

Glen: Ohhhh!
George: Le gars rayonnait tellement de bonheur… et il pouvait chanter: c’était Albert Collins.
Glen: Ahh!

George: Si je ne pouvais pas avoir une carrière comme Steve Miller, je voudrais être Albert Collins. Albert Collins, comme Chuck Berry! Comme bien de gens, Albert Collins pouvait jouer dans un festival de jazz, un festival de blues, un festival rock et jouer les mêmes tounes et étonnerait toujours la foule. Et c’est ce que je voulais. Je voulais avoir une oeuvre qui s’intègre n’importe où. Et… personne ne pouvait allumer une foule comme il le faisait. J’veux dire, il est, il était un cher ami. Et il était simplement… Il n’avait pas grand chose à dire, mais il était… euh… il était vraiment prince.

1985 – Live Aid avec Albert Collins

Partager un estrade avec lui, c’est plaisant au point d’être sidéré. Tu ne reconnais peut-être pas Albert Collins lorsqu’il embarque sur scène, mais tu sauras très bien c’est qui par le temps qu’il le quitte. Et il avait un air, un flair d’humour qui l’entourait lorsqu’il performait. Euh… comment il le faisait avec cette pince sur sa guitare, je ne le saurai jamais… tu sais? Peut-être qu’il ne le savait pas. (D’un ton bourru) Tu sais? Il nous manque beaucoup.

Glen: Un autre artiste pour lequel vous avez déjà partagé votre appréciation, ce qui m’a époustouflé: Frank Zappa.
George: Oh!
Glen: Lorsque vous avez mentionné Trouble Every Day. Bien sûr, vous appréciez son côté coulé dans le blues et le R&B, mais je voyais à un article que vous aimez également son côté freak.
George: Mmm-hmm. J’ai son premier album… Je lui ai parlé au téléphone, une fois…
Glen: Ah oui, c’est vrai…

George: Ouais. Il a une très belle voix de baryton, tu sais. Deux des meilleurs animateurs que j’ai vu au monde rock, sur estrade, étaient Peter Townshend et Frank Zappa. Ils étaient tous deux comiques, très divertissants. iIs avaient bien de choses intéressantes à dire. Townshend et Zappa sont au premier rang. Un des meilleurs comédiens rock que j’ai jamais vu sur scène était Chuck Berry. Vraiment comique. Des bonnes blagues… Il aurait pu faire comédien s’il l’avait voulu. Mais je parle d’un humour malin, pas du sens traditionnel.  Townshend et Zappa étaient les deux meilleurs, lorsque je les ai vu jouer. Et je les ai souvent vu jouer. Tu sais, beaucoup.

Zappa jouait, il était une fois, un gars le chahutait sérieusement. Et il dit, euh… “Que dites-vous?” Et le gars, il criait après Zappa et Zappa lui dit, “Désolé, je ne peux pas t’entendre.” Le gars hurle de nouveau, et Zappa dit, “Je ne peux pas t’entendre!” Le gars hurle une fois de plus, et Zappa dit, “Désolé, tout ce que j’entend, c’est oink, oink…” (Glen rit.) C’est Frank. Vrai?

The Who jouait, il y avait ce gars plus âgé, il ne ressemblait pas au type à assister à un spectacle rock. Ce gars a embarqué sur une poubelle pendant que jouait le groupe et il a performé une danse. Et s’est exposé les fesses. Et ils l’ont éclairé d’un feu de rampe. Ouais? Et tout le monde en était fou. Fou. Après que tout est fini, Townshend parle ainsi, il dit, “Man! Avez-vous vu ses boutons-là?” (Les deux rient.)

Photo: Steve Jennings

Ce que j’essaie de dire, c’est… J’ai appris à jouer la guitare. J’ai choisi mon matériel.

Ce que j’essaie de dire, c’est… J’ai appris à jouer la guitare. J’ai choisi mon matériel. Mais j’ai appris comment divertir, de Elvin Bishop, de Chuck Berry, de Frank Zappa, de Marty Robbins, comment divertir l’auditoire. Tu sais… Jeff Beck n’a pas besoin de dire le mot, car il joue si bien. Mais
il devrait parler davantage, il ne parle pas sur scène, il est bien comique. C’est un comique naturel. Tu sais, il y a toujours quelque chose de comique à dire. Je dis, pourquoi vous ne lui donnez pas un peu de temps au micro, tu sais? Mais ce n’est absolument pas son style.

Ceux que j’ai mentionné m’ont ancré dans la tête, comment divertir, être diverti, tu sais, simplement… Miles Davis et Bob Dylan pouvaient être mystérieux et ne pas dire le mot. Rare. Le reste de nous, simples mortels (les deux partent à rire)… Tu sais, on doit se trouver des conneries à dire, çà et là, afin de maintenir l’attention. Et bien, tu sais combien j’ai appris de ces gens.

Glen:
Ça a bonne mine pour le spectacle, j’ai mon billet ! 

 

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Photo de bannière: Jay West
BANNIÈRE: MURIEL MASSÉ
WEBMESTRE: MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE

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