Spectacle de Steve Hackett à Montréal
Le meilleur de The Lamb
Place des Arts, le 9 octobre 2025
Publié le 13 octobre 2025
Texte, Images et vidéos par : André Thivierge
Après le coffret de luxe, The Lamb reprend vie
Deux semaines après la sortie du coffret du 50e anniversaire de The Lamb Lies Down On Broadway, les amateurs montréalais de Genesis ont eu la chance de poursuivre les célébrations avec la 2e visite en moins d’un an du célèbre guitariste de 75 ans, Steve Hackett.
Comme ce fut le cas dans le passé, les fans ont du faire preuve de patience pour le revoir et ne pas écouter d’avance l’album live du spectacle Au Royal Albert Hall sorti en juillet dernier. Heureusement, l’attente en valait la peine.
Steve Hackett, le musicien le plus prolifique de la famille Genesis!
Depuis 2013, Steve Hackett parcourt le monde avec un répertoire composé en grande partie de chansons de Genesis. En 2013 et 2014, c’était même exclusivement le cas. Et maintenant, depuis environ 10 ans, il joue un répertoire composé à la fois de classiques de Genesis et de plusieurs morceaux solo issus de sa longue carrière.
De plus, Steve est l’un des musiciens les plus prolifiques de la famille Genesis. Au cours des dix dernières années, il a sorti cinq albums rock (Wolflight, The Night Siren, At The Edge Of Light, Surrender Of Silence et The Circus And The Nightwhale l’année dernière). Il y a également eu l’album acoustique Under A Mediterranean Sky. Il a également participé à au moins quatre albums studio du groupe Djabe. Il a offert également de nombreux albums live qui documentent ses tournées de concerts.
Sur le plan thématique, Steve se concentre généralement sur un album de Genesis et son album solo actuel. Ainsi, depuis 2024, il est en tournée avec une sélection de son dernier album The Circus And The Nighthwhale dans la section solo (People Of The Smoke, Circo Inferno et These Passing Clouds). À cela s’ajoutent quelques classiques de Hackett tels que Camino Royale, Every Day et Shadow Of The Hierophant. La partie Genesis, en revanche, est une sorte de ragout d’agneau (Phil Collins avait qualifié le medley de pièces de l’album The Lamb lors de la première tournée sans Peter Gabriel en 1976 de Lamb Stew), c’est-à-dire une sélection de l’œuvre, ce qui était probablement le meilleur compromis en raison de la longueur de l’album et de l’implication inégale de l’artiste sur celui-ci. Il a surtout misé sur les neuf pièces où son jeu est le plus mis en évidence.
Après une longue tournée européenne qui s’est mise en branle à l’automne 2024, Steve Hackett en était à sa quatrième soirée de la tournée nord-américaine à Montréal qui était la 2e et dernière soirée en sol canadien. Sur scène, en plus du célèbre guitariste, on retrouvait Rob Townsend au saxophone, à la flûte, aux claviers, Nick D’Virgilio à la batterie, Jonas Reignhold à la basse et à la guitare, Roger King aux claviers et Nad Sylvan aux voix. Ils forment une unité bien rodée, ayant passé beaucoup de temps ensemble sur la route depuis le début de la tournée.
À noter que D’Virgilio a un lien particulier avec Genesis, ayant été un des deux batteurs engagés en 1997 pour remplacer Phil Collins sur le dernier album studio du groupe, Calling All Stations. Il a une longue expérience de la musique progressive ayant évolué avec les formations Big Big Train, Mystery et actuellement Spock’s Beard.
Au préalable, rencontre privée de Steve avec ses fans
Heureuse nouvelle pour le fan que je suis, Steve Hackett a repris les rencontres VIP avec les fans qui le désiraient via son activité Meet and Greet. Par l’intermédiaire de son site internet, j’ai eu la chance et le plaisir de rencontrer Steve et son épouse Jo avant le spectacle et de lui rappeler le bonheur que j’avais eu il y a cinq ans d’obtenir une entrevue d’une heure avec lui pour la série d’articles We Know What We Like Genesis sur l’histoire du groupe.
Salutations particulières à son public en français
Au début du spectacle, Steve a bien sûr salué le public montréalais en français au grand plaisir de la foule et a rappelé à quel point il était heureux pour lui de se produire à nouveau sur scène. Il a d’ailleurs pris la peine de s’excuser de ne pas avoir inclus la ville de Québec dans les dates de la tournée, décision de la gérance. Il a indiqué espérer pouvoir y aller lors de la prochaine tournée de 2026.
Une Place des Arts pleine à craquer!
Le premier set a été riche en moments forts. Le concert a débuté avec le bruit d’un train à vapeur quittant la gare, suivi peu après par l’intro au clavier de la chanson People of the Smoke, le premier titre de l’album The Circus And The Nighthwhale. La richesse du son du groupe s’est vraiment révélée avec le morceau suivant, Circo Inferno. Cette chanson avait un son énorme, beaucoup plus lourd que sa version studio, grâce aux riffs de guitare très percutants et au son puissant de la batterie de Nick D’Virgilio.
Le troisième et dernier morceau de cette série de nouveaux titres était These Passing Clouds. Il s’agit d’un magnifique instrumental au tempo lent, avec Steve au premier plan jouant la mélodie principale. Cette interprétation live est bien supérieure à la version studio, qui est relativement courte avec une durée d’environ 90 secondes. Celle-ci est deux fois plus longue, ce qui permet à Rob Townsend d’offrir également un solo de clarinette sur cette belle mélodie.
The Devil’s Cathedral (Surrender Of Silence – 2021) a fait vibrer la vieille salle avec son motif d’orgue gothique répétitif, ses voix envoûtantes et sa magnifique guitare. Cette pièce a donné également à Nad Sylvan l’occasion de jouer un rôle un peu plus important dans la première partie. Nad vient de sortir un nouvel album solo, Monumentata.
Les premières mesures entraînantes du clavier de Everyday (Spectral Morning – 1979) ont posé les bases d’une interprétation magistrale ; et même le solo de basse de Basic Instincts de Rheingold a trouvé un accueil chaleureux parmi les fidèles.
Shadow Of The Hierophant (Voyage Of The Acolyte – 1975 », qui célèbre près de 50 ans depuis sa parution sur le premier album solo de Hackett, a fait se lever toute la salle. Cette pièce est devenue un incontournable du répertoire de Steve Hackett. Il est difficile d’imaginer son répertoire sans ce morceau. C’est son In The Air Tonight et, avec Firth Of Fifth, probablement LE solo emblématique de sa carrière. Le bassiste Jonas Reingold occupe depuis quelque temps déjà une place importante. Le Suédois célèbre son instrument avec un solo magnifique et varié.
À la fin de cette pièce menant au premier entracte, le groupe a été sincèrement ému par l’ovation debout qui a duré plusieurs minutes. Une courte intermission de vingt minutes a suivi.
Place à une sélection choisie de The Lamb Lies Down On Broadway.
Il n’est pas facile de choisir quelques moments forts ou fragments d’une œuvre aussi complète et complexe telle que The Lamb. La sélection de Steve est donc bien sûr sujette à critiques. D’un autre côté, il fallait prendre une décision, et il aurait été impossible de satisfaire tout le monde. Les chansons sélectionnées s’enchaînent harmonieusement et forment finalement un tout cohérent. Bien sûr, on pourrait se demander pourquoi In The Cage, Counting Out Time et autres ne figurent pas dans la sélection.
Quoi qu’il en soit, le groupe était en grande forme et Nad Sylvan a chanté les chansons mieux que jamais. Et sur de nombreuses chansons, il apparaît clairement qu’il mérite une place différente sur scène, au moins une partie du temps, à savoir au centre et à l’avant. C’était donc une très bonne décision de le faire jouer certaines chansons sur une plateforme entre la batterie et le clavier. Une performance très confiante et passionnée de la part du chanteur !
La chanson d’ouverture était bien sûr la chanson titre, The Lamb Lies Down on Broadway. De l’intro au piano et au bourdonnement d’une mouche, jusqu’aux accords majestueux annonçant les premières lignes vocales, tout y était.
Et tout comme sur l’album original, elle a été suivie par la très dynamique Fly On The Windshield, puis par Broadway Melody of 1974. Cette section contient des morceaux triés sur le volet issus du double album, le choix étant principalement basé sur la participation de Steve Hackett à la composition ou sur ses performances sur ces morceaux.
J’ai été un peu déçu que Cuckoo Cocoon ait été ignoré, car c’est une chanson formidable qui aurait dû suivre dans l’ordre des morceaux, conformément au contenu de l’album et qui met en lumière le jeu de guitare de Steve. Au lieu de cela, nous sommes passés à la face 2 de The Lamb avec l’instrumental Hairless Heart. Un morceau court, mais d’une beauté envoûtante.
Il a été suivi par le très apprécié Carpet Crawlers, avec le public qui reprenait les refrains et le chanteur principal Nad Sylvan qui montrait toute l’étendue de sa voix grave.
La chanson suivante, qui clôturait la face 2 de l’album, était The Chamber Of 32 Doors. Nad avait interprété cette chanson sur l’album Genesis Revisited II de Steve en 2012, et depuis, il est devenu un membre incontournable de ce groupe en tournée. C’était donc agréable de voir Nad revisiter cette chanson, car elle marquait en quelque sorte le début de cette longue relation musicale, qui a depuis donné naissance à un groupe progressif très recherché et extrêmement populaire.
Lilywhite Lilith a suivi et cette version était fantastique, comme toutes les autres classiques de Genesis. Le groupe a vraiment un sens exceptionnel du répertoire, non seulement grâce à la participation de Steve Hackett aux enregistrements originaux, mais aussi grâce à la façon dont cette équipe de musiciens interprète ses parties et les exécute à la perfection. The Lamia, qui clôt la face 3 et qui est l’un des morceaux préférés des fans, est une chanson magique au rythme lent, riche en textures et en émotions, qui met en valeur certaines des meilleures compositions de Tony Banks et qui se termine par l’un des solos les plus célèbres de Steve. C’est un véritable joyau de l’album The Lamb, reproduit ici avec autant de passion et de fidélité.
Le dernier morceau sélectionné ce cet album double, qui constitue l’un des moments forts du spectacle, est également le dernier titre de The Lamb, intitulé simplement it. Je pense pouvoir affirmer sans me tromper que c’était probablement la seule pièce de cet album joué ce soir-là qui n’avait jamais été interprété auparavant par le groupe de Steve. Toutes les autres avaient déjà été jouées lors de tournées précédentes. Mais c’était génial de les voir toutes réunies ici dans l’ordre, avec 9 chansons au total.
Supper’s Ready
Avant le rappel, Steve Hackett a semé l’émoi dans la foule avec l’interprétation de Supper’s Ready (Fox Trot – 1972), qui a été rempli de moments forts. Elle a vraiment montré à quel point le groupe est solide et cohérent. Le chanteur a offert toutes les nuances des personnages variés de la chanson et le claviériste a joué avec passion le solo d’orgue de la section Apocalypse in 9/8. Le travail de guitare de Hackett vers la fin de la chanson était phénoménal et a couronné ce qui avait été une version vraiment exceptionnelle de la chanson.
Un rappel époustouflant !
Après une ovation debout des fans exaltés, Steve et son groupe sont revenus avec une des meilleures pièces de l’album Selling England By The Pound (1973). Le travail de King au piano au début de Firth of Fifth (1973) était magnifique. Il faut noter ici que le claviériste a offert l’introduction complète qui n’apparait pas sur les intepretations live de Genesis, après le départ de Peter Gabriel. Et bien sûr, que dire de plus à propos du fameux solo de guitare épique de Steve comme seul lui peut le jouer à la perfection.
Le groupe disparaît de la scène, et juste au moment où vous commencez à penser que le spectacle est terminé, Nick D’Virgilo revient à sa batterie pour jouer un solo endiablé suivi du rythme de batterie familier qui a finalement lancé l’instrumental Los Endos (Trick Of The Tail – 1976). C’est un autre morceau qui a toujours été au programme de chaque tournée et cette version intègre une fois de plus l’un des morceaux solo de Steve, Slogans (Defector – 1985), pour finalement revenir à la section finale du morceau de Genesis.
La chanson s’achève sous un tonnerre d’applaudissements, le public debout, applaudissant et acclamant un homme qui leur a procuré tant de joie pendant tant d’années. Il n’est pas seulement une légende du rock progressif… il est l’une des plus grandes icônes britanniques de la guitare de tous les temps. Et nous devrions être très reconnaissants qu’il continue à faire découvrir cette musique tant aimée lors de ses tournées.
Photos prise de l’arrière scène par les musiciens de Steve Hackett
Est-ce la fin de l’aventure Genesis pour Steve?
Pas encore alors qu’il a annoncé son prochain spectacle de 2026 qui offre un mélange de ses meilleurs extraits solos et ceux de Genesis. À noter qu’il devrait avoir lancé d’ici là un nouvel album solo auquel participera le guitariste Steve Rothery de Marillion. À noter que ce sera la première fois depuis longtemps qu’il ne jouera pas en partie ou en intégrale un album de Genesis auquel il a participé. Les fans attendront avec impatience les dates de sa prochaine visite au Québec en espérant qu’il offrira plus de dates et de villes à ses fans.
Fabriqué au Québec!
Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone!
INFOGRAPHE: MURIEL MASSÉ
WEBMESTRE: MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE
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