1975 Les choix de Ricardo
Publié le 19 septembre 2022
Par Ricardo Langlois
L’adolescent qui découvre la musique. Une maison dans sa tête. Pour moi, il y a des milliers de questions. Je lis le journal Pop Rock et j’achète des disques. Je suis un voleur de disques. Je l’avoue. Il s’est passé tant de choses dans ma jeunesse. Des paysages. Des rencontres amoureuses impossibles. J’apprends à jouer de la guitare. Trouver son chemin. Jusqu’à l’os. Petites choses de VIE, personne de vous et moi ne bénira les cendres. Nomade par les chemins creux du cœur… (1)
Musique s’il vous plait, la meilleure de 1975
1. Pink Floyd, Wish You Where Here
Il y a la musique. Et il y a Pink Floyd. Quelle claque, quelle découverte, quelle prise de conscience! Sans cesse de me surprendre, Pink Floyd est pour moi le plus grand groupe de tous les temps, et de loin. Et dans une discographie extraordinaire de qualité et de richesse, c’est Wish You Were Here qui l’emporte, et je vais maintenant vous dire pourquoi.
Dans un premier temps je parlerais d’une large transcendance de la musique classique, avec l’incroyable morceau Shine On You Crazy Diamond, 9 parties regroupées en deux titres, l’un au début, l’autre à la fin de l’album. Ce morceau d’une incroyable richesse et qui est très long (une trentaine de minutes les deux parties rassemblées) entraîne dans l’univers incroyable qu’est le rock progressif, les sons se superposant, arrivant avec justesse et brio.
Wish You Were Here est un incroyable pamphlet contre l’industrie du disque et un hommage émouvant à la figure de proue et la muse de Pink Floyd, Syd Barret.
2. Black Sabbath, Sabotage
Du lundi au dimanche je respire l’humide sous-sol. Je dois apprendre Black Sabbath à tout prix. Je m’invente un scénario avec des garçons électriques. Hole in the Sky définit bien cet album insolite. Ozzy m’a influencé (la chemise indienne avec une croix au cou) .Les riffs sont monstrueux. Symptom of the Universe est ambitieux.
3. Harmonium, Si on avait besoin d’une cinquième saison.
Un album important. C’est aussi le préféré de Serge Fiori. Il découvre la source de la Vie. La nostalgie d’un paradis perdu est proclamée à chaque chanson, à chaque battement de cœur. À 16 ans, malgré la solitude du cœur, il y a mille soleils. Chaque saison est un chemin de lumière.
4. Led Zeppelin, Physical Graffiti
Et toujours le même refrain,: accoudé à ma fenêtre, le casque vissé sur la caboche et le regard porté vers l’horizon. La brise zepelinienne m’emporte dès les premiers coups de griffes de Custard Pie, introduction affûtée et tellement typique du son des Anglais. Place ensuite à The Rover au groove rond et chaud, une promenade qui nous replonge dans les racines blues du groupe. Pour le titre suivant, on reste en territoire roots, In My Time Of Dying, plus long morceau de l’histoire du dirigeable (en studio) est une fresque gorgée d’influences qui démarre dans un folk traditionnel et finit en blues rock endiablé.
Arrive ensuite Houses of the Holy, hard rock carré à l’efficacité redoutable. Pour la petite histoire, ce titre n’a jamais été joué en live, c’est dire l’épaisseur du catalogue des musiciens. Trampled under Foot, autre classique, est un bien curieux morceau. Il propose une cadence funky, sautillante qui tranche avec le souffle dense des plages précédentes. Une accalmie réjouissante dans la langueur de l’album, surtout quand on sait ce qui se prépare en arrière-plan. Car Kashmir déboule sans crier gare. Fabuleuse pièce au tempo pachydermique, on se laisse emporter au loin par cette bourrasque lourde comme l’enfer et mâtinée d’accents orientaux. Redondant, obsédant, ce titre se vit autant qu’il s’écoute. 8 minutes et 30 secondes furieuses qu’il faudra affronter pour terminer la première face du disque. Les notes se dissipent, la tempête est passée …
In The Light ouvre le second volet de Physical Grafiti. Une lente progression inaugurée par un duo guitare/clavier pastoral qui se muscle au fur et à mesure. Ce titre est une excellente entrée en matière pour nous replonger sans efforts dans la tonalité générale de l’album. Mais que dire de la suite … Les deux morceaux suivants ont toujours été chers à mon cœur. Bien qu’ls soient très différents, ils ont cette même particularité d’inviter au voyage.
5. Harmonium, Harmonium, 1974
Je reprends les mots de Richard Z Sirois, pour sa critique de l’heptade: cet album, je l’ai porté pendant de longues années de ma vie comme un sac à dos confortable. Ma façon de penser ma vie a été différente à partir de ce vinyle et de ses chansons (2) Moi, c’est à partir du premier album. Imaginez, il a composé cet album à l’âge de 16 ans. Je suis presque rendu là. Je l’ai étudié comme un poème à la Vie.
Ici les paroles de Aujourd’hui je dis bonjour à la vie :
Et l’attente qui m’avait si bien prédit
Tout est mort et presque rien n’est dit
J’ai regardé si loin que je n’ai rien compris
Il fallait bien un jour que j’en sorte à tout pris
Aujourd’hui je dis bonjour à la vie
Demain je ne prendrai plus mes nuits
On cherche toujours quelques lettres à graver
D’abord dans son cœur puis sur un vieux pavé
J’ai regardé si loin que je n’ai rien trouvé
Au début d’un refrain le matin s’est levé
Live en 1979
6. Wings & McCartney, Venus and Mars
Après le fantastique Band on the Run, de moins de 2 ans avant cet album, il devenait de plus en plus clair au fil du temps que Wings allait avoir le potentiel d’être un autre groupe légendaire comme les Beatles, le tout avec un gars qui était dans et écrivait pour eux deux. Bien sûr, Wild Life était peut-être correct au mieux, mais les goûts du sous-estimé Red Rose Speedway et de l’exceptionnel Band on the Run susmentionné sont arrivés là où les choses s’annonçaient bien pour le deuxième grand groupe de Macca.
Et même si Wings n’atteindrait pas tout à fait ce statut légendaire à long terme, ils sont toujours considérés comme un sacré bon groupe sous-estimé par beaucoup, néanmoins, moi y compris. Et cet album aiderait à continuer à cimenter cela pour toujours, car cela pourrait très bien être le groupe à leur apogée. Bien que certains puissent dire que ce n’est pas aussi simple que Band on the Run , il a ses propres qualités qui le rendent tout aussi bon, mais pour des raisons différentes.
En fait, certains aspects sont tout simplement meilleurs que tout ce que le groupe a fait auparavant. L’un de ces aspects est la diversité. Cela ne veut pas dire qu’aucun des albums précédents n’en avait aucun, mais je pense que celui-ci s’en sort le plus parfaitement. Et c’est parce que même s’il a beaucoup de variétés, tout est toujours réuni en un seul package complet, et un sacrément amusant à cela.
Que ce soit le hard rockin Rock Show et Medicine Jar, la chanson-titre magnifiquement hypnotique (les deux versions) et Love in Song, l’adorable et merveilleux rappel de danse ragtime You Gave Me the Answer, le rebondissant et accrocheur Magneto and Titanium Man et Listen to What the Man Said (le premier étant des références de bandes dessinées impressionnantes), le plus lent, mais soul Letting Go, le bluesy et ambigu Spirits of Ancient Egypt, le bruyant et sincère Call Me Back Again, le beau et mature Treat Her Gently – Lonely Old People, ou le rockin’, mais instrumental orchestral Crossroads qui clôt merveilleusement l’album.
7. Frank Zappa & The Mothers of Invention, One Size Fits All
La dernière grande oeuvre des Mothers of Inventions est aussi un grand album de guitares aux influences mondiales, aux sonorités délicieuses qui semblent toujours vouloir plus, chercher plus, comme ouvrant les pages d’une Encyclopédie pour y puiser l’inspiration. Les motifs se superposent, s’enchaînent, se brusquent, ce qui aura le don d’en énerver plus d’un et de semer la confusion. Frank Zappa n’a jamais laissé indifférent. Guitare en mains, certains prétendent même qu’il n’est pas un grand guitariste et que cette guitare est utilisée comme un instrument secondaire, parfois parodique, liant d’autres instruments dont la présence domine clairement davantage.
8- Bruce Springsteen, Born to Run.
Je me souviens d’avoir fait l’amour sur l’Heptade ou Ummagumma de Pink Floyd avec un jeune délinquant et un pigiste au journal Le Devoir. Cet album de Springsteen est majeur. C’est sur cet album que Guy A Lepage a baisé avec Johanne… Le disque sautait sur Jungleland. Étrange anecdote. Merci à Richard Z Sirois pour sa fabuleuse encyclopédie. (3) Je vous recommande le livre écrit par The Boss. Une autobiographie qui représente sept ans d’écriture (4).
Notes
1. Jacques Brault, Il n’y a plus de chemin Noroit 1990
2. Richard z Sirois sur L’Heptade p. 83 Le Vinyle de l’insomniaque
3. Richard Z Sirois, Born to Run. P. 130 Le Vinyle de l’insomniaque
4. Bruce Springsteen, Born to Run. Livre de Poche 2017.
Ricardo Langlois est analyste musical pour Famillerock . Il est l’auteur de 4 recueils de poésie.
Fabriqué au Québec
Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone
BANNIÈRE : DANIEL MARSOLAIS
WEBMESTRE : MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF : MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR : GÉO GIGUÈRE
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