Album Live At The Regal
B.B. King
Un live de légende
Publié le 15 janvier 2023
Par Jean-Jacques Perez, Marseille
USA 1965 – label ABC
Il est loin le temps où B.B. King, dans les fastes années 50, rencontrait le succès. La faute au label ABC qui veut transformer le bluesman en chanteur de variétés. La faute à ce public afro-américain qui délaisse le blues pour la soul ou le rythm & blues, plus joyeux et plus enthousiaste. Contrairement à ce que l’on peut croire au début des années 60, le blues est devenu un genre moribond. Jusqu’à ce qu’il soit récupéré par des jeunes blancs- becs anglais. Mais pillées, les grandes légendes du blues noir américain auront du mal à se faire une place dans les années qui suivront.
Voilà qu’en 1965, se montre l’opportunité pour B.B. King, à qui l’on reproche de manquer d’authenticité, de trouver un nouveau souffle qui fera date. En effet, la même année, le guitariste/chanteur publie sur ABC, Live At The Regal capté en concert le 21 novembre 1964 à la salle du Regal dans le quartier sud de Chicago.
C’est le DJ Pervis Spann qui est chargé d’annoncer le spectacle. Et il n’y va pas par quatre chemins en présentant l’artiste comme étant le roi du blues, surnom qui ne quittera plus B.B. King, suivi d’acclamation triomphale. Car le public, déchainé, n’est venu que pour une seule chose : passer une bonne soirée en écoutant ses plus grands succès.
Épaulé par le bassiste Leo Lauchie, le batteur Sonny Freeman, le contrebassiste Mayall York, le pianiste Duke Jethro, le trompettiste Kenneth Sands ainsi que les saxophonistes Johnny Board et Bobby Forte. B.B. King, le King of Blues ne se fait pas prier et balance pour bien chauffer la salle, Every Day I Have The Blues, un rythm & blues galopant fait de bombardement de cuivres.
Rapidement, l’orchestre enchaîne avec un Sweet Little Angel à rendre hystérique les spectateurs, surtout les filles. Là, on est dans le B.B. King qu’on aime bien, pour un blues stoner, une ballade au tempo lent où le guitar hero se transforme en crooner à la voix transi, faisant pleurer sa guitare. Appelée Lucille, sa Gibson s’harmonise par moment avec un sax chaud et charmeur.
Sans que l’on s’en rende compte, via un piano langoureux et séduisant, on reste dans le même registre avec It’s My Own Fault et How Blue Can You Get. La face A se termine de manière fracassante avec Please Love Me pour un probable hommage à Elmore James disparu il y a peu.
La face B reste dans le même format que la précédente. On commence par un rythm & blues standard, You Upset Me Baby avec un chorus abrasif au sax et on atteint l’apothéose avec les six minutes à faire pleurer de Worry, Worry où le jeu de B.B. King tout en finesse et d’une agressivité contenue fait mouche.
Redescendu de ses chagrins d’amour, le héros du soir embraille sur un bref mambo, Woke Up This Mornin‘. Court morceau qui fait bien incongru car B.B. King repart rapidement dans ses états d’âme avec You Done Lost Your Good Thing Now fait d’orchestration dramatique et épique.
Séducteur, le guitariste/chanteur conclut son set avec Help the Poor un brin exotique.
Un disque live qui entrera dans la légende.
Il atteint la 78ème place du Billboard 200 et la 6ème du classement R&B. En 1983, l’album est intronisé au Blues Hall of Fame de la Blues Foundation dans la catégorie « Enregistrements classiques du Blues ». En 2005, il est entré au Registre national des enregistrements de la Bibliothèque du Congrès des États-Unis.
La revue Rolling Stone le classe à la 141e place de son classement des 500 plus grands albums de tous les temps. Il fait partie des 1001 albums qu’il faut avoir écoutés dans sa vie.
Pourtant, B.B. King en matière de disque en concert aura largement l’occasion de faire mieux.
Note rédaction :
Je me remémore tous les jours la première st seule fois que j’ai vu le roi B.B. King sur scène, à Montréal à la salle Wilfrid-Pelletier – Place des Arts. Un des plus beaux jours de ma vie. Avant le début du concert, je suis restée collée à la scène les yeux plongés dans la majestueuse Lucille, puis, le roi entre sur scène.
À la fin du spectacle, je me suis rapprochée de nouveau de la scène sur laquelle B.B. King est resté pour rencontrer ses fans, il était bien fatigué, je n’ai pas osé lui parler, j’étais trop émue, je ne l’ai pas quitté des yeux pendant un bon quart d’heure. B.B King est allé au paradis des légendes trois ans après ce spectacle. Son sourire, sa gentillesse restent gravés dans nos cœurs. Mel Dee
Fabriqué au Québec!
Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone!
BANNIÈRE: MEL DEE
PHOTO BANNIERE : MICHAEL OCHS/Getty Images
WEBMESTRE: MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE
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