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Bee Gees mini bio

Les Bee Gees : Au delà de Saturday Night Fever.
Documentaire How Can You Mend A Broken Heart
Réalisateur Frank Marshall
Publié le 16 juillet 2021

 

Texte de Sylvain Lavallée

 

Je préférerais qu’ils reviennent, que d’avoir connu tout ce succès – Barry Gibb

L’histoire des Bee Gees, (Brothers Gibb), débute en 1958. La famille Gibb quitte l’Angleterre pour l’Australie. Le père de Barry Robin et Maurice était lui-même musicien, mais leur plus grande influence musicale vient d’un autre groupe d’Angleterre. De quatre garçons de Liverpool, Les Beatles.

Les Bee Gees sortent leur premier album en 1966: Spick and Speck; qui deviendra numéro un en Australie. Ils décident alors de retourner en Angleterre et envoient un démo à Brian Epstein, le gérant des Beatles. Epstein refila le démo à Robert Stigwood, un agent influent en Angleterre, qui les a pris sous son aile. Stigwood déclara en entrevue à la télévision, qu’il n’avait jamais entendu une telle harmonie vocale dans un groupe !

Au début, leur style musical était influencé non seulement par les Beatles, mais aussi par le mouvement hippie de la fin des années 60. Leur gérant décida de leur dénicher un contrat de disque en Amérique. Il rencontre Ahmet Ertegun, le co-fondateur de l’étiquette Atlantic Records. Écurie dont feront partie Led Zeppelin, quelques années plus tard. Un soir, ils décidèrent d’aller voir Otis Redding en spectacle à l’Apollo. L’influence Motown a toujours eu une place importante dans leur univers musical. Otis Redding, Smokey Robinson, entre autres. Ils demandèrent à Otis Redding de collaborer avec eux, en leur écrivant des chansons. Ils n’auront jamais la chance de réaliser ce projet. En décembre 1967, Otis Redding et son band prennent place dans un avion qui plongera dans le lac Monona au Wisconsin, ne laissant aucun survivant.

1964

La fin des années 60 aura une grande influence sur le parcours musical des Bee Gees. Le succès du groupe, sans être aussi grand que celui des Beatles, est immense. Un jour, Robin entre en studio avec une mélodie, et la propose à ses frères. La chanson Massachusetts deviendra un grand succès. La chanson, sous fond de son folk et gospel, atteindra la première position en Angleterre. Le succès engendre une pression énorme sur le groupe. Une compétition entre les trois frères s’ensuit. Ils sont encore très jeunes, début vingtaine, et chacun veut arriver en studio avec LA chanson qui attirera l’attention des jeunes filles. Chacun travaillait individuellement à l’intérieur du groupe.

1967

1968

En mars 1969, Robin décide de quitter le groupe. La compétition à l’intérieur du groupe impliquait surtout Barry et Robin. Maurice servait de tampon entre les deux. Il était la force tranquille du groupe. Si les deux frères voulaient communiquer entre eux, ils passaient par Maurice. Les trois frères s’éloignent les uns des autres. Ils diront des paroles qu’ils regretteront par la suite. Suite au décès de Brian Epstein, Robert Stigwood, leur gérant, était pressenti pour lui succéder comme gérant des Beatles, selon les rumeurs qui couraient en Angleterre. Stigwood quitte l’écurie d’Epstein et fonde sa propre étiquette: RSO, (Robert Stigwood Organisation LTD). Au lancement de la nouvelle compagnie, les frères Gibb se retrouvent. La communication semble rétablie entre les trois frères et ils décident de reformer le groupe. Le simple Lonely Days de l’album Man For All Seasons, reflète le sentiment que la rupture du groupe semblait inévitable à ce moment-là. En reformant le groupe, ils décidèrent de travailler en harmonie, en collaboration étroite, en respectant les opinions de chacun. Ce qui, selon Robin, n’était jamais arrivé auparavant.

Robin à son studio, 1969

Deux ans se sont écoulés entre la rupture et les retrouvailles professionnelles des frères Gibb. Robin entre en studio un jour, avec une mélodie, et la joue au piano, How Can You Mend A Broken Heart. Robin regarda Barry et lui demanda s’il voulait la chanter en duo avec lui. Barry accepta immédiatement. La chanson deviendra un succès immédiat. Le succès entraîne son lot de problèmes et de pression immense. Les frères Gibb, Maurice et, Robin en particulier, cherchent refuge dans la boisson et les pilules.

À partir de 1974, le courant musical commence à changer, ce qui les amène à se questionner sur leur avenir musical en tant que groupe, à savoir s’ils en ont encore pour longtemps. Ils décidèrent donc de retourner en Angleterre. C’est un retour aux sources pour le groupe qui délaisse les grandes salles et les festivals des États-Unis, pour les pubs anglais. Suite à cela, le groupe sort deux albums qui ne connaissent pas un grand succès. Ahmet Ertegun leur dit que le groupe est rendu à la croisée des chemins. Que c’est peut-être la fin. Barry, n’ayant pas la même vision que Ertegun, communique avec Eric Clapton à Miami et lui fait part de la situation. Clapton lui dit qu’il est présentement à Miami, pour l’enregistrement de son prochain album, 461 Ocean Boulevard, endroit où il réside à ce moment. Il dit à Barry que le groupe devrait revenir en Amérique. Qu’un changement d’environnement pourrait leur être profitable.

Les Bee Gees, à la base, était un groupe de rhythm ‘n’ blues. En reformant le groupe, il leur manquait un batteur et un claviériste. Après l’embauche de Dennis Bryon aux drums, Bryon propose aux frères Gibb, Blue Weaver comme claviériste et il prend lui-même l’initiative de contacter Weaver. La réponse de Weaver est sans équivoque : NON ! À ce moment là, Weaver est claviériste pour Mott The Hoople. Le groupe joue dans de grandes salles et Weaver ne se voit pas ailleurs que dans un autre univers que dans celui du Rock. Bryon le rappelle et lui demande une seule chose. De rencontrer Barry. Si après la rencontre, il ne veut toujours pas, Bryon n’insistera pas. Après sa rencontre avec Barry, Blue Weaver embarque dans l’aventure.

1975 : Arrivée à Miami, au 461 Ocean Boulevard, endroit même où Clapton demeurait lors de l’enregistrement de son dernier album. Le changement d’environnement amène le groupe à se questionner sur l’orientation musicale du groupe. Nouveau son, nouvelle attitude à l’agenda pour le groupe. Entrée en scène d’un nouveau producteur : Arif Mardin, d’Atlantic Records. Le groupe lui propose un changement musical qui se rapprocherait plus du RnB. Mardin produisait beaucoup d’artistes RnB. Robert Stigwood entre en studio un jour et est témoin de ce nouveau son.. Il se dit : OK, retour à la case départ. Ça va être GROS ! Premier succès nouveau son: La chanson Jive Talkin’. Le son des pneus sur les ponts traversant Miami ont inspiré Barry pour le riff de guitare au début de la chanson. La compagnie de disques envoie la chanson aux stations de radios, sans mentionner le nom du groupe. L’étiquette est blanche, sans aucune mention, étant donné que les ventes d’albums du groupe étaient faibles. Après avoir mis Jive Talkin’ en ondes, les demandes téléphoniques des stations de radios explosent ! Tous se demandent qui est ce groupe.

Les frères Gibb avec l’impresario Robert Stigwood

Le 9 août 1975, Casey Kasem, une sommité dans le monde musical radiophonique et télévisuel, aux États-Unis, annonce en ondes à son émission Casey Kasem’s American Top 40, que Jive Talkin’ est numéro un aux États-Unis. Exactement quatre ans, après leur premier numéro un. Le deuxième extrait, Nights On Broadway, qui à l’origine s’intitulait Lights On Broadway, était très bonne, mais, il manquait un petit quelque chose côté harmonie. Ahmet Ertegun pensa engager des chœurs en background. Il demanda à Barry d’essayer de prendre une voix de falsetto. Une voix plus claire. Barry se surpris lui-même d’être capable de pousser sa voix aussi haute, d’atteindre ce timbre de voix ! Ces voix de falsetto, en harmonie entre les trois frères, deviendront leur marque de commerce et les propulseront vers un autre univers musical !

Miami 1976: Sur leur prochain album, Arif Mardin ne travaillera pas avec eux. Robert décide de devenir producteur privé. Atlantic Records refuse que Mardin, toujours à l’emploi de l’étiquette, soit impliqué. Barry appelle Kari Richardson, au Studio Criteria, pour ravoir son temps en studio, et, travailler avec lui. Prochain album: Children Of the World, avec les deux premiers extraits: You Should Be Dancing et Love So Right. Avec leur nouveau son et la voix de falsetto de plus en plus présente, la musique des Bee Gees est redéfinie comme le Miami Sound.

En 1977, Andy, le frère cadet de la famille, a traversé l’océan avec sa famille, pour rendre visite à ses frères à Miami. Pour Andy, ses grands frères étaient ses idoles, Barry en particulier. Quand Andy décida de suivre leurs traces, en se lançant dans le monde de la musique, Barry l’a pris sous son aile. Le style musical d’Andy, inspire par le style musical de ses frères lui apporta un succès immédiat. Résultat: Andy obtient trois numéros un consécutifs au Billboard Hot 100! : I Just Want To Be Your Everything, Love Is Thicker Than Water et Shadow Dancing, reléguant ses frères à la 39ième position ! Il était devenu la nouvelle idole des adolescents. Il y a eu immédiatement des rumeurs, voulant qu’il joindrait ses frères au sein du groupe. Andy avait son propre groupe de fans à ce moment.

1978: Le groupe s’envole pour la France, pour l’enregistrement de leur prochain album, au Honky Château. Titre du dernier album d’Elton John, où il a lui-même enregistré. Déception. C’était loin d’être le Honky Château d’origine. C’était plutôt un château défraichi, à l’abandon, au milieu de nulle part. Un trou perdu. Alors que le groupe mixait les chansons pour un album live à venir, et en préparation pour un nouvel album studio, ils ont reçu un appel de leur gérant. Leur musique était devenue la référence musicale du mouvement disco de la fin des années 70. Leurs chansons tournaient en boucle dans les boîtes de nuits en Amérique. Tant aux États-Unis qu’au Canada. Tant au très célèbre Studio 54 à New York, que dans les boîtes de nuit, des bars gay de la fin des années 70.

Suite à un article dans le New York Magazine, Tribal Rites of The New Saturday Night;, Robert Stigwood acheta les droits de l’article, dans le but d’en faire un film. Stigwood contacta John Travolta, pour une séance photo. Travolta avait connu un certain succès dans une comédie de situation à la télé et quelques films au cinéma. Il atteint la célébrité suite au film Grease.

Bill Oakes, un des membres du comité de direction de l’étiquette RSO Records a eu la tâche de créer une trame sonore pour un film sans titre, toujours en préparation ! On lui demanda de faire une liste de ses chansons disco favorites, et tout le monde se mettra à danser ! À la base, les Bee Gees ne devaient soumettre que deux ou trois chansons. La trame sonore du film ne serait pas basée uniquement sur le groupe. La trame sonore aura finalement cinq chansons du groupe. Impossible d’en couper une ou deux: Stayin’ Alive, More Than A Woman, How Deep Is Your Love, If I Can’t Have You et Night Fever.

Les journées d’enregistrement en studio avait une durée de 16 heures, minimum ! Stigwood appela Barry pour des idées de titres pour le film. Barry lui proposa deux titres: Stayin’ Alive et Night Fever. Stigwood lui dit que Night Fever sonnait trop comme un titre de film pornographique. Stigwood lui demanda d’inclure Saturday Night dans le titre, en référence au titre de l’article du New York Magazine. Le titre du film était trouvé: Saturday Night Fever.

Le 23 juillet 1977, une panne d’électricité majeure à New York, entraîna plusieurs pillages et incendies. À ce même moment, le tueur en série, Son of Sam, rôdait dans les rues de New York. Certaines personnes ont associé les paroles de Stayin’ Alive au tueur en série, de par les paroles. Ça dépassait le cadre de la musique. Ça interpellait la population de New York, comme un message de survie.

Première semaine : le film rapporte 110 millions au Box Office, en Amérique seulement. La trame sonore : 80 millions de copies dans le monde. Du jamais vu ! En mai 1978, quatre des cinq chansons tirées de la bande sonore sont certifiées disques d’or. Les frères Gibb, incluant Andy, occupèrent cinq des dix premières positions du Top 10 du Billboard. Phénomène semblable aux Beatles dans les années 60. Barry déclara suite à ce succès: : Nous ne savions pas que nous définissions une culture. Nous n’étions que Barry, Maurice, et Robin!. En 1979, le nouvel album:, Spirit Having Flown, a connu un lent départ. La trame sonore du film Saturday Night Fever, faisant toujours partie du Top 10 du Billboard à ce moment. La tournée qui suivit, faisait la promotion du nouvel album, mais ils leur était impossible de ne pas inclure des chansons du film.

1979

Le mouvement disco devient tellement gros, qu’il finit par être surexploité. Chaque nouvelle chanson, chaque nouvel album sur le marché se devait d’avoir le mot disco associé avec le titre, pour mousser les ventes. S’ensuivit des albums terriblement mauvais (genre Disco Duck). La mode disco semble s’essouffler. L’animateur vedette d’une radio de Chicago, Steve Dahl, était un anti-disco. Il organisa un événement lors d’un match des White Sox de Chicago, au domicile de l’équipe, entre deux matchs d’un programme double: DISCO SUCKS ! Il invita les partisans à apporter au stade des 33 tours ou 45 tours pour les brûler. Il vendait les billets 0.98$, (98FM, la fréquence radio de la station). 30 000 personnes se sont présentés, ils en ont refusé 15 000 !

L’événement tourna à l’émeute. Le deuxième match de baseball a dû être annulé. Il a fait une apparition à l’émission de fin de soirée de l’animateur vedette Tom Snyder, au réseau CBS. Dahl avait amené une poche d’hélium avec lui. Il en inspire un bon coup et s’est moqué de Barry Gibb en ondes, en imitant sa voix de falsetto. Au même moment les Bee Gees se produisent au Stade de baseball à Oakland, en Californie. Le stade est rempli à pleine capacité. Plus de 40 000 personnes ! Andy rejoint même ses frères sur scène.

Saturday Night Fever les a catalogué, en tant qu’artistes disco. Ils ont dû par la suite avoir recours à des agents de sécurité lors de leurs déplacements, recevant des menaces de mort. Leurs chansons jouaient de moins en moins à la radio. Le retour du balancier fut très difficile pour le groupe. Il n’était plus de mise pour ce mouvement musical de mener la parade, de porter le poids de ’industrie sur ses épaules. Andy connut aussi son lot de problèmes. Il sombra dans la cocaïne. Les quatre frères ont pris un pas de recul par la suite, se voyant très peu.

Un jour, Barbara Streisand appelle Barry en vue d’une collaboration musicale. Au début, il a refusé. Il avait des craintes par rapport à son talent artistique. Il appela ses frères et leur proposa d’écrire pour d’autres artistes. Barry finit par accepter l’offre de Barbara Streisand. La chanson Woman in Love, de l’album: Guilty, chantée en duo avec Barry, fut un succès instantané. Ce qui amena le groupe à d’autres collaborations, entre autre avec Dionne Warwick, Diana Ross, Kenny Rogers, Dolly Parton, et Céline Dion. Cette expérience les a réunifiés. Retour du groupe sur scène dès 1985.

1981

En 1988, les Bee Gees annoncent que le groupe comptera désormais quatre membres. Andy rejoindra ses frères, en tant que membre officiel. Ce projet ne se réalisera jamais. Andy décéda dans le courant de l’année 1988, victime d’une crise cardiaque, suite à des années d’abus de toutes sortes. Il n’avait que 30 ans. Suite à son décès, Maurice entre en cure de désintoxication. Il mourut en 2003, suite à des complications après une chirurgie. Suite au décès de Maurice, Robin s’éloigna de Barry, entreprenant une carrière solo. Il retrouvera Barry quelques années plus tard. Robin Gibb décéda en 2012, suite à un long combat contre le cancer.

Le groupe fut intronisé au Rock And Roll Hall Of Fame en 1997. En 2017, les American Music Awards ont rendu un vibrant hommage au groupe. Le mot de la fin revient à Barry: Nous nous étions demandés: Nous voulons être reconnus pour quelles raisons ? Être de bons compositeurs. Chaque but que nous nous étions fixé, nous les avons atteints. Envers et contre tous. Je ne peux toujours me faire à l’idée que mes frères ne sont plus ici.

BANNIERE: DANIEL MARSOLAIS
WEBMESTRE: STEVEN HENRY
ASSISTANTE RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
RÉDAC’CHEF: GÉO GIGUÈRE

Mot de la rédac’chef : J’ai eu un immense plaisir à ‘monter’ cet article. Sans être trop fan du disco, que j’aurais aimé les voir en spectacle, début des années 80 ! Mais j’ai découvert dernièrement que The Foo Fighters vient de sortir un album interprétant cinq des chansons des Bee Gees. Presque sûre que ce sera un succès. Rendre ce bel hommage à ces grands compositeurs.

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