We Know That We Like Genesis #32
Une série sur toutes les époques de ce groupe mythique
Publié le 14 août 2021
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Republié le 15 juillet 2023
Par André Thivierge
The Lamb Lies Down on Broadway, le seul album double de l’histoire de Genesis est enregistré !
À l’automne 1974, Peter Gabriel, Tony Banks, Mike Rutherford, Phil Collins et Steve Hackett terminaient les séances d’enregistrement du 6e album de Genesis, le dernier de la formation classique du groupe avant le départ de Peter.
Comme suite de la chronique Genesis #31, voici ce que les membres ont commenté sur les douze pièces du disque deux de l’album en entrevues au fil des ans et ce que votre chroniqueur en pense ainsi que son verdict final sur l’album.
FACE C
Lilywhite Lilith (2:40)
Le 2e disque débute avec une pièce inhabituellement dure comprenant de la guitare avec distorsion et un rythme de basse jouée à l’unisson avec une batterie puissante et une base de clavier qui arrive presqu’en même temps que la voix de Peter, appuyée par les harmonies de Phil au refrain. La pièce est une opération chirurgicale qui relie deux bouts de chansons écrits par le batteur peu après avoir joint le groupe en 1970.
Tony : Quand Phil a joint Genesis, il avait cette chanson appelée The Light. Nous avions une première version sur scène et c’était probablement une des meilleures chansons que nous avons enregistrées. Ça commençait avec ce bout que nous avons utilisé au début de Lilywhite Lilith (avec des paroles différentes). Phil est arrivé ensuite avec une 2e partie qui est devenue le refrain. Le changement d’accord dramatique après 37 secondes provenait de la chanson originale (The Light). Toutefois, ça ne faisait pas partie de ce que Phil a écrit mais qui a été développé en répétition.
On a droit ici à un rare exercice d’écriture musicale de Phil car à cette époque, il était tout sauf un auteur-compositeur.
Tony : Il n’avait pas encore confiance envers l’écriture mais il avait ce bout de musique depuis longtemps. Il est ensuite arrivé avec une autre partie que nous voulions utiliser puisque nous en aimions les changements d’accord. Il s’est installé au piano et les a joués pour nous. Pendant Lilywhite Lilith, on peut entendre une reprise de Broadway Melody avec des paroles différentes et une mélodie plus simple tout en conservant les mêmes accords.
Selon le chroniqueur
Ayant perdu tout espoir, Rael entend une voix dans l’assistance demandant de l’aide. C’était une femme aveugle – Lilywhite Lilith offrant d’aider le héros à sortir s’il l’aide à son tour. Elle l’apporte via un tunnel de lumière jusqu’à une cave où il attendra.
Peter était inspiré pour le titre de la chanson par un livre sur la nature qu’il a étudié à propos d’animaux qui vivent sous la surface de la terre et qui ne voient jamais la lumière du jour et qui offrent une couleur pâle. Il utilise cette idée pour le personnage de Lilywhile Lilith et sa peau qu’il imagine pâle.
Sur chacune des faces, une chanson rythmée a été choisie pour ouvrir celles-ci. La pièce a déjà été jouée en spectacle en 1971 sous le nom The Light. La performance en Belgique en mars 1971 est disponible en ligne.
Basée sur un motif de guitare croissant et répétitif et une envolée de basse, on y entend des voix haut perchées de Peter et Phil pendant le refrain bien soutenu par la guitare de Steve. La puissante batterie de Phil accompagné de la basse et du riff de guitare de Mike et Steve transporte la pièce. On y note une présence accrue de Steve et Phil complète bien la voix de Peter en harmonie.
En spectacle
La pièce a fait partie de l’intégrale de l’album en spectacle qui peut être entendu sur disque en provenance du LA Shrine Auditorium en 1975 sur le coffret Genesis Archive 1967-75. Après le départ de Peter, elle n’a jamais été rejouée en spectacle sauf à une reprise en 1977 au premier spectacle du Rainbow de Londres avec Phil au voix.
The Waiting Room (5:28)
On a ici une pièce expérimentale développée par tout le groupe débutant avec une idée développée par Steve. On y incorpore des intéressants effets spéciaux à la guitare et au synthétiseur principalement avec en plus des percussions, cordes, cloches et effets d’écho.
Tony : On tentait de conserver l’improvisation du début à la fin. La meilleure version qu’on en a fait était celle enregistrée à Headley Grange. On a fermé toutes les lumières et je me souviens que Steve avait des étincelles dans ses yeux car il aime faire ces choses obscures. La première fois qu’on a pratiqué, on était vraiment effrayés. Quand nous répétions, j’ai commencé par jouer cette simple séquence de deux accords afin d’alléger le tout. Tout le monde est embarqué et on a développé cette excellente pièce. C’était fabuleux mais chaque fois qu’on tentait de refaire le tout, ça n’a jamais marché. C’était bon mais jamais autant que la première fois. Si seulement nous avions eu un enregistreur à l’époque, on l’aurait utilisé.
L’expérimentation a amené le groupe à créer une série de sons vraiment bizarres tels les fantômes qui se plaignent à 1’18’’
Tony : On pouvait extraire d’étranges sons du synthétiseur Pro-Soloist tels ceux de gazouillis avec écho (2’48’’). Steve et moi se répondaient avec des sons les plus bizarres les uns, les autres. Bien sûr, nous n’avions pas les outils qui existent maintenant.
Phil : Cette période, entre cet album et les 3 ou 4 ans qui ont suivis avec Brand X et Genesis ont probablement été les sommets de mon jeu de batterie. Mais il y avait plein de choses inventives de tout le monde. Steve faisait sortir des sons intéressants et Tony offrait le maximum avec ce qu’il avait à sa disposition. Une pièce comme The Waiting Room offre un côté de Genesis que personne, sauf les fans assidus se souviennent. Ils ont souvent tendance à oublier ou n’ont jamais entendu. On a joué la pièce avec l’idée de changer le climat de la noirceur à la lumière. On a commencé à faire du bruit et Steve a ajouté plusieurs sons sinistres et à l’extérieur, il pleuvait abondamment. Ensuite, Tony a commencé à plaquer des accords et soudainement, le rythme a changé, il y a eu un arc-en-ciel et la pluie a cessé. Je ne l’ai pas inventé, c’est ce qui est arrivé et ce fut la chose la plus incroyable. Ce fut un moment incroyable de huit ou neuf minutes.
Selon le chroniqueur
Il s’agit d’une des pièces les plus bizarres de l’album dérivant d’une des nombreuses improvisations du groupe. Originalement appelé The Evil Jam, on y entend des bruits bizarres et des effets sonores tels des miaulements de chats et des bruits de bombes lancées par des avions de guerre.
Il ne s’agit pas ici d’une pièce traditionnelle instrumentale de Genesis. C’est plutôt le produit d’une improvisation non-structurée de près de 20 minutes. Steve et Tony ont dominé les éléments créatifs de cette première partie avec de nombreux sons bizarres provenant de leurs instruments dans la première partie diabolique de la pièce. Peter a créé des effets supplémentaires avec son hautbois en soufflant dans le microphone et sa flute via l’echoplex et un effet de retardement de ruban (Tape Delay).
Un lourd son de tonnerre brise l’atmosphère et amène le groupe a une deuxième partie plus structurée représentant la transition de l’enfer au paradis. On est témoin d’un changement très inventif d’atmosphère sans que le groupe n’échappe le rythme.
Finalement, on peut qualifier The Waiting Room de pièce plus amusante à jouer qu’à écouter. Quoi que l’on puisse penser de la musicalité de la chanson, il s’agit de la pièce la plus inusitée de leur répertoire, jamais répétée par la suite qui illustre bien l’histoire de Rael. Comme plusieurs, je ne suis pas un fan de la première section mais la seconde est superbe. Ça fonctionne bien car on y entend l’établissement d’une structure à partir du chaos et de la discorde de la première section.
En spectacle
La pièce a été jouée en spectacle pendant la tournée de l’album sous le nom de Evil Jam alors que le groupe improvisait le son et l’atmosphère de la pièce sur scène. Le tout a duré jusqu’à 10 minutes selon Tony qui indiquait en entrevue que quelquefois, c’était super et d’autres, c’était affreux. « Quand ça allait bien, cela relevait le reste du spectacle et quand ça allait mal, on pensait au lendemain. »
Après le départ de Peter, un court extrait a été offert un soir seulement au Théâtre Rainbow à Londres en 1977, comme lien entre Lilywhile Lilith et Wot Gorilla.
Anyway (3’18)
Tony : Sur The Lamb, nous avons absorbé un ou deux bouts que nous avions depuis longtemps, comme The Light. On cherchait dans tout ce que nous avions afin de trouver ce que nous pourrions utiliser. Cette pièce a été écrite il y a longtemps, même avant que Genesis ne soit formé. J’ai probablement écrit le tout à l’université en même temps que j’ai écrit The Fountain of Salmacis et on l’a d’abord utilisé pour le documentaire sur le peintre Michael Jackson. Je ne me souviens pas si nous avions des paroles pour le tout.
En fait, une version bien différente à celle qui est arrivée sur l’album, enregistrée pour la BBC en 1970 (avec Anthony Phillips et John Mayhew encore dans le groupe) sera diffusé en 2008 dans le coffret Genesis 1970-1975 sous le nom de Frustration.
Tony : Il s’agit d’arpèges au piano basées sur un riff avec différents accords pour l’appuyer. Ça offrait un départ fort. Nous avons élaboré ensuite la partie du milieu pour en arriver avec un bout grandiose. Après les riffs de guitare et une pause orchestrale, un impressionnant solo de guitare de Steve démarre.
Tony : Steve a joué une harmonie en trois parties. Il avait l’habitude de développer en détail ses solos. Il n’aimait pas beaucoup improviser. C’était ok pour moi car je n’étais pas non plus un improvisateur.
Selon le chroniqueur
Pendant qu’il attend, Rael observe sa mort alors qu’il se voit retourner dans le sol. Il est sorti de sa rêverie par une voix s’excusant pour l’attente et lui indiquant que ce ne sera pas long.
J’aime beaucoup cette pièce avec de superbes paroles multipliant les références à la mort. La façon dont Peter livre les paroles est inspirée avec l’expression « ça devient difficile de rattraper mon souffle (It’s getting hard to catch my breath) » alors qu’il prend de la vitesse vers la fin sans pause.
La chanson débute avec des arpèges de Tony au piano dans un mode relax alors que Rael philosophe à propos de sa fin. La partie qui suit devient plus rythmée alors que Rael se fait dire qu’il n’aura pas à attendre longtemps. Les harmonies de guitare de Steve jouent une grande part dans la section du centre avant le couplet final et les cordes lentes qui finissent la chanson.
Elle n’a été jouée que durant la tournée qui a suivi l’album et n’a jamais été reprise après le départ de Peter.
Here Comes The Supernatural Anaesthesist (2:50)
La base de la chanson était apportée par la merveilleusement simple séquence d’accords de Mike sur laquelle s’appuient en harmonie les voix de Peter et de Phil avant une longue section instrumentale, incorporant des bizarres vocalises des deux chanteurs appuyés par un solo de Steve.
Tony : J’avais peu à voir avec cette pièce pour être honnête. Ça a émergé un jour pendant mon absence du studio. Je ne pense même pas avoir joué sur la pièce. C’est une pièce joyeuse et non demandant. C’est Steve qui a écrit cela de manière très structurée. Pas une de mes chansons favorites.
Selon le chroniqueur
La mort apparait à Rael sous la forme d’un anesthésiste supernaturel. La brève introduction de Peter sert de lien dans l’histoire et est séparée en deux sections distinctes. La pièce a été écrite principalement par Steve qui lui permet d’offrir un de ses rares solos de l’album. Les 25 premières secondes permettent à Peter, appuyé par Phil d’offrir une gentille mélodie appuyée par la guitare rythmique de Mike. Le rythme se brise pour permettre à tout le groupe d’offrir une section électronique instrumentale. On y entend un joli solo de guitare de Steve en staccato enrobé par une texture harmonique de Tony au synthétiseur et au Mellotron. Le tout se termine avec un bref crescendo où tous arrêtent de jouer pendant que Steve et Tony créent un lien ambiant vers la prochaine pièce. On y entend des sons bizarres alors que Rael retombe dans l’inconscience.
Il s’agit d’une courte mais révélatrice chanson qui fait avancer l’histoire. La pièce n’a été jouée que pendant la tournée de l’album.
The Lamia (6:57)
Tony : Voici une autre pièce que j’ai écrite en entier. Elle n’avait pas encore de mélodie quand je l’ai soumise au groupe. Peter a écrit plusieurs paroles et j’ai écrit la mélodie là-dessus. C’est une belle chanson mais que je n’ai pas totalement réussi, comme d’autres de l’album. C’en est pas une dont j’ai une grande fierté mais il y a certaines parties qui sont bonnes. La chanson est dominée par le piano avec des voix faisant écho aux accords pendant que la batterie et la basse arrivent pour jouer l’accroche principale.
Tony : J’aime la partie où on reprend The Light Lies Down on Broadway. Je pense que les paroles fonctionnent beaucoup mieux avec cette chanson. J’aime beaucoup la séquence d’accords. La section finale est un long et émouvant solo de guitare de Steve.
Steve : Il s’agit d’une de mes chansons favorites de l’album. J’ai fait en sorte que le son de guitare sonne à la fois bluesy et classique et aussi sensuel que les paroles.
Tony : Il y a un problème avec les paroles. Une expression telle « Three vermilion snakes » n’est pas très romantique. Si les paroles avaient dit « I love you baby », ça aurait été super. J’ai d’ailleurs des problèmes avec les paroles de mes trois chansons significatives de l’album In The Cage, The Lamia et The Colony of Slipperman. La chanson que j’ai écrite qui se rapproche le plus de The Lamia est One For The Vine qui est une bien meilleure chanson parce que j’ai été en mesure d’écrire des paroles qui allait beaucoup mieux avec la forme de la pièce.
Selon le chroniqueur
Rael poursuit sa quête et trouve une piscine couverte de roses. Constatant du mouvement dans l’eau, il réalise qu’il n’est pas seul et voit une vision de beauté émerger de la piscine sous forme de trois serpents avec un visage de femme. Le lamia invite Rael à y entrer. Rael se déshabille et entre dans la piscine.
L’inspiration de Peter pour les paroles de cette chanson provient du poème Lamia écrit en 1819 par John Keats décrivant l’histoire du dieu Hermès découvrant l’esprit d’une femme emprisonné dans le corps d’un serpent.
La chanson offre de la sérénité et du calme. Il s’agit d’une des plus belles chansons de l’album avec The Carpet Crawlers. La batterie est flottante et recrée l’impression de flottement de l’histoire. Un joli solo de piano dans la section centrale introduit les accords de Mellotron et fait place à un doux solo de synthétiseur avant d’y entendre de la flûte à la fin et la section de guitare qui inspire de la tristesse.
La pièce n’a été qu’interprétée en spectacle que durant la tournée suivant l’album.
Silent Sorrow in Empty Boats (3:06)
C’est une courte pièce instrumentale écrite par Mike. Presqu’une pièce d’ambiance qui répète une simple séquence orchestrale de six notes.
Tony : Il s’agit d’une autre improvisation que j’avais appelé Victory at Sea qui commence très doucement et où on essayait de recréer le sentiment d’une vague d’océan. Mike avait ce riff simple qui avait une jolie atmosphère et nous avons improvisé sur celle-ci avec le son de Mellotron que j’avait à ce moment, les voix et d’autres choses étranges ainsi qu’un peu de flûte.
Phil : Ce serait bien que les gens se souviennent que le groupe qui a joué Silent Sorrow On Empty Boats qui évoque des bateaux qui voguent, du brouillard et des nuages est le même groupe qui a joué Hold On My Heart. Le même groupe, la même mentalité.
Selon le chroniqueur
Les corps mous du Lamia sont décrits par Rael dans cette chanson, une pièce mélancolique centrée autour de la guitare de Steve combinée avec les autres textures de guitares et de clavier. On a ici un chœur de Mellotron procurant un hymne approprié au deuil du Lamia. La pièce se veut un lien ambiant. Elle est basée sur un motif répétitif de six notes à la pédale de guitare de Steve qui s’appuie sur une section chorale de Tony au Mellotron. L’image souhaitée avec la musique est celle de l’apparition d’un bateau qui glisse lentement sur une rivière et qui disparait ensuite. Brian Eno contribue à la pièce avec ses effets spéciaux scintillants.
La pièce n’a été qu’interprétée en spectacle que durant la tournée suivant l’album.
FACE D
The Colony of Slippermen (The Arrival – A Visit to the Doktor – The Raven) (8:14)
La dernière face de l’album s’ouvre avec une chanson pleine d’extraordinaires effets électroniques et qui est divisée en trois parties : Arrival / A Visit to The Doktor / Raven. On y ajoute une intro à la guitare électrique avec des sons orientaux.
Tony : On a appelé l’intro du début The Chinese Jam qui était dominée par Steve. J’y ai donné un coup de main et je crois que c’est OK. Ça met plus de la couleur que n’importe quoi d’autre mais ça n’introduit pas la chanson du tout.
La voix de Peter arrive, accompagnée d’une joyeuse phrase de clavier appuyée par un rythme convaincu et le rythme circulaire de la guitare.
Tony : Quand j’ai écrit ceci, je croyais que ce serait très bon mais je l’ai un peu perdu. La séquence de claviers (1’50’’) aurait pu être très puissante avec une mélodie et les paroles appropriées. Je crois que la batterie est un peu trop compliquée et aurait dû être plus simple. Ceci étant dit, je ne veux pas trop diminuer le tout. Je crois que ça fonctionne d’une manière différente. C’est quand même une pièce amusante mais ça n’a pas donné le résultat que je souhaitais. Le riff (2’59’’) aurait mieux fonctionné avec une partie de piano. Le ton du synthétiseur est un peu mielleux à certains endroits.
L’alternance des voix de Peter et Phil interprétant les différents personnages amènent au solo de synthétiseur.
Tony : Il s’agit de quelque chose qui est arrivé séparément. Mike, Phil et moi improvisions encore une fois. C’était un solo un peu espiègle, les accords étaient très traditionnels au rock. C’était un peu une farce qui a finalement abouti à quelque chose de très excitant. J’ai fait quelque chose de semblable à l’Apocalypse in 9/8 qui est devenu plus fort que je pensais.
Ce solo sera recyclé à maintes reprises en spectacle dans les medleys du groupe des années 80.
Tony : Une des qualités du synthétiseur Pro-Soloist est la manière dont œuvre le portamento, offrant un son super avec une basse étouffante. Toutefois, la manière dont nous revenons au couplet (6’10’’) est un de nos pires changement de toute notre carrière. C’est terrible, je changerais le tout.
Selon le chroniqueur
Il s’agit d’une pièce en trois parties et la plus longue de l’album.
1 –Arrival (0 :00 – 3 :26) : Écrite sous le titre de travail Chinese Jam, la section The Arrival offre des bruits semblables à The Waiting Room mais prédominés par ceux de singes dans la jungle. On y entend un Koto japonais. La section plus rapide est basée sur un riff à l’orgue rotatif de Tony où Peter décrit l’arrivée de Rael dans la colonie. Après le Lamia, Rael se réveille près de grotesques créatures, le Slipperman qui a eu la même expérience que lui avec le Lamia. Leurs têtes ont enflé et leurs corps sont couverts de larges bulles.
En spectacle, Peter revêtira un costume avec des parties gonflables. Appelé The Colony, on y voit un parallèle avec une colonie de lépreux. Rael est choqué de constater qu’il est lui-même devenu un Slipperman. Le frère du héro lui explique que la seule manière de retrouver une forme humaine est de subir une castration et de visiter le Doktor Dyper. Le membre de Rael est placé dans un tube jaune autour de son cou mais au moment où cela se produit, le tube est volé par un corbeau (The Raven) qui s’envole.
2 – Visit to the Doktor (3:27 – 4:17) : Le tout s’anime dès que Peter dit « Bobbity Bop » correspondant à la visite chez le Doktor. On y entend pour la première fois depuis plusieurs pièces une musique plus positive correspondant aux espoirs de Rael de retrouver une forme humaine. L’orgue de Tony mène cette section appuyée par le riff de basse de Mike et la batterie de Phil qui suggère l’urgence de la situation. Peter décrit la situation avec un son de voix étrange offert par les traitements de Brian Eno.
3 – The Raven (4 :18 – 8 :12) : Dans le segment final, Peter offre une narration chantée sur un rythme urgent. La chanson offre des moments intéressants et les changements dans l’action ont un impact sur le ton et le rythme de la musique. Toutefois, lorsqu’on écoute la pièce hors contexte de l’histoire, il peut être difficile d’écouter celle-ci en isolation. On y entend Tony offrir un ensemble d’accords appuyé par la guitare de Steve. La voix de Peter, plus basse invoque le Slipperman. On y entend en 2e partie un solo de synthétiseur de Tony appuyé par l’orgue jusqu’à la fin. C’est un autre solo qui se retrouvera souvent dans les « old medley » dans les spectacles des années 80 et 90. On y entend distinctivement l’appui vocal de Phil.
En spectacle
La pièce n’a été jouée dans son intégralité que dans la tournée subséquente de l’album. Le costume utilisé par Peter fut très controversé avec ses collègues de Genesis alors qu’il était très difficile pour le chanteur de tenir un micro près de sa bouche.
Après le départ de Peter, le solo de synthétiseur de The Raven fut très populaire dans les tournées du groupe entre 1980 et 1984 en medley avec In The Cage.
Sur disque, en plus de l’intégrale du spectacle de 1975, le solo de The Raven, faisant partie du In The cage Medley, enregistré le 23 décembre 1981 au National Exhibition Center de Birmingham en Angleterre est apparu sur l’album Three Sides Live avec Tony, Phil et Mike, appuyés par Chester Thompson à la batterie et Daryl Stuermer à la guitare.
Ravine (2:05)
Tony : On a ici une autre improvisation. Steve a produit le son venteux avec sa guitare utilisant une boite de fuzz et une pédale de wah-wah. Mike y a ajouté une séquence de quatre accords sur la guitare 12 cordes. Jolie pensée.
Selon le chroniqueur
Au moment où le corbeau s’envole poursuivi par Rael, il laisse tomber le tube dans les rapides au fond d’un ravin. On y entend un combiné de bruits de vent et de synthétiseur haut perché pour illustrer la chute du tube dans le ravin.
On a ici un autre pont musical ambiant qui est une gentille et poignante pièce musicale où on y entend d’étranges sifflements semblables à du vent joués par Tony au synthétiseur et Steve offrant des accords de guitare en trémolo. Cette approche musicale sera reprise par les deux musiciens sur la pièce Unquiet Slumbers for the Sleepers de l’album Wind & Wuthering deux ans plus tard.
Cette pièce, tout comme Silent Sorrow in Empty Boats ont été ajouté à l’album tard dans le processus d’enregistrement pour offrir un pont entre deux chansons. Elles servent aussi à donner du temps à Peter sur scène pour changer de costume.
La pièce n’a été qu’interprétée en spectacle que durant la tournée suivant l’album.
The Light Lies Down On Broadway (3:32)
Les effets venteux du début provenaient du synthétiseur qui interagit avec la guitare électrique de Steve jouant par-dessus les arpèges à la 12 cordes de Mike. La voix de Peter arrive avec la basse et la batterie. Il y a 4 sections chantées, deux qui sont des mutations d’autres chansons de l’album.
Tony : C’est définitivement la meilleure chose faite sur cette face de l’album car il y avait un poids réel. On y utilise deux parties utilisées auparavant sur l’album mais de façon plus lente. Le couplet reprend The Lamia et le refrain The Lamb Lies Down on Broadway. Les harmonies sont fantastiques. Cette pièce basée sur des reprises donne un sens de continuité à l’album. Il s’agit de la seule pièce dont les paroles n’ont pas été écrites par Peter.
Tony : Peter prenait beaucoup trop de temps pour finaliser les paroles de cette chanson. Alors, on s’est dit, faisons-le ce qui nous a sauvé du temps. Alors, Mike et moi avons procédé à partir de ce qu’on nous a dit à propos de l’action qui s’y déroulait.
Selon le chroniqueur
Comme Rael se remet en marche pour retrouver son tube jaune, il entrevoit New York via une fenêtre alors qu’il a l’opportunité de quitter son cauchemar. Comme il cherche un moyen d’aller vers sa vision, il entend son frère demander de l’aide et décide de l’aider.
La chanson en était une qui n’avait pas de paroles écrites par Peter. Il s’agit d’une lente reprise de la pièce titre de l’album comprenant une section qui répète la chanson The Lamia. Peter chante avec beaucoup plus de mélancolie, où il utilise une voix moins agressive que la pièce titre. En retournant sur des thèmes précédents, on y décèle que nous approchons l’acte final de l’histoire. Elle se termine avec le synthétiseur oscillant de Tony et la flûte de Peter.
La pièce n’a été qu’interprétée en spectacle que durant la tournée suivant l’album.
Riding The Scree (3:56)
S’ouvrant avec une mélodie à la basse et à la guitare rythmique (toutes les deux de Mike) surplombant l’incroyable batterie de Phil, cette chanson est souvent remémorée pour l’extraordinaire solo de synthétiseur de Tony.
Tony : C’était l’enfer, la première partie est ridicule. Je la détestais. En fait, j’aimais bien le tout après avoir dépassé la première partie en 13/8 ou quelque soit le rythme de cette satanée pièce. C’était un cauchemar. Mike avait ce riff et je pensais faire quelque chose en jouant contre celui-ci. J’ai donc joué en 4/4 et ça sonnait bien. Je crois que le titre était justifié.
À 1’05’’, on y entend une partie de synthétiseur que le groupe allait réutiliser pendant de nombreuses années en spectacle.
Tony : On a utilisé la mélodie au sommet de The Cinema Show des années plus tard car c’est une belle pièce et qui sonne bien avec les autres rythmes. Il faut rester concentré quand vous jouez ce type de chanson car si tu te désynchronises, tu es foutu. Il y avait un rythme extra à la fin de chaque section et j’ai oublié le tout pour faire mes propres choses souhaitant que le rythme revienne à un certain point. Steve ne joue pas sur cette pièce.
Tony : il y a quelques endroits sur l’album où Steve ne joue pas du tout. J’ai dit à plusieurs reprises que Phil, Mike et moi ont fait souvent plusieurs des solos ensemble. Et c’est ce qui a fait que quelques années plus tard, nous étions si à l’aise à jouer que nous trois. C’était naturel. À cette époque toutefois, c’était surtout instrumental.
Selon le chroniqueur
Jonglant sur les roches du ravin, Rael réalise qu’il peut affronter ses peurs et sauver son frère. La première moitié de la chanson offre un rythme de staccato à la batterie, la basse et la guitare avec un majestueux solo de Tony qui survient au moment où le héros tombe dans le ravin.
On a droit ici à la meilleure pièce du second disque qui fonctionne bien avec l’histoire mais aussi comme pièce individuelle. Elle est menée par la mélodie rythmée au synthétiseur de Tony et une ponctuation rythmique larmoyante et bizarre de Mike et Phil. Peter y reflète avec beaucoup d’âme le désespoir de Rael. Une ligne en spirale de clavier de Tony en amont du soutien du groupe démontre les efforts de Rael pour survivre via des références humoristiques de Peter à Evel Knievel, un casse-cou de l’époque.
En spectacle
En plus de jouer la pièce dans la tournée intégrale de l’album qui a suivi, Genesis a joué le solo de clavier dans le In The Cage Medley dans les tournées de 1981, 1982 et 2007. On retrouve ce court segment sur le disque Three Sides Live sorti en 1981 et dans Live Over Europe de 2007.
In The Rapids (2:24)
La séquence d’accords de 12 cordes de Mike interagissant avec les sections d’arpèges offrent l’intro aux voix de Peter. Plus tard, la basse, le piano et la guitare électrique s’y ajoutent pendant que la batterie joue doucement avec ce qui semble être une cloche à vache.
Tony : Mike a écrit la chanson. C’est joli mais ne va pas très loin. C’est juste une autre chanson pour remplir du temps. Peter racontait une histoire par-dessus, il n’a pas utilisé les accords pour développer une jolie mélodie ou autre. J’y ajoute du piano. Quand nous avons fait le CD en spectacle (Archive 1967-75), Peter a eu à refaire la plupart des voix car elles avaient besoin d’être polies. La chanson qui a rapidement mieux sonnée avec les nouvelles voix était In The Rapids. C’est une pièce peu substantielle avec des paroles bizarres mais on n’a pas eu le temps de la développer davantage. Dommage car elle avait un joli début.
Selon le chroniqueur
Entrainé par les forts courants et désorienté par les vagues contraires, Rael passe devant son frère et tente de le rattraper au passage. Il le rattrape et le retient fortement, soulagé qu’ils pourront échapper cet enfer. Toutefois, il réalise en le regardant que ce n’est pas son frère mais son propre reflet.
Une courte et gentille mélodie qui débute avec un rythme de guitare 12 cordes de Mike pendant que Peter y chante délicatement. Le reste du groupe s’y joint à moins d’une minute du début de la pièce avec le piano de Tony qui monte l’intensité en parallèle avec la guitare solo de Steve.
La pièce n’a été qu’interprétée en spectacle que durant la tournée suivant l’album.
It (4:14)
La pièce finale de ce monumental album double est menée par la guitare rythmique de Mike après une longue note jouée au synthétiseur. Steve et Tony y jouent en harmonie autant dans les sections instrumentales et sous les parties avec voix.
Tony : C’est une belle chanson mais pas une pièce finale. On n’a pas été en mesure de faire ce qu’on voulait. Steve et moi avons écrit cette chanson et nous croyions originalement qu’elle serait instrumentale. Nous avons tous les deux travaillé un solo et bien sûr, Peter voulait chanter là-dessus. On ne savait pas s’il y avait assez d’espace alors que ça commence par un solo au couplet. C’est un peu bizarre. Le riff de base était bien mais ça aurait dû être mieux. On n’aurait pas dû commencer en instrumental. Ce que Peter a chanté était bien. On aurait dû revoir la structure pour en insérer davantage.
Phil : On nous poussait vraiment pour terminer l’album. Nous étions au studio Island et faisions des quarts de jour et de nuit. J’étais sur celui de nuit avec Peter et le jour, c’était Tony, Mike et Steve. Peter et moi avons mixé It. Ensuite, les autres gars sont arrivés et pensaient qu’on était fous et tout changé. Il y avait un peu de friction.
Tony : On faisait des quarts de jours et de nuits et dans ce cas précis, je ne la mixais pas. Je suis arrivé le jour après qu’ils l’ont fait et c’était affreux. Ça sonnait terrible. Il n’y avait aucune guitare au début et la chanson est basée sur de fortes guitares. Ça prouve qu’on ne peut tous travailler pendant la nuit.
Selon le chroniqueur
La différence entre Rael et son frère se trouble jusqu’au moment où ils deviennent fluides et fondent dans un brouillard pourpre qui s’est formé autour d’eux.
Débutant avec un ton de synthétiseur qui monte et d’un rythme de guitare offre une performance hors-pairs de tous les membres du groupe. La basse et la batterie appuyés par les claviers et la guitare offrent une finale satisfaisante à l’album avant de se terminer en fondue.
La pièce finale de l’album est plus ironique qu’épique. Le synthétiseur de Tony donne un coup d’accélération dès le départ et nous guide à travers une chanson rapide et précipitée. Des phrases à double sens de Peter laissent volontairement l’auditeur choisir le sort de Rael dans cette aventure tortueuse et remplie de défis. Musicalement, les lignes solos de Steve glissent à travers la ligne rythmique de Mike sous la propulsion urgente de Phil à la batterie. Peter continue à faire des références culturelles, cette fois-ci sur le rock’n’roll. Une conclusion à l’album qui pour plusieurs y compris Tony qui n’est pas à la hauteur de l’ambitieux projet.
En spectacle
En plus du spectacle intégral qui a suivi l’album, Genesis a joué une version écourtée, sans paroles en medley avec la partie instrumentale de Watcher of The Skies durant la tournée Trick Of The Tail de 1976. Cette version, enregistrée au Théâtre Appolo de Glasgow en Écosse le 8 juillet 1976 a été ajoutée à l’album Three Sides Live de 1981.
L’album selon le chroniqueur
À sa sortie, The Lamb Lies Down On Broadway n’a pas fait l’unanimité. Plusieurs pensent qu’il n’y aurait dû avoir qu’un seul disque. Il est vrai que le premier disque avec des classiques comme la pièce titre, In the Cage, The Carpet Crawlers et Back in NYC entre autres est définitivement plus solide que le second disque. À part quelques excellents flashs, il y a beaucoup de pièces destinées à appuyer l’histoire mais qui ne sont pas significatives. C’est le propre des albums concepts où on se souvient davantage des meilleurs moments. Le groupe a été tellement pressé à terminer l’album rapidement qu’ils ont dû ressortir de leurs tiroirs des pièces non choisies de leur passé.
En termes d’équilibre d’écriture pour le groupe, The Lamb représente un pas en arrière par rapport à l’album précédent. Musicalement parlant, l’album est dominé par l’écriture de Tony et de Mike avec une contribution réduite des trois autres membres du groupe. Peter a composé Counting Out Time et The Chamber of 32 Doors, Phil a offert Lilywhite Lilith (dérivé de The Light) et enfin, Steve n’a offert que Cuckoo Cocoon, Fly on the Windshield, Hairless Heart, Here Comes The Supernatural Aenesthesist et l’intro de The Colony of Slipperman. Et comme on le sait, Peter a été à peu près le seul auteur des paroles de l’album.
On note toutefois une évolution dans le son du groupe qui est plus organique et agressif que sur les albums précédents. Pour plusieurs, Genesis était sensible à l’évolution musicale de l’époque et offrait une réponse aux courants émergeants comme le punk.
Comment les membres du groupe et le public ont-ils accueillis l’album?
À suivre!
Fabriqué au Québec!
Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone!
BANNIÈRE: THOMAS O’SULLIVAN
WEBMESTRE: MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE
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