Pierre Harel, ce rockeur au cœur tendre que l’on surnomme Harel
50 ans de Câline de Blues – Hommage au créateur
Publié le 12 août 2020
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Republié le 19 avril 2021
Pierre Harel
À ses tout débuts
Né en 1944, il a débuté sa carrière professionnelle en 1959. Honneur à ce grand artiste Pierre Harel, musicien, chanteur, auteur-compositeur, poète, parolier, cinéaste, scénariste, réalisateur, acteur et monteur. Toujours actif sur la scène québécoise, Pierre au cours de sa carrière, a fait de nombreuses études. Il détient un certificat en Pédagogie Audio-Visuelle de l’université Laval, un diplôme en journalisme du Studio 5316, une scolarité enrichie de Maîtrise en Ethnographie de la Communication de l’UQAM. Il est devenu pour le Québec l’un des plus grands paroliers de Rock jamais égalé. On a qu’à penser à Câline de Blues, Chu un Rockeur, Faut que je me pousse, Rock ma vie, Tendre Ravageur et plusieurs autres.
Attiré dès l’adolescence par la communication s’établissant par le biais des arts, il s’initiera à diverses formes d’expression avec une emphase axée sur la chanson et le cinéma. En musique, il fait ses débuts sur scène à 15 ans une guitare à la main dans de petites boîtes à chansons de la Rive-Nord du Saint-Laurent. En 1961, à 17 ans, il est en première partie de Félix Leclerc lors d’une visite de ce dernier à Saint-Jérôme dans sa région natale des Basses-Laurentides. En 1967, il travaille comme régisseur à l’émission pour enfants Bobino sur les ondes de Radio-Canada, aux côtés de Guy Sanche, Paule Bayard et Camério, histoire d’amasser l’argent nécessaire au tournage de Sombreros Inutiles, une comédie inédite inspirée du FLQ. Il coréalise en 1968, avec Pascal Gélinas, Taire des hommes, un documentaire à propos des événements entourant l’émeute du Lundi de la matraque.
Avec Offenbach. Des pionniers qui ont écrit une grande partie de l’histoire du rock francophone au Québec.
Ayant essuyé de sérieux revers avec des tentatives de chanter en français, et quelques changements de noms de groupes : Gants Blancs, Bucket of Blues, Grand’Pa, les gars dOffenbach POP Opera étaient passé à l’anglais. C’est à la suite de la venue de Pierre Harel au sein du groupe qu’Offenbach a cru en la possibilité de chanter du rock en français. À ce propos, Gerry a déjà mentionné en entrevue, que la rencontre avec Pierre Harel a été déterminante pour Offenbach et pour la composition de chansons francophones. Leur amour de la langue française et de la façon dont elle sonne, écrite dans la langue de chez nous, est une richesse incomparable pour le Québec. C’est en 1971 que Pierre Harel devient chanteur et auteur au sein d’Offenbach, jusqu’en 1974. Après son départ, Harel continuera d’écrire des textes pour le groupe jusqu’en 1978. Le premier disque du groupe Offenbach Soap Opera paru en 1972, contient entre autres, cette chanson fétiche qui fait partie du cœur des Québécois, Câline de Blues devenue presque un emblème national. Elle fait partie des chansons qui ont été le plus jouées sur la route du Blues. Pierre utilisera également Câline de Blues en 1974 comme chanson thème de son film Bulldozer.
L’intronisation de Câline de blues au panthéon des Auteurs et Compositeurs canadiens.
En mai 2015, le Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens intronisait la chanson Câline de Blues composée par Michel Lamothe, Johnny Gravel et Gerry Boulet, sous un texte de Pierre Harel. L’équipe du Panthéon a rencontré Pierre Harel, le parolier derrière ce classique du blues francophone afin d’en connaître un peu plus sur la genèse de la chanson. L’histoire veut que Câline de Blues ait été écrite suite à une ligne de basse de Willie, à laquelle Johnny avait ajouté son fameux riff, alors que Gerry chantait « That’s why, that’s why, I’m signing the blues » et qui est devenue « L’aut’soir, l’aut’soir, j’ai chanté du blues ». Harel avait entendu « l’aut’souair l’aut’souair » alors que Gerry chantait That’s why that’s why, tout le reste de la chanson il l’a inventé. « J’avais demandé à Gerry s’il chantait en français, il m’avait répondu : bin non, je chante n’importe quoi en t’attendant. C’est là que je me suis assis et que j’ai composé les paroles sur la musique que Willie et Johnny avaient commencé et que Gerry avait suivi. » Je vous invite à lire l’article de l’équipe du Panthéon, afin d’en connaître davantage sur Câline de blues.
Câline De Blues – Offenbach – Live – 1985
« Câline de Blues fut endisquée pour une deuxième fois au mois de mai 1972 avec Stéphane Venne au piano, au Studios Québec Son pour les besoins de l’album Soap Opera. Cependant, la première fois où Câline de Blues a été enregistrée, ça été avec Gerry au Piano et ça s’est passé au Studio SIX, rue McGill College à Montréal, un peu avant la Noël 1971. Ce studio d’enregistrement était situé au 6è étage d’un immeuble, et, dans l’ascenseur, alors qu’encore une fois j’étais en retard, j’ai eu le flash de Faut que je me pousse. Quand je suis arrivé en haut j’avais « Faut que je me pousse, Y’a rien à faire, Toute me donne la frousse, J’mène un train d’enfer ». Comme la porte de l’ascenseur ouvrait directement dans le studio, en arrivant en haut je vois Gerry assis au piano en train de pianoter. Rapidement je vais m’assoir à côté de lui et je lui joue les 2-3 premiers accords d’un air que j’avais déjà composé chez ma grand-mère à l’âge de 17 ans. Et là Gerry prend le lead et compose le refrain pendant que moi j’écrivais les mots en même temps : Elle avait les ongles rouges, les yeux pleins d’or à fous… etc. Ça nous a pris une vingtaine de minutes et Faut que je me Pousse était terminée. Cette soirée-là, au lieu de juste enregistrer Câline de Blues on a aussi enregistré Faut que je me Pousse. »
Membres originaux: Gerry Boulet (1969-1985), Johnny Gravel (1969-1985), Denis Boulet (1969-1972), Michel Lamothe (1969-1977), Pierre Harel (1971-1974), Roger Belval (1972-1977)
Membres additionnels: Breen LeBoeuf (1977-1985), John McGale (1977-1985), Pierre Lavoie (1977-1979), Bob Harrison (1979-1982), Pat Martel (1982-1985) À partir de 1997, le groupe s’est reformé à plusieurs reprises avec différents membres dont Martin Deschamps et Justin Boulet.
Scénariste, réalisateur de films et comédien
Pierre a réalisé plusieurs films au cours de sa carrière. Sorti en 1974 le film Bulldozer incluait la participation de plusieurs artistes d’ici, dont feu Tony Roman, Mouffe, Raymond Lévesque, et feu Pauline Julien. Ces films l’auront fait connaître au-delà des frontières jusqu’en Europe, lui servant en outre à propulser son groupe Offenbach. Avec cette formation,Offenbach, Harel a fait partie de ceux qui ont fondé le mouvement Rock Québécois assurant une continuité avec tous les groupes qui s’en sont découlés, Corbeau, Corbach et SOS R’N’R.
En tant que réalisateur, Pierre a aussi fait Sombreros inutiles en 1967, jamais sorti car saisi par le SPVM et jamais remis, Taire des hommes en 1968, Bulldozer en 1971 sorti en 1974 avec une trame musicale d’Offenbach où figuraient, entre autres, Câline de doux blues et Faut que j’me pousse, Vie d’ange en 1974 sorti en 1980, Grelots Rouges Sanglots Bleus en 1985 sorti en 1988.
Il a également été acteur dans plusieurs films : En 1967, Sombreros Inutiles, En 1974 Vie D’Ange, avec Paule Baillargeon, en 1969 acteur principal dans Entre tu et vous de feu Gilles Groulx avec Paule Baillargeon, Dolores Monfette et Manon D’amour. En 1990 Ding et Dong le film d’Alain Chartrand, avec Claude Meunier, Serge Thériault, Yves P. Pelletier, Gildor Roy, Pierre Harel, etc. En 1999, Quand je serai parti… vous vivrez encore de Michel Brault avec Francis Reddy, Micheline Lanctôt, Pierre Lebeau, Pierre Harel, etc. En 1999, Matroni et moi de Jean-Philippe Duval avec Maude Guérin, Guylaine Tremblay, Pierre Lebeau, etc. Pour le film Vie d’ange il cumule également les postes de réalisateur, de scénariste, et d’acteur. Pour le film Bulldozer, il cumule également les postes de réalisateur, de scénariste, et de chef monteur.
Corbeau
C’est à l’automne 1976 que le cinéaste, chanteur et parolier Pierre Harel et le bassiste Michel Willie Lamothe fondent le groupe Corbeau à St-Pie-de-Bagot. Deux semaines plus tard le batteur Roger Wèzo Belval vient les rejoindre et suite à d’auditions de guitaristes, ils acceptent Donald Hince avec eux pour constituer le groupe Corbeau originel. Auteur-compositeur, Pierre excelle comme premier chanteur du groupe, jusqu’à l’arrivée de la chanteuse Marjolaine Morin (ex-choriste de François Guy) et du guitariste Jean Millaire (Expedition) qui après un court passage avec Offenbach est venu compléter la formation. Harel quittera Corbeau juste après la parution de leur premier album éponyme en 1980, principalement à cause des tensions créées par l’arrivée au sein du groupe de Marjo et de Millaire. Harel a également fait deux albums éponymes, Tendre Ravageur et Rock ma Vie.
Durant toutes ces années Pierre s’est aussi consacré à la vie de famille; « J’ai huit enfants : Marie-Pierre, Tshiuetin, Shashteu, Uasheshkun, Pierre-Luc, Pierre-Philippe, Anne-Audrey, Lou-Maïkan et six petits enfants. »
Corbach
En regroupant d’anciens membres de Corbeau et d’Offenbach, Harel crée en 1991 un autre projet rock simplement nommé Corbach, une formation qui demeurera active durant le reste de cette décennie avec deux albums Rite Rock et Amérock du Nord, quelques vidéos clips et de nombreux spectacles.
Pierre Harel au chant, Michel Lamothe à la basse, Donald Hince à la guitare, Roger Belval à la batterie et Michel Bessette aux claviers qui nous interprètent La Rage au Cœur.
Corbach joue La Rage au coeur aux Beaux Esprits le 22 janvier 1993
Pierre Harel écrivain
En 2005, il devient écrivain avec une première œuvre littéraire à saveur d’auto-roman, Rock ma Vie, qui a eu un succès retentissant et dont nous attendons la suite avec espérance. Il y dévoile en humour et poésie des anecdotes tirées de la Messe des Morts à l’Oratoire Saint-Joseph et des coulisses de son film Vie d’ange, teintées par sa trajectoire originale d’électron libre du show business durant les années 1970 à 1990. Il est à noter, que l’artiste a reçu le secours de Julie Snyder et de Pierre-Karl Péladeau qui ont financé cette autobiographie. « Cependant, faut dire que Rock ma Vie n’est pas une véritable autobiographie. Je considère plutôt ce livre comme un auto-roman, Oui, je raconte des choses issues de mon propre passé, mais sans liens et pas de manière chronologique. Je raconte des histoires. » souligne l’artiste. Voici un extrait d’entrevue sur sa carrière de cinéaste et d’écrivain.
Câline de Blues, l’une des premières chansons en langue dialectale québécoise. « Ce n’était pas en français, mais en québécois. C’était la première fois que les gens entendaient une chanson avec une musique moderne de rock en québécois. Il y avait Robert Charlebois qui faisait lui aussi du rock, et même avant nous puisqu’il a débuté en 1967 ou 1968, mais ce n’était pas le même genre de rock que nous. C’était plus du french-rock. La musicalité de Câline de blues, c’est américain. Je ne parle pas nécessairement états-uniens, mais d’Amérique. C’est une musicalité américaine avec des paroles dans une langue où les gens se reconnaissaient, la langue de la rue. » Câline de Blues fut jouée en spectacle la fin de semaine même de sa composition et ça a été un succès. C’était la première chanson que Gerry chantait en français, elle a fait partie de leur répertoire pendant plus de 30 ans.
Une chanson dont l’auteur est très fier. « J’en suis de plus en plus fier au fur et à mesure qu’elle gagne des prix. D’ailleurs, c’est aussi un classique de la SOCAN. Dans le fond, ce n’est pas un chef-d’œuvre Câline de blues, on s’entend. Mais c’est une chanson qui a eu le mérite d’avoir ouvert des portes, alors oui, je suis très fier de Câline de blues. Je ne peux pas en dire plus que ça parce que ça m’est venu tellement vite, je n’ai pas travaillé fort pour ça! Des fois, quand on travaille très fort sur une chanson, la personnalité du chansonnier prend beaucoup de place et ça donne un résultat très différent, mais quand l’inspiration arrive à l’état presque pur, ça fait des chansons comme celle-là. »
S.O.S.
Voici ce qu’a écrit sur lui la SLL (Société Littéraire de Laval) à propos de SOS R’N’R, dans un article ‘’Hommage à Pierre Harel’’ par Benoit LeBlanc, publié le 19 mars 2019. « Lui qui a incité les groupes Offenbach et Corbeau à chanter leur rock en français, Pierre Harel avec SOS R’NR sera accompagné des guitaristes Jean « Johnny du début à la fin » Gravel et George Papafilys, du bassiste Norman Kerr, ainsi que du claviériste André Bisson et du batteur Pierre Lavoie dans le studio de la Maison des arts de Laval, question de faire entendre des succès tels Câline de Blues, Faut que j’me Pousse, ainsi qu’une inédite, Les Amours Perdues. » ce à quoi Pierre Harel répond « C’est une ballade romantique dont j’ai écrit les paroles avec mon chum Jean Gravel pour guitare, contrebasse et voix.
Si vous avez la nostalgie d’Offenbach, et bien les gars d’SOS R’N’R comptent deux des cinq fondateurs de ce groupe légendaire, avec Pierre Harel et Johny Gravel, ayant composé et écrit quelques-unes des plus belles œuvres d’Offenbach. Alors qui de mieux pour assurer cette continuité ? Quant à nous, nous les suivrons jusqu’au bout et n’avons pas encore fini de louanger celui qui a su mettre en mots et en images cinématographiques des trésors de notre langue nationale.
Pierre Harel journaliste
Artiste jusqu’aux bouts des doigts, maniant les mots de la langue québécoise parfaitement et avec une dextérité hors du commun des mortels, Harel se lance dans des chroniques qui relatent la vie d’Offenbach avec ses histoires véridiques et les détails très précis de la vie de ce groupe rock, le plus aimé et suivi au Québec. Chroniqueur depuis quelques années déjà pour Canoé.ca et le Journal de Montréal, Harel signe maintenant sa 437e chronique avec le Journal Pop Rock et Famille Rock dont il a rejoint les rangs, pour le plus grand plaisir de notre auditoire et de nos membres.
Voici la liste des chroniques que Pierre a écrit pour FamilleRock.com à ce jour : Bonne lecture !
– Le Rock c’est la Vie qui Bat – CHRONIQUE 427
– Une autre estie ‘’d’histoère de malade!’’ – CHRONIQUE 428
– 50 ans après Bulldozer – CHRONIQUE 429 (1 de 2)
– 50 ans après Bulldozer – CHRONIQUE 430 ( 2 de 2)
– Gerry y’est fou l’tabarnak! – Bisbille à Val-D’Or – CHRONIQUE 431 (1 de 3)
– Gerry et ses apôtres! – La multiplication des nouilles – CHRONIQUE 432 (2 de 3)
– Gerry et ses apôtres! – Gerry Boulet est Dieu – CHRONIQUE 433 (3 de 3)
– Musique de film ? L’Inattendu coup de main de Carole Laure CHRONIQUE 434
–Dangereux criminels? Va chier Dusan Makavejev CHRONIQUE 435
– Everybody’s groovin’ Un Jam Avec Des Flics !CHRONIQUE 436
– Grabuge sur les plaines – Harel 437 Véronique Samson CHRONIQUE 437
Âgé de 76 ans, Pierre a au-delà de 50 ans de carrière et est encore très présent sur la scène québécoise avec son groupe de l’heure SOS R’N’R. Il a encore des projets plein la tête et l’envie de continuer… Celui qui prend sa guitare 3-4 fois par semaine et qui à toutes les fois écrit une nouvelle chanson, a commencé à composer à l’âge de 14 ans et à jouer sur la scène à 15 ans. Le Québec suit depuis plusieurs décennies cet artiste que nous idolâtrons et qui n’a pas encore tout dit et n’a pas encore fini de nous impressionner… Avez-vous vu tous ces films et lu son livre? Si la réponse est non… et bien qu’attendez-vous? Je vous les recommande…
Merci Pierre Harel d’avoir propulsé le Rock Québécois et d’avoir contribué à donner au Québec cette fierté nationale. Nous te souhaitons longue vie et encore plusieurs années de plaisirs partagés.
Voici les émissions tournées par la Famille Rock en présence de Pierre Harel avec l’animateur Géo Giguère.
Cet article est commandité par
BANNIÈRE: DANIEL MARSOLAIS
WEBMESTRE: STEVEN HENRY
ASSISTANTE RÉDAC’CHEF: NATHALIE RUSCITO
RÉDAC’CHEF : MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE
Yvon Paquette
13 août 2020 at 12:20 PM
Tres bon Nathalie. Merci pour cette rétrospective bien détaillé