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Reckless Bryan Adams

Bryan Adams
Album : Reckless
Label : A&M Records
Durée : 37:58
Année : 1984
Publié le 21 novembre 2019
Vues 2,900 vues
Republié le 2 août 2021

Un texte de Louis Bonneville

Bryan Adams et son album Reckless

1974. Le jeune Bryan Adams et sa famille quittent Ottawa pour s’installer à Vancouver. Rapidement, le chanteur rock fait ses preuves et devient une figure remarquée de la scène musicale de ce côté de la côte Ouest. En 1976, il remplace le chanteur d’un band à saveur Glitter rock, Sweeney Todd. Cette mouture tente une percée aux États-Unis en réenregistrant une nouvelle version de leur mega hit « Roxy Roller » (numéro 1 au Canada en 1975). L’année suivante, il lance son deuxième album, If Wishes Were Horses, au succès mitigé. Après seulement neuf mois au sein de Sweeney Todd, Adams part. Fort de cette expérience, le prodige rock – il n’a que 16 ans – veut maintenant explorer ses propres avenues musicales…

En une journée banale de 1977, Adams reluque les guitares chez Long & McQuade. Au même moment, le musicien Jim Vallance (ancien batteur de Prism) arpente également ce magasin d’instruments de musique de Vancouver. Chemins croisés, instant déterminant pour les deux artistes. Rapidement, ils conviennent de travailler ensemble à l’écriture de chansons. En janvier 1978, ils composent « Don’t Turn Me Away ». À la fin de 1978, A&M Records recrute ce nouveau duo d’auteurs-compositeurs. Toutefois, les stars du label sont à la recherche de tubes, et ne s’intéressent guère aux chansons du duo…

A&M Records ne baisse pas les bras. Croyant particulièrement au potentiel d’interprète d’Adams, il le met sous contrat. Un premier album, Eponym, paraît au début de 1980. La majorité de ses chansons sont signées Adams/Vallance. Enfin, le duo peut constater le résultat de son travail sur un auditoire. L’album se fait remarquer au Canada, mais la réussite est loin d’être convaincante. L’approche musicale est très pop, laissant ainsi en plan l’aspect rock d’Adams. L’album donne l’impression d’une bonne préproduction, sans plus. Sa réalisation a eu lieu aux Manta Studios de Toronto, en novembre 1979. Adams et Vallance ont ratissé large sur ce projet, endossant les rôles de réalisateurs et de musiciens. De plus, ils ont sans doute été laissés un peu trop à eux-mêmes avec une surdose évidente de travail… Le mixe de l’album, effectué par Bobby Shaper au Sunset Sound de Los Angeles en janvier 1980, ne réussit guère à rehausser l’enregistrement…

Mais en 1981, un nouveau tournant se dessine. En mars, le rockeur enregistre au studio Power Station de New York, et s’ensuivent deux semaines supplémentaires à Le Studio de Morin-Heights au Québec. Adams est entouré d’une équipe excellente (Bob Clearmountain, par exemple, est à la réalisation et Mickey Curry à la batterie). Sa signature sonore commence à prendre forme. Toutes les chansons, signées Adams/Vallance, ont sérieusement gagné en qualité. You Want It You Got It sort le 21 juillet 1981, et se taille une place satisfaisante sur le marché nord-américain. Adams multiplie ses apparitions sur les scènes des États-Unis, souvent en première partie d’artistes de renom. Bientôt, les chansons du duo font écho, et de grands noms les réclament pour leurs propres albums. En 1982, ils écrivent pour Kiss et Bonnie Raitt…

Pour son troisième album, Adams devient coréalisateur avec Clearmountain. D’août à septembre 1982, on enregistre au studio Little Mountain Sound de Vancouver, ainsi qu’au studio Power Station. Quant au mixe de l’album, il sera réalisé par Clearmountain à Le Studio. Keith Scott est le guitariste de tournée de Bryan Adams, et son jeu est devenu indissociable du son d’Adams. Finalement sa contribution sera intégrée à cet album. Le bassiste Dave Taylor se joint à la formation, et sera aux côtés d’Adams jusqu’en 1998. En effet, Cuts Like a Knife révèle le noyau fort de musiciens qui a clairement jeté les bases sonores de ce que sera la carrière phénoménale d’Adams : Adams/Scott/Curry/Taylor. L’album est lancé le 18 janvier 1983. C’est un succès, les ventes s’élèvent aux États-Unis à plus d’un million, et au Canada à plus de trois cent mille. L’album paraît également dans le reste du monde, mais un travail important de promotion reste à faire. Adams part à la conquête des marchés étrangers. Il promeut son matériel sur un maximum de scènes un peu partout sur Terre, et sillonnera les routes pendant plus de 280 jours consécutifs…

Adams est maintenant devenu un artiste de premier plan pour A&M Records, et on mise plus que jamais sur son prochain album. Adams et Vallance ont élaboré de nouvelles chansons, et la dizaine retenues pour Reckless marque incontestablement le climax de leur longue collaboration – riffs rock très accrocheurs, annonçant des succès fulgurants. (En rétrospective, leur dense catalogue compte approximativement une centaine de titres.) En mars 1984, on retourne au studio Little Mountain Sound avec la même équipe ou presque de Cuts Like a Knife. Mais, contre toute attente, le processus de réalisation s’avère laborieux. Pourtant, dès le départ, on présageait que la ligne directrice du projet était claire pour tous… Au lieu de s’acharner inutilement sur ce sentier devenu inquiétant, Adams a la judicieuse idée de suspendre le projet pendant un mois. De cette façon, ce recul favorise une compréhension constructive des problématiques dans lesquelles le groupe s’est enlisé. Progressivement on reprend la réalisation avec une confiance renouvelée. À un moment, en visitant du matériel insoupçonné, on trouve enfin une bonne façon d’énergiser l’équipe : en janvier 1983 Adams et Vallance avaient concocté un demo à partir d’un riff directement inspiré de celui de la chanson « Don’t Fear the Reaper » du groupe Blue Oyster Cult – « Run To You ». Adams doute que la chanson soit valable, et pour cause : ses mélodies vocales ne sont absolument pas abouties. Il présente tout de même le demo à Clearmountain. Après en avoir discuté, ils décident de tester son efficacité avec le band. En studio, les musiciens travaillent cette chanson en reprenant les aspects du demo. Au moment où ils sentent qu’ils peuvent se lancer, ils attaquent : il suffit d’une seule prise pour obtenir le résultat voulu, soit celui paraissant sur l’album… Adams adore capter en studio une énergie se rapprochant de celle du spectacle : il opte fréquemment pour un enregistrement lui permettant de jouer les bases des chansons avec ses musiciens. « Run To You » est un exemple parfait de ce processus. Vingt ans plus tard, il qualifiera de préférée cette chanson de son catalogue.

Heaven est une autre chanson dont la destinée était d’être rejetée de l’album. Cette ballade précédant la sortie de Reckless fut enregistrée au studio Power Station, en juin 1983, soit quasiment un an avant le début de la réalisation de Reckless. Cette chanson avait été élaborée spécialement pour le film A Night In Heaven. Toutefois, ce long métrage fut un échec commercial monumental, tout comme sa trame sonore. Ainsi, le grand public ignorait quasiment l’existence de cette ballade. Le répertoire de Reckless est 100 % Straight-ahead rock, et Adams n’a pas l’intention d’y inclure des ballades. D’autant plus que Jimmy Iovine (le producteur exécutif de l’album, délégué par A&M Records) croit lui aussi que la chanson est incompatible avec la signature sonore de Reckless. Au bout du compte, Adams décide au dernier moment d’introduire « Heaven » dans le corpus. Rétrospectivement, cette décision aura été très favorable pour les comptes bancaires d’Adams, de Vallance et d’A&M Records : elle fera un numéro 1 sur le Billboard Hot 100, et passera plus d’un million de fois sur les radios états-uniennes.


Pour sa chanson « It’s Only Love », Adams souhaite créer un duo vocal avec Tina Turner… Au milieu des années soixante-dix, la chanteuse s’est péniblement extirpée de l’emprise de son mari, le violent cocaïnomane Ike Turner. Tina tente de donner un second souffle à sa carrière, mais ses deux premiers albums solos (ceux de 1978-1979 sans Ike) sont des échecs commerciaux. Heureusement, cette période creuse tire à sa fin. Au moment où Adams enregistre Reckless, Turner prépare Private Dancer qui deviendra son plus grand succès en carrière… À force d’insister, Adams réussit à persuader Turner d’enregistrer la chanson avec lui. Le résultat est d’une efficacité saisissante, notamment grâce à l’excellent jeu à la guitare de Keith Scott : la structure de la pièce s’inspire de la version de « All Along the Watchtower » de Jimi Hendrix, avec son abondance de solos de guitare intercalant chaque partie chantée… Au moment où l’on commercialise la chanson sur les radios, les deux vedettes jouissent individuellement (depuis presque un an) d’un succès phénoménal avec leurs plus récents albums. Leur duo devient en quelque sorte la célébration de leur règne.

Les sessions de Reckless vont bon train et le tout prend sérieusement forme – on sait maintenant que l’album sera très efficace. En plus des trois chansons mentionnées, trois autres deviendront des extraits radio : « Somebody », « Summer of ’69 » et « One Night Love Affair ». Au mois d’août, on plie bagage – l’enregistrement est accompli. Clearmountain doit maintenant mixer l’album, ce qui se fera surtout en septembre 1984 au studio Power Station. Reckless est lancé le 5 novembre 1984, et c’est la consécration absolue. L’album, ainsi que ses six extraits radio, fait un tabac un peu partout sur la planète. Ses ventes s’élèveront à douze millions d’exemplaires, dont cinq aux États-Unis. En 1985, le calendrier de la tournée soutenant l’album est démesurément chargé – plus de 170 dates. Les 18, 19 et 20 avril, Adams présente son spectacle au légendaire Hammersmith Odeon à Londres. La BBC Radio 1 enregistre le spectacle du 20 avril pour diffusion à son antenne. L’enregistrement sera récupéré dans l’édition 30e anniversaire de Reckless. Ce double album commémoratif est le moyen parfait de bien cerner le phénomène qu’est Reckless – un grand classique du Canadian rock !

 

BANNIÈRE: DANIEL MARSOLAIS
WEBMESTRE: STEVEN HENRY
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE

4 Comments

4 Comments

  1. Geo Giguere

    13 décembre 2019 at 6:58 PM

    bien dit Ricardo!

  2. larry todd

    25 novembre 2019 at 6:27 PM

    Encore la qualité aux texte, Bravo a vous, Brian un canadien connu et aimé mondialement, 85 spectacles a date en 2019, il se tape le Centre-Bell, Montréal, le 2 juillet 2019, sont dernier a eux lieux a Athenes,Greece,le 18 novembre 2019, en 1980 il débute avec 4 prestations, atteint un peak de 171 spectacle(Reckless Tour) en 1985,puis durant 39 ans il performe sur sur scène avec une moyenne de 50-80 prestations par années, pour un total de 2606 performance au niveau international, Bravo a lui,,(NB, ref,stat,Setlist)

  3. Ricardolanglois

    22 novembre 2019 at 12:46 PM

    Je me souviens, Géo m’avait dit : c’est toi qui va couvrir le show de Loverboy!!! J’y allais de reculon mais imgine Bryan Adams en première partie….J’ai eu un vertige…La musique, le look??? Quel souvenir merveilleux et toujours aux premières loges

  4. Geo Giguere

    21 novembre 2019 at 9:03 PM

    un article a la hauteur du grand talent de Brian Adams, bravos Louis Bonneville!

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