Chroniques

Riverside Pologne

Explora-Rock 55
Riverside, groupe prog de Pologne
Publié le 31 octobre 2025

Par Sylvain Larouche

Néo-Prog et Persévérance – Riverside

Salut à vous tous, j’espère que les couleurs d’automne et la fraîcheur vous donne une belle énergie, bien moi oui. Cette semaine je reviens sur le continent de l’Europe de l’Est plus particulièrement la Pologne; pays très fertile et prolifique avec des productions extraordinaires en musique et pour ce qui nous intéresse ici je vous parle d’un groupe progressif polonais du nom Riverside.

La formation débute à Varsovie en 2001, lorsque Piotr Grudziński (guitare) et Piotr Kozieradzki (batterie), croisent la route de Jacek Melnicki, claviériste et producteur. Rapidement, ils recrutent Mariusz Duda, bassiste et chanteur, dont la voix chaleureuse et les lignes mélodiques apportent une dimension nouvelle.

Dès leurs premières répétitions, l’alchimie est évidente la rigueur rythmique de Kozieradzki, les guitares atmosphériques de Grudziński, les
textures de clavier de Melnicki et la sensibilité de Duda donnent naissance à un langage sonore unique. Leur premier album, Out of Myself (2003), dévoile une musique immersive, où la mélancolie floydienne rencontre l’intensité du rock solide. Les critiques y voient déjà une proposition singulière, capable de séduire autant les amateurs de prog classique que les passionnés de sons modernes.

2004

En 2005, le second album, Second Life Syndrome, impose véritablement la formation sur la scène internationale. Plus ambitieux, articulé autour de longues compositions, il gagne l’attention de la presse spécialisée, qui souligne la maturité et l’émotion dégagée par l’ensemble. Ce disque devient une référence du rock progressif des années 2000 et ouvre la voie à de nombreuses tournées européennes.

C’est à cette époque que Michał Łapaj remplace Melnicki aux claviers. Son jeu expressif, mêlant orgue Hammond, piano et synthétiseurs, enrichit considérablement le spectre sonore. Avec lui, le quatuor atteint son équilibre définitif.

Le troisième album, Rapid Eye Movement (2007), prolonge cette dynamique avec une atmosphère plus sombre, explorant le thème du
subconscient et du rêve. Les concerts gagnent en intensité : le groupe ne se contente pas de reproduire ses morceaux, mais propose une
expérience immersive, appuyée par un travail visuel soigné.

2008

Avec Anno Domini High Definition (2009), le quatuor surprend en optant pour un son plus direct et nerveux, où l’urgence rythmique se mêle à des claviers flamboyants. La critique note alors une volonté d’actualiser le langage progressif, de le rendre plus incisif et contemporain.

2011

En 2013 paraît Shrine of New Generation Slaves. L’album adopte une approche plus accessible, parfois teintée de soul et de classic rock. Sans renier son héritage progressif, la formation démontre sa capacité à toucher un public plus large, avec des morceaux plus immédiatement
mémorables mais toujours raffinés. Parallèlement, les musiciens s’autorisent des escapades plus expérimentales. Des sessions instrumentales, à la frontière de l’électronique et de l’ambiant, sont réunies quelques années plus tard sous le titre Eye of the Soundscape.  Cet aspect de leur travail témoigne d’une volonté d’exploration sonore permanente, loin des codes attendus.

L’année 2016 marque un tournant dramatique. La mort soudaine (arrêt cardiaque à 40 ans) de Piotr Grudziński, guitariste fondateur, plonge le groupe et ses fans dans la stupeur. La perte est immense, tant sur le plan humain qu’artistique.

Beaucoup pensent que la formation s’arrêtera là. Pourtant, Duda, Łapaj et Kozieradzki décident de continuer. Ils complètent un projet en cours et publient Eye of the Soundscape, qui prend alors la valeur d’un hommage. 

Puis ils entament la préparation d’un album marqué par l’absence et la reconstruction. Ce disque, Wasteland (2018), reflète un monde post-apocalyptique, mais aussi un état intérieur de perte et de renaissance. Les critiques saluent sa force émotionnelle : loin de sombrer dans la lamentation, il traduit la douleur en une œuvre cathartique.

2021

En concert, l’intensité est palpable : chaque note semble chargée de mémoire et de résilience. Pour assurer la guitare sur scène, les musiciens s’entourent de Maciej Meller, connu pour son travail au sein du groupe Quidam qui fut le sujet de ma chronique Explora-Rock 19. Sa
sensibilité proche de celle de Grudziński, mais avec une touche personnelle plus tournée vers le post-rock, permet de retrouver un équilibre. En 2020, il rejoint officiellement le projet.

Avec Meller, la formation publie ID. Entity en 2023. Ce disque rompt avec l’ombre de l’album précédent plus lumineux, rythmiquement audacieux, il aborde des thèmes contemporains comme l’identité numérique et la pression sociale. L’accueil critique souligne la vitalité retrouvée du quatuor, capable de se réinventer sans renier son ADN progressif.

Les concerts de cette période confirment cette dynamique : la setlist mêle les classiques des débuts aux morceaux plus récents, démontrant une continuité cohérente. Le public perçoit à la fois l’héritage et la modernité, l’hommage au passé et l’élan vers l’avenir.

La force de Riverside réside dans sa capacité à équilibrer plusieurs univers.

 – Le chant de Mariusz Duda, à la fois fragile et habité, transmet une sincérité rare dans la prog contemporaine. Ses lignes de basse, souvent mélodiques, apportent une assise qui dépasse le simple rôle rythmique.
 – Michał Łapaj façonne des atmosphères d’une grande richesse ses nappes enveloppantes, ses solos de piano et ses montées de synthé confèrent aux morceaux une profondeur dramatique.
 – Piotr Kozieradzki, de son côté, ancre l’ensemble dans une énergie ferme mais subtile, alternant puissance et retenue.
 – Enfin, Maciej Meller apporte un jeu de guitare texturé, sensible, qui prolonge l’héritage de Grudziński tout en ouvrant vers de nouvelles couleurs. Cette combinaison donne une identité immédiatement reconnaissable, où l’émotion prime toujours sur la démonstration technique.

En deux décennies, Riverside s’est imposé comme l’un des principaux ambassadeurs du rock progressif moderne. Leur parcours a montré qu’un
groupe venu de Pologne pouvait rivaliser avec les formations britanniques et américaines qui dominent traditionnellement le genre. Ils ont inspiré de jeunes musiciens polonais, qui voient en eux un modèle de persévérance et d’authenticité. Leur discographie, variée mais cohérente, illustre une rare capacité à évoluer tout en restant fidèle à une vision.

Leur héritage ne se limite pas à la musique : leur attitude face à la perte de Grudziński a profondément marqué leur communauté. Continuer à créer, transformer la douleur en art et rester proches de leurs fans a forgé une image d’intégrité et de résilience.

L’histoire de Riverside est celle d’une quête permanente. Né d’une rencontre presque fortuite, le groupe a construit une œuvre riche, sensible et
audacieuse. Marqué par la tragédie, il a su renaître et poursuivre son chemin, trouvant un équilibre entre héritage et renouveau.

Aujourd’hui, chaque nouvel album est attendu comme une étape supplémentaire de ce voyage musical. Toujours en mouvement, les musiciens
continuent de prouver que le progressif n’est pas une nostalgie du passé, mais une musique vivante, capable de se réinventer et de toucher un public international. Neuf albums dont le dernier en 2023.

Voilà ce qui complète mon Explora-Rock avec un petit détour en Pologne en espérant vous avoir inspirer et susciter un intérêt pour cet excellent groupeRiverside. Merci à vous tous chers membres et à bientôt.

Discographie :
Albums studio:
Out of Myself – 2003
Second Life Syndrome – 2005
Rapid Eye Movement – 2007
Anno Domini High Definition – 2009

Shrine of New Generation Slaves – 2013
Love, Fear and the Time Machine – 2015
Wasteland – 2018
ID. Entity – 2023

Albums live:
Reality Dream – 2008
Lost’n’Found – Live in Tilburg – 2017
Wasteland Tour 2018 – 2020 (édition limitée)

 

Fabriqué au Québec
Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone

BANNIÈRE: DANIEL MARSOLAIS
WEBMESTRE: MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE

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