We Know That We Like Genesis #44
Une série sur toutes les époques de ce groupe mythique
Publié le 10 février 2022
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Republié le 7 décembre 2023
Par André Thivierge
A Trick of the Tail, un album marquant une nouvelle ère de Genesis est enregistré!
Au début de 1976, Tony Banks, Mike Rutherford, Phil Collins et Steve Hackett terminaient les séances d’enregistrement du 7e album de Genesis.
Voici ce que les membres du groupe ont commenté sur les huit pièces de l’album en entrevues au fil des ans et ce que votre chroniqueur en pense.
Dans cette chronique, parcourons la Face B et le verdict du chroniqueur sur l’album.
Robbery, Assault & Battery – 6:16 (Banks, Collins)
Cette pièce, avec son rythme décalé, débute avec un riff de synthétiseur qui nous amène à un joyeux couplet. Écrite par Tony avec l’aide de Phil, le solo de synthétiseur prend son envol appuyé par un rythme inégal.
Tony : « Phil a écrit un motif de batterie sur lequel le solo s’appuie. C’est écrit avec une signature rythmique diabolique en 13/8. Nous aimions beaucoup le feeling de cette rythmique. C’est pourquoi, j’ai écrit le solo par-dessus celle-ci. C’était un cauchemar à jouer car vous deviez faire la première partie en opposition au rythme. Et ensuite, il y avait une partie où je devais briser le tout en rythmiques changeantes. J’aime bien écrire en utilisant des rythmiques différentes car ça vous permet d’explorer de nouvelles avenues. »
« J’ai écrit les paroles de cette histoire très anglaise de policiers et cambrioleurs. La musique me faisait beaucoup penser à une histoire de poursuites qui me semblait bien amusante. Les paroles ont donc été écrites après avoir terminé la musique. Et Phil est arrivé avec cette idée d’utiliser l’accent d’un personnage à la Artful Dodger qu’il avait déjà joué. C’était amusant et ça a donné de la personnalité à la chanson. Je crois qu’il a fait un très bon travail d’interprétation de ces paroles. »
Selon le chroniqueur
On se retrouve avec une chanson avec de l’humour noir à propos d’un cambriolage qui a mal tourné. Phil y ajoute sa propre personnalité afin d’habiter le personnage principal de cambrioleur. On y entend une longue section instrumentale avec une signature rythmique inhabituelle en 13/8.
On perçoit que Tony y a joint différentes parties musicales pour créer un tout qui manque de cohérence et qui sonne très encombré tout en manquant de concentration. C’est pourquoi, on peut considérer cette pièce comme la moins solide de l’album tout en gardant en tête que c’était quand même au-dessus de la moyenne de plusieurs albums de l’époque.
En spectacle
Roberry, Assault & Battery a été joué lors des deux tournées suivant l’album en 1976 et 1977 avec Phil utilisant des accessoires tels un chapeau, un foulard et un long manteau et jouant la comédie.
Sur disque, on y entend la performance de juin 1977 au Palais des sports de Paris sur l’album Seconds Out.
Ripples – 8:06 (Rutherford, Banks)
La pièce débute avec un arrangement de guitare 12 cordes, écrit principalement par Mike offrant une toile de fond à la superbe voix douce de Phil. Avant le dernier refrain, on y entend une autre section instrumentale classique de Genesis ou y interagit les parties de solos de guitare et de clavier.
Steve : J’ai bien apprécié effectuer ce solo de guitare en trame de fond. J’ai jumelé le tout avec un synthétiseur grâce au Synthi Hi Fli, une pièce d’équipement que j’avais utilisé sur The Lamb. Ça vous permet de produire un son en arrière-plan et c’était très mélodique. »
Synthi Hi Fli
Tony : La partie centrale a été écrite entièrement par moi ainsi qu’une autre partie. Mike a écrit un couplet et le refrain mais il n’y avait pas de pont entre les deux. J’y ai ajouté ma partie et ça sonnait très bien. C’était vraiment une chanson de Mike vraiment. Je crois que la partie du milieu a inspiré les paroles de Mike car il y avait beaucoup d’ondulation (ripply). Il y a un accroissement de momentum jusqu’au gros refrain qui a offert un moment très fort dans le répertoire de Genesis.
La chanson est en fait un poème sur le vieillissement dont les paroles ont été écrites par Mike et illustrée sur la pochette par cette vieille dame qui se regarde dans le miroir et se voit plus jeune.
Selon le chroniqueur
Il s’agit sans conteste d’une des plus belles chansons écrites par Genesis. Les délicates guitares 12 cordes de Steve et Mike mettent en place l’atmosphère fragile du début de la chanson interprétée par Phil. On y entend l’histoire reliée au processus incontrôlable de vieillissement et des ravages du temps.
L’approche couplet et refrain est relevée par l’introduction de Phil à la batterie. Le deuxième refrain a été qualifié par Barbara Charonne du magazine Sounds comme « une mélodie hypnotisante qui vous fera la fredonner ». La chanson offre ensuite une sombre section instrumentale écrite par Tony appuyée par un solo discret de Steve et se termine avec une répétition enthousiaste du refrain qui termine la chanson. Ensemble, cette superbe mélodie, les harmonies et la maîtrise de la guitare 12 cordes du groupe en font un des meilleurs enregistrements de Genesis.
Le groupe a lancé un simple de la chanson avec l’inédite It’s Yourself en face B.
En spectacle
Les fans ont dû attendre jusqu’à la tournée de 1978 pour entendre Ripples en spectacle. Une brève section sera offerte en medley en 1983. Elle sera finalement jouée en rappel lors de la tournée de réunion Turn it on Again en 2007.
Sur disque, un enregistrement au Lyceum Theatre à Londres le 6 mai 1980 sera offert sur le coffret Genesis Archive #2 1976-1992. Aussi, la chanson, extraite du spectacle à Prague en juin 2007 sera offerte sur l’album Live Over Europe.
A Trick of The Tail – 4:35 (Banks)
Tony : « J’avais cette chanson en banque qui datait d’aussi loin qu’avant Trespass (1970) mais personne ne l’aimait. Peter avait l’habitude d’ajouter ce genre de chansons plus légères dans le passé comme Harold The Barrel et Willow Farm. Après son départ, j’ai ressorti cette chanson et fait valoir que ce serait bien de l’utiliser pour équilibrer l’album. »
La chanson était caractérisées par un rythme agréable et un battement de notes de piano, la voix de Phil était doublée par un falsetto et la touche de finition de Steve, les paroles étaient inspirées de la nouvelle de William Golding, The Inheritors.
Tony : « J’aime les histoires. Je crois que des histoires simples et qui sont un peu banales peuvent devenir spéciales quand elles sont offertes en forme de chansons. L’émotion peut être simple mais efficace en forme de dessins animés. A Trick of The Tail fonctionne bien sur cette base puisque vous ressentez le personnage. »
Selon le chroniqueur
A Trick of the Tail débute avec un rythme à la Beatles et une mélodie inspirée visiblement de la pièce des Fab Four, Getting Better. On y traite d’une créature mythique avec des cornes qui apparait dans une ville loin de sa demeure qui se fait capturer et montrée à la population comme une bête de somme. Elle est libérée par des gens qui sont scandalisés par le traitement qui lui est fait et qui l’accompagnent chez elle. Plusieurs ont interprété les paroles comme une critique du racisme et de l’exploitation.
Cette chanson est la plus simple et directe de l’album qui est courte et concise. C’est une des premières chansons vraiment pop de Genesis depuis ses débuts qui sera lancée en simple sans faire les palmarès.
En spectacle
Malgré les intentions commerciales de cette chanson, A Trick of The Tail ne sera jamais interprétée en spectacle par Genesis.
Los Endos – 5:46 (Collins, Hackett, Rutherford, Banks)
Phil : « J’ai toujours essayé de faire ce que j’aime jouer avec Genesis. Je travaillais avec Brand X et il y avait cet album de Santana, Borboletta et cette chanson appelée Promise of a Fisherman. La pièce était fantastique avec des accords optimistes et ce rythme ascendant et la mélodie. Je me suis dit, je veux un peu de cela. Et j’ai commencé à jouer ce rythme.
Je ne sais pas trop comme ça s’est passé mais on avait déjà des paroles d’une chanson appelée It’s Yourself et ça a fini par devenir Los Endos. C’était vraiment ma plus grande contribution mélodique de l’album. Je chantais da, da, da, daa et Tony a pris ce que j’avais et l’a développé. »
Tony : « Ce fut vraiment une composition de tout le groupe. C’était fondamentalement une idée de Phil qui voulait avoir quelque chose sur l’album qui était plus son genre de musique, de style jazz-rock, utilisant le riff qu’on avait utilisé sur It’s Yourself auquel on y avait ajouté les 3 accords suggérés par Steve pour y donner un effet de Big Bang. C’était excitant pour Steve et moi de s’échanger les riffs à ce moment. Et on y a ensuite rajouté des extraits de Dance on A Volcano et de Squonk qui sonnaient mieux que sur les pistes originales. Je crois que c’est devenu la piste la plus importante de l’album. »
Mike : « Nous avons toujours apprécié les thèmes qui reviennent. C’est une superbe façon de terminer l’album et cela démontrait comment Steve et Tony travaillaient bien ensemble. »
Selon le chroniqueur
On a ici une des plus puissantes pièces instrumentales de l’histoire du groupe. C’était la première fois que Genesis touchait à un style musical plus apparenté à des groupes comme Weather Report. On y entend un rythme endiablé de Phil qui démontre clairement du plaisir à jouer librement appuyé par la ligne de basse propulsée par Mike.
La ligne mélodique de Tony se fait l’écho de la guitare de Steve. La chanson se termine avec une référence au départ de Peter alors que Phil chante cette phrase extraite de Supper’s Ready : « There’s an angel standing in the sun, trying to get back home (Il y a un ange sous le soleil, essayant de revenir à la maison). »
En spectacle
Los Endos est devenu un classique des spectacles de Genesis, joué durant chaque tournée de 1976 à 1987 en plus de 2007. Dans la plupart des cas, elle a été jumelée avec Dance on a Volcano avec un duo de batteries en guise de liaison.
Sur disque, on retrouve la performance enregistrée en juin 1977 au Palais des Sports de Paris sur l’album Seconds Out en plus de celle enregistrée à Londres en juillet 2007 et incluse sur Live Over Europe 2007.
Verdict du chroniqueur sur l’album
Genesis était sous forte pression de prouver qu’il pouvait offrir une alternative viable au départ de son leader fondateur, Peter Gabriel. L’album était attendu par le public et la presse avec beaucoup d’appréhension. Le groupe ne pouvait pas se tromper.
Le résultat fut impressionnant! Le groupe a délaissé l’atmosphère sombre de The Lamb pour retrouver une plus grande musicalité qui rappelle l’époque de Selling England By The Pound. On note le retour triomphal de la guitare 12 cordes et du Mellotron qui ramènent une touche romantique au son du groupe.
L’album est bien équilibré entre des pièces énergiques, voire audacieuses telles Dance On A Volcano, Squonk et Los Endos, d’autres plus progressives comme Mad Man Moon et Robbery, Assault & Battery et finalement des chansons plus douces, voire pop telles Entangled, Ripples et A Trick of The Tail.
On sent que le groupe était en grande forme et que Phil a clairement livré la marchandise comme nouveau chanteur. Plusieurs (comme moi) considèrent avec raison A Trick of The Tail comme le meilleur album de Genesis, post-Gabriel.
Comment le public et la presse accueilleront cet album de la nouvelle ère de Genesis ?
À suivre!
Fabriqué au Québec!
Basé à Montréal, Capitale mondiale du rock francophone!
BANNIÈRE: THOMAS O’SULLIVAN
WEBMESTRE: MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE
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