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Le rock en 1974

1974 selon Ricardo
Publié le 28 janvier 2024

Par Ricardo Langlois

L’adolescence. Découverte de certains albums qui vont trôner sur ma table tournante. Les premiers joints. Le sous-sol comme repère tranquille.

L’année suivante, je suivrai mes premiers cours de guitare. C’est en décembre 1973 que Sabbath Bloody Sabbath sortira. Il jouera beaucoup durant l’année 74. Du pur bonheur. Être heureux avec la musique. L’idée d’une vie intérieure m’a permis une meilleure maîtrise contre le mur des émotions.

Black Sabbath, Sabbath Bloody Sabbath

En 1973, il est question de sophistication dans le cerveau de Tony Iommi qui conçoit le plan de bataille du groupe. Et il faut bien que quelqu’un prenne en charge cela. Car Ozzy et ses copains semblent partir dans un méchant bad trip. Trop de fatigue post-tournée, trop de drogues consommées qui font sécher les neurones et pour la première fois l’inspiration ne vient pas.

Être à Los Angeles n’aide sans doute pas à la concentration. Les membres de Black Sabbath décident donc de retourner en Angleterre et louent un château où ils répètent. Autant pour la légende des chauve-souris sataniques pratiquant un heavy metal de cimetières. Sauf que l’album, lui, est enregistré à Londres avec des instruments inédits chez le Sabbat Noir : synthétiseurs, cordes…

À la sortie de Sabbath Bloody Sabbath, le groupe est enfin fêté par la critique. Il faut dire que l’album est d’une richesse et d’une complexité jusqu’alors inédite chez Black Sabbath. Alors que les titres du groupe semblaient suivre une voie tracée par les coulées de fonte déversées par la guitare de Tony Iommi. Et clouées par les marteaux de Bill Ward, chaque chanson de Sabbath Bloody Sabbath contient son lot de surprises.

A National Acrobat a peut-être l’un des meilleurs riffs jamais sorti des doigts amputés de Iommi. Une mélodie parfaite immédiatement doublée par une deuxième guitare plus aigue, quand s’élève le chant majestueux d’Ozzy Osbourne qui glace instantanément le sang. Du Black Sabbath classique en somme.

King Crimson, Red

1973 est, à n’en pas douter, une grande année pour le rock progressif. Certes, mais à trop se référer à cette année magique qui a vu la sortie de Tales From Topographic Oceans, Selling England By The Pound, Brain Salad Surgery, Tubular Bells. On en oublie parfois que l’année suivante a été riche en événements marquants. À commencer par ce Red de King Crimson.

1974 : John Wetton, David Cross, Robert Fripp et Bill Bruford.  Photo :  Michael Ochs

Dernier album avant sa séparation, ou du moins sa première, Red est un album alliant la noirceur aux expériences les plus extrêmes. Durant 5 morceaux d’une accessibilité pour le moins difficile et très inégale, King Crimson démontre une fois de plus la mesure de tout son talent. L’instrumental qui ouvre et donne son titre à l’album, très agressif et sombre, déstabilise d’entrée l’auditeur. Si celui-ci n’est pas un habitué de l’esprit King Crimson. Mais si j’osais, je dirais que malgré tout, Robert Fripp et ses compères ménagent leur auditoire en commençant par ce qui reste encore le plus accessible chez eux.

Genesis, The Lamb lies Down on Broadway

Comment présenter le Genesis des années 1970 ? Simplement, on pourrait dire que Genesis se fait remarquer sur la scène progressive. Non seulement pour sa musique, aux structures complexes mais très mélodiques. Entre folk, musique classique et claviers omniprésents, mais aussi pour ses paroles, qui racontent diverses histoires saugrenues. Pour n’en citer qu’une, The Musical Box, l’infirmière jouant au criquet avec des têtes.

Autrement dit, des histoires cruelles, mais au final dans une atmosphère plutôt sympathique, non sans un soupçon d’ironie. Ce qui va trancher radicalement avec The Lamb Lies Down on Broadway.

L’album est sans aucun doute le plus ambitieux de l’aventure Genesis et aurait été incontournable. Quand ta spécialité c’est de raconter des histoires, l’aboutissement est de faire un album-concept, avec un fil rouge.

Pour résumer l’histoire, si on peut la résumer, l’intrigue se tourne autour de Rael, jeune Portoricain. Dans les rues de New-York, il est tagueur et membre d’un gang à ses heures perdues qui va vivre une série de (més)aventures. Enfermé dans les cavernes (deux fois !), dans une salle où il faut trouver LA porte de sortie. Goûter l’amour (au sens propre), se faire castrer. Sauver son frère des rapides avant de se rendre compte qu’il s’est sauvé lui-même. Quitter son corps pour former une ‘troisième personne’, un esprit extérieur, avant de se dissoudre dans la brume. Autant dire que question d’absurdité, on est servi !…

Harmonium, Harmonium

Harmonium parait en février 1974 sous Quality Records. Un lancement a lieu le 20 février au club Le Patriote et un concert est diffusé en direct sur la bande AM de la radio montréalaise CKVL. Soutenant le groupe depuis ses tout débuts (comme en témoignent la prestation et l’entrevue ci-dessous), la station commerciale CHOM ne perd pas de temps. Elle fait entrer les chansons de l’album dans sa rotation régulière. « Ça a été la première station à nous mettre sur la carte. Et, encore là, c’est paradoxal, car c’est une station anglophone! » fait remarquer Normandeau.

Deux mois après la sortie, Harmonium atteint la première place du palmarès des ventes au Québec. Tout compte fait, il y restera pendant 76 semaines, s’écoulant à plus de 100,000 copies en l’espace de quelques mois.

À l’été, le groupe donne un concert à la Place des Arts – une première pour un groupe à l’époque. Les spectacles se poursuivent à un rythme effréné pendant plus d’un an. « On a appris à toucher les gens sur scène. On a compris que, si tu joues et que les gens mangent leur sandwich au jambon pis se câlissent de ce que tu fais, c’est pas bon. Fallait explorer, connecter avec eux », indique Fiori. (Source : journal Voir ).

Cet album a changé ma vie. La musique, les paroles… La guitare acoustique omniprésente. Aujourd’hui je dis bonjour à la vie. Un véritable voyage intérieur.

David Bowie, Diamond Dogs

C’est le jour où j’ai entendu pour la première fois We are the Dead que j’ai compris que David Bowie venait d’ailleurs, qu’il était différent. Il était le seul à pouvoir produire de tels sons mêlés de textes étranges sur des mélodies aux harmonies d’une beauté venue d’ailleurs. Je n’ai même pas envie de dire que c’est beau. Ça me semble si évident que je ne suis pas là pour vous en convaincre. J’ai seulement envie de dire que c’est … différent. Cette façon de juxtaposer, d’écrire par layer comme un plasticien. Être expérimental sans pour autant fuir dans une sphère où personne ne le suivrait.

Car, avant tout, il est là le génie de David Bowie : composer des œuvres étranges et sophistiquées qui enthousiasment le profane. Tant de générations passées, présentes et à venir, se nourriront de ces mets raffinés qui sont tout sauf superficiels. David Bowie invite à un voyage. Et quelques-uns le suivront dans son périple où s’entrechoquent la musique, la peinture et la réflexion.

Écoutez Sweet Thing, surtout la reprise après Candidate. et dites-moi qui vous a jamais emmené si loin ? Beethoven peut-être ?

La beauté est esthétique mais pas seulement. Elle est chargée d’émotions humaines et célestes. Projetés dans les étoiles sans rien y comprendre, on se retrouve la peau couverte de frissons et les yeux embués.

Supertramp, Crime of the century

Avec le crime… Supertramp a défini sa signature sonore et a créé un chef-d’œuvre de rock progressif. Chaque morceau était un classique à part entière. Avec Hodgson et Rick Davies, dans une humeur profondément philosophique, l’album avait un poids intellectuel à la hauteur du meilleur de Pink Floyd. De plus, il y avait une chanson pop brillante, Dreamer, qui a donné au groupe son premier succès dans le Top 20. Au Québec, la pièce School est devenu un classique.

Supertramp a été découvert chez nous avant les États-Unis.

 

Notes :
Sur Black Sabbath (albumrock.net),
Sur Harmonium (Journal Voir).

Ricardo Langlois vient de publier son 6ème livre de poésie J’habite le ciel. Son livre s’est classé dans le top 20 des meilleurs livres sur le blog de Christophe Condello.

 

Fabriqué au Québec
Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone

BANNIÈRE: MURIEL MASSÉ
WEBMESTRE: MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE

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