We Know That We Like Genesis #28
Une série sur toutes les époques de ce groupe mythique!
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Republié le 12 juin 2023
Par André Thivierge
Au début de l’année 1974, les membres de Genesis, Tony Banks, Phil Collins, Peter Gabriel, Steve Hackett et Mike Rutherford reprennent leur tournée pour promouvoir leur dernier album Selling England By The Pound (SEBTP).
Peter s’envole, littéralement
Après une pause de trois semaines de retour au pays, Genesis retourne en tournée européenne, d’abord à Birmingham et ensuite 5 nuits du 18 au 22 janvier 1974 au Royal Theatre de Drury Lane à Londres, une scène prestigieuse non associée aux groupes rock. Le prestigieux quotidien The London Times y note que « jamais un groupe rock avait pris contrôle de l’endroit pour une semaine. ». Le groupe y a connu beaucoup de succès.
Le frère de Steve Hackett, John indique d’ailleurs que « la performance de Genesis la plus mémorable que j’ai vu était au Drury Lane quand Peter s’est envolé dans les airs sur un câble à la fin de Supper’s Ready. Normalement, la pièce se termine avec un flash de lumière où Peter enlève sa cape noire et revêt un ensemble blanc. Au Drury Lane, Peter a pris avantage des propriétés théâtrales de la scène. »
« Je me souviens qu’à une occasion pendant cette période, j’ai reçu un appel de Steve à propos de Peter qui avait un problème avec sa flûte et avait besoin de m’emprunter la mienne. Alors, j’ai sauté dans le train avec ma flûte Yamaha sous le bras et j’ai assisté à la performance de Peter avec mon instrument. Je l’ai conservée très précieusement. »
Phil dans son autobiographie se souvient de l’envol de Peter : « De retour sur nos terres, la cadence ne baisse pas. On joue cinq soirs à Londres au Théâtre Royal sur Drury Lane, où Peter décide de se lâcher. Après tout, c’est un théâtre et Peter Pan a l’habitude d’y voler suspendu à des câbles. Peter est en costume argenté, le visage peint en blanc. Et au moment le plus fort de Supper’s Ready, après avoir jeté sa cape et son masque fluorescent, il s’envole dans les airs.
Ce que Peter n’a pas prévu, c’est que pendant qu’il se balance tout là-haut, il tourne lentement sur lui-même. Du coup, il agite les jambes comme un fou pour tenter de faire face au public – « and it’s hey babe… » et il termine le morceau ainsi en se tortillant comme un ver. Même si l’effet est un peu raté, on fait encore la une du Melody Maker, ce qui pour nous est une belle récompense. »
C’est au moment de cette portion européenne où Tony a laissé tomber l’intro de piano de Firth of Fifth en concert. Il raconte : « Je jouais à l’époque sur un piano RMI. Au Drury Lane, je n’ai pas terminé l’intro. J’ai manqué de notes et lancé mes mains dans les airs dans un état d’exaspération. Le problème, c’est qu’à l’époque, les touches de clavier n’avaient pas la sensibilité d’un vrai piano ce qui gâchait le tout. À partir de là, nous avons cessé de jouer l’intro. »
Un retour triomphal en Italie
Après quelques dates en Belgique, Allemagne et Suisse, Genesis est retourné en Italie pour 4 concerts à Turin, Reggio Emilia, Rome et Naples. Le succès du groupe fut immense. À l’époque, le magazine Melody Maker rapportait des foules impressionnantes dont 20,000 à Rome pour un total de 53000 billets vendus.
Le groupe s’est rendu ensuite en France dont un arrêt aux studios de l’Office de radio-télévision française (ORTF) à Paris où Genesis y a enregistré I Know What I Like et Supper’s Ready pour l’émission télé Melody.
Un retour ambitieux en Amérique du Nord
Le groupe est retourné en Amérique du Nord en mars 1974 pour une tournée encore plus étendue. Des villes comme Baltimore, Fort Wayne, Kansas City et Phoenix ont entendu Genesis en spectacle pour la première fois. Richard Cromelin du Los Angeles Times fut particulièrement élogieux envers le groupe qualifiant leur performance théâtrale d’époustouflante. La tournée nord-américaine de 1974 a apporté une innovation visuelle. La scène, qui fut auparavant dominée par le blanc, incluant les instruments et le décor est devenu noire.
Troisième retour au Québec
La tournée qui a duré plus de deux mois les a ramenés une autre fois en avril 1974 au Québec dont Montréal qui semble avoir une très grande affinité avec le groupe.
Michel Maltais, auteur d’un livre sur le groupe Kosmos, un pionnier dans l’organisation de spectacles progressif raconte : « Depuis les derniers mois, Genesis a acquis une certaine notoriété aux États-Unis et revient pour la reprise de leur tournée SEBTP. Nous en profitons pour leur offrir de jouer à Québec, Ottawa et Montréal, mais notre offre doit être assez intéressante pour justifier un passage au Québec, car il n’est plus question de jouer dans des salles de 1500 places.
À Québec, il y a toujours le Pavillon de la jeunesse, mais l’endroit a acquis avec les années la réputation d’être le cauchemar des sonorisateurs. Nous optons pour le Centre municipal des congrès de Québec, une grande salle toute neuve située à Place Québec. Personne n’a encore produit de spectacle d’envergure à cet endroit, ce sera une autre première.
Nous planifions aussi deux concerts au Centre sportif de l’Université de Montréal (CEPSUM) et, pour en faire un événement mémorable, CHOM-FM nous propose de retransmettre en direct un de ces concerts en échange d’une campagne publicitaire pour l’événement. » Peter Hamill, qui fut le leader de Van Der Graaf Generator a offert la première partie des spectacles de Genesis au Québec.
« Le spectacle de Genesis à Québec affiche complet et le groupe se fait un lot de nouveaux fans. Genesis accepte notre offre de radiodiffusion en direct du spectacle de Montréal à CHOM-FM, ce qui augmente considérablement les retombées des deux spectacles présentés à guichets fermés au Centre sportif.
Aujourd’hui, cet enregistrement se retrouve sur Internet, notamment sur YouTube, fruit du travail d’un amateur qui a superposé le son radiophonique avec des images vidéo captées lors de ce spectacle. C’est à partir de ce moment que Genesis devient un groupe culte au Québec. Peter Gabriel est invité pour donner une interview à CHOM-FM le dimanche suivant le premier concert. »
Michel Branchaud, un collaborateur de Famille Rock a écrit un article sur le spectacle du 20 avril à Montréal : « Au bout de quelques minutes, les lumières du CEPSUM s’éteignent et le groupe s’installe. C’est fou, moi qui n’a pas de mémoire, je me rappelle de ces moments comme si c’était hier. Le clavier de Tony Banks se fait entendre avec de longues notes, très progressives et le stage est toujours plongé dans le noir.
Puis, à mesure que le son de l’orgue progresse, les lumières bleutées se mettent à éclairer le stage tout doucement, mais c’est encore très sombre. Puis, la basse de Rutherford s’ajoute… et le drum de Collins. À mesure que la musique montait, nous commencions à apercevoir Peter Gabriel, vêtu de sa cape noire et de son chapeau à ailes de chauve-souris qui devenait phosphorescent sur les hautes notes de Banks. Après une longue introduction très spectaculaire, les lumières s’allument et Gabriel entame les premières paroles de Watcher of the Skies. »
Une tournée qui finit mal
On note que le dernier concert du groupe le 4 mai à The Academy of Music de New York a dû être reporté car Genesis s’est fait voler pendant la nuit six guitares. Après avoir acheté de nouveaux instruments, le spectacle fut repris le 6 mai.
Peter a refait une autre fois son envolée dans les airs le 6 mai à New York mais ce fut plus dramatique, la corde s’enroulant autour de son cou. Il faisait un signe des bras à l’opérateur qui était convaincu que cela faisait partie du spectacle. Ce fut la dernière envolée de Peter avec Genesis.
Le meilleur groupe sur scène en Angleterre
Les performances en spectacle du groupe leur ont valu d’être élu le meilleur groupe sur scène (Top Stage Band) dans le sondage de 1974 des lecteurs du magazine New Musical Express (NME).
En juin 1974, les membres de Genesis mettent fin à leur série de spectacles liées à SEBTP et se réuniront dans une grange bien connue par les amateurs de rock pour écrire ce qui deviendra un album double et le chant du cygne de Peter.
À suivre!
Fabriqué au Québec!
Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone!
BANNIÈRE: THOMAS O’SULLIVAN
WEBMESTRE: MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE
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