What Does this Buttom Do? : An autobiography
par Bruce Dickinson
369 pages
Publié le 17 mai 2019
Vues 4,000
Republié le 22 septembre 2022
Vues 4,400
Republié le 2 juin 2023
Analyse de Ricardo Langlois
Le Maître d’Iron Maiden
J’ai envie de vous dire que Bruce Dickinson, je l’ai aimé tout de suite. C’était à Verdun pour l’album Piece of Mind. Il est disons le Maître d’Iron Maiden. C’est un Ovni. Il est chanteur de métal mais il a déjà joué au théâtre. Et on comprend à la lecture de son autobiographie (en anglais), qu’il ne veut pas être qu’un simple chanteur. Il écrit comme un vrai écrivain. Il s’impose une discipline ; écrire 1200 mots par jour toujours et toujours dans un pub de son quartier. Lui, le fabuleux chanteur d’Iron Maiden avec 90 millions d’albums vendus. Il veut que ça ressemble à un roman. Comment ça se passait à la p’tite école pour lui. Quand il parle du groupe qui est le plus important dans le métal international, il cherche sa propre voie. Comme un ange descendu du ciel, comme le prince cherchant à nous rappeler d’où il vient.
À quel royaume appartient-il?
Son arrivée dans le band, son premier album avec Maiden The number of the Beast, 1982. Il idéalise les premières fois. La première fois qu’il a découvert Deep Purple (p 41). L’importance des Who (p 53). Comment rendre la lecture plus fluide, c’était le défi premier. L’idée, c’était de ne pas dépasser 384 pages à cause des nombreuses anecdotes. Il a négocié avec son éditeur de se concentrer sur la survie d’un texte où il ferait abstraction des groupies.
Steve Harris est le leader d’Iron Maiden et pour lui, il a fallu mettre son égo de coté. Steve voulait que son band porte la veste de cuir et des jeans ajustés (p 90). Il parle de son audition et il a visualisé qu’il était le chanteur qu’il leur fallait. Depuis son adolescence qu’il assimile les influences de Deep Purple, Black Sabbath et Jethro Tull. Ne sont-ils pas les meilleurs modèles? Il parle de Steve Harris qui lui a inculqué l’espace poétique à travers la voix humaine.
La voix est un instrument. Hallowed by the Name n’est pas banale quand on regarde la construction de la pièce. Comment avoir le juste ton? Il lance des fleurs à Ronnie James Dio qui a eu le même problème avec Heaven and Hell. La magie d’être sur la bonne note. Dickinson (ex-chanteur de Samson) a travaillé la texture et la trame romanesque. Il fait allusion à un chanteur d’opéra allemand qui a expérimenté. Les cordes vocales sont si précieuses qu’il refuse cigarette et ne prend aucune drogue (cocaïne, speed).
Powerslave, une étape importante
Piece of Mind, la tournée. Il parle du Canada, des States, de l’Angleterre et de l’Europe. Les années 80, le métal, c’est Ozzy, Scorpions, Whitesnake… L’escrime qui est un sport qui lui permet de sortir du ghetto rock’n’roll. Puis on arrive à l’album-clé Powerslave avec Two Minutes To Midnight (Ronald Reagan, l’empire du diable, l’Union Soviétique) et cette fameuse pièce épique The Rime of the Ancient Mariner. L’image de l’esclave, le théâtre de l’âme. Faire l’expérience de Powerslave (une coquille protégeant un homme-Dieu, des milliers d’années mais s’ouvre les portes de mon enfer. Je combattrai depuis ma tombe). Je me souviens encore dans le vieux Forum de Montréal.
Le supra poème, le décor égyptien, la mascotte Eddie. Opération à cœur ouvert. Un chanteur à la voix puissante, organique. Nous entrons dans une autre dimension. Les artifices, la magie des guitares psychédéliques, le ressenti, l’expérience d’une messe solennelle. Écorcher le Son… Le corps transformé initié au Powerslave. Esclave de qui, de quoi…Le métal ouvre une porte. La tournée de Powerslave a duré plus de treize mois, plus de 200 dates en 28 pays.
L’après Iron Maiden…
Un jour, il s’est demandé si Maiden était la finalité de sa vie. Être le chanteur d’Iron Maiden durant le reste de mes jours. Il avait atteint le point culminant. Il avait tout donné. En 1994, il présente son projet solo Balls to Picasso. Cet album a coûté une fortune. Puis il y a eu le projet Skunkworks (1996) dans la veine de Soundgarden (p. 256). Un album sombre (Suicide-toi, repars è zéro). Puis il revient sur sa tournée de Sarajevo, il a rencontré des enfants dans un orphelinat. Un enfant est un symbole de naïveté, d’innocence, incapable de se défendre. Et il n’est aucune raison valable qui puisse engager de tuer son enfant. Je n’ose imaginer ce que ressent un soldat qui revient chez lui après des mois passés en Afghanistan, par exemple.
Brave New World et 2001
Lorsque je jette un coup d’œil en arrière, je me dis que les concerts du World Slavery Tour 1984-1985 étaient bons pour l’époque. Mais je pense sincèrement que ceux du Brave New World tour 2000-2001 leur étaient bien supérieurs. Et nous faisons encore mieux aujourd’hui. C’est en partie dû au fait que nous ayons désormais à nos cötés un technicien de son incroyable. Les attaques du 11 septembre 2001 ont tout changé. Le monde de l’aviation (lui qui est pilote). Un passage à vide s’installe.
Que pensez de l’album A Matter of Life and Death (une question de vie ou de mort, film de 1946 avec David Niven) sera la source d’une tournée mondiale grandiose. Durant la première année, le band jouera l’intégralité de l’album live. L’album parle de guerre (Dickinson en fait son cheval de bataille).Brighter Than A Thousand Suns (plus lumineux que mille soleils, allusion au feu nucléaire).
Un album conceptuel comme l’était Seventh Son Of A Seventh Son. Le point faible : on souffre de l’absence de bons solos. Comment faire du spectaculaire, de l’anti-spectaculaire, la guerre? Une malédiction comme son cancer. Bru en parle sans être dans l’émotion. Il le contourne. Il est en guerre.
Notes de l’auteur
À la lecture de son autobio, il rêvait d’ëtre Keith Moon, le batteur des Who. Il a remplacé Paul DiAnno parce que celui-ci avait des problèmes de comportement. Bruce évoque de manière subtile l’absence du père (mais pas dans le sens du père renié comme Jim Morrison). Il a accepté de chanter (carrière solo) à Sarajevo en 1993 alors que Metallica et Motorhead avaient refusé.
Bruce Dickinson dans ses récits, il déjoue les codes. Il ne parle pas de groupies, de sa famille. Il parle de lui l’artiste dans le sens noble du mot. Iron Maiden est une fable musicale inscrite dans le Temps. Le temps œuvré, démultiplié. Le chanteur, le batteur, le romancier, l’aviateur et le pseudo-écrivain tranquille qui se remémore un groupe culte dans le heavy metal.
Je remercie chaleureusement Yves Monast pour cette photo rare de Dickinson en compagnie de son idole Ian Gillan.
Fabriqué au Québec!
Basé à Montréal, Capitale mondiale du rock francophone!
BANNIÈRE: DANIEL MARSOLAIS
WEBMESTRE: STEVEN HENRY
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE
Si vous songiez à appuyer notre site, c’est maintenant, c’est ici. Chaque contribution, qu’elle soit grande ou petite, aide à notre survie et appuie notre avenir. Appuyez Famille Rock pour aussi peu que 5 ou 10 $ – cela ne prend qu’une minute. Merci !
Ricardolanglois
18 mai 2019 at 10:36 PM
Venant de toi, c’est un compliment puisque tu as une plume sensible et complexe.Tu as su voir des filiations que d’autres n’ont pas vu et je t’en remercie Au plaisir
Louis Bonneville
18 mai 2019 at 8:11 PM
Ton excellent texte nous laisse entrevoir tout le sérieux de Dickinson et de son parcours de chanteur. Bravo!