Les 45 ans de Def Leppard
Publié le 16 avril 2022
Par Ricardo Langlois
Nous sommes en 1983, Le 9 juin, je suis au Forum de Montréal avec quelques amis pour le spectacle de la tournée Pyromania (en première partie Krokus et Gary Moore). J’ai été un des premiers journalistes au Québec à avoir parlé de High ‘N’ Dry. 11 albums studio, 26 singles et plus de 100 millions de disques vendus.
Cette année, on souligne les 45 ans de Def Leppard. J’ai aimé Def Leppard même si le groupe est trop propre, trop gentil. Def Leppard en show c’est 100% la perfection.
1983
On aime le métal pour la colère, les excès, le rêve. Le départ du jeune Pete Willis et le
tempérament auto destructeur de Steve Clark ont été des grandes épreuves. Je voulais surtout me rappeler les débuts du groupe à l’époque du journal Pop Rock (devenu magazine par la suite).
La formation originale avec Pete Willis au milieu
Si vous n’avez écouté qu’une ou deux chansons de la carrière d’enregistrement de Def Leppard, qui a duré des décennies, vous ne savez probablement pas à quel point les groupes de hard rock les plus populaires d’Angleterre ont été polyvalents. Depuis qu’ils ont émergé de Sheffield en 1977, Def Leppard a mélangé le rock et les influences dans un catalogue éclectique qui a contribué à jeter les bases de divers mouvements musicaux. Cette capacité caméléonique à muter lorsque cela était nécessaire leur a permis de s’épanouir à travers des scènes avec lesquelles ils vibraient (New Wave of British Heavy Metal, glam, country) et de survivre à celles qui ne complimentaient pas leurs cheveux longs et leurs tenues en spandex (punk, grunge, EDM, hip-hop).
Le catalogue de Def Leppard peut être divisé en quatre catégories : Les chansons les plus métalliques qui ont été annoncées par la presse rock pendant le mouvement NWOBHM ; les méga-hits raffinés commençant par Bringin’ on the Heartbreak et progressant à travers les simples qui ont propulsé à la fois Pyromania et sa suite, Hysteria, au statut de diamant (10 millions de ventes); des coupes d’album plus profondes des années 90 qui ont démontré le penchant de Def Leppard pour l’expérimentation et les efforts pour changer leur son pour être accepté par les fans qui ne chérissaient plus le glam metal.
Intermède, entrevue avec Joe Elliott :
Question :Vous étiez un grand fan de Bowie, vous aimiez Queen, Rod Stewart, Elton John…
– Oui. Ma période Bowie préférée va de Space Oddity à Diamond Dogs, parce que c’était du glam rock. Mott The Hoople était un autre groupe que j’aimais. Quand Queen est arrivé et que Bowie est allé à ce qu’il a appelé sa période plastic soul avec Young Americans, j’ai adoré ce disque, mais je jouais davantage Queen à ce moment-là. Peut-être que j’étais attiré par ces groupes. Tu sais, le phénomène des gangs. Les deux premiers concerts que j’ai vu étaient T Rex et The Faces. Le jour et la nuit, mais génial! J’avais 11 ou 12 ans.
Le concert suivant que j’ai vu était Hunter-Ronson, en mai 1975. J’avais 16 ans. C’était génial. À partir de là, je suis allé à presque tous les concerts à l’hôtel de ville de Sheffield- Sparks, Roxy, Skynyrd, Lizzy, Budgie. Le tout premier concert de Rush au Royaume-Uni a eu lieu à Sheffield. En une semaine, j’ai vu Styx, suivi de The Clash. Et pourtant, en 1979-1980, vous êtes un groupe de metal new wave, que cela vous plaise ou non.
J’étais content d’être dans Sounds, mais tu lisais des articles sur nous et tu disais : Regarde, mec, où vois-tu une corrélation dans les styles musicaux entre nous et disons, Vardis? Nous mettre dans la NWOBHM, c’était comme nous associer à Duran Duran et Spandau Ballet.
Question: Mais les choses ont changé une fois que vous êtes arrivé en Amérique.
– Quand nous sommes arrivés aux États-Unis, nous n’étions que Def Leppard. Ils ne nous comparaient à personne. Ils nous ont juste adoptés et nous ont mis dans le même sac de choses diverses qu’ils diffusaient sur la radio FM américaine.
Question: L’objectif de Def Leppard a-t-il toujours été d’être grand en Amérique?
Ce n’était pas le chaudron d’or au bout de l’arc-en-ciel, c’était une vue d’ensemble. Ce n’était pas le but. Tu sais à quel point nous avons essayé de percer au Royaume-Uni. Tu sais combien ça été important pour nous lorsque nous avons enfin du succès ici. L’Amérique c’était plus facile, parce que plus grand. Le Royaume-Uni était beaucoup plus difficile.
Il n’y avait qu’une seule station de radio. En Amérique, il y en a deux par ville, 24 heures sur 24. Qu’est- ce que nous avions? Tommy Vance faisait deux heures un vendredi soir? On a essayé, encore et encore et à la fin, Bon Jovi l’a fait pour nous. Entre Pyromania et Hysteria, Bon Jovi est sorti avec Slippery when Yet et a remis le rock à la radio. Ce qui a permis à Leppard de se faire accepter plus facilement au Royaume-Uni.
Question: Le producteur légendaire Robert John Mutt Lange a également eu une grande influence sur vos premiers succès.
– Le premier album On Through the night, a été enregistré relativement rapidement, en quelques semaines seulement, avec le producteur Tom Allom, qui était à l’époque le producteur de Judas Priest. Au début, nous n’avions aucune idée de l’importance de Robert Mutt Lange. Nous espérions juste qu’il serait aussi important que pour ACDC et Foreigner. Mutt était un ardent défenseur de la discipline à cette époque. Il fallait qu’il le soit. On pensait que ce serait comme avec Tom Allom, oû on jouait notre set en live. Mutt nous a fait passer, Rick Allen et moi, dans une foutue essoreuse sur High ‘N’ Dry.
1981
En lisant la critique dans Sounds, Geoff Barton a dit que la la plus grande amélioration par rapport au premier album était ma voix. C’est ce qu’il a fait. Mutt m’a fait prendre conscience qu’au fond de moi, il y avait un chanteur et pas seulement un type qui prétendait en être un. Il savait que Rick était un très bon batteur, mais il ne voulait pas qu’il se fie uniquement à ce qu’il connaissait. Il l’a forcé à passer au niveau supérieur. Avec les guitares, même chose. Il les travaillait au corps. Pete était facile à faire bosser parce que c’était un joueur fantastique quand il n’était pas perturbé par la drogue. Steve était dans sa coquille, mort de trouille d’en sortir.
Sav jouait de la basse, qui était l’instrument de Mutt quand il était dans un groupe. Il nous poussait et nous poussait jusqu’à ce qu’on dise : Va te faire foutre. Je ne le ferai plus. Et il faisait : Bien, on y reviendra demain. On lui disait : Avec les autres groupes, tu parles comme ça à tout le monde? Et lui, il faisait : Ouais.
High ‘N’ Dry, premier succès
Les choses sérieuses commencent. Après un premier album prometteur, Def Leppard ne perd pas de temps et s’adjoint les services du célèbre producteur Robert Mutt Lange qui vient de produire l’incontournable Back In Black de qui-vous-savez avec le succès que l’on sait. Le Léopard Sourd enregistre donc leur deuxième méfait, High ‘N’ Dry et sort durant l’été 1981.
C’est vrai que le rapprochement avec AC/DC est souvent de mise : les riffs typiques et la voix aiguë de Joe Elliott permettent à certains morceaux de casser la baraque, à commencer par le tiercé de tête Let It Go/Another Hit And Run/High ‘N’ Dry (Saturday Night) qui contient des refrains d’enfer. En fait, presque tous les morceaux du disque sont dans cet état d’esprit, c’est- à-dire foncièrement rock’n’roll et dotés de soli énervés à la clé. Lady Strange dépote grâce au talent de nos deux guitar-heroes que sont Steve Clark et Pete Willis (une parenthèse sur ce dernier qui m’a toujours fait penser à un sosie de Steven Tyler d’Aerosnith, enfin bref). J’imagine que le sympathique morceau On Through The Night était initialement prévu sur le premier album du même nom, ça se sent à l’écoute. Mais ils l’ont finalement mise sur ce disque, soit… You Got Me Runnin’, Mirror, Mirror et No No No valent aussi le détour.
Rick Savage, Steve Clark, Phil Collen et Joe Elliott
Enfin, je termine sur le sommet bicéphal de cet album. Def Leppard accouche sur cet album de la meilleure ballade qu’ils aient composée : Bringin’On The Heartbreak. Ce superbe morceau a le don de nous transporter loin, loin, loin… avant la baffe instrumentale qu’est Switch 625. D’un côté, on a la chanson qui ferait chavirer n’importe quelle amatrice de bon Hard FM (salut les filles !) et de l’autre, cette ligne de basse et ce condensé de riffs et de chœurs qui agrémentent ce titre explosif signé Steve Clark le seul, l’unique. On dit que c’est toujours les meilleurs qui s’en vont… Fait chier, la vie.
Deux millions de copies vendues aux USA pour ce deuxième opus de Def Leppard. High ‘N’ Dry aura permis au groupe de trouver son style de prédilection, et encore, ce n’est que le début. Tous les membres font preuve dans cet album d’un indéniable succès. De bonne augure pour la suite des évènements.
Pyromania, succès mondial
Def Leppard a frappé de l’or (enfin, en fait du diamant) avec leur troisième LP Pyromania. L’album a été un succès phénoménal, se vendant finalement à plus de dix millions d’exemplaires aux États-Unis et étant certifié « diamant » par la RIAA. L’album a reçu un énorme soutien de leur maison de disques, ce qui a donné au groupe et producteur Robert John « Mutt » Lange un an pour enregistrer et un budget de plus de 1 million de dollars. Cela signifiait que l’album devrait se vendre à plus d’un million d’exemplaires juste pour atteindre le seuil de rentabilité, ce qui était un acte de foi incroyable étant donné que l’album précédent de Lange et du groupe, High n’Dry de 1981, n’avait pas si bien marché commercialement. Mais le pari a porté ses fruits puisque Pyromania s’est vendu à plus de 100 000 exemplaires par semaine au cours de l’année civile 1983 et que le mélange d’hymnes de stade prêt pour la radio a amené le groupe de quasi-heavy metal à un public grand public.
Notes
– Entrevue de Joe Elliott, Les légendes du rock. Hors série 2021. Def Leppard, critique Pyromania, référence au site classicrockreview.com
– Ricardo Langlois est critique musical pour famillerock.com et critique littéraire pour lametropole.com Il a publié quatre livres de poésie.
Film de 2001
Fabriqué au Québec!
Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone!
BANNIÈRE: DANIEL MARSOLAIS
WEBMESTRE: MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE
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