Chroniques

Uzeb Jazz Fusion bio

Explora Rock 48 Uzeb
Publié le 24 juin 2025

Par Sylvain Larouche

Bonjour à vous chers membres, en ce moment de festivités de la Fête nationale. Je vous parle d’un groupe qui a fait rayonner le Québec à travers le monde avec des musiciens chevronnés et aux talents immenses.

Musique Fusion fabriquée au Québec

Dans les années 1980, Uzeb une formation québécoise surgit sur la scène internationale du jazz fusion avec une proposition à la fois audacieuse et rigoureusement maîtrisée. Mené par Michel Cusson à la guitare, Alain Caron à la basse et Paul Brochu à la batterie, ce trio devient en une décennie l’un des ensembles les plus respectés de sa génération, tant pour sa virtuosité que pour son approche technologique et humaine de la musique.

Leur trajectoire, concentrée entre 1981 et 1992, est jalonnée de tournées triomphales, d’innovations musicales et de collaborations prestigieuses. Vingt-cinq ans plus tard, leurs retrouvailles confirment l’attachement du public et la profondeur de leur héritage.

Tout commence dans les années 1970 avec Michel Cusson, guitariste originaire de Drummondville. Après avoir étudié la musique à McGill, puis à Berklee, il rassemble autour de lui une première formation explorant les possibilités du jazz-rock. Le projet initial évolue, gagne en densité et se cristallise en trio au tournant des années 1980. Cusson est rejoint par le jeune prodige Alain Caron à la basse fretless et par Paul Brochu, batteur issu du Conservatoire de musique de Montréal. L’alchimie est immédiate.

Les trois musiciens partagent une exigence commune : repousser les limites techniques et expressives de leurs instruments, tout en construisant un langage collectif cohérent et ouvert.

Leur premier album, enregistré en concert en Angleterre en 1981, donne le ton : une musique dense, rapide, d’une précision presque chirurgicale, mais jamais froide. Dès les premières années, ils se forgent une réputation de groupe « à voir en concert », où leur virtuosité éclate pleinement.

J’ai vu Uzeb plusieurs fois de 1982 au Barrymore à Ottawa dès lors je savais que cette bande originaire de Drummondville ferait une différence
dans le milieu musical québécois et international. Chaque spectacle était un évènement unique et majeur à la fois.

1983 –  Live au Spectrum de Montréal – 4 juillet

Leur jazz fusion navigue entre les influences de Weather Report, du Mahavishnu Orchestra et une sensibilité plus personnelle, marquée par le groove, la mélodie et l’expérimentation technologique.

Le son du trio repose sur un équilibre délicat entre complexité et accessibilité. Contrairement à certains groupes de fusion qui privilégient l’esbroufe technique, Cusson, Caron et Brochu font le pari de compositions sophistiquées où l’espace musical est aussi important que la démonstration.

Leur style évolue au fil des années : les premiers albums sont marqués par une énergie brute, puis viennent des œuvres plus nuancées, plus aérées, à l’image de Noisy Nights ou UZEB Club.

L’élément le plus frappant demeure sans doute leur usage pionnier de la technologie. Dès le milieu des années 1980, chacun des membres du trio manipule des séquenceurs MIDI, déclenche des boucles en temps réel et utilise des effets sonores pour enrichir la palette de leur instrument.

À trois, ils réussissent à créer l’illusion d’un big band. Paul Brochu, en particulier, s’illustre par une batterie hybride, combinant acoustique et électronique. Alain Caron fait sonner sa basse comme un synthé ou une guitare baryton. Michel Cusson, quant à lui, navigue entre textures cristallines et saturations contrôlées, flirtant parfois avec l’univers de la musique de film.

Entre 1983 et 1992, le groupe enregistre de nombreux albums, remporte plusieurs prix Félix et remplit les salles au Canada comme à l’étranger. Ils se produisent dans les plus grands festivals (Montréal, Montreux, Paris), et sont régulièrement acclamés pour la rigueur et l’enthousiasme de leurs
performances. En 1989, ils remportent aussi un prix Gémeaux pour la meilleure musique originale à la télévision.

1984 – Festival de Jazz de Montréal

1985

1986 – Adisq

Leur concert du 7 juillet 1992, dans le cadre du FIJM, organisé dans le cadre des célébrations du 350e anniversaire de Montréal, constitue un moment d’anthologie. Près de 100 000 spectateurs assistent à ce qui sera, sans que le public ne le sache alors, leur dernier concert avant 25 ans. Ce soir-là, ils jouent avec le violoniste Didier Lockwood et livrent une performance monumentale, captée sur l’album UZEB – Montréal Jazz Festival 1992. Peu avant de monter sur scène, le trio décide que cette prestation scellera la fin de l’aventure. Ils veulent se consacrer à leurs projets personnels.

1991

Parmi les moments forts de leur carrière, on retiendra aussi leurs collaborations avec de grands noms : Michael Brecker, invité de dernière minute sur un titre devenu culte, Smiles and Chuckles ; Didier Lockwood le violoniste, Don Alias percussionniste, le trompettiste Tiger Okoshi sur The Last Concert ; ou encore des participations aux côtéx d’artistes québécois comme Diane Tell, Claude Dubois, Diane Dufresne, Céline Dion, Jean-Pierre Ferland, Térez Montcalm, Mario Pelchat et j’en passe.

Ce goût de la rencontre musicale caractérise chaque membre, autant dans le cadre du trio qu’en dehors. Après la séparation du groupe, chacun poursuit une carrière d’envergure. Michel Cusson se réinvente comme compositeur de musique à l’image. Il collabore avec des réalisateurs québécois et internationaux (Binamé, Simoneau, Dionne, Boujenah) sur des films et séries marquants comme Omertà, Napoléon, Séraphin ou Maurice Richard. Il explore aussi le jazz world avec le groupe Wild Unit, et compose pour des productions IMAX et des spectacles de cirque. En 2003, il est récompensé pour l’ensemble de son œuvre télévisuelle.

Alain Caron, quant à lui, devient un soliste de renommée mondiale. Sa technique de jeu, son usage raffiné du slap et de la basse six cordes, sa capacité à improviser sur des grilles complexes le placent parmi les meilleurs bassistes de la planète. Il enregistre une vingtaine d’albums solo, participe à des cliniques à travers le monde, enseigne le jazz à l’Université de Montréal, et collabore avec des artistes comme Gino Vannelli, Didier Lockwood ou Frank Gambale. Il reçoit de nombreux prix et distinctions, dont un doctorat honorifique et plusieurs Félix.

2018 – Frank Gambale, Boca et Alain Caron

Paul Brochu, discret mais essentiel, se consacre à l’enseignement et à l’enregistrement studio. On le retrouve sur de nombreux projets d’artistes
québécois et internationaux, et il collabore avec des figures telles que Michel Legrand, Charles Aznavour ou Béla Fleck. Sa polyvalence et sa rigueur font de lui un musicien très recherché, que ce soit dans le jazz, la pop ou la musique classique.

2015 – Michel Donato, Alain Lefèvre et Paul Brochu

En 2012, à l’occasion d’un souper amical, l’idée d’une reformation germe. Cinq ans plus tard, le trio revient sur scène au Festival international de jazz
de Montréal. Le 29 juin 2017, ils remplissent la salle Wilfrid-Pelletier, offrent une performance acclamée et ravivent la magie intacte de leurs meilleures années. Le concert est suivi d’une tournée et de l’album live Uzeb R3union.

Les critiques parlent d’un « moment historique ». Sur scène, les trois musiciens dialoguent comme s’ils ne s’étaient jamais quittés. Le répertoire, composé de classiques comme 60, rue des Lombards, UZEB Club ou VZEBRA, est revisité avec fraîcheur. L’émotion est palpable, autant chez les
musiciens que dans le public, composé de fans de longue date et de jeunes curieux. Le succès de ces retrouvailles témoigne de la force intemporelle de
leur musique.

Le parcours du trio formé par Cusson, Caron et Brochu incarne l’excellence musicale québécoise à son sommet. Leur exigence artistique, leur ouverture aux technologies, leur désir constant de se renouveler et leur complicité humaine ont marqué profondément le jazz fusion. Si le nom du groupe ne s’est jamais commercialisé comme une marque globale, il est resté gravé dans la mémoire des musiciens et du public.

Pour de nombreux étudiants en musique, jouer 60, Rue des Lombards est un rite de passage ; pour les critiques, il s’agit d’un exemple rare de fusion réussie entre virtuosité et accessibilité.

Leur travail a également contribué à ouvrir des ponts entre le jazz et les autres sphères culturelles. En intégrant des éléments de la chanson, du funk, du
rock progressif et en collaborant avec des artistes de tous horizons, ils ont enrichi le paysage musical québécois. Leur influence est encore visible aujourd’hui dans la scène jazz actuelle, où de nombreux groupes émergents citent leur musique comme source d’inspiration.

Entre 1981 et 1992, le trio formé par Michel Cusson, Alain Caron et Paul Brochu a incarné une forme de perfection musicale rare, faite d’ardeur, de recherche sonore et de maîtrise technique. Leur séparation, au sommet de leur art, a laissé un vide que leurs carrières respectives n’ont cessé de
nourrir autrement.

2016

Vingt-cinq ans plus tard, leur réunion a démontré que cette musique, fondée sur le respect mutuel, l’innovation et la passion, reste d’une pertinence remarquable. Leur parcours n’est pas seulement celui d’un groupe exceptionnel, mais celui de trois musiciens dont la collaboration a marqué à jamais l’histoire du jazz québécois et international.

Musiciens :
Michel Cusson (guitare)
Alain Caron (basse)
Paul Brochu (batterie)

Anciens membres :
Sylvain Coutu: batterie (1979-1981)
Michel A. Cyr: claviers (1978-1979)
Jeff Fisher: claviers (1977-1978)
Réjean Généreux: basse (1976-1979)
Stephan Montanaro: claviers (1976)
Jean Saint-Jacques: batterie (1976-1979), claviers (1979-1980, 1985-1988)

Albums studio :
1982: Fast Emotion
1984: You Be Easy
1985: Between The Lines
1988: Noisy Nights
1989: Uzeb Club

Albums live :
1982: Live à Bracknell
1986: Uzeb et Didier Lockwood – Absolutely Live
1986: Live à l'Olympia
1988: Live in Europe
1990: World Tour 90
2019: R3union Live

 

Fabriqué au Québec !
Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone !

BANNIÈRE : DANIEL MARSOLAIS
WEBMESTRE: MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE

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