Le Sweden Rock Festival
Du 7 au 10 juin 2023, Suède
Publié le 15 juin 2023
Par Patrick Loiselle
Le Sweden Rock Festival
En Europe, l’arrivé de l’été rime également avec le début de la saison des festivals rock un peu partout. À partir de juin, c’est pratiquement à toutes les semaines qu’un festival a lieu. C’est la raison majeure qui explique le peu de shows rock en Amérique du Nord pendant les mois de juin et juillet, les bands sont tous là-bas et font le circuit.
Popularité des festivals
L’an passé, j’avais décidé comme première expérience à l’un de ces célèbres festivals, de débuter avec l’un des plus reconnus et importants de la scène rock et métal, le Hellfest à Clisson en France. Ayant adoré mon expérience et voulant renouveler pour cette année, j’ai tenté, sans succès, de me procurer des billets pour l’édition 2023. Malheureusement, cette année je fus moins chanceux. Tous les 60,000 billets disponibles se sont envolés en moins d’une heure et ce, même si aucun band n’avait encore été annoncé! C’est fou et ça donne une idée de la popularité et l’engouement pour ce type d’événement.
J’avais donc 3 options. Mettre une croix pour cette année. Cette option n’a jamais vraiment été envisagée. Attendre et espérer mettre la main sur un billet en me mettant sur la liste d’attente du festival. C’est habituellement assez efficace, sauf que la planification est toujours un peu problématique puisqu’on a pas de confirmation avant seulement quelques jours avant. C’est un peu hasardeux de réserver vols et hôtels sans vraiment savoir si on y sera. La 3e option est de regarder pour un autre festival. Comme il y’en a tellement de bons un peu partout, ça me semblait le choix logique et intelligent à faire.
Et j’ai très bien choisi avec le Sweden Rock, qui se tenait du 7 au 10 juin à Sölvesborg, juste sur le bord de la mer Baltique.
Le Sweden Rock Festival
Le Sweden Rock fêtait ses 30 années d’existence et promettait une des meilleures affiches de son histoire, pour justement célébrer ce jalon. Contrairement au Hellfest, les premiers bands furent annoncés avant la mise en vente des billets et ce fut définitivement assez vendeur pour me convaincre de plonger et me procurer mon billet. Comme première annonce, les têtes d’affiche annoncées étaient Iron Maiden, Ghost, Def Leppard, Mötley Crue, Deep Purple, Gojira et Europe.
Une fois la journée de la mise en vente des billets en novembre dernier, ce fut un charme de me procurer le mien et maintenant je pouvais débuter la planification du voyage. Je parle comme si j’y allais seul et c’est effectivement le cas. Je voulais me taper l’expérience en solo, pour vraiment en profiter au maximum et à mon rythme.
Peu de temps après l’annonce des premières têtes d’affiche, Iron Maiden annonça également les premières dates de sa nouvelle tournée The Futur Past Tour avec 2 soirs à Tampere en Finlande, juste quelques jours avant le SRF. Comme Maiden, c’est mon groupe fétiche, j’ai décidé de combiner les 2 et faire un arrêt en Finlande avant.
Au fil des mois suivants, l’édition s’est étoffée de plusieurs belles additions et évidemment, il y’en avait beaucoup que je ne connaissais pas ou de nom seulement. On se rend compte que beaucoup d’emphase est mise sur les groupes « locaux » suédois. Ça fait tout à fait mon affaire, puisque je trouve que la meilleure nouvelle musique vient souvent des pays scandinaves. Une fois l’affiche complétée, c’est près de 90 groupes qui se produiront pendant ces quatre jours.
Après ma virée de quelques jours en Finlande où j’ai assisté au spectacle de British Lion, le groupe « passe-temps » de Steve Harris, bassiste de Iron Maiden, le soir même de mon arrivée, après près de 24 heures de vol, retards et transferts dans les aéroports et mes 2 soirs de Iron Maiden, c’est le temps de migrer vers la Suède.
Steve Harris
Le Sweden Rock Fest est reconnu pour être un des festivals les plus conviviaux, avec une superbe ambiance et une organisation hors pair et je confirme que c’est effectivement le cas. Plusieurs options s’offrent aux festivaliers pour se loger. Il y a un immense camping pour ceux qui veulent être à proximité. Ceux qui préfèrent le confort de l’hôtel, même si la distance est plus importante, un excellent service de navettes est disponible et à 2 minutes à pied de l’hôtel. Pour se restaurer, il y a des concessions partout et le choix des menus est suffisamment étoffé pour satisfaire tous les goûts.
Quand j’ai eu l’assurance que je participerais au festival, j’ai vraiment fait mes devoirs afin de mieux connaître tous ces nouveaux groupes qui m’étaient inconnus. J’ai définitivement fait plusieurs belles découvertes, Avatar, Soilwork, SKYND, Ström en sont quelques-uns. Le festival offrait une très belle application pour aider la planification des différents spectacles et une alerte était envoyée 15 minutes avant le début de chaque spectacle selon ma liste personnelle que je m’étais créée.
Journée 1
Le jour J est arrivé, on peut sentir l’excitation et la fébrilité des gens. On est tous là pour avoir du bon temps et la seule chose qui pourrait gâcher la fête est la météo. Mais, le festival étant béni des Dieux, c’est un soleil mur à mur, sans aucun nuage de toute la semaine qu’on a eu, avec une température d’environ 22 degrés, sans humidité. Tout simplement parfait pour ce qu’on voulait faire. Une petite laine était requise pour les soirées et le soleil se couche vers 22:30, toujours un peu déstabilisant au début.
Le site est immense et contient 5 scènes, dont 2 principales qui se font face, le Festival Stage et le Rock Stage. Évidemment, une seule opère à la fois. Tout de suite en rentrant sur le site, c’est le Sweden Stage qu’on voit en premier et où plusieurs de ces groupes Suédois se produiront pendant les 4 jours. Un peu à l’écart il y’a le Pistonhead Stage et finalement le Blåkläder Stage où l’emphase est mise plus sur des styles différents et un peu uniques dans les deux cas.
Ambiance du jour et du soir
Pour mon premier show, l’honneur revient au groupe suédois Dynazty, sur le Sweden Stage. Quand même bien, sauf que j’ai trouvé qu’ils sonnaient beaucoup mieux studio que live. On pourrait définir leur son comme un mélange de rock des années 80 à la Europe, mais avec une touche plus punchée style Beast in Black et même des sonorités Nightwish.
Je me dirige ensuite vers la plus grosse scène, soit le Festival Stage pour les excellents Soilwork, autre groupe suédois. Show très solide et excellente performance, bon setlist et déjà on sent l’ambiance des gens. Le son est superbe, si on est placé assez prêt. Quand on s’eloigne ou si on est trop en retrait, le vent peut jouer des tours et affecter le rendement. Soilwork fait partie des mes coups de cœur du Festival. Pour le reste de ma journée, j’avais au menu les Australiens Airbourne, Def Leppard et Avatar. Mötley Crue clôturait cette première soirée, mais je n’avais pas de très grandes intentions de les voir.
Le guitariste Sylvain Coudret de Soilwork et Joel O’keefe, chanteur et guitariste de Airbourne
Dans un festival où tu vois plusieurs groupes, tu fais de superbes découvertes, mais il y’a inévitablement des déceptions et Def Leppard en fut une. Prestation sans énergie, bourrée de balades et pratiquement désintéressée. De plus, pour moi c’est possiblement un peu pire puisque de voir mon Guitar Hero Vivian Campbell jouer les seconds violons, alors qu’il est selon moi une sérieuse coche au-dessus de Phil Collen, ne fait que me faire grincer des dents. J’ai vu plusieurs fois Def Leppard et cette performance était assurément ma dernière.
Avatar, que j’avais vu à Boston deux semaines auparavant est toujours spectaculaire avec son ambiance un peu clownesque. À ne pas s’y méprendre cependant, leur musique est extrêmement solide et bien fait, mais leur prestation live est vraiment leur point fort avec un front-man des plus dynamique. Ceci concluait donc ma première journée et tout un début de festival. Un peu de repos et ça repart demain avec, pour moi, la plus grosse journée du périple.
Journée 2
Mon horaire débutait à 15:00 avec l’excellent groupe suédois Katatonia, qui donna une solide prestation. À noter que tous les bands suédois s’adressent au public dans leur langue natale. Suivent ensuite U.D.O. et Kamelot que j’ai regardé, mais à distance cependant. Ça me semblait très bien et U.D.O. était encore très en voix. Après une courte pause, les gros canons de la soirée s’en venaient. Nos amis français Gojira débutaient la séquence et ils ont donné toute une performance. Très solide et professionnel, définitivement une des figures importantes de la relève Métal. Ils seront justement à Montréal cet été avec les excellents Mastodon, très beau « double bill ».
Le chanteur allemand Udo Dirkschneider du groupe U.D.O.
Suivait ensuite un de mes groupes préférés, mais avec qui ma relation s’est détériorée un peu dernièrement, soit Deep Purple. Les trois dernières fois que je les ai vus, je m’étais dit, après la dernière fois, que c’était terminé. Ils étaient sur le pilote automatique et sans énergie. Sauf, que cette fois j’étais curieux, suite au remplacement de Steve Morse par l’Irlandais Simon McBride, de voir comment la transition se passerait en mode live. Je fus agréablement surpris. Son arrivée a redonné un élan d’énergie au groupe, qui faisait cruellement défaut depuis de nombreuses années. Ian Gillian chante encore très bien, si on fait abstraction de quand il essaie de crier. Une performance très positive.
Finalement, la soirée se terminait avec un groupe que j’avais énormément hâte de voir, chez-eux en plus, en Suède, soit Europe. Quelle performance on a eu droit et mon coup de cœur du festival. Évidemment on a eu droit aux classiques Carrie et Rock the Night, sans oublier l’incontournable The Final Countdown, qui m’a littéralement fait lever le poil sur les bras. Toujours émouvant de voir un CLASSIQUE live pour la première fois.
Mais Europe, c’est beaucoup plus que ces trois hits. C’est un groupe extrêmement solide, avec d’excellentes compositions et des musiciens de très haut niveau, dont le superbe John Norum à la guitare. Le chanteur Joey Tempest est également très bon et un excellent front-man. La foule était vraiment impliquée. Définitivement un grand moment du festival et quelle belle façon de clore cette deuxième journée.
Le chanteur Joey Tempest et le guitariste John Norum de Europe
Journée 3
Au menu aujourd’hui, j’avais le groupe de l’ancien guitariste de Mötorhead, Phil Campbell et ses Bastard Sons avec un setlist composé majoritairement de Mötorhead, dont Ace of Spades, Killed by Death et Overkill. Ça faisait la deuxième fois que je les voyais et c’est toujours plaisant comme show. J’avais de prévu pour le reste de la journée, Powerwolf, Blue Oyster Cult et Iron Maiden.
Le guitariste Phil Campbell et le chanteur Neil Starr
Powerwolf
Powerwolf a donné un spectacle similaire à ce qu’ils nous avaient présenté à Montréal l’hiver dernier, (le fameux vendredi soir qu’il faisait environ -40 degrés dehors et qu’on devait attendre pour rentrer au MTelus). Blue Oyster Cult, dont c’était ma première fois, ont offert une performance honnête. Mais j’étais heureux d’entendre certains de leurs classiques live. Burning for You, Godzilla et Don’t Fear the Reaper furent jouées. Le reste du setlist m’a un peu laissé sur ma faim.
Finalement, il restait Iron Maiden et bizarrement, j’ai décidé que ma journée se terminait avant même qu’ils se rendent à la troisième pièce. Comme je venais de les voir deux fois, quelques jours plus tôt, dans de bien meilleures conditions. J’étais placé assez loin et le vent affectait grandement la qualité du son, j’ai donc décidé de fermer boutique pour la soirée. Un peu dommage, il y avait Behemoth et Threshold après Maiden, mais rendu là, j’étais un peu tanné. Direction hôtel pour se préparer à la dernière journée.
Journée 4
Dernière du festival. Pour cette journée ça débutait tôt, dès 12:30 avec Wolfgang Van Halen et son groupe Mammoth. Malgré le fait qu’ils n’ont qu’un seul album de sorti, le festival les a installés sur une des scènes principales. Ils nous ont joué plusieurs pièces de cet album, en plus de quelques nouvelles de l’album à paraître le 4 août prochain. Wolfie est excellent guitariste (pas comme son père on s’entend, mais très compétent), il chante bien et est très bon communicateur. J’aime beaucoup le fait qu’il tente de percer par lui-même au lieu de profiter de son héritage musical et nous faire un show de covers de Van Halen. À long terme, il sera récompensé.
Ont suivi, le groupe de prog métal Symphony X. J’ai essayé à plusieurs reprises de les écouter et ça rentre juste pas. Ils ont semblé donner une belle performance, si je me fie à la réaction de la foule. Skid Row a suivi, avec leur nouveau chanteur suédois Erik Grönwall. Bonne performance, dynamique et les classiques 18 and Life, Monkey Business, In a Darkened Room entre-autres, y étaient tous. Pour la suite, je me dirigeais pour la première fois au Pistonhead stage. La seule scène couverte, sous un chapiteau, pour assister aux groupes Ström et SKYND, que j’ai tous les deux découverts en faisant mes recherches avant le festival.
Le guitariste Dave Sabo de Skid Row
Ström, c’est une version suédoise de Airbourne (qui pourrait être une copie de AC/DC) et ça chante en suédois. Rien d’original, mais assez bien fait pour être le fun. De la bonne musique de party et la foule participait activement.
Suivait ensuite un des groupes les plus étranges que j’ai vu, SKYND. Pas tout à fait clair d’où ils viennent, même si on les référence comme groupe australien. Ils sont trois sur scène, un bassiste, batteur tous les deux affublés d’un masque et SKYND comme chanteuse et c’est vraiment elle le show. On pourrait cataloguer leur style de shock rock industriel. Chaque pièce est, soit le nom d’un tueur en série, une victime ou un événement tragique. Elle offre une performance un peu déroutante et très visuelle. Assez spécial et j’avais très hâte de la voir live et j’ai bien aimé. Possiblement pas au goût de tous, mais ses vidéos sont très bien faits, quoique un peu graphique à l’occasion, mais ça a le mérite d’être très original.
Finalement, j’en suis presqu’à la fin et j’ai une décision à prendre. Soit je m’installe et j’attends quelques heures pour être bien placé pour Ghost. Soit, je me mets un peu en retrait et je suis mieux installé pour l’attente ou je clos mon festival et je les verrai à Boston dans 2 mois dans des conditions nettement supérieures et c’est ce que je décide de faire.
Ce qui nous attire en premier dans un festival et ce qui est vendeur est évidemment les têtes d’affiche. Cependant, je me rends compte que le plaisir est beaucoup plus de voir des groupes moins connus ou qui ne viennent pas par chez-nous. Les Maiden, Ghost, Metallica de ce monde, on peut les voir facilement, ils passent toujours par la maison. Mais, les groupes obscurs, c’est moins simple et c’est ça la beauté des festivals.
Expérience unique, mais hyper condensée. 7 journées de spectacles en 9 soirs, 3 pays, vols d’avion, randonnées en train et voitures, 6 heures de décalage horaire, bref tout pour être dépaysé un brin. C’était le but, donc mission accomplie.
Tack och vi ses nästa gång, merci et à la prochaine en suédois!
Fabriqué au Québec!
Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone!
Photo de bannière : Patrick Loiselle : le groupe Europe
INFOGRAPHE : MURIEL MASSÉ
WEBMESTRE: MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE
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