Entrevues

François Gagnon Musical Box (1)

François Gagnon, de The Musical Box à Acoustalectric
Une carrière musicale peu banale (1ère partie)
Publié le 26 juin 2025

Par : André Thivierge

Originaire et toujours résident de Thetford-Mines, François Gagnon connait une carrière musicale peu banale. Guitariste autodidacte qui a appris le métier dans les bars et dans plusieurs régions du Québec, il est devenu membre du plus important groupe de personnalisation de la musique de Genesis, The Musical Box. Ce musicien capable d’une grande virtuosité a rencontré et cotoyé sur scène deux des membres célèbres du groupe, Phil Collins et Steve Hacket tout en développant ses capacités d’auteur compositeur et d’artisan luthier.

Étant aussi originaire de cette région, j’ai eu la chance de mener une entrevue de 75 minutes avec ce sympatique discret personnage dont les lecteurs de Famille Rock ont tout intérêt à connaître et apprécier. En voici la première de 3 parties des faits saillants.

L’éveil musical et les débuts à la guitare.

Famille Rock (FR) : Est-ce que ton amour de la musique vient d’un patrimoine familial? Est-ce que tu avais une famille de musiciens? Tu t’es intéressé à la musique à quel âge?

Je voyais ma sœur et mon père jouer un petit peu de piano, mais ma sœur a joué du piano plus sérieusement. Elle en fait encore d’ailleurs avec un beau grand piano chez elle, quand elle fait de la musique classique. Moi, j’écoutais les disques de ma sœur par exemple. T’avais des Beatles, t’avais plein d’affaires, de vieilles affaires, la musique que le monde écoute encore aujourd’hui. Remarque que dans les années 70, c’était moins vieux que ça l’est maintenant. Des fois, les chums de ma sœur amenaient un disque à un moment donné, un qui avait amené Tarkus (1971), d’Emerson, Lake & Palmer.

Review: Emerson Lake & Palmer – Tarkus (1971) – Pienemmät Purot

Chez mon frère, c’était le party quand j’étais là parce que lui, il y avait toute la panoplie de ce qui existait en temps réel, dans les années 70. Ça fait que j’avais accès à tous les Jethro Tull, puis je suis tombé en amour avec Tubular Bells (NDLR : Premier album de Mike Oldfield, 1973). Ils se sont tellement tannés de m’entendre écouter l’album dans la maison qu’ils me l’ont donné. Fait que rendu à la maison, je pensais que cet album-là, Tubular Bells, je le disais à tout le monde, ça allait forger mon oreille. Parce qu’il y a un concept, dedans. Ce qui me fascinait aussi, c’est qu’il avait tout fait tout seul. Il avait la chance d’avoir un studio d’enregistrement à lui tout seul. Fait que là, il présente graduellement les instruments à un moment donné, puis tout arrive, les thèmes, tout se croise, la complexité. Ça, ça a énormément forgé mon oreille.

Tubular Bells: Amazon.ca: Musique

FR : As-tu appris la guitare par toi-même (autodidacte)?

Oui, oui, je suis autodidacte. Comme beaucoup de guitaristes, on ne le lit pas vraiment beaucoup au départ. Ça fait que j’ai beaucoup, beaucoup, tout le temps, travaillé à l’oreille. On n’avait rien dans le temps, on n’avait pas Internet. Imagine, si j’avais eu Internet puis tout ce que les jeunes ont aujourd’hui, mon Dieu, j’aurais été plus loin encore. Écoute, j’ai commencé à jouer de la guitare à 12 ans avec des diagrammes d’accords dans un livre avec la guitare classique à ma sœur. Wow! Fait que ça a commencé de même.

Mais quand j’étais ado, par exemple, c’est là que j’ai pris de l’avance. Mes amis me disaient, toi, on arrive chez vous, tu as tout le temps la guitare dans le cou. Fait que j’ai pris de l’avance-là. Et puis là, j’ai commencé à connaître le rock. Avec les gars, on s’est mis à jouer des classiques comme Led Zeppelin, Styx, puis Queen. Pis là, quand on a connu Van Halen en 78, une claque dans la face. Et tout le solo d’Eruption et tout ça, ça a été comme « non, on veut aller ailleurs ».

Et je ne lisais toujours pas vraiment la musique. Parce que, il me semblait que c’était long à apprendre à lire. Et c’est parce que, après ça, au début de mes vingt ans, je suis allé au cégep, ici à Thetford, puis ils m’ont montré une base, pour que je puisse m’en aller au cégep en musique. Mais j’avais tout le temps un retard sur la lecture. Plus de facilité à l’oreille. Et la théorie, par exemple, je la comprenais, puis je la mettais en application, les accords, toutes les progressions, donc ça, c’était correct. Fait que là, j’ai continué de même.

Quand j’étais au cégep à Saint-Laurent, j’étais pas très académique. J’ai travaillé sur de l’électronique d’ampli pour mon propre plaisir, parce que dans les années 80, les sons des guitares changeaient beaucoup. Je voulais m’en aller dans cette direction-là.

Premières expériences dans les clubs de la province 

J’ai commencé à jouer avec mes chums Marco et Alain Leclerc d’East-Broughton (NDLR, village près de Thetford Mines). Puis on a commencé à jouer les Beatles. Ensuite, j’ai fait des clubs avec eux dans les années 80 et on s’appelait Huff en compagnie du bassiste Jacquelin Landry.

J’ai arrêté l’école un an, et on s’est en allé en Gaspésie, à Amos et toutes ces places-là. Pas eu de succès ni fait d’argent, mais on a vécu des belles expériences. 

FR : À ce moment là, tu jouais exclusivement des reprises.

T’es tout le temps trop dark. Puis là, t’essayes de te faire un look, mais tu te plantes parce que c’était la période du spray net et du contour des yeux noirs. Puis là, quand ça a lâché autour de 1990, j’ai commencé à faire du duo avec un gars qui s’appelle Éric Thivierge. J’en ai fait longtemps. J’ai fait du duo pendant une dizaine d’années et plus avec lui.

Ça s’appelait Duo-O-Fric. On a eu bien du fun, on a joué beaucoup, on a pogné des belles années, des années 90. Puis on avait un répertoire qui faisait plaisir au monde. On avait autant des classiques du rock que du québécois. Puis même dans le temps des fêtes, puis à la Saint-Jean-Baptiste, on avait appris des chansons de La bottine souriante. J’ai appris par moi-même à jouer de la mandoline, à l’oreille. Puis là, à un moment donné, j’ai commencé à travailler, les années sont venues plus dures, puis on jouait moins.

The Musical Box

À un moment donné, je connaissais la musique de The Musical Box (NDLR, groupe hommage à Genesis) depuis un bout, parce que je disais à tout le monde, allez voir ça. Puis en plus, c’est mon chum Denis (NDLR. Denis Gagné, aussi originaire de Thetford Mines) qui est chanteur, il est rentré dans le groupe en 95.

FR : Vous vous connaissiez déjà, Denis et toi ?

La soirée où on s’est connus, il y avait un lip-sync de Genesis, fait par Serge Morissette, qui est le directeur artistique de The Musical Box, depuis toujours. Denis et moi, on était les deux premiers arrivés et on s’est connus ce soir-là, on s’est mis à se parler. Il  avait 12 ans, moi j’avais 15 ans à peu près puis on est tous les trois en train de travailler ensemble 30 ans après. Ça, c’est très drôle. Lui, vu qu’il était plus jeune que moi, il faisait plus partie de la gang que d’autres de mes chums, dont Marc, qui joue actuellement de la batterie, Marc Laflamme

Genesis revisité par The Musical Box à la Place des Arts | Un sublime  hommage à ne pas manquer! | Fil Culturel atuvu.ca - Musique | atuvu.ca

FR : Comment s’est passée ton arrivée avec le groupe? 

Quelques années plus tard, il y avait un changement qui devait se faire au niveau du guitariste dans Musical Box, question de disponibilité, puis Denis m’a appelé. Quand il était question de changer de musicien, Denis se faisait souvent demander, tu dois connaître des musiciens par chez vous. Ce serait que justement, un des musiciens qui a fait les claviers pour nous pendant deux ans, c’était un gars qui faisait partie de l’environnement, Michel Cloutier, il a joué pour nous deux ans. Fait que c’est encore un gars que Denis a contacté. Ensuite, il m’a appelé. Finalement, à force de branler dans le manche, Denis a trouvé un autre gars. Et puis, ils ont fait un an et demi avec. 

FR : Mais tu as finalement changé d’idée.

Là, il m’a rappelé. À un moment donné, entre-temps, il m’a demandé si je ne voulais pas être le band-gear, le gars qui installe les instruments. J’ai dit non, ça ne m’intéresse pas. Moi, je voulais jouer. Il me rappelle une troisième fois. Puis, c’est encore un peu la même situation. Puis là, bien, ils ont trouvé un gars que je ne connais pas du tout. Ensuite, ma blonde et moi, on s’est mis à analyser la situation, puis à voir toutes les dates de tournées qui s’en venaient. Et puis c’était une tournée très importante, puis il y avait 65 choses en même temps. C’est fait que là, on regarde ça, puis on s’est dit, bon, bien, on peut sûrement s’arranger.

Fait que finalement, j’ai rappelé Denis, écoute, si jamais il n’est pas trop tard, j’irais, tu sais. Parce que c’était gros. Tu pars de chez vous, deux mois, trois mois, quatre mois. Tu sais, c’est quelque chose qui est complètement différent que de jouer dans les bars. Finalement, ça a fait que je suis monté à Montréal sans passer d’audition, rien. Les gars n’avaient même plus le temps. Les pratiques ont été interminables parce qu’il y a toujours des facteurs qui sont très compliqués dans les pré-prod de The Musical Box parce qu’on joue avec des vieux instruments, on joue avec des boutons qu’on virait comme dans le temps des années 70. Ç’est tout le temps long à apprendre à travailler. La plupart des tournes qu’on fait, je les ai déjà toutes jouées. Ça fait que c’est comme une révision quand on change de spectacle. Mais au début, là, il fallait tout apprendre à virer les boutons en même temps qu’on fait les notes.

À venir, la 2e partie de cette entrevue portant sur l’aventure de François Gagnon avec The Musical Box et ses rencontres avec Steve Hackett et Phil Collins. À suivre le 3 juillet!

 

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