We Know That We Like Genesis #31
Une série sur toutes les époques de ce groupe mythique
Publié le 25 juillet 2021
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Republié le 10 juillet 2023
Par André Thivierge
The Lamb Lies Down on Broadway, le seul album studio double de l’histoire de Genesis est enregistré !
À l’automne 1974, Peter Gabriel, Tony Banks, Mike Rutherford, Phil Collins et Steve Hackett terminaient les séances d’enregistrement du 6e album de Genesis, le dernier de la formation classique du groupe avant le départ de Peter.
Voici ce que les membres ont commenté sur les onze pièces du disque un de l’album en entrevues au fil des ans et ce que votre chroniqueur en pense.
Face A
The Lamb Lies Down On Broadway (4:52)
L’album double débute avec une intro de piano mémorable qui, en raison de la séquence inhabituelle de notes, devait être jouée par Tony les mains croisées. La chanson a un air sinistre amplifiée par le buzz de guitare créé par Steve et la basse de Mike.
Mike : L’intro de piano est super. Pete a mis sur la table l’image, décrivant la scène New-Yorkaise. Je crois que les paroles de cette chanson ont peint une image de l’album.
Tony : J’ai toujours pensé que c’était la dernière chanson que Peter et moi avons écrit ensemble. Nous avions écrit beaucoup de choses dans les premières années. C’était une chanson qui nous permettait de finir en beauté.
Selon le chroniqueur
La longue et complexe histoire de Raël débute avec cette pièce insistante écrite par Tony et Peter. Le claviériste utilise une technique de piano à mains croisées pour la trame de fond, ce qui demande une grande synchronisation offrant une impression d’accélération. Le tout est appuyé par un effet de moustique offert par la guitare de Steve traitée par deux boites d’effet fuzz. On y entend ensuite deux accords plaqués qui amènent au thème principal de la chanson et de l’album chanté par Peter qui offre un portrait de Manhattan décrivant l’ouverture d’une pharmacie le matin et le flot incessant de voitures traversant la ville et présente le héros, Raël.
On constate que le son de Genesis y est plus dur que sur les albums précédents, presque Heavy Rock ce qui tranche nettement avec ce que nous avait habitué le groupe. Le rythme y est urgent et mené par la guitare basse 6 cordes de Mike offrant un son distinctif. On y entend ensuite une section plus douce menée par le piano électrique de Tony et la guitare de Steve enrobant les paroles agressives de Peter qui termine la pièce avec une référence à la chanson de 1963, On Broadway du groupe The Drifters.
En spectacle
Outre pendant la tournée qui a suivi l’album dont on y a joué l’intégrale des pièces, la pièce titre a été chantée par Phil en 1976 et 1977 et interprétée plus rarement par la suite, sauf en medley en 1983 et 1992. On note que le chanteur Ray Wilson l’a interprété en 1998 en remplacement de Phil lors de la tournée du dernier album original de Genesis, Calling All Stations.
Et surprise, Genesis a offert une version acoustique, un peu jazzée lors de sa tournée d’adieu en 2021-2022.
Sur disque, la chanson ainsi que l’album intégral en spectacle, enregistré au LA Shrine Auditorium le 24 janvier 1975 a été rendu disponible sur le coffret Genesis Archive 1967-75 paru en 1999.
On la retrouve aussi avec Phil aux voix sur l’album Seconds Out enregistré au Palais des sports de Paris en 1977. On peut en retrouver finalement un extrait faisant partie du Old Medley enregistré en Allemagne en 1992 que l’on retrouve sur l’album live The Way We Walk – Volume Two : The Longs ainsi que sur le coffret Genesis Live 1973-2007.
Fly On A Windshield (2:47)
Phil : On l’a d’abord appelé Pharaohs parce que c’était comme une descente du Nil dans l’ancienne Égypte. C’était une pièce d’ambiance réellement, mais avec du rythme.
Tony : Ça sonnait comme une sorte d’armée égyptienne arrivant dans le paysage. Nous avions une section douce et une autre forte et nous les avons mises ensemble. Par la suite, combiné avec les paroles, l’idée de la mouche qui arrivait et frappait le pare-brise arrivait avec cet accord, probablement un des meilleurs moments de l’histoire de Genesis. Divisée en deux parties, la chanson débute avec les accords de la guitare 12 cordes de Mike accompagnés par le piano électrique et par un fond de Mellotron (instrument qui est beaucoup plus discret que sur les albums précédents quoique responsable de quelques moments mémorables).
C’était peut-être parce que j’ai changé pour le petit Mellotron (modèle 400) ou parce que l’album avait un son plus tranché, elle en avait moins besoin. Quand je l’ai utilisé, je l’ai souvent combiné avec d’autres sons comme par exemple sur Fly On The Windshield. J’avais aussi les cordes et le piano RMI Electra jouant à l’unisson en permanence parce que le Mellotron manquait de tranchant. Un beau son mais un cauchemar à jouer.
La section instrumentale met en vedette la guitare de Steve jouant par-dessus les accords de Mellotron de Steve.
Steve : C’est une belle pièce musicale quand la guitare arrive au front, s’élève et tombe. Comme guitariste, j’aime le parallèle avec le Boléro de Ravel, avec les changements d’accords et les intéressantes paroles écrites par Peter concernant cette étrange parade d’âmes perdues qui se poursuit dans la pièce suivante. Un portrait intéressant de l’Amérique. C’est pourquoi, c’est ma pièce favorite de l’album en termes de paroles.
Selon le chroniqueur
Un son calme de Mellotron et une rythmique à la guitare qui illustre une certaine confusion de Raël suivi de la voix de Peter illustrant un nuage survolant Times Square qui semble descendre jusqu’à un bang illustré par un rythme du cœur dans le désert imagé par un superbe solo de guitare de Steve. Il s’agit de l’une de plusieurs sections provenant de sessions d’improvisation qui est une de mes favorites.
On y évoque la métaphore de la mouche qui frappe le pare-brise, un moment dramatique qui équivaut à un fort sursaut pendant un film d’horreur. Tony décrit ce passage comme un des meilleurs du groupe sur l’album. Mike décrit le rythme comme celui d’un bateau qui flotte sur le Nil et une marche des pharaons égyptiens. Steve qui considère lui aussi la pièce comme étant la meilleure de l’album offre un solo hypnotique illustrant le nuage noir planant sur Raël.
En spectacle
De façon surprenante, Genesis n’a rejoué cette pièce en spectacle qu’une fois à la suite du départ de Peter en 1976. Toutefois, Steve l’a interprétée à plusieurs reprises pendant ses spectacles solos dans le cadre de ses tournées Genesis Revisited.
Broadway Melody of 1974 (2:11)
Écrite par Tony, Mike et Peter et étant la suite de Fly On The Windshield, cette pièce exploite les rythmiques de basse, de batterie et de guitare électrique qui sont synchronisées sur la séquence d’accord originale jouée sur le Mellotron et sur la voix de Peter.
Steve : Je crois que la percussion y était la plus intéressante pour le groupe. Les harmonies étaient très aventureuses. Je n’ai jamais entendu une autre chanson qui sonne comme cela. Un mélange de romantisme et de malveillance. Je crois qu’à ce moment, on opérait en télépathie, devinant ce que les autres allaient faire.
Selon le chroniqueur
Il y a eu une série de films intitulés Broadway Melody lancés en 1929, 1936, 1938 et 1940 ayant influencé le titre de la chanson. Les 4 films racontaient essentiellement l’histoire d’un groupe d’individus mettant en place un spectacle. Les images de Raël évoquent Lenny Bruce, le Ku Klux Klan, Groucho Marx, Howard Hugues et les cigarettes Winston entre autres, une série de noms connus de la culture populaire et les faits synonymes du déclin social de New York à l’époque.
Compte tenu de quelques critiques négatives de certains fans sur le fait que les paroles de l’album précédent étaient trop anglaises, Peter voulait s’en éloigner avec The Lamb. Cette pièce en particulier offrait plusieurs références américaines. Comme la pièce précédente, Fly on A Windshield s’enchaîne sans interruption avec la pièce suivante Broadway Melody of 1974 où Mike et Steve jouent à l’unisson à la basse et la guitare pendant que Phil offre un rythme simple de batterie et que Tony plaque des accords de Mellotron derrière le rythme.
Peter offre des paroles allégoriques et surréelles décrivant une parade absurde le long de Broadway, avec panache. L’écoute fait réaliser à l’auditeur que l’album sera un défi d’écoute avec la fantaisie sombre de Peter rendue réalité grâce à la musique inventive du groupe.
En spectacle
En plus de la tournée de The Lamb, la pièce a été interprétée de façon instrumentale lors de la tournée de 1976 et finalement avec Peter lors du spectacle unique de réunion avec Genesis, Six of the Best à Milton Keynes le 2 octobre 1982. Sur disque, la pièce en spectacle est disponible sur le coffret Genesis Archive 1967-75 ainsi qu’en boni du disque Genesis Live, compris dans le coffret Genesis Live 1973-2007.
Cuckoo Cocoon (2 :14)
Une délicate pièce marquée les arpèges de Steve à la guitare électrique qui bénéficie d’une contribution non créditée à son frère John qui avait composé avec lui la séquence musicale bien des années avant lorsqu’ils jouaient ensemble à la maison.
Steve : Mon frère John a influencé la pièce alors qu’il a suggéré les deux accords d’ouverture mais sur un rythme différent. J’ai écrit la séquence vocale mélodique et Peter les paroles. Ça devait sonner doux à l’origine avec des harmonies vocales mais je crois que c’est devenu fort et bizarre.
La voix de Peter (qui joue aussi de la flûte sur la pièce) est enrichie par celle de Phil qui chante à l’unisson avec le chanteur principal pendant toute la pièce.
Selon le chroniqueur
La tension et le mystère des trois premières pièces de l’album sont brisés par les gentils arrangements. À ce point dans l’histoire, Raël reprend conscience et se voit enveloppé dans un cocon. Il commence à explorer aux alentours et arrive à la conclusion qu’il est en sécurité dans une forme de cave. La pièce est courte mais offre de belles harmonies et une gentille piste de guitare de Steve.
Peter offre une plaisante mélodie vocale offrant ses propres harmonies appuyé par une seconde voix par Phil. Peter offre aussi un solo de flûte appuyé par le piano de Tony au climat de rêverie de la pièce. Un réconfortant contraste avec les pièces précédentes qui reflète les états d’esprits du héros de l’album.
En spectacle
Cuckoo Cocoon n’a jamais été jouée par Genesis en spectacle après le départ de Peter.
In The Cage (8 :15)
Écrite à la maison par Tony et présentée au groupe presque complet, la pièce commence avec les pulsations rythmiques et distortionnées de la basse de Mike roulant sous les accords à l’orgue et l’introduction vocale de Peter. Steve débute les couplets avec des arpèges et souligne les refrains avec des phrases circulaires pendant qu’une rythmique puissante de basse amène au fantastique solo de synthétiseur de Tony.
Tony : C’était une pièce très excitante avec un climat spécial sur scène. Peter avait un peu de défis avec les voix quand il l’a fait en spectacle. Le problème avec Peter était que sa voix sonnait bien quand elle était sur le point de craquer. Mais, bien sûr, c’était une autre histoire en spectacle. À ce moment-là, c’était difficile de changer l’accord de la chanson facilement. Ce type de chanson comprend un solo très compliqué et changer soudainement l’accord au milieu m’aurait rendu fou.
Selon le chroniqueur
Après la quiétude, In The Cage nous ramène à l’état de peur et d’urgence ressenti par Raël dans l’histoire avec le rythme et le tempo qui s’accélère alors que le héros se sent traqué et en panique. Il se réveille transit de froid et réalise qu’il n’est plus dans un cocon. La cave où il se trouve se transforme pour devenir une cage.
La pièce, une des meilleures de l’album, offre un rythme énergique et des voix inspirées. Un motif de basse sonnant comme un rythme cardiaque débute la chanson alors que Peter décrit la scène, accompagné par l’orgue de Tony qui offre une représentation du climat claustrophobique où se trouve le héros de l’histoire.
Nous avons droit au premier solo de synthétiseur de Tony au milieu de la chanson nous menant à toute vitesse aux couplets galopants. On y entend pour la première fois le traitement modifié de la voix de Peter par Brian Eno, passée via un synthétiseur changeant la hauteur et le timbre de celle-ci. À la fin de la pièce, on y entend un interlude musical.
En spectacle
Tony croit que la pièce a peu retenue l’attention sur l’album jusqu’à ce qu’elle devienne une favorite du public en spectacle à partir de 1978, trois ans après le départ de Peter avec Phil aux voix. Elle a été jouée ensuite sur toutes les tournées de Genesis jusqu’au départ de Phil du groupe après la tournée de 1992.
En plus de la prestation de Peter pendant la tournée de 1975, on peut entendre sur disque la prestation en spectacle faisant partie d’un medley enregistré à Birmingham en 1981 sur l’album Three Sides Live. On peut aussi entendre la pièce faisant partie d’un autre medley pendant la tournée Turn it on Again, enregistrée à Manchester en 2007 sur l’album Live Over Europe.
Il s’agit d’une des pièces favorites en spectacle de Genesis jouée de multiples fois seules ou en medley allant jusqu’à la tournée du groupe de 2007.
The Grand Parade Of Lifeless Packaging (2:45)
Tony : À ce moment dans l’histoire, Peter avait écrit des paroles pour une chanson qui n’avait pas été écrite. J’ai commencé à jouer ces deux accords, une rythmique stupide vraiment. J’ai juste gardé une note pendant toute la chanson et juste changé les accords en-dessous, laissant le tout se bâtir. Et ce que Peter a fait par-dessus était un peu violent alors qu’il n’a pas vraiment utilisé le contenu mélodique de la pièce. Mais je crois que ça a très bien fonctionné. C’est devenu une de mes chansons favorites de l’album parce que c’est original, très Genesis (personne d’autre ne ferait une chanson comme cela) et ça construit un climat spécial avec une couple d’accords bizarre.
Un cas atypique car ce fut composé directement en studio en appui au thème proposé par Peter qui avait déjà écrit les paroles. On y entend une étrange marche aux claviers et la voix de Peter, filtrée par une certaine magie électronique de Brian Eno y émerge. Une surprise pour un groupe habituellement auto-suffisant comme Genesis.
Peter : J’étais et je suis encore un fan de ce que fait Brian Eno. C’était pour nous un album aventureux. J’avais vraiment besoin de lui afin qu’il amène sa magie sur quelques-unes de nos pièces ce qu’il appelait Ennossification. On ne l’a probablement pas bien payé à l’époque car on n’était pas riches et je sais qu’il était impressionné par Phil et ils ont finalement travaillé ensemble.
Phil : Eno était à l’étage supérieur enregistrant un album solo. Je ne connaissais pas bien la musique de Roxy Music mais Peter était un fan et il a demandé à Eno de descendre et passer les voix à travers son ARP. Quand on a fini, une entente a été faite et j’ai été envoyé en haut pour jouer de la batterie sur son album. C’était correct pour moi car j’ai finalement joué par la suite sur trois autres de ses albums solos. Mais je me sentais à ce moment comme un prostitué musical.
Mike : Brian Eno est venu avec un synthétiseur et a passé la voix à travers celui-ci. Il a joué avec quelques sons mais je crois qu’il a surtout filtré les voix. Il n’y avait pas beaucoup de choix de synthétiseurs à l’époque et il a toujours été brave dans ses choix.
Tony : L’affaire d’Eno a toujours été une sorte de faux-fuyant. Les gens croient qu’il a fait plus que ce qu’il a réellement fait. Il a fait quelques ajouts mineurs mais il n’a jamais réellement joué. Le jour où il est venu, je n’étais pas en studio.
En plus de ces bizarres ajouts, la marche est amplifiée par le jeu de batterie de Phil qui combiné aux vois donne une impression de paranoïa. Le tout évolue vers un crescendo amenant à la finale avec une voix doublée de Peter.
Tony : C’est fait avec un diviseur d’octaves. Lors de cette période, on utilisait n’importe quoi qui était disponible et ce machin n’existait à l’époque qu’en studio.
Selon le chroniqueur
La pièce a été écrite tard pour combler un vide dans l’histoire de Peter. La musique provient d’une session d’improvisation où le groupe avait comme mission de travailler avec les paroles écrites par le chanteur. Elle est basée sur une séquence de deux accords jouée par Tony où les autres membres ont brodé autour. On y entend une puissante performance vocale de Peter sur cette allégorie de la consommation de masse. On y perçoit au départ un atmosphère semblable au bruit d’un train à vapeur suivi par une rythmique de marche. La voix de Peter, traitée par les effets de Brian Eno offre une montée d’intensité appuyé par une rythmique parfaite de Phil.
Outre la tournée de 1975, la pièce n’a pas été jouée en spectacle après le départ de Peter. À noter que le groupe avait répété la pièce en 1978 et décidé qu’elle n’avait aucun sens hors du contexte de l’album.
Face B
Back in N.Y.C. (5:49)
Mike : J’adore cette pièce. C’était une de nos plus heavy. Ça sonne encore plus comme une tonne de briques en spectacle avec la voix de Peter qui chantait à plein poumons. Il y a quelques joyaux instrumentaux où on s’amusait avec les ambiances. J’avais une basses 6 cordes, une Microfret, trouvée en Amérique. Je n’en ai jamais vu d’autres comme cela par la suite. Vous pouviez y jouer une octave plus haut. J’ai écrit la rythmique avec le groupe. Je me souviens qu’on a improvisé beaucoup et je me disais que c’était une honte que Peter voulait partir car ça sonnait très bien musicalement.
Combiné basse 6 cordes et guitare Microfret
Tony : Ça a commencé avec un riff que Mike jouait sur sa basse à 6 cordes que nous avons ensuite développé comme une chanson. Peter s’est mis ensuite à utiliser une voix hurlante par-dessus. J’étais surpris mais je crois que ça fonctionnait très bien. Il a très bien chanté. J’aime la progression musicale, le piano est très compressé. Mais je déteste la ligne « Shave it Off » : raser les cheveux du cœur, c’est un concept horrible. Et bien sûr, la pièce qui a suivi écrite par Steve et moi, une merveilleuse chanson s’est appelée Hearless Heart (le cœur sans poil). Quel titre horrible!
Selon le chroniqueur
Cette pièce est souvent décrite comme étant punk-prog tant on y sent une certaine attitude de rébellion et d’agression qui précède l’explosion de la mode punk en 1976. Comme In The Cage, la chanson débute avec un effet de battement de cœur mené à la basse par Mike. Cette séquence a été écrite par Mike sur sa basse six cordes appuyée par un phrasé de Tony au synthétiseur ARP. Les couplets sont en rythmique 7/4 et alterne en ¾ pendant le refrain pour se rendre en 9/4, un grand défi pour Phil. Ces changements de rythmique illustrent bien les niveaux de conscience de Raël.
Daryl Easlea, du magazine Prog a décrit la chanson comme « une des pièces les plus dures enregistrées par Genesis avec Gabriel qui va du cri au murmure ». Tony considère que le groupe a trop compliqué la chanson en ajoutant trop d’éléments mais tous les membres croient qu’il s’agit d’une des plus solides chansons de l’album.
En spectacle
Curieusement, la pièce a été rarement reprise par Genesis après le départ de Peter sauf en 1980 où Phil avait de la difficulté à recréer le ton agressif de Peter. Après quelques prestations dont au Madison Square Garden, le groupe a décidé de ne plus la faire. Elle a cependant été jouée une autre fois lors du concert de réunion avec Peter en 1982. Aucune version post-Gabriel n’a été enregistrée sur disque.
Hairless Heart (2:25)
Une belle et intense pièce instrumentale dominée par le jeu de guitare de Steve tant à la guitare électrique et acoustique et les accords de Mellotron et les arpèges d’orgues de Tony, incluant les phrases mélodiques jouées au synthétiseur ARP Pro Soloist.
Tony : Steve est arrivé avec une très belle mélodie et je ne l’ai qu’enrobé. J’avais un bout de musique conservé depuis longtemps mais qui n’avait jamais été utilisé, un peu semi-orchestral. Comme nous faisions un album double, nous étions capables d’inclure tous ces interludes instrumentaux.
Selon le chroniqueur
Il s’agit d’une pièce instrumentale qui agit dans l’histoire comme un antidote au pouvoir et l’agressivité de la pièce précédente. On a droit ici à une composition de Steve, offrant son jeu particulier de guitare classique joué avec les doigts et le son caractéristique de sa pédale d’effet de sa guitare électrique. Tony y ajoute de légers arpèges à l’orgue suivi d’une magnifique mélodie en solo au milieu. Cette belle mélodie nous éloigne de la grande énergie amenée par la pièce précédente. Elle n’a jamais été jouée en spectacle après le départ de Peter.
Counting Out Time (3:45)
Tony : Une vraiment bonne chanson que Peter a écrite avant qu’on commence à travailler sur The Lamb. Dans un monde différent, ça aurait été un succès (si nous avions été en position d’avoir un disque à succès à l’époque). J’aime également les paroles qui étaient impertinente.
Écrite exclusivement par Peter, c’est une chanson accrochante avec un couplet, une structure de refrain avec plusieurs variantes et une succession d’accords inventive, une bonne rythmique avec un solo de guitare vraiment inventif joué via un EMS Synthi Hi-Fli accompagné d’une rythmique de guitare entrainante et un jeu de piano dixie-jazz.
Tony : Le solo de guitare de Steve est vraiment bon. Le piano avec l’écho était amusant à jouer. Comme c’était aligné pas mal sur la composition initiale de Peter, je ne peux pas prendre le crédit pour cela.
Counting Out Time fut le premier simple tiré de The Lamb mais n’a pas eu d’impact au palmarès.
Tony : Dans les années 60, j’étais pas mal bon à choisir les chansons à succès pour les autres. Mais cette fois-ci, j’en avais aucune idée. Je savais que la chanson devait être simple et je croyais qu’elle était dynamique mais ça n’a pas marché. Si un disque n’est pas joué à la radio, c’est fait. Ça ne marchera pas.
Steve : Ce fut la chanson qui avait le plus de potentiel de simple à succès. Il y avait quand même un risque et elle n’était possiblement pas aussi forte musicalement qu’on pensait. Il manquait peut-être une partie accrochante.
Tony : Dans tous les cas, c’est encore joué parce que c’est une chanson pop et je pense que ça fonctionnait merveilleusement. C’était plus simple que les autres pièces sur l’album et c’était à propos des premières expériences sexuelles, essayant de faire le tout selon les livres.
Selon le chroniqueur
On y entend un interlude léger et convivial, nous sortant du contexte de l’histoire permettant à l’auditeur de relaxer pour quelques minutes. Écrite par Peter, elle a été lancée en simple même si les paroles, évoquant l’acte sexuel, étaient risquées pour une diffusion radiophonique. On y relate le récit des premières expériences sexuelles de Raël dans cette pièce dont le titre de travail était Sex Song. Elle n’a pas connu de succès au palmarès. Elle n’a jamais été jouée en spectacle après le départ de Peter.
The Carpet Crawlers (5:16)
Voilà une autre chanson, où comme avec The Grand Parade, les paroles de Peter sont venues avant la musique, écrite par Tony et Mike.
Tony : Mike et moi avons écrit la séquence d’accord. Peter a chanté là-dessus et Phil a ajouté un bout également. Nous étions heureux de la mélodie de base qui sonnait bien.
Peter : J’aime beaucoup la mélodie de Carpet Crawlers. Je restais à l’époque chez les parents de mon épouse à Kensington et il y avait un vieux piano désaccordé. J’ai passé des heures à peaufiner la mélodie et ajuster les paroles.
Tony : La mélodie était vraiment bonne, très forte. Une de ces choses qui émergent dans une salle de répétition, venant de nulle part. Ça sonne bien et captive l’audience. Le tout débute lentement mais le caractère répétitif fait que c’est très nostalgique. Le seul problème, c’est que les paroles prises hors de contexte sont bizarres. C’est correct sur l’album mais en simple (comme nous l’avons fait), les gens ne comprennent pas l’histoire. Le refrain est accrocheur et peut fonctionner, spécialement avec la combinaison des deux voix, avec Phil chantant une des parties merveilleusement. Plus tard, après le départ de Peter, la chanson a toujours merveilleusement sonné. Je ne suis pas un fan de la version refaite en 1999 mais les voix avec l’alternance de Peter et Phil étaient vraiment bonnes. Nous avons finalement été très chanceux de compter sur ces deux merveilleux chanteurs dans le groupe.
Le début de la chanson est basé sur une section provenant de The Lamb Lies Down on Broadway.
Tony : Je voulais reprendre celle-ci. Je ne sais pas pourquoi mais le bout que j’ai écrit au milieu de la chanson titre avait besoin d’être entendue une autre fois. C’est une belle séquence, alors on l’a fait une autre fois en la développant pour Carpet Crawlers.
Après l’introduction, la structure de la chanson devient linéaire avec les paroles et le refrain répétés quatre fois. Ce fut sans aucun doute une séquence d’accord la plus simple de l’histoire de Genesis avec les voix de Peter et Phil et la touche finale provenant de la guitare de Steve.
Steve : La mélodie que j’ai développé devait doubler les voix. Sur le mixage original, c’est presqu’incompréhensible. On l’entend mieux dans les versions plus récentes. Les fans adorent cette chanson. Il y a des choses intéressantes. Phil qui se double lui-même donnant l’impression qu’il y a deux batteurs. Il y avait aussi cette séquence de 12 cordes ralentie.
Tony : C’est une pièce simple et c’est ce qui fait en partie son charme. Bizarrement, la pièce n’a pas connu de succès en simple mis c’est tout de même une des pièces classiques de Genesis que nos fans adorent.
Selon le chroniqueur
À cette étape de l’histoire, Raël arrive dans un corridor rempli de tapis où il y rencontre des gens qui nagent lentement le long du mur sur les tapis. Comme il s’agit d’une autre chanson dont les paroles étaient complètes avant la musique, Tony et Mike ont basé la musique sur une séquence de trois accords permettant à Peter d’écrire des voix séduisantes à partir du piano de la maison de ses parents à Kensington.
Le début de la chanson était basé sur une pièce d’improvisation que le groupe a déniché en réécoutant des cassettes que Phil avait compilé durant les répétitions. Une gentille intro au clavier est offerte par Tony avant que le reste du groupe se joigne à la pièce pour le couplet. Le refrain est chanté par Peter accompagné par la voix de falsetto de Phil. La voix de Peter offre de plus en plus d’intensité avant que la pièce redevienne plus douce en retournant au refrain. On a ici comme résultat la plus forte chanson de l’album et qui se tiens, même en dehors du concept de l’album.
En spectacle
La pièce est devenue une des plus populaires en spectacle et une des favorites des membres du groupe. La seule fois où elle a été chantée dans son intégralité, c’est durant la seule tournée avec Peter. Par la suite, le groupe débutait la chanson après le couplet d’introduction. Elle a été jouée à pratiquement toutes les tournées après le départ de Peter, y compris en rappel, lors de la tournée d’adieu de 2021-2022.
Sur disque, en plus de la version de 1975 avec Peter, on peut entendre en spectacle la pièce enregistrée en 1977 à Paris sur Seconds Out (avec le nom The Carpet Crawl) et aussi celle de 2007 sur Live Over Europe.
The Chamber of 32 Doors (5:40)
Avec en arrière scène la très belle séquence de Mellotron de Tony, l’émouvant solo de guitare de Steve qui précède l’entrée en scène de la batterie et la basse, on y entend par la suite des cloches tubulaires suivi par les voix de Peter et de Phil pendant qu’un riff de basse domine les accords à l’orgue.
Tony : C’est une pièce un peu décousue, écrite principalement par Peter mais bien arrangée. Steve et moi l’avons orchestrée pour obtenir un son particulier. Je crois que la 2e face est la plus forte de l’album. À ce point, l’album était très fort et ça aurait été un bon album simple si on y avait ajouté une ou deux pièces dans la seconde moitié.
Selon le chroniqueur
On perçoit un sentiment pastoral en écoutant cette dernière pièce de la 2e place du 1er disque. Raël descend un escalier en spirale et trouve une pièce circulaire avec 32 portes et une seule permet la sortie. La pièce illustre selon plusieurs l’état d’esprit de Peter du temps de vouloir quitter le carcan du groupe après son aventure cinématographique ratée.
Même si la pièce a été majoritairement écrite par Peter, le tempo dramatique de l’introduction est offert par Steve appuyé par Mike et Phil. La pièce évolue vers un tempo plus rapide permettant à Peter d’y apporter sa voix qui se brise presque à la fin, ajoutant au sentiment de désespoir du héros. Le couplet ralentit pour permettre le retour des guitares. On note que la chanson offre une approche stylistique différente démontrant le désir du groupe d’expérimenter davantage vers d’autres formes musicales. La pièce n’a jamais été interprétée en spectacle après le départ de Peter.
À suivre dans la prochaine chronique, l’analyse des 12 chansons du 2e disque de The Lamb Lies Down on Broadway par les membres de Genesis et le verdict final sur l’album double de la part du chroniqueur.
Fabriqué au Québec!
Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone!
BANNIÈRE: THOMAS O’SULLIVAN
WEBMESTRE: MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE
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