We Know That We Like Genesis #57
Une série sur toutes les époques de ce groupe mythique
Publié le 4 mars 2025
Par André Thivierge
Pendant que la tournée Wind & Wuthering se poursuit!
Les membres de Genesis dont fait partie Tony Banks, Mike Rutherford, Phil Collins et Steve Hackett poursuivent au printemps 1977 la tournée suivant la sortie de leur 8e album, le 2e sans Peter Gabriel, Wind & Wuthering en compagnie du batteur Chester Thompson.
Pendant ce temps, deux anciens membres fondateurs du groupe reviennent à l’avant plan et lancent leurs premiers albums solo respectifs.
Un long changement de cap pour Peter Gabriel
Après avoir quitté Genesis en 1975, Peter Gabriel était en mode réflexion, se demandant s’il voulait continuer à faire de la musique, préférant se consacrer à sa famille. Cependant, il ne lui faut pas longtemps pour retrouver le rythme de l’écriture et de la performance, et il est aidé pendant cette période par quelques événements étranges : un bref partenariat avec Martin Hall pour l’écriture de chansons, qui donne le simple Get the Guns d’Allen Russ en 1977 et le 45 tours inédit You’ll Never Know de Charlie Drake et de façon plus engageante, une magnifique reprise de Strawberry Fields Forever pour la bande originale de All This and World War II de Lou Rezner.
Peu de temps après cependant, Gabriel fait des maquettes aux studios Trident pour son premier album solo, avec ses anciens comparses de Genesis, Anthony Phillips, Mike Rutherford et Phil Collins ainsi que le guitariste de Brand X, John Goodsall.
« Pour mon premier album, je n’étais pas sûr de pouvoir me passer de ces gars avec qui je jouais depuis l’école, » a déclaré Gabriel en entrevue.
Selon Anthony Phillips, « il n’avait rien fait pendant un certain temps après avoir quitté le groupe et on peut comprendre qu’il n’était pas très sûr de lui, car tout ce qu’il avait fait auparavant, c’était en tandem avec le groupe. C’est une chose de faire des compositions en solo sans personne d’autre, c’en est une autre de le faire avec un tas de musiciens que vous ne connaissez pas. Je pense donc qu’il s’est dit : « Utilisons des gens qui comprennent mon langage musical et en qui je peux avoir confiance ».
Mike et Phil portent une section rythmique évidente – ils étaient absolument fantastiques, dit Phillips. Ce qui était bizarre, c’est que j’étais le pianiste et que John Goodsall jouait de la guitare. Je pense que Peter savait que j’avais étudié le piano et qu’il m’avait entendu jouer sur des morceaux. Je pense qu’il savait que je pouvais faire à peu près ce qu’il me demandait. Je n’aurais pas fait n’importe quoi et je n’aurais pas essayé de faire quelque chose de différent ou d’embellir à outrance.
Nous avons fait Here Come The Flood, qui était super, et il y avait quelques autres chansons du premier album. Nous n’avons pas fait Solsbury Hill, il ne l’avait pas encore écrit. »
Il n’est pas surprenant que les démos aient fini par ressembler au groupe que Gabriel venait de quitter. Cela a probablement joué un rôle dans sa décision d’opter pour le style américain pour son premier album, afin de rompre avec son passé.
Ce qui lui vient immédiatement à l’esprit, c’est la nécessité de faire quelque chose qui l’établirait comme étant très différent de son ancien groupe. Pour ce faire, il a fait appel au producteur canadien Bob Ezrin, mieux connu à l’époque pour avoir travaillé avec Lou Reed et Alice Cooper, aux sonorités plus abrasives. Je voulais surtout m’éloigner de mon passé. Il aurait été facile pour moi de créer un autre groupe de rock européen, axé sur les claviers. Mais cela n’aurait pas été bon pour moi, cela n’aurait pas ouvert de nouvelles voies, » a indiqué Gabriel en entrevue.
Nina Simone, Otis Redding – tout cela l’a fait vibrer, souligne le regretté Richard Macphail, qui a été gérant des premières tournées solo de Gabriel. C’est donc la direction qu’il a prise après Genesis. D’une certaine manière, il était logique qu’il y ait ce genre de progression. L’idée était de faire appel à un producteur américain, d’enregistrer en Amérique (NDLR : à Toronto) et de laisser le producteur faire venir les musiciens.
Gabriel reconnaît qu’il n’y avait que trois musiciens qu’il a insisté pour recruter : Robert Fripp qui avait démantelé son groupe progressif, King Crimson, le claviériste Larry Fast et le pianiste de Bruce Springsteen, Roy Bittan, avec qui il avait déjà répété. Cependant, il n’a pas pu jouer sur l’album et il fut remplacé par Josef Chiowski.
Les choix d’Ezrin, quant à eux, comprenaient les guitaristes Steve Hunter et Dick Wagner, des vétérans de nombreuses sessions antérieures, le bassiste Tony Levin et le batteur Allen Schwartzberg, un quatuor lourd qui lui-même a conduit dans une direction que Genesis n’aurait peut-être jamais conçue, ce qui était l’idée.
L’album, simplement intitulé Peter Gabriel ou Car en raison de la photo avec le chanteur à l’intérieur d’une auto est paru en février 1977, avec des publicités conseillant aux acheteurs de disques de s’attendre à des choses inattendues sur le premier album de Peter Gabriel.
L’album comprend un simple à succès, Solsbury Hill, qui atteint la 13e place en Grande-Bretagne et la 68e aux États-Unis. L’album lui-même atteint la 7e place au Royaume-Uni et la 38e aux États-Unis.
Le premier album solo de Gabriel a marqué le début d’une carrière très réussie, au cours de laquelle il s’est forgé une identité distincte. Bien qu’il soit communément admis que Gabriel a eu un passage marquant avec Genesis, son succès en solo qui a suivi est tel que Genesis est essentiellement devenu une note de bas de page dans la vision contemporaine de sa carrière.
Après huit ans de gestation, Anthony Phillips lance The Geese & The Ghost
Un mois après la sortie du premier album solo de Gabriel, Anthony Phillips lance en mars 1977, son premier effort sur disque depuis son départ de Genesis en 1970. Le processus allant de la conception à l’enregistrement s’est étalé sur 8 ans. Il trouve son origine dans les sessions d’écriture de Phillips et Mike Rutherford à l’époque de Trespass en 1969-70, mais comme Genesis était de plus en plus occupé, les deux hommes n’ont pas eu l’occasion d’enregistrer avant 1975, date à laquelle Phillips avait obtenu son diplôme d’enseignant à la Guildhall School of Music and Drama.
D’inspiration médiévale, The Geese and The Ghost donne l’impression d’entrer dans une cour Tudor pour écouter la sérénade d’un ménestrel au cœur brisé.
Phil Collins au chant et Robin, le frère de Phillips, au hautbois, ont contribué à l’album, mais la principale caractéristique de l’album réside dans ses guitares à 12 cordes finement filées et imbriquées, un son envoutant de Phillips et Rutherford. Aussi typiquement anglais que possible, The Geese and The Ghost a été distribué par une maison de disque américaine, ironiquement, alors que le punk rock semait la panique dans l’industrie musicale du pays.
Se remémorant la genèse un peu alambiquée de l’album, Anthony Phillips a raconté en entrevue : « À partir de la fin de 1973, Mike et moi étions en vacances d’hiver, en Cornouailles une année et en Irlande l’année suivante pour écrire des pièces pour l’album. En 1974, Mike a reçu le feu vert de Charisma (NDLR : La maison de disque de Genesis). Une petite avance nous a permis d’installer un studio un peu plus sophistiqué chez mes parents. Nous avons acheté deux Teacs quatre pistes et avons commencé l’enregistrement vers la fin de l’année 1974, juste avant que Genesis ne parte en tournée de l’album The Lamb. Steve Hackett s’étant coupé la main, nous avons soudain eu un peu de temps libre. Puis en juin de l’année suivante, Peter est parti, personne ne savait ce qui se passait et à ce moment-là, nous avons transféré l’enregistrement dans la péniche de Tom Newman, tout transféré sur 16 pistes.
Certains de ces morceaux ont été écrits en 1969, mais n’ont jamais été intégrés à Genesis, si bien qu’au moment de la sortie de l’album, une partie de cette musique datait de huit ans, elle était contemporaine, des petits morceaux qui ont été intégrés à Stagnation (Trespass, 1970) et à d’autres choses de ce genre. Je ne pense pas que le matériel ait beaucoup changé au cours de ces années, même si j’étais probablement un peu plus raffiné dans mon jeu.
J’ai écrit ‘God if I Saw Her Now, Which Way the Wind Blows et les principales parties de Henry durant l’été 1970, après avoir quitté Genesis. J’ai eu cette énorme déferlante de matériel.
Des problèmes divers liés à la maison de disques ont encore retardé la sortie de l’album, mais finalement, il était prêt à être lancé, et pour ceux qui voulaient une version un peu plus sophistiquée du son des débuts de Genesis, c’était un vrai régal. Wind tails était une brève et jolie introduction, qui menait à Which Way the Wind Blows, avec Phil Collins au chant.
Phillips a été critiqué à l’époque pour avoir suivi les traces de Genesis après le succès de Collins en tant que chanteur du groupe, mais c’était tout à fait injuste étant donné qu’il avait travaillé sur le projet bien avant qu’une partie de l’histoire ne soit enregistrée. L’album donne une bonne idée de la direction qu’aurait pu prendre Genesis après Trespass s’il n’avait pas quitté le groupe en raison de sérieux problèmes de santé.
L’album, qui a fait une très courte incursion au palmarès Billboard (191e position) demeurera un succès d’estime pour Anthony Phillips qui lancera au fil des années deux autres albums de musique progressive avant de se lancer dans la musique instrumentale et dans les bandes sonores d’émissions de télévision.
The Geese & The Ghost a fait l’objet d’une réédition en 2008, comprenant un simple inédit enregistré en 1973 avec Phil Collins, Silver Song, qui faisait enfin l’objet d’une sortie officielle, 35 ans après la session studio.
Pendant ce temps, en Amérique du Nord
L’année 1977 fut riche en événements pour Genesis. Après la sortie des albums solos des deux ex-membres du groupe, ceux qui en faisaient encore partie poursuivaient leur tournée mondiale dans les deux Amériques au printemps, atteignant des taux de popularité inégalés jusqu’à présent dans leur histoire.
À suivre!
Fabriqué au Québec!
Basé à Montréal, Capitale mondiale du rock francophone!
BANNIÈRE: THOMAS O’SULLIVAN
WEBMESTRE: MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE
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