Mon pays, est-ce l’Heptade ? #7
Article paru le 9 janvier 2017, Pop Rock 2.0
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Republié le 10 mars 2022
Par Jacques Landry, journaliste à Pop-Rock de 1974 à 1984
L’exil
Parlant de tournées, Fiori et Valois ne doivent pas s’ennuyer de la série de concerts qui avait suivi la sortie de l’Heptade en novembre 1976 : 21 concerts en 30 jours. Même si cela reste toujours de bons souvenirs. Souvenirs que Fiori et Valois ont partagé à Tout le monde en parle et lors de la soirée de lancement.
En effet, ces réconfortantes retrouvailles amicales à Tout le monde en parle se sont aussi transposées au Métropolis. Comme si toutes ces têtes blanches n’étaient pas justes là pour l’Heptade, mais pour revivre une époque, une industrie musicale d’un autre temps, avant internet.
Serge Grimaux l’a bien cerné avec son commentaire dans le livret en présentation du vidéo Viens Voir Le Paysage : « On n’assistait pas à un spectacle d’Harmonium, on y participait. Harmonium, c’était une communauté cristallisant les idéaux et les ambitions d’une époque où tout semblait possible. Où tout devenait possible. Où la musique n’était pas qu’un produit commercial. Où la mode était celle que l’on créait. Où nous pouvions croire en notre capacité de nous donner un pays. À l’époque où les téléphones portables existaient presque dans Star Treck. À l’époque où le fax n’avait même pas encore été imaginé. Déjà à partir de la deuxième tournée, les prestations scéniques d’Harmonium étaient plus que de la musique ».
Une impression aussi que le Québec en entier était présent au Métropolis ce soir. Peut-être à cause de la couverture médiatique ? Peut-être à cause de Facebook ? Peut-être aussi à cause de la présence de Mario Légaré (ex-Octobre, Michel Rivard), Réal Desrosiers (ex-Beau Dommage, réalisateur télé), Lucien Francoeur (Aut’chose et lui-même), Plume Latraverse, Claude Mégot Lemay, Normand Brathwaite, Richard Petit, François Dompierre, Estelle Ste-Croix, Rob Braide (ex-directeur CHOM FM), Géo Giguère (ex-éditeur et rédacteur en chef du journal Pop-Rock et éditeur actuel du site Pop-Rock 2.0 et de la page Facebook), et j’en passe et des meilleurs.
Géo a d’ailleurs rappelé à juste titre, en s’adressant à Serge Fiori et Louis Valois par micro interposé, qu’il avait été le premier représentant de la presse écrite à les avoir entendus, en privé, à l’invitation de leur premier imprésario, sur la rue Hutchison à Montréal, avant l’enregistrement de leur premier disque.
En clôture, après avoir remercié du fond du cœur les deux organisateurs de la soirée « qui ont fait que tout cela a été possible », Mario Lefebvre et Serge Grimaux (« notre ange gardien »), Fiori et Valois ont invité sur scène les autres musiciens de l’Heptade présents ce soir : Serge Locat, Monique Fauteux, Libert Subirana, tout en saluant au passage Estelle Ste-Croix dans la salle. Estelle fait partie du chœur de voix avec Pierre Bertrand, Richard Séguin, Serge Fiori et Monique Fauteux dans certains passages de l’Heptade dont une improvisation vocale avec Fiori dans Comme Un Sage. Le guitariste Robert Stanley était retenu ailleurs ce soir. Denis Farmer, comme chacun le sait, est retenu pour toujours; à l’époque de l’Heptade, le grand Farmer était pour moi, jeune batteur débutant, le John Bonham du Québec.
Michel Normandeau brille-t-il par son absence ce soir ? ai-je pu demander à Louis Valois, sans trop me souvenir si Normandeau avait participé à l’Heptade.
« Normandeau a participé à l’écriture de l’Heptade » m’informe Valois. Le bassiste d’Harmonium fait ici référence à la collaboration de Michel aux paroles et à la musique deComme un fou et Chanson noire, ainsi qu’aux paroles de Pour une blanche cérémonie, Le Premier ciel, Le corridor et Lumière de nuit. « À l’instant où on a commencé à jouer l’Heptade, c’est là qu’il est parti. Ses raisons ? C’est à lui, plus qu’à n’importe qui d’autre, à le dire », conclut-il.
Le duo réserve ses derniers remerciements à toutes les personnes présentes dans la salle sur un ton que j’ai perçu, ma foi, fort sincère : « C’est incroyable que tout le monde soit là. Merci profondément. Vraiment touché par votre présence » a avoué Serge Fiori, la main sur le cœur. Quelqu’un du public lança alors : « Merci de l’avoir fait! ». Ce quelqu’un touche un point. Serge Fiori ne s’est pas montré souvent en public ces dernières années. La présence de Louis Valois n’est probablement pas étrangère à celle de Fiori, ici, ce soir. Au Métropolis, Fiori et Valois, après être sortis de scène, ont continué à se montrer accueillants et disponibles pour tous et chacun désirant leur parler ou prendre une photo en leur compagnie. En un mot : humains.
Par-dessus tout, ils se sont prêtés à d’autres séances d’entrevues avec les médias (presse, radio, télévision). Environ sept minutes étaient accordées à chacun. Mon tour venu, Serge Fiori avait le goût de fumer une cigarette. Il faut donc s’exiler à l’extérieur pour l’entretien.
Mario Lefebvre, en bon régisseur, prend l’affaire en main et nous guide avec Valois à l’extérieur du Métropolis. Pour permettre à Fiori d’en griller une. Et moi d’en faire autant. Ça adonne bien.
La suite : Le corridor
Transfert # 62
BANNIÈRE : JACQUES LANDRY
ÉDITEUR : GÉO GIGUÈRE
RÉVISEUR : MURIEL MASSÉ
SECRÉTAIRE À LA RÉDACTION : RENÉ MARANDA
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