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MC5 Wayne Kramer

Groupe presqu’oublié
MC5 – Back In The USA
USA 1970 – Label Atlantic
Publié le 9 février 2024

Par Jean Jacques Perez de Marseille

Le guitariste américain Wayne Kramer nous a quitté le 2 février. Connu pour être membre du MC5 précurseur du hard rock et du punk, il s’en est allé à l’âge de 75 ans. Occasion d’évoquer l’album controversé du groupe de Detroit, Back In The USA.

Après l’apocalyptique Kick Out The Jams, imprimé en février 1969, les ennuis commencent pour le MC5. Gangréné par les drogues et à trop vouloir promouvoir l’insurrection, le quintet se retrouve avec les FBI aux fesses. Leur manageur/gourou/gauchiste John Sincler se fait épingler par la police pour possession de marijuana. Il prend pour 10 ans de taule (il n’en fera finalement que deux).

Face à tant de dérapages, Elektra qui tient à sa réputation rompt le contrat. Le chanteur Rob Tyner, le batteur Dennis Thompson, le bassiste Michael Davis ainsi que les guitariste Fred Sonic Smith et Wayne Kramer se voient donc contraint à trouver un autre label. C’est finalement Atlantic qui leur ouvre les portes avec comme producteur Jon Landau, critique musical qui souhaite se lancer dans la production. Ensemble ils travaillent sur la réalisation du second LP (premier en studio), intitulé Back In The USA, dans les bacs en janvier 1970.

Beaucoup attendent un digne successeur du destructeur Kick Out The Jams. Ils vont être déçus, le combo prenant à contre-pied son auditoire. Avec un 33-tours qui contient 11 chansons pour un total ne dépassant pas la demi-heure, ça s’apparente à du foutage de gueule ! Et la setlist laisse présager le pire. Cela s’ouvre et se ferme avec deux reprises de rockabilly, Tutti Frutti de Little Richard et Back in the U.S.A. de Chuck Berry. Ok, bien envoyées mais sans plus. Nombreux sont ceux qui ont crié à la trahison.

Pourquoi un tel virage ? La faute à Jon Landau qui s’intéressant à la soul et au rythm & blues en a plus qu’assez de ce rock psyché pour hippies. Il veut un retour au source, revenir à l’essence même du rock’ n’ roll. Le producteur va discipliner les musiciens offrant un disque énergique, certes canalisé où l’on peut reprocher l’absence de folies ne manquant toutefois pas de fraicheur.

Mais voilà, Back In The USA a le tord d’être le successeur de Kick Out The Jams. Car se second essai est loin d’être mauvais. Il se révèle même excellent dont l’influence va être certaine.

On dit souvent que MC5 est précurseur du punk. Mais c’est par ce 33-tours que les futurs Ramones, The Jam et autre Damned vont se délecter. Et non par le premier opus qui n’est en fait qu’un terrible album de hard rock poussé à l’extrême. Il suffit d’écouter Looking at You et son riff minimaliste à deux notes mais terriblement accrocheur pour comprendre. Sans parler des soli court mais redoutables.

MC5 en avait déjà donné une version en 1968 en format 45-tours. Mais le son était crade. Ici il est propre. Trop propre diront certains. D’autant plus que Rob Tyner est méconnaissable avec sa voix. Lui qui auparavant hurlait à la révolution semble effacé derrière ces grosses guitares tranchantes et chirurgicales des deux pistoléros de la six-cordes électrique. En gros, il chante. Bref, c’est simple mais d’une grande efficacité à la brutalité concise.

Plus léger on peut citer Tonight pour un rhythm & blues aux effluves pop et bluesy, Teenage Lust qui sent l’urgence, le menaçant Call Me Animal ou encore l’euphorique High School.

Bon de là à raconter que ce vinyle est un simple disque de punk serait de l’abus (pour moi il ne l’est pas). En effet, le MC5 nous offre une belle balade, le poignant Let Me Try, un brin exotique aux dérives vaporeuses des guitares ainsi que le rock folk puissant Shakin’ Street.

Si le groupe ne prône plus l’insurrection il n’en délaisse pas moins les messages politiques. The American Ruse où il se méfie d’un soi-disant pays libre et The Human Being Lawnmower au style plus hard rock, plus acrobatique malgré sa durée, tendu, nerveux du début à la fin dénonçant la guerre du Vietnam. Morceau qui laisse probablement présager les futures productions du MC5.

L’histoire de MC5

Mais incompris, ce disque sera un échec commercial. Jetant l’éponge, Jon Landau préféra miser sur un certain Bruce Springsteen. Déconvenues qui n’empêchent pas le MC5 de poursuivre l’aventure. Quant à Back In The USA, sa courte durée est une aubaine. Il est un bon réveil donnant la pêche avant d’aller au travail. Et quand on a une demi-heure à perdre, il est parfait.

 

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