Funérailles de Lucien Francoeur
9/9/1948 – 5/11/2024
Chapelle, au cimetière Mont-Royal
Le 5 décembre 2024
Publié le 7 décembre 2024
Texte/Photos : Muriel Massé Photos : Larry Todd
L’indomptable et inimitable Lucien Francoeur
C’était jour de cérémonie funéraire le 5 décembre dernier. La famille recevait les amis et confrères à se recueillir à la mémoire de l’artiste et poète Lucien Francoeur décédé à 76 ans, le 5 novembre, à 19h05, suite à un arrêt cardiaque.
C’est en conduisant, sur les lieux du Mont-Royal et du cimetière avec sa fille Virginie, qu’il lui déclara, « c’est ici que je veux prendre racine, tout près de la tombe de Émile Nelligan. Tu pourras venir pique-niquer sur ma pierre tombale, je serai toujours avec toi. » Innattendu voeu qui sera exaucé.
Le public et les invités étaient conviés au complexe du cimetière, le Complexe funéraire Mont-Royal, entouré par les magnifiques et féériques arbres enneigés et les pierres tombales espacés respectueusement. Un lieu de paix que tous rêveraient s’y reposer pour l’éternité.
Une étoile nommée Francoeur
Il n’y avait que de l’amour dans l’air pour le défunt artiste, le poète rebelle.
Soeurs et frères de rock et de la poésie réunis pour raconter l’univers de Lulu. Les souvenirs mémorables que Lucien a laissé à jamais dans le coeur de son entourage. Claude André, le maître de cérémonie par excellence, présentait les invités qui nous confieraient leurs anecdotes, souvent très joyeuses. Tous, sans exception, ont dit qu’il était la personne la plus drôle qu’ils aient connue.
Sa conjointe Claudine Bertrand, 45 ans d’union, a pris la parole la première citant quelques poèmes qu’elle a écrit pour son beau Lucien, amoureux de la vie. « …en nomade, en shaman, tu cherches à évoquer les vertiges de tes origines, de tes univers inexplorés. Tu portes la poésie à bout de bras sur la corde raide. Tous tes mots chantés, écrits, slammés ne tombent jamais dans la banalité. Dans le silence, j’entends encore ta voix palpitante et vibrante. Tu es, tu as été et tu seras toujours là pour nous… »
Entre les témoignages, Alex Crow, guitariste de la 2e formation Aut’Chose, jouait de sa guitare de douces harmonies.
Alex Crow (Photo : Larry Todd)
Virginie Francoeur nous a conté le moment qu’elle a appris que son père, son héros, était à l’hôpital dans le coma! De nombreuses heures à souhaiter son réveil, en lui lisant les plus beaux poèmes de ses poètes fétiches, Miron et Rimbaud et en lui faisant entendre la musique des ses artistes préférés, des Doors à Eric Burdon.
Elle lui parlait de leur dernier voyage en Californie. Sur la route, ses beaux cheveux dans le vent, de Los Angeles à San Francisco… Une chance qu’on la fait ce film-là! On achève bien les Rockers. « J’ai perdu un père, mais aussi un ami, un confident, mon mentor. »
Volet Poésie
Se sont succédés : la cousine de Lucien, Maude, le poète Jean-Paul Daoust qui a cotôyé Lucien depuis plus de 50 ans. « Lucien est parti, mais il reste toujours vivant à travers sa poésie et ses chansons… Lucien, peut-être es-tu en train de vivre un concert avec tes idoles, Lou Reed et Jim Morrison? Je te souhaite de tout coeur, mon cher Lucien d’être en train d’escalader la lumière. » – La poète Carole David « Lucien, rocker sanctifié, tu es maintenant devenu immortel arrivé à la fin de ta mutation. Endossant tes multiples identités, du Freak de Montréal à Billy le rappeur un peu baveux, mais toujours, tu resteras chantre de notre Amérique francophone et de ses paradoxes… Vagabond, poète amoureux, mélancolique exalté, pour ta gitane ou ta fille… »
Et Louis-Philippe Hébert. Il y plus de 50 ans, Gaston Miron voulait rajeunir les écrivains et poètes de sa maison d’édition l’Hexagone. Francoeur figurait parmi les nouveaux très jeunes dont Louis Geoffroy. Minibrixes Réactés a été le premier livre de Lucien.
Louis-Philippe a lu son poème dédié à ce Billy the Kid, en voici quelques brides « … lumière de la scène, micro à la bouche. Tu leur as montré qu’il n’était pas nécessaire de chanter pour être emporté… Mes oreilles vibrent d’un moteur qui tourne, huit cylindres en ligne. Je te sais parti au volant d’une Corvette qui vrombit. Là où tu arrives, c’est sûr qu’il y aura du bruit. Je te vois en train d’acheter le dernier hamburger de la journée au drive-in de la mort. Tu as à peine le temps de te retourner qu’une fille à roulettes installe un cabaret sur ta vitre à moitié baissée… Tu courais d’une scène à l’autre, télé, radio, cegep, disques, publicité et je pensais pour me réconforter comme je pense aujourd’hui, que tout n’est pas fini… »
Volet Rock
L’ami et musicien rock, Michel Langevin, est venu lui aussi raconter sa première fois, son aventure… avec Lucien Francoeur, un de ses idoles de l’époque, en 1977. Et quelle surprise, des années plus tard, lorsqu’il a reçu un appel lui demandant de faire partie du groupe Aut’Chose, deuxième mouture.! «
Michel Langevin de Voivod (Photo : Larry Todd)
Alan Lord, ami depuis 1979. Collaborateur à l’album Le retour de Johnny Frisson. « Nous étions devenus inséparables. Nous avions fait la première partie des Ramones, merci Lucien. Nous avons fait les 400 coups ensemble. Ma dernière rencontre avec lui était le 8 octobre, assis dans mon auto, nous avons écouté mon dernier album, sirotant du Jack Daniel. J’ai fait jouer une chanson des Animals, Don’t bring me down. Il s’est souvenu de la fois qu’il avait vu Eric Burdon à la Nouvelle-Orléans, en juillet 66. Il avait 17 ans. Lucien c’était mon chum. Là je vais passer le reste de ma vie juste avec sa mémoire. »
Un autre ami, celui qui a fait renaître Aut’Chose 2.0 en 2005, Ronald McGregor, ancien collègue journaliste du Pop Rock. C’est Ronald qui a contacté Michel Langevin pour qu’il accompagne à la batterie Lucien. « ...époque de la sortie de l’album Dans la jungle des villes, dont la compagnie de disques avait bâclé la promotion, j’ai eu idée avec Christian Morency d’élaborer un site web de Lucien. Un artiste avec près de 30 livres et une douzaine d’albums méritait un espace sur la Toile. Nous lui demandons rendez-vous et deux jours plus tard, Lulu nous invite à le rencontrer. Une amitié est née… En 2003, on se voyait presque tous les jours… Ça va prendre un crisse de bon band pour qu’on embarque à fond. mon Ron! me dit Lucien… »
Martine St-Clair – « Il était drôle et mystérieux »
Photo : Richard Z Sirois
Volet Radio et médias
Le dernier artiste à s’exprimer a été l’humoriste Michel Barrette, coanimateur à la radio de CKOI. « La personne la plus drôle que j’ai rencontré dans ma vie, ça restera toujours Lucien Francoeur. Je venais d’arriver à Montréal. Déjà à 30 secondes de notre première rencontre au Bistro à Jojo, il y a eu une connexion et elle est demeurée. J’avais rencontré quelqu’un qui parlait plus que moi! Nous parlions de musique, de lectures, de Kerouac, des mots qu’on pouvait écrire et chanter et de la Route 66. Il voulait tout savoir. Un être intéressant et intéressé. Une des 3 personnes les plus importantes dans ma vie. C’est pour ça que je suis ici ce soir, Lucien c’était mon ami. »
Pour écouter tous les témoignages de la cérémonie poétique (le début à 1 min, 38 sec.), allez-y, vous en saurez plus sur notre ami Lucien Francoeur.
Nous voulions, le journal Famille Rock, être présent pour honorer Lucien Francoeur. Un artiste qui a charmé notre adolescence, qui nous a fait aimer encore plus la chanson québécoise. Et moi, fille de Rosemont et blue jeans sur la plage, j’aimais bien ça. Étudiante aussi au collège Rosemont, je l’avais déjà croisé. Un autre professeur corrigeait mes textes.
Nous avons pris des photos Larry (L.T.) et moi (M.M.). Sans être de grandes et très belles photos, sans flash, elles ne peuvent être parfaites. Mais juste pour présenter nos amis…et autres personnalités présentes…
Le formidable Armand Vaillancourt qui a créé et réalisé l’urne de métal de Lucien Francoeur
Michel Langevin et Georges Dutil, photographe, souvent pour Lucien (L.T.)
Marc Arsenault, qui était du spectacle du 7 avril 2005 (L.T.)
Michel Barrette, animateur radio à l’époque, qui a bien connu Lucien, et Larry (M.M.)
Volet Cocktail
Après le rassemblement et recueillement, après avoir entendu les invités parler de leurs bons souvenirs de leur amitié avec le plus rocker des poètes, nous sommes entrés dans l’ère du plaisir, comme Lucien l’aurait souhaité. Pour prendre une ou deux bouchées et un verre de vin en son honneur. Sa musique jouait, ça parlait, la plupart des gens se connaissaient et l’atmosphère était sympathique.
Le maître de cérémonie Claude André, aussi professeur au cegep Rosemont. Merci pour ton beau travail (M.M.)
Richard Martineau, Sophie Durochers et Larry (M.M.) Richard: « Tout un personnage…Quand je le croisais, il me disait qu’il était triste de voir que tous ses chums poètes étaient partis, qu’il n’avait plus d’ami, qu’il était le dernier de sa gang…
Larry et le poète Éric Roger (centre) (M.M.)
Carole David. Jean-Paul Daoust, Virginie Francoeur et Mouffe (M.M.)
Autre témoignage
Daniel Lagueux : Le dernier spectacle de Lucien? Ça se passait le 13 mars 2020, Aut’Chose version 2.0 au Zaricot à St-Hyacinthe… le lendemain matin, le Québec entier tombait dans le grand confinement.
Ciao la Gang. On va se revoir l’autre bord!
Un poète est mort, Vive la poésie. Lucien Francoeur, l’intellectuel à l’esprit libre. Cru et franc. Le poète des temps fous, la langue du peuple.
Fabriqué au Québec
Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone
Photo de bannière : Muriel Massé
INFOGRAPHE: DANIEL MARSOLAIS
WEBMESTRE: MARCO GIGUERE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE
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