Le 6e Genesis #5
Une entrevue exclusive avec Richard Macphail, un témoin important des débuts de Genesis
Collaboration entre Famille Rock et l’Association Genesis-France
Publié le 4 janvier 2023
| Texte et édition : André Thivierge de Famille Rock | Entrevue : Paul Herlitschka de l’Association Genesis-France |
En juillet 2022, l’administrateur du site Genesis-France, Paul Herlitschka a eu le plaisir de rencontrer celui qui est considéré par plusieurs fans comme le 6e membre de Genesis, tant il a joué un rôle important dans les débuts de ce groupe mythique. Famille Rock est heureuse de s’associer avec Genesis-France pour vous offrir la 5e partie des extraits de cette entrevue qui aura duré en tout et partout deux heures.
Paul Herlitschka et Richard Macphail, 14 juillet 2022
Richard Macphail raconte son expérience de participation aux sessions de l’album TRESPASS au printemps 1970 aux studios Trident à Londres.
Genesis France (GF) : Tu étais présent aux sessions?
Richard Macphail (RM): Bien sûr, je devais fournir l‘équipement. Rien qu‘en rentrant dans ce studio pour décharger les instruments, nous étions tous excités….
GF : John Anthony, le producteur, était connu à cette époque?
RM : Non, c‘était le producteur maison de Charisma. Je pense qu‘il s‘occupait bien de Lindisfarne, mais à mon humble avis, il n‘a pas capté l‘énergie du groupe. Je connaissais l‘impact de ces chanson en public, comme par exemple Looking For Someone ou Stagnation que je mixais en live, mais quand j‘ai entendu les version studio, aucune comparaison.
GF: En même temps, c‘est un album studio que vous vouliez avoir, et c‘est ce qu‘il a fait. Mais tu n‘as pas aimé….
RM: Bien sûr, j‘ai dit que ce n‘était pas le bon producteur, mais en fait, je crois qu‘il n‘existait pas de bon producteur, le groupe devait certainement encore mûrir en studio. Ce n‘est qu‘à partir de Foxtrot que j‘ai trouvé qu‘avec Supper‘s Ready, voilà une bonne représentation de comment Genesis sonnait vraiment. Avec Trespass, John les faisait sonner soft folky ce qui n‘est pas en soi une mauvaise chose, mais ce n‘est pas cette énergie, ce bang et cette majestuosité que ces chanson contenaient en live. John ne réalisait parfois pas cela sur Trespass. Mais ce n‘est que mon opinion.
GF: C‘est aussi parce que tu étais au mixage en live jusqu‘à présent.
RM: Bien sûr!
GF: Mais, comparé aux enregistrements des sessions BBC, la différence peut se percevoir, effectivement, Looking For Someone parait plus énergique que sur Trespass…
RM: Oui, c‘est ridicule quand tu y penses, parce qu‘aux studios BBC, ils rentraient, enregistraient en une fois, remballaient et partaient. C‘était plus cru et ça sonnait live avec cette énergie qui leur était propre.
GF: Tu ne pouvais pas suggérer à John Anthony de corriger ces différences que tu ressentais?
RM: Non…non…..Pas vraiment.
Les circonstances qui ont entrainé le départ d’Anthony Phillips (Ant), le guitariste fondateur de Genesis
GF: Et puis après, la chose la plus inattendue arrive, Anthony Phillips ressent le trac de jouer en public!
RM: (prenant une mine très triste et parlant à voix basse) et oui…..c‘était au début de l‘été 1970.
GF: …et jamais, il n‘a ressenti cela avant?
RM: Well, Ant a énormément de sensibilité, et soudainement, il a ressenti que jouer live c‘était trop stressant pour lui, il avait peur de la scène tout d‘un coup, commençait à choper la mononucléose infectieuse (fièvre glandulaire), les américains appellent cela Mono.
GF: C‘était quand?
R: C’était le jour où ils faisaient deux concerts, un l‘après-midi, l‘autre le soir à Guildford University. Et l‘après-midi….j‘en ai vu des photos….des photos que personne n‘a jamais vu avant.
Incroyable découverte, cette photo! Nous quittions l‘endroit pour se rendre à ce collège à l‘est de Londres. Il n‘y avait que 20 personnes là-bas dans le public. Et subitement, Ant semblait terrifié. Nous n‘y comprenions rien, et ça s‘empirait, il ne pouvait rien faire contre. À la fin du show, Ant se confiait à Peter en disant eh bien, je pense que s‘en est fini pour moi!
GF: Quel sacrifice….
RM: Quel désastre! Les autres ne comprenaient rien. Ils venaient de réaliser de qui partait vraiment du groupe, et de l‘importance qu‘il avait.
GF: L‘importance?
RM: Genesis perdait non seulement le guitariste doué – comme je te disais, c‘est lui qui a appris tous les accords à Mike – mais perdait également l‘excellent compositeur, parce que… ses chansons étaient beaucoup plus sophistiquées que celles de Tony ou Peter.
GF: Comment ça s‘est passé, l‘annonce officielle de son départ?
RM: Bien sûr, je décris cette scène: nous étions à l‘arrière de la camionnette, nous partions en route vers le Marquee, puis, l‘équipement fut disposé sur la scène en attendant que les autres groupes aient terminé leur set. Mike nous a convié pour nous rassembler: lui, Peter, Tony et moi s’installons au fond de la camionnette, et Peter nous disait: Ant va quitter le groupe!
GF: Pourquoi Ant ne l‘a pas annoncé lui-même à tout le monde?
RM: Ant l‘a seulement confié à Peter, il ne m‘en a pas parlé.
GF: Pour quelle raison?
RM: Sans doute parce qu‘il avait peur que je réagisse mal, et que je me la ramène pour le convaincre de rester dans le groupe! Nous étions, Ant et moi, les amis les plus proches, et il savait que j‘allais rétorquer come on, on vient de faire l‘album, nous avons le contrat, on a travaillé pour ça!
Tu sais, je suis un éternel optimiste, je suis tombé amoureux du groupe dès qu‘ils ont commencé à répéter dans la maison des parents d‘Ant en été 1969, puis comme tout s’est développé dans le cottage, la camionnette et tout le reste, c‘était la vocation de ma vie. Mon devoir, c‘était que Genesis réussisse! Ainsi, c‘était un choc dévastateur pour moi. Je peux te dire que j‘en étais horrifié. Les autres avaient sérieusement pensé ne pas continuer sans lui. C‘était tellement absurde. Bien sûr, aujourd‘hui je dirais que personne n‘est indispensable. Mais la plupart des membres du groupe pensait qu‘Ant était indispensable à Genesis.
À venir, Richard MacPhail se souvient de l’arrivée de nouveaux membres chez Genesis
Fabriqué au Québec!
Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone!
BANNIÈRE: THOMAS O’SULLIVAN
WEBMESTRE: MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE
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