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Mötley Crüe Shout Devil

Mötley Crüe, 40e anniversaire 
Shout at the Devil
Publié le 20 0ctobre 2023

Par Ricardo Langlois

Il est impossible d’imaginer les années 80 sans Mötley Crüe. L’amour du métal, des déguisements, pulsions d’adolescence… Il y a l’enfance, le plus
beau miracle de l’esprit peut-être. Apprendre. Écouter la musique rock pour la colère créatrice. Pour l’expérience d’intimes brasiers. Pop Rock a parlé beaucoup de Motley Crüe, c’était une révolution pour continuer ce que Kiss avait réussi de mieux dans les années 70. 2023 souligne le 40e anniversaire de l’album Shout at the Devil.

Le miracle Mötley Crüe

Comme le dit le proverbe : la controverse crée de l’argent. Cela a été prouvé à maintes reprises. Compte tenu de cela, Mötley Crüe aurait probablement dû être riche dès le départ. Quelque chose avait déjà commencé avec le premier album Too Fast For Love (1982). Le groupe était infâme (Hellraisers), mais ils avaient aussi des chansons accrocheuses dans leur arsenal. C’était plus que suffisant pour que la scène métal américaine commence à s’en rendre compte.

Le groupe est arrivé au moment idéal. Le métal était à la hausse et le Crüe est devenu une partie de cette trajectoire ascendante. Il semblait n’y avoir aucune fin à la portée du métal en tant que mouvement, et en moins d’un an, un album de métal a atteint le sommet des charts Billboard pour la première fois (Quiet Riot’s Metal Health). D’autres albums ont suivi et le métal a grandi pour obtenir ses propres festivals, émissions de télévision et films. Par conséquent, les maisons de disques ont commencé à consacrer de gros budgets à la promotion de leurs propres groupes de métal.

1983

Vince Neil,  Tommy Lee,  Nikki Sixx et Mick Mars

Elektra/Asylum n’était pas du tout un label metal. Leurs principaux artistes étaient The Eagles, Linda Ronstadt, John Fogerty et Bob Dylan. Ils avaient cependant – étonnamment – Mötley Crüe. Lorsque le label a voulu entrer dans l’action metal, Mötley Crüe n’avait pas de véritable concurrence interne pour le budget des relations publiques. Ils sont devenus le groupe de metal d’Elektra/Asylum presque par défaut, mais ils correspondent très bien à la facture.

Le travail porte ses fruits et l’ascension du groupe est forte. Leur percée est venue avec la sortie de leur deuxième album Shout At the Devil le 26 septembre 1983. C’est un excellent album en tout cas, considéré comme leur meilleur par la majorité des fans. Sans conteste, l’un des grands albums de metal de cette époque, bien que la controverse qui l’entoure aurait probablement attiré leur attention de toute façon. En l’état, la combinaison d’une musique de qualité avec des images et sujets dangereux avait le même effet que d’ajouter de l’huile sur le feu.(1)

Le maléfique Nikki Sixx

​Véritable préambule à l’album (et aux concerts, puisque le monologue annonçait l’arrivée imminente des musiciens sur scène), In The Beginning plante
l’apocalyptique décor : le Mal a désormais vaincu le Bien. L’heure est donc venue de se retrousser les manches et de lutter contre le Diable ! Crédité à un certain Allister Fiend (le double maléfique de Nikki Sixx, mascotte du CRÜE dans ses premières années), le texte est en fait déclamé par Geoff Workman, l’ingénieur du son. Ce qui explique cette voix grave et synthétique, surplombant les mystérieuses nappes de claviers. Et puis, 1’13 secondes plus tard, nous y voilà... L’album démarre véritablement avec Shout At The Devil, aussi lourd que Looks That Kill sera speed, juste après deux tueries qui deviendront des classiques et un combo parfait, car tout est déjà là.

Tandis que l’énergique Too Fast For Love souffrait de quelques approximations musicales, tout est parfaitement en place sur ce second effort. Vince Neil chante comme une teigne, hargneux à souhait, soutenu par l’efficacité du riff-maker : le discret mais solide Mick Mars. Derrière, Tommy Lee s’active sur ses fûts et martèle le rythme avec force et régularité. Le son est agressif, presque gras et la frappe du batteur mixée en avant. Un régal. Et puis, il y a ces refrains diaboliques pondus par Nikki Sixx, véritables hymnes qui s’imprègnent dans le cerveau et activent les mécanismes du plaisir. Alors, le système s’emballe, la stimulation des circuits est tellement puissante que le plaisir devient addiction. Et 38 ans plus tard, on redemande sa dose !

2023

C’est le loup qui hurle seul dans la nuit
Il est la tache de sang sur la scène
Il est la larme dans ton œil J’ai été tenté par son mensonge
Il est le couteau dans ton dos, il est la rage
Il est le rasoir du couteau, oh, solitaire est notre vie
Ma tête tourne en rond
Mais dans les saisons de flétrissement nous nous tiendrons debout et
délivrerons
Sois fort, ris et
crie, crier, crier
Crier au diable

Dr. Feelgood, leur dernier bon disque

1989 : MÖTLEY CRÜE ne s’est jamais senti aussi bien. Il est clair qu’après plusieurs albums couronnés de succès et d’excès (came + alcool + gonzesses étant le leitmotiv du groupe, rien de très original cela dit), MÖTLEY devait se remettre un peu en question. Une bonne cure de désintox pour tous les 4 ne pouvait être que bénéfique.

1989

Motley Crue au VMA Awards. Photo : MPIRock

Dr. Feelgood, leur cinquième livraison, voit un groupe guéri de ses démons en tous genres. Le CRÜE est en pleine possession de ses moyens, bien épaulé cette fois-ci par le légendaire Bob Rock pour harmoniser tout le tintouin.

Je sais pas pour vous, mais cet album, 34 ans après sa sortie, a toujours un son qui arrache. Bob Rock est vraiment un orfèvre en la matière. Pas besoin de re-lifting pour ce chef-d’oeuvre de Hard FM où culminent les hits. On entre dans le vif du sujet avec une intro sur fond de poursuite policière (T.N.T.) avant que ne déboule le title-track au riff et au refrain bien remuants.

S’ensuit un Slice Of Your Pie au solo court mais rayonnant. On sort les cuivres pour le communicatif Rattlesnake Shake qui montre que MÖTLEY sait aussi swinguer comme Aerosmith ! Mais il sait aussi nous foutre sur le cul comme en témoigne le culte Kickstart My Heart, encore un épisode autodestructeur de la vie de ce cher conteur de Nikki où règnent les chœurs ainsi que la talk box du nonchalant mais talentueux Mick Mars.

Première ballade, mais pas la plus classe qui soit, Without You se vautre gentiment (je vais éviter de parler de la vidéo). Heureusement que l’enchaînement suivant assure : Same Ol’Situation (S.O.S.) au refrain inoubliable, Vince Neil qui porte l’entêtant Sticky Sweet de sa voix de vilain petit canard, tandis que Tommy Lee domine les fûts sur She Goes Down.

Pour les 2 dernières ballades qui concluent ce disque d’enfer, Don’t Go Away Mad (Just Go Away) supplante complètement Time For Change, car beaucoup plus accrocheuse et rafraîchissante. L’une de mes préférées d’ailleurs.

Malgré un ou deux titres, Dr. Feelgood brille toujours autant. Tout aussi orgasmique qu’un Shout At The Devil. Mötley Crüe connait enfin son heure de gloire avant la chute des 90’s, nous gratifiant d’un disque solide riche en succès  et à la production impeccable. Et l’aventure continue

2023 – Kickstart my Heart

Notes

(1). Le miracle Mötley Crüe, inspiré d’un texte traduit sur Norseland.com
 – Dans le livre The Rough guide to Heavy Metal, approuvé par Bruce Dickinson, l‘auteur consacre 4 pages au groupe. C’est un groupe important, peut-être le plus important du glam rock.

Ricardo Langlois est journaliste, analyste musical pour Famillerock.com. Il vient de publier son 6e livre, J’habite le ciel.

 

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