Nirvana, In Utero
Publié le 3 septembre 2024
Par Ricardo Langlois
Ce sont durant mes années universitaires, les années 90, où le rock se définit. Le grunge? Au Québec, Le dôme de Jean Leloup est un bon exemple. L’album In Utero (1993) est un petit bijou.
Moins commercial que Nevermind, cet album nous montre un Kurt Cobain comme un grand compositeur. Il nous rappelle qu’il était avant tout un fan des Beatles sur une musique puissante inspirée par Black Sabbath et Neil Young (1).
Méditation sur sa mort
Je quitte la radio pour l’université du Québec avec de magnifiques étudiants. Je n’avais même pas d’ordi. J’allais chez mon jeune voisin pour la rédaction de mes textes. J’allais à l’université à pied ou en vélo. J’ai usé mes Doc Martens dans la neige et le calcium.
Regarder le temps passé. Comment vivre avec tout ce beau bruit? Faire sonner l’âme. Après la dérive de l’adolescence, les années Harmonium, Cobain représente une nouvelle révolution. Le poète écorché, schizophrène suspendu dans les limbes. On écoute In Utero.
On médite sur sa mort (son suicide). Cette sombre lumière a pourtant quelque chose d’authentique. Les années passent. Cette vision de la musique a changé l’éthique du punk-rock. Green Day, qui est toujours vivant a fait des merveilles avec Dookie et American Idiot.
Un album plus personnel
Mais pour les punk-rockers vertueux, ce n’était pas une bonne chose. Pour eux, Nirvana s’était « vendu ». Après tout, Nevermind était un disque soigné, produit avec l’aide d’une grande maison de disques et promu par l’arme de prédilection du grand public : MTV. Conscient de cela, Cobain a cherché à renforcer ses références punk-rock et de cette tempête, est né In Utero.
En recrutant le producteur, Steve Albini (Pixies, The Breeders), l’ADN même d’In Utero a été déterminé à être lu à la fois comme punk et entièrement distinct des sons sucrés de Nevermind. Travaillant rapidement, l’enregistrement a été terminé en six jours. La plupart des morceaux ayant été enregistrés en direct. Le mixage a duré cinq jours de plus – rapide selon les normes de Nirvana, lent selon celles d’Albini. Le résultat? Un disque brut qui était presque l’antithèse de Nevermind – laissant DGC Records avec un goût légèrement amer dans la bouche.
Bien qu’un compromis ait été forcé entre le groupe et DGC, avec Scott Litt (R.E.M) acheté à bord pour remixer le disque d’une manière plus adaptée à la radio. C’est dans le processus authentique de production et de mixage que réside le charme artistique d’In Utero.
« Bien sûr », a dit Cobain, « ils veulent un autre Nevermind, mais je préfère mourir que de faire cela. »
D’une intensité frénétique mais d’une fragilité sous-estimée, d’art et d’agressivité, In Utero est une leçon de désordre véritable. L’angoisse des rockstars remplace l’angoisse de l’adolescence. Le courant dominant est accueilli par un sourire sardonique alors que Cobain repousse leurs douces inclinations. Scentless Apprentice encadre la direction abrasive vers laquelle le groupe s’est orienté, alors que les cris viscéraux sont aggravés par des paroles dérangeantes et des lignes de basse plus sombres.
Grohl est animal et par moments, apoplectique, montrant son habileté derrière la batterie. Rape Me, controversé pour ses connotations
farouchement féministes, canalise une rage authentique, tandis que Pennyroyal Tea va crescendo dans la fureur chorale à la manière essentielle de Nirvana.
Titre des chansons :
1- Serve the Servants / 2- Scentless Apprentice / 3- Heart- Shaped Box / 4- Rape Me / 5- Frances Farmer Will Have Her Revenge on Seattle / 6- Dumb / 7- Very Ape / 8- Milk It / 9- Pennyroyal Tea / 10- Radio Friendly Unit Shifter / 11- Tourette’s / 12- All Apologies
Note
(1)- Revue Rock & Folk, janvier 2024.
Ricardo Langlois est critique musical pour famillerock.com et critique littéraire pour lametropole.com. Il a écrit 6 recueils de poésie.
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Fabriqué au Québec
Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone
BANNIÈRE : MURIEL MASSÉ
WEBMESTRE : MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF : MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR : GÉO GIGUÈRE
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