Opeth – The Last Will and Testament
Publié le 27 novembre 2024
Par Patrick Loiselle
Le Beau, le Brutal et le Violent!
On l’attendait depuis un bout, le nouvel album de Opeth, leur 14e, The Last Will and Testament. Surtout que le dernier In Cauda Venenum datait de 5 ans déjà.
Il faut se rappeler cependant que, depuis, le monde a passé par une pandémie et que le groupe a dû se remettre du départ de Martin “Axe” Axenrot, l’excellent batteur, qui était avec le groupe depuis les 16 dernières années. De plus, Mikael Åkerfeldt, leader incontesté du groupe, a profité de la pause obligatoire pour composer la musique d’une mini série suédoise, pour Netflix, intitulée Clark. Il n’a donc pas chômé. Cependant, plus l’écart était long entre la sortie des deux albums, plus grandes seraient également les attentes. J’étais donc curieux, anxieux et très emballé par cette nouvelle création.
Comme, avant toute sortie officielle d’un nouvel album, il y a toujours un simple qui le précède. Or, quand ce simple, simplement intitulé §1, fut disponible et que, pour la première fois depuis l’album Watershed, datant de 2008, le growl de leur période Death Metal faisait son retour, la réaction de la majorité des fans de la plus vieille époque fut unanime et sans équivoque, FINALEMENT!
Lors de la sortie du premier single, il fut annoncé que l’album en serait un concept, dont voici en gros le contenu; « L’album est un album concept qui se déroule dans l’ère de l’après-guerre, révélant l’histoire d’un patriarche riche et conservateur (dont la femme est infertile) dont la dernière volonté et le testament, suite à son décès, révèlent des secrets de famille choquants.
L’album commence par la lecture du testament du père dans son manoir. Parmi les personnes présentes se trouvaient ses 3 enfants, deux frères jumeaux et leur sœur, qui, bien qu’elle soit orpheline et atteinte de la polio, a été élevée par la famille. Sa présence à la lecture de la volonté soulève des soupçons et des questions chez les jumeaux. On y apprend que les deux garçons sont le résultat d’une procréation de donneurs. Pendant la lecture du testament, les jumeaux découvrent qu’ils ne sont pas liés au patriarche et, par conséquent, ils sont laissés de côté. La fille est la seule enfant de sang du père et elle est donc sa véritable héritière. Bien qu’elle soit la fille de la femme de chambre, avec qui il avait eu une affaire extra conjugale. » (1)
L’histoire était donc tracée, mais encore, ça prenait la musique pour l’accompagner et lui rendre justice. C’est donc 8 pièces, dont 7 qui sont simplement numérotées de 1 à 7, précédé par le signe § signifiant le début d’un paragraphe et une finale grandiose avec A Story Never Told. L’album a une durée, que j’estime parfaite à 52 minutes.
À noter la participation de Joey Tempest (Europe) pour de la narration et Ian Anderson (Jethro Tull) pour quelques solos de flûtes et passages narratifs également.
La table était donc mise pour en faire une écoute exhaustive dans la “PatCave”, mon sanctuaire musical au sous-sol, exempt de toute interaction sociale! Se taper pour la première fois un album de Opeth, n’est jamais simple. Leur musique est très complexe et souvent bizarre, mais, ça fonctionne pratiquement toujours. Définitivement le genre d’album que tu mets et que tu écoutes tout d’un bout. Surtout que dans ce cas-ci, on parle d’un concept, donc on suppose qu’il y’aura une certaine continuité.
La première pièce, §1, qui incidemment fut le premier simple, débute avec une introduction à la basse, avec un rythme un peu syncopé de Martin Mendez et à la batterie. Déjà, on peut apprécier la venue du nouveau batteur, le Finlandais Waltteri Väyrynen. Il est excellent, avec un jeu puissant, mais également en finesse quand le demande le moment. Après un passage rapide en “clean vocal” ce n’est pas long que le “growl” se fait entendre pour la première fois et c’est massif. Tout au long de l’album, Mikael alternera entre les deux styles, sur pratiquement chaque pièce. L’ambiance lourde et lugubre affichée sur ce premier morceau, se retrouvera pour l’entièreté de l’album. Cet opus n’est définitivement pas gai et joyeux. Malgré le fait qu’il n’avait plus chanté de cette façon en studio, depuis l’album Heritage en 2011, Mikael n’a rien perdu de sa puissance et de son intensité légendaire. Il est vraiment un des maîtres du genre dans le monde du Death.
§4
On se rend compte rapidement, que même si chaque pièce peut s’écouter de façon individuelle, n’étant pas vraiment reliée entre elles avec des rappels, l’album prend toute sa raison d’être, si on l’écoute d’un bout à l’autre. On a l’impression d’écouter une musique de film et on peut pratiquement voir le scénario se dérouler sous nos yeux. Les sept premières pièces donnent l’impression d’une seule trame unique de 45 minutes. Tout y est, du brutal et violent, à des envolées techniques progressives de haut niveau, jusqu’aux moments beaux, doux et atmosphériques. Incroyablement génial comme enchaînement.
Contrairement à plusieurs albums du même genre, où on a droit à plusieurs solos, celui-ci se veut beaucoup plus homogène et le focus est vraiment mis sur l’histoire. Oui, les performances individuelles, de tous sans exception, sont absolument solides et sans reproche. Il y a évidemment quelques solos de guitare, claviers et flûte, mais ils servent beaucoup plus à rendre justice au moment raconté et apporter une profondeur au script, qu’à une nécessité de s’afficher et de se prouver. Ils font, au contraire, partie intégrante de l’histoire. Il est donc difficile d’en cibler un en particulier, exception faite du dernier solo, terminant l’album de superbe façon.
Pour conclure la fin de ce sinueux parcours musical, le groupe donne finalement un titre à une pièce, avec A Story Never Told. Sans être une ballade, elle est beaucoup plus calme, avec du “clean vocal” tout le long, mais c’est surtout le sublime solo de guitare, de plus de deux minutes, de Fredrik Åkesson qui retient toute l’attention et qui s’étire, jusqu’à se terminer en “fade out”. De toute beauté et encore une fois, l’ingéniosité de la création est indéniable.
Lors de la sortie de In Cauda Venenum, j’avais estimé que le groupe avait étiré l’élastique au maximum de ce qu’on pourrait appeler “leur deuxième phase”, soit un style beaucoup plus progressif que métal. Il semblerait que le groupe a jugé, qu’au stade actuel de leur carrière, un ajustement de mentalité était maintenant approprié.
Pour l’occasion, on sent que le groupe a travaillé extrêmement fort pour, dans un premier temps, se renouveler et pour également produire un document musical d’exception. Dans les deux cas, on peut dire mission accomplie. L’album est complexe, heavy à souhait, mais aussi empreint d’une tristesse et d’une beauté que Opeth a toujours été maître à créer. Cette nouvelle mouture du groupe s’est fait attendre, mais force est d’admettre, que l’attente aura valu la peine.
Cet album pourrait assurément être considéré comme le début d’une phase 3 pour le groupe. Tous les éléments de leurs premières années plus métal et sombre s’y retrouvent, mais les éléments plus progressifs de leurs quatre précédents albums, sont aussi très présents tout au long. Si j’avais à le comparer à un autre album de leur glorieux passé, j’irais avec Watershed. Ce qui tombe bien, puisque c’est mon préféré. Mais, dans son ensemble, The Last Will and Testament est un album unique dans la discographie du groupe.
Je le recommande fortement, surtout aux fans un peu désabusés par l’orientation de leur phase plus progressive des quatre derniers albums. Donnez-lui une chance, mais surtout, écoutez-le plus d’une seule fois avant d’émettre une opinion définitive et vous serez probablement contents d’y avoir donné un peu d’amour.
Une petite note sur la production, elle est superbe. Tout est bien enregistré, les voix et instruments sonnent clair et distinct et l’ambiance noire et lugubre du sujet est superbement reproduite. Très beau travail.
Mon verdict? Un très grand album et un solide 9.5 /10, dans mon livre à moi!
Notes
(1) – (Note prise sur Wikipedia, traduction par Google).
Fabriqué au Québec
Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone
INFOGRAPHE: MURIEL MASSÉ
WEBMESTRE: MARCO GIGUERE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE
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