L’héritage de Queen
Publié le 12 janvier 2024
Par Ricardo Langlois
Selon le livre Guinness des records, Queen est le groupe dont les albums ont été dans le top pendant le plus de temps, la première place des charts. Les différents opus sont restés en tête des ventes au Royaume-Uni pendant 1,422 semaines, soit 27,3 ans ! Loin devant les Beatles (24,8 ans) et Elvis Presley (24,6 ans).
Malgré la disparition du chanteur charismatique, Brian May et Roger Taylor ont continué de se produire en invitant divers chanteurs à leurs côtés. Investis dans la lutte contre le sida, ils se sont produits lors de nombreux concerts caritatifs, notamment avec George Michael, Elton John et David Bowie lors d’un live mémorable en hommage à Freddie Mercury à Wembley.
La sortie du film Bohemian Rhapsody, en 2018, a été un énorme succès dans le monde entier. La preuve que, près de 20 ans après sa disparition, le monde n’a pas oublié Freddie Mercury et continue à vibrer au son de la musique de Queen.
Je vous propose mes vinyles préférés
1. A Night at the Opera, 1975
Le quatrième album de Queen, est l’un des plus couteux jamais produits. À l’époque, le groupe avait déjà trouvé son propre son significatif et reconnaissable, même d’avoir inclus des chansons pop, rock, présentant des réminiscences opératiques et des touches de vaudeville des années 20.
Les liens entre les quatre compositeurs de Queen constituent l’une des raisons du succès du groupe, mais sont aussi à l’origine de nombreux désaccords. Le choix du single détermine non seulement quelle va être la chanson la plus écoutée (très important pour l’égo), mais aussi quel compositeur gagnera le plus d’argent grâce aux droits d’auteur.
La composition de Freddie de presque six minutes, Bohemian Rhapsody, représentait une belle production recherchée. Un solo de guitare qui est entré dans l’histoire du rock et des paroles qui n’ont pas encore livré tous leurs secrets. Queen réussit à atteindre les sommets des classements britanniques, restant premier pendant 9 semaines d’affilée. La chanson n’a été détrônée que par Mama Mia d’Abba. Curieusement, dans les paroles de Bohemian, on peut entendre : Oh mama mia, mama mia, mama mia let me go.
Enregistrement de l’album A Night at the Opera, 1976
En 1976, Queen connait un succès mondial. La célébrité et l’argent sont enfin au rendez-vous. Pourtant cette popularité grandissante coïncide avec des moments difficiles pour Freddie, puisque c’est à cette époque que se termine sa relation avec Mary Austin. Mary ne voulait pas rejeter le vrai Freddie. Pour elle, il s’agissait d’un pas en avant dans l’acceptation de son homosexualité et elle était disposée à le soutenir. Même si la nature de leur relation avait changé, ils se sont toujours aimés. Aucun autre amant n’a été aussi important que Mary dans la vie de Freddie. L’amour de sa vie ?
2, News of the World, 1977
Contrairement à ce que certains esprits fâcheux se sont plu à colporter, Queen est bien avant tout un groupe de rock, baptisé au hard-rock du tout début des seventies. Brian May (guitariste) et Roger Taylor (batteur) sont des rockeurs patentés. Ce serait plutôt Freddie Mercury qui serait un peu plus touche-à-tout et prêt à toutes les expériences et à toutes les extravagances. C’est sous son influence que le groupe prend une tournure moins orthodoxe, excitante et déconcertante à la fois. Tant dans sa musique que dans son image glam-androgyne – qui donnera naissance aux deux monuments discographiques que sont A night at the Opera (1975) et A day at the Races (1976). Variété, richesse des compositions, sophistication de la production, grandes envolées lyriques et symphoniques…Du jamais vu !
Deux monuments fabuleux, fins et précieux, qui virent le jour…en pleine émergence du mouvement punk … qui ne se priva pas de les souiller de ses crachats mousseux (NB : On le sait maintenant : le God Save the Queen des Sex Pistols ne s’adressait pas à Elisabeth…).
Queen décide de tourner la page
Revenir à quelque chose de plus brut, de plus direct et de plus radical. Et il fait très fort d’entrée, avec ce We Will Rock You d’anthologie, imparable, puissant et décoiffant. Leur nouvel album, intitulé News of the World, en hommage à un autre de ses pires ennemis, le tabloïd anglais de basse extraction. Adieu les pochettes emblasonnées, dessinées par Mercury : ici, c’est F.Kelly Freas (dessinateur américain de BD de SF) qui officie. Ce robot au regard hagard qui écrabouille la population – et en premier lieu les quatre Queen – dans ses mains d’acier. A faire pâlir d’envie Iron Maiden !
Musicalement, c’est magnifique. Après We are the Champions – hymne aujourd’hui encore all over the world – nouvelle agression au rock pur avec un Sheer Heart Attack…presque punk. Puis la délicatesse de All Dead, All Dead, chanté par May, comme un baume apaisant. Spread Your Wings a un refrain proche de l’hymne lui aussi et puis voilà, la voix rauque de Taylor sur un Fight from the inside impeccablement asséné. Mi- temps.
Get Down, Make Love, un morceau aujourd’hui encore inclassable, entre disco-hardcore et spatio-sensuo-rock. Sleeping on the sidewalk, boogie dont Clapton n’aurait pas à rougir. Juste avant un Who Needs You anecdotique (le morceau le plus faible du disque) qui introduit les presque sept minutes d’un It’s Late très très rock, très très épuré, mais dont l’explosion des chœurs du refrain nous renvoie avec bonheur au passé proche. Le disque se termine sur une magnifique ballade au piano, My Melancholy Blues, ad libitum…
3- The Works, 1984
La question est : The Works est-il un bon disque ? On peut dire en tout cas qu’il rattrape les lamentables Hot Space ou Flash Gordon. Même si le son est toujours orienté pop, avec une guitare bien paresseuse et des harmonies en berne, Queen s’en tire forcément bien au synthé. Mieux qu’un petit groupe émergeant au même moment, nommé…Depeche Mode). Radio ga ga est certes déconcertante dans le fond mais la musique est super efficace.
Idem pour I Want to Break Free qui est vraiment touchante. Ces deux titres sont clairement les hymnes de The Works’s Machines, est même presque expérimentale. Avec It’s a Hard Life, on retrouve quasiment le Queen du début des années 70. C’est ma chanson préférée du disque. Is this the world we created ? est simple, mais efficace.
Je suis en revanche plus circonspect sur le hard rock FM de Tear it Up ou Hammer to Fall. Chansons au fort potentiel live mais qui restent du rock sans génie. Et que dire de Man on the Prowl ? Ce remake moisi de Crazy Little Thing Called Love est le trouble-fête du disque. Même si ce The Works de Queen est clairement pop c’est sûrement un de leurs albums les plus homogènes en qualité. Si on est un peu vicelard, on peut presque y voir un album concept (machine, oppression, liberté, 1984 tout ça…).
Fait divers : I want to be free fait polémique. Dans le clip, tous les membres du groupe sont habillés en femme. La presse fait immédiatement le lien entre les paroles de la chanson, la vidéo et Freddie, les interprétant comme une déclaration publique de son homosexualité. Pourtant, le chanteur n’y est pour rien : les paroles de la chanson sont l’œuvre de John Deacon, et le clip suit une idée de la petite amie de Roger Taylor. Le clip est une parodie d’un feuilleton très connu en Angleterre. MTV décide de ne pas diffuser le clip. Heureusement, Musique Plus au Québec a été plus ouvert d’esprit.
Note : Queen Greatest hits, sorti en 1981 est un très bon choix. C’est aussi un vinyle très recherché par les collectionneurs. Il figure dans le top 100 de discogs.com.
4- Bohemian Rhapsody, le film
Malgré une production houleuse marquée par le licenciement du réalisateur Bryan Singer, remplacé au pied levé par Dexter Fletcher pour les deux dernières semaines de tournage, Bohemian Rhapsody, centré sur le célèbre chanteur du groupe Queen, crée l’événement lors de sa sortie en 2018.
Les critiques sont effectivement mitigées quant au scénario et au montage, mais elles s’accordent toutes pour saluer la performance de Rami Malek. Sa transformation en Freddie Mercury – des mouvements du corps aux prothèses dentaires – est absolument bluffante et lui vaut de remporter le SAG, le BAFTA, le Golden Globe, ainsi que l’Oscar du Meilleur acteur.
Lauréat du Golden Globe du Meilleur film dramatique, Bohemian Rhapsody est également un succès surprise au box-office, glanant plus de 850 millions de dollars de recettes à travers le monde ! En France, le film attire plus de 4,3 millions de spectateurs.
Un triomphe public qui se traduit par sa prestigieuse moyenne de notes spectateurs AlloCiné de 4,4 sur 5, qui le hisse en pole position du classement des meilleurs biopics musicaux. Envie de (re)découvrir un destin hors du commun sur fond de tubes légendaires à l’approche de la fête de la musique ? N’hésitez pas ! (Source : Allo Ciné )
Uniquement en IMAX, débutant ce 18 janvier, pour 4 jours seulement, sera présenté dans plusieurs cinémas le film en 3D, remastérisé, QUEEN ROCK MONTREAL. Lorsque Queen était au Forum de Montréal en 1981. Avec un son surround 12 canaux et des images cristallines.
1981 – Montréal. Sheer Heart Attack
Ricardo Langlois a été animateur, journaliste à la pige pour l’UQAM, Il vient de publier son 6e livre J’habite le ciel. Vous pouvez vous le procurer en lui écrivant en privé.
Merci de nous aider en contribuant à notre campagne de financement. Si vous songiez à appuyer notre site, c’est maintenant, c’est ici. Chaque contribution, qu’elle soit grande ou petite, aide à notre survie et appuie notre avenir. Appuyez Famille Rock pour aussi peu que 5 ou 10 $ – cela ne prend qu’une minute. Merci
Fabriqué au Québec
Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone
Photo de bannière, Disque d’or pour A Night at the Opera : Watal Asanuma
BANNIÈRE: MURIEL MASSÉ
WEBMESTRE: MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE
You must be logged in to post a comment Login