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rock 1975 revisité

Top 1975 revisité
Publié le 29 mars 2025

Par Ricardo Langlois

Mon adolescence a été un long voyage musical sans fin. Je vous présente mes coups de cœur pour 1975. Parler avec Gilles Schetagne de Maneige de notre amour pour Frank Zappa a été un des grands moments du lancement de mon nouveau recueil. Je vous reparle de certains albums
importants. Mes vinyles dont Harmonium en trois copies.

Pink Floyd, Wish You Were Here

Pendant l’écriture et la production de Wish You Were Here, les membres de Pink Floyd étaient en train de s’accrocher à leur nouvelle célébrité et à la pression de livrer un autre album à succès. Une sérieuse crise collective de blocage des auteurs et de fréquentes interruptions de
tournée ont ajouté à cette pression au cours de l’année 1974 et au début de 1975. Mais finalement, le concept a vu le jour et l’excellent album a été terminé.

Bien que ce disque ait été presque entièrement composé par le bassiste Roger Waters et qu’une grande partie de son attention soit l’ancien membre du groupe Syd Barrett. Cet album est vraiment un tour de force pour le guitariste et chanteur David Gilmour, qui apporte des textures, des riffs et des licks indélébiles tout au long de l’album.

Après le succès mondial de The Dark Side of the Moon en 1973, le groupe négocie un nouveau contrat qui leur donne une avance de 1,000, 000$. Lors d’une tournée européenne en 1974, le groupe compose trois chansons longues. Deux d’entre elles, Raving and Drooling et You
Gotta Be Crazy seront retenues et retravaillées respectivement, comme les morceaux Sheep et Dogs sur l’album Animals de 1977. Le troisième morceau, Shine On You Crazy Diamond, deviendrait la pièce maîtresse autour de laquelle cet album concept libre serait construit.

Wish You Were Here a été produit par Pink Floyd en tant que groupe avec l’aide de l’ingénieur Brian Humphries, qui avait déjà travaillé avec le groupe sur l’album de 1969, More. Comme son prédécesseur, l’album a été enregistré aux célèbres studios Abbey Road. Comme Humphries n’y avait jamais travaillé auparavant, il rencontra quelques difficultés au début. Mais les difficultés techniques n’étaient rien comparées à l’incroyable coïncidence de l’apparition de Barrett lors du mixage de Shine On You Crazy Diamond, qui a manifestement été écrit sur lui.

Barrett était arrivé pour assister au mariage de Gilmour le 5 juin 1975, alors que les quatre membres du groupe étaient dans la salle de mixage. Pas un seul d’entre eux ne l’a reconnu au début car il s’était rasé la tête et les sourcils. Une fois qu’ils ont tous réalisé que c’était lui, il était évident qu’il était incapable de participer à une conversation normale et qu’il n’avait aucune idée qu’il était le sujet de la chanson qu’ils mixaient ce jour-là. Cela a mis un frein au mariage et, malheureusement, aucun membre de Pink Floyd n’a revu Syd Barrett jusqu’à ce qu’ils assistent à ses funérailles en 2006.

Syd Barrett et Roger Waters à l’enregistrement de Wish you were here, juin 1975

Frank Zappa, One Size Fits All

Cet album est une période de transition pour Zappa qui signera de son nom le reste de sa discographie. Avec la période des Mothers se clôt également une démarche qui a entrainé Zappa de son 1er album à celui-ci. Qui consiste en une appropriation de tous les styles et des genres, non pas pour les imiter mais pour constituer une matière première la plus complète et riche possible.

Toujours dans une optique de transgression et de remise en cause des formes musicales, car ce qu’il crée c’est sa forme à lui. Cet album est la consécration de ses années de modes de fonctionnement et de recherches. Une musique puissante, subtile et fine, qui utilise les différents styles tout en s’en affranchissant pour créer son propre style et sa propre musique, une musique réellement libre !

Elle pose les bases d’une nouvelle vision de la musique (pour ma part elle a vraiment bouleversé ma manière d’écouter la musique et de la concevoir). Au niveau des instrumentistes c’est un des albums dans lequel je ressens le plus une réelle osmose entre les musiciens (en ce sens aussi cet album n’égale pas le reste de son œuvre). Les Mothers ont fortement évoluées en 9 ans, et du premier au dernier album, à part Zappa, aucun musicien n’a demeuré dans l’équipe ; ce qui fait également, au passage, la richesse et la diversité de cette période.

Led Zeppelin, Physical Graffiti

Là où Led Zep était vraiment attendu, c’était sur les nouvelles compositions. La fièvre créatrice les a-t-elle quitté ? Vont-ils pouvoir suivre la direction éclectique prise par House of The Holy sans perdre cohérence et crédibilité ? Réponse : oui et non. Comme d’habitude, Led Zeppelin ne déçoit pas.

Citons pour exemple le magnifique Trampled Under Foot, bondissant à souhait, qui dériderait n’importe quel dépressif. Citons également le mélancolique In My Time of Dying, où l’on découvre que le groupe peut aussi nous transporter calmement vers des horizons étranges. Une véritable bonne surprise vient d’In The Light, aux sonorités expérimentales, qui ouvre le deuxième CD avec l’intention affichée d’attiser la curiosité, et relève d’ailleurs le pari haut la main. Le sombre Ten Years Gone est un morceau qui prend son temps pour démarrer et montre la richesse harmonique des compositions du groupe.

Et pour les sceptiques, Led Zep a une surprise. Une surprise en la présence d’un chef d’œuvre. Il convient de dire que Kashmir, est l’un des titres, voire le titre le plus abouti du groupe, tous albums confondus. Le goût de Page et Plant pour les sonorités aventureuses, pour le pompeux, et en l’occurrence pour le Sahara marocain, se retrouve avec intégrité et génie dans cette majestueuse pièce de plus de huit minutes. Les arrangements mettent en valeur un orchestre et des cuivres très à propos. L’approche mélodique peut d’abord sembler ingénue mais elle se complexifie, enfle, et gonfle le cœur d’émotion jusqu’au final. Plant transcende l’idée de chanteur de Rock et nous emmène au milieu d’un monde inattendu, surtout au milieu de l’album d’une telle machine à fric occidentale.

Alors que faut-il conclure sur un tel objet ? Début de la fin pour certains, inamovible fin du début pour d’autre, Physical Graffiti est un de ces albums dont l’impact est trop grand pour être assimilé directement. Derrière le coté patchwork de l’œuvre globale, certains morceaux possèdent un génie avant-gardiste. Certes la voix de Plant n’est plus au rendez-vous, Page semble moins présent, Bonham est moins brutal. Le groupe n’a plus la folie qu’il avait, et le tout souffre d’être péniblement étalé sur deux CDs.

Cependant, le travail studio est superbe et me pousse à comparer audacieusement Physical Graffiti à un certain Sgt. Pepper des Beatles, eux aussi fatigués par les folies de la scène. Et si les avis sont partagés, personne ne restera indifférent à ce qu’il dégage : tout le grandiose de Led Zeppelin.

Kiss, Destroyer

Produit par Bob Ezrin, ce Destroyer démarre sur le fameux Detroit Rock City, inspiré d’un fait divers d’un fan victime d’un accident de la route en allant voir un concert de Kiss (on entend “Rock’n’roll all Night” dans l’autoradio de la voiture !). Selon la bio de Kiss, ce serait Bob Ezrin qui aurait suggéré le duo de guitares du fameux solo (à mon avis le seul solo du genre ?). Ce titre est celui de la maturité, plus élaboré et avec une
production plus moderne et dynamique, celui qui fédère tous les fans, qui ne suscite aucun débat, Detroit c’est du Kiss comme on rêve d’en trouver sur chaque album !

Autre mise en bouche qui fonctionne comme une communion avec le public Shout it Out Loud, deuxième simple et incontournable de la setlist depuis 46 ans ! Le chant est partagé entre Gene et Paul sur une mélodie très rock’n’roll et joyeuse avec break de batterie pour faire chanter le public… Sur une ligne de basse saturée et un riff bien lourd, Gene emprunte sa grosse voix pour interpréter son incantation, le fameux God of Thunder. C’est le moment pour le Démon de tirer la langue, de cracher du feu et du sang, Simmons fait son show, le public exulte et les filles sont hystériques…

Entre ces simples qui vont écumer les charts, on retrouve des titres plus conventionnels mais pas moins intéressants (King of the night time World, Flaming Youth) mais aussi du bon hard-rock mélodique sur Do You Love Me repris en fin de set sur la dernière tournée…

Et puis il y a Beth… sur chaque album, une chanson était dévolue à Peter Criss et pour le coup, cette balade va cartonner sur les radios (énorme hit !) avec pluie de roses sur la scène…

Harmonium, Les 5 saisons

Il y a les 4 saisons de Vivaldi, le grand compositeur. Cet album d’Harmonium parle d’une cinquième saison. Écoutez la longue pièce instrumentale Histoires sans paroles, 17 minutes de bonheur. Un chef-d’œuvre complexe presque acoustique. Cette musique m’a inspiré tant de beaux poèmes. C’est aussi le premier poème de mon recueil L’empire (2021 ). Serge Fiori a une voix unique. Voici mon poème :

Mon âme est un rêve.
La pensée du monde est un papillon.
Dieu est en nous, c’est ton message dans une lettre intime.

 

Ricardo Langlois est journaliste pour Famille Rock et La Métropole.com. Son nouveau recueil Musique du cœur est maintenant disponible. 15$ frais de poste compris.

 

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Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone
 

INFOGRAPHE: RENÉ MARANDA
WEBMESTRE: MARCO GIGUERE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE

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