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Serge Fiori 1952 2025

La fête nationale qui se transforme en deuil national!
Décès de Serge Fiori, le 24 juin 2025
Publié le 26 juin 2025

Par André Thivierge, chef des nouvelles de Famille Rock

Sources : La Presse, Le Devoir, QMI et Wikipedia

Serge Fiori, guitariste, auteur-compositeur interprète et fondateur du groupe Harmonium, est décédé à l’âge de 73 ans à son domicile, à Saint-Henri-de-Taillon, dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Selon Libert Subirana, ex saxophoniste d’Harmonium, la cause du décès serait attribuée à une crise cardiaque. Il souffrait de problèmes de santé depuis plusieurs mois, selon nos sources.

Une carrière exceptionnelle

Né en 1952 à Montréal et d’origine italienne, Fiori fonde au début des années 1970 le groupe Harmonium avec Michel Normandeau et Louis Valois.

Le premier album du groupe, intitulé simplement Harmonium aura marqué la scène musicale québécoise en 1974 avec des sonorités simples mais terriblement accrocheuses alors que les 9 pièces de l’album sont devenues immédiatement des classiques intemporels.

Ce n’est pas pour rien que les milliers de personnes présentes de toutes générations aux célébrations de la fête nationale à Montréal ont chanté à l’unisson la partie finale d’Un musicien parmi tant d’autres dans cet hommage improvisé le jour même du décès de Fiori.

Il est à noter qu’aucune maison de disques québécoises n’a accepté au départ de signer Harmonium, prétextant que le groupe ne correspondait pas aux normes musicales de l’époque.  C’est une petite étiquette ontarienne, Quality Records qui donnera sa chance au trio et lui permettra de lancer l’étiquette Célébration au Québec.

Le groupe mythique a révolutionné la musique québécoise avec trois albums folk-rock en carrière (Harmonium, S’il y avait une cinquième saison, L’Heptade.

En 2015, le magazine américain Rolling Stone a d’ailleurs classé le deuxième disque du groupe, Si on avait besoin d’une cinquième saison, comme l’un des 50 meilleurs albums de l’histoire du rock progressif. Le célèbre magazine américain avait d’ailleurs à l’époque souligné la grandiloquence de la suite de 17 minutes totalement instrumentale, Histoires sans paroles.

Après des débuts modestes en trio, Harmonium se transformera en méga formation offrant une musique dense et complexe qui atteindra l’apothéose en 1976 avec l’album double l’Heptade, appuyé par une formation symphonique et une douzaine de musiciens invités. Cet album avec ses chansons denses et complexes, inspirées du courant de rock progressif de l’époque.

Les trois albums du groupe auront connu un succès sans précédent en raison d’un dénominateur commun, les talents de mélodiste de Serge Fiori. 

En 1978, après une série de concerts les menant jusqu’en Californie, Harmonium a frappé un mur. L’ampleur des tournées incessantes a eu raison du groupe et de l’équilibre mental de Serge Fiori, qui était épuisé.

Il prendra le temps cependant d’enregistrer avec Richard Séguin (et la majorité des membres de la dernière mouture d’Harmonium) l’album Deux cents nuits à l’heure qui, porté par les succès Viens danser et Ça fait du bien, s’écoulera à plus de 200 000 exemplaires, en plus de remporter trois prix Félix (dont celui du groupe de l’année) lors du tout premier gala de l’ADISQ, en 1979.

Sa dernière apparition musicale se fera sur l’album Live au El Casino de Neil Chotem, paru en 1979. Serge Fiori se fera ensuite discret, exilé en Californie, puis rentré en ses terres québécoises tout en protégeant farouchement sa vie privée.

En 1982, il participe à l’écriture de la musique du spectacle de l’humoriste Yvon Deschamps et réapparaît en signant la chanson thème du festival Juste pour rire en 1985.  Il lance ensuite un premier album solo (Fiori) l’année suivante, mal accueilli par la critique et par le public en raison de sa direction musicale dans l’air du temps pop synthétique, loin de son style qui le caractérise.

En 1989, il produit l’album Changement d’adresse de Nanette Workman sur lequel il compose la plupart des chansons. Sur la  pièce Ballons percés, qu’il interprète en duo avec Nanette, il écrit les paroles, joue le solo de guitare sur une musique de Serge Locat.

Il révèle d’ailleurs en 2013 dans sa biographie que Nanette Workman et lui ont entretenu une relation d’environ quatre ans qui est à peu près toujours demeurée secrète.

Le 9 juin 2006, après avoir été longtemps dans l’ombre, il fait l’objet d’un hommage hors du commun pendant le spectacle Salut à Serge Fiori à la Place des Arts dans le cadre des FrancoFolies où participent de nombreux artistes québécois. Une version studio du spectacle intitulée Fiori – Un musicien parmis tant d’autres sera lancée. Ce disque inclut aussi la version originale de la chanson Duodadieu, sur laquelle on entend Fiori, et une version sur scène de la chanson titre, toutes deux chantées par Diane Dufresne et enregistrées en 1977. 

Serge Fiori a aussi composé des bandes sonores de films, dont celle de Babine en 2009, qui remporta le Félix de l’album de l’année pour une bande sonore originale.

Après 30 ans sans avoir fait paraître de musique, Serge Fiori lance en 2014 un album éponyme sur lequel figure la pièce Le monde est virtuel, qui est en nomination à titre de Chanson de l’année en 2015 au gala de l’ADISQ.

Le disque remporte un franc succès et il permet à l’artiste de décrocher le Félix de l’album de l’année Meilleur vendeur et du Félix de l’album de l’année adulte contemporain au gala. Son succès démontre que le Québec n’a jamais oublié l’auteur d’Un musicien parmi tant d’autres.

Il a été intronisé au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens en 2019 et a été fait Compagnon de l’Ordre des arts et des lettres du Québec la même année.

Durant la dernière décennie, Fiori faisait régulièrement surface, acceptant les interviews, s’impliquant dans les nombreux projets de valorisation des enregistrements d’Harmonium (rééditions, interprétation symphonique, comédie musicale, etc.). Jamais, malheureusement, n’a-t-il retrouvé la force de remonter sur scène pour chanter devant ses fans, aujourd’hui endeuillés.

Ordre national du Québec

Quelques jours avant de mourir, Serge Fiori a reçu l’Ordre national du Québec et même s’il n’a pu participer à la cérémonie de remise des insignes en raison de ses ennuis de santé, il était ravi de cet honneur, assure son grand ami Mario LefebvrePour lui, c’était extrêmement valorisant. Il était extrêmement honoré et content d’avoir été choisi», raconte M. Lefebvre.

Ce dernier a côtoyé de près Serge Fiori au cours des 50 dernières années, d’abord comme journaliste au journal Pop Rock, puis via ses différents emplois au sein de grandes maisons de disque. Mercredi dernier, il était en contact constant avec lui pendant que se déroulait la cérémonie à l’Assemblée nationale.

« J’étais présent parce que j’accompagnais Roch Voisine (aussi récipiendaire). Je lui envoyais des photos. Il était tout énervé et très content. C’est bien que nous ayons réussi à lui remettre l’Ordre du Québec de son vivant. Il était vraiment ravi

De multiples témoignages

 – « Serge, quand il a été retrouvé, il avait un grand sourire… Mort avec le sourireC’est un type qui a aimé la vie », a affirmé M. Serge Grimaux, son ami et gérant des 36 dernières années en entrevue avec l’Agence QMI. « Serge avait un grand sens de l’humour. Il aimait rire. Il riait tout le temps. La plus grande œuvre de sa vie, selon lui, c’est L’Heptade, qui est sorti le 15 novembre 1976, la journée où le Parti Québécois de René Lévesque a pris le pouvoir. Et là, Serge est allé rejoindre René, le jour de la Saint-Jean-Baptiste… faut le faire», a-t-il poursuivi, ébahi par l’invraisemblance de la situation.

 – « C’est avec une immense tristesse que j’apprends le décès de l’homme qui a comblé mon coeur plus de 14 ans, mon partenaire de vie, de création, un complice spirituel. Il quitte en ce jour le plus significatif pour lui et sa musique. Repose en paix mon ami que j’aime tant. J’ai le coeur qui explore de tristesse. Je t’aime, je t’aimais et je t’aimerai toujours où que tu sois là-haut! »  – Majoly Dion, réalisatrice et une ex-conjointe de Serge Fiori.

 – Michel Rivard rapporte vivre une énorme tristesse à l’annonce du décès de son très, très grand ami . À la création de leurs groupes respectifs, Harmonium et Beau Dommage, « On avait tous une nouvelle façon de faire de la chanson québécoise. On était des chums, puis on s’encourageait les uns les autres ». L’héritage de Serge Fiori est déjà bien là, croit Michel Rivard. « La musique de Serge et d’Harmonium est intemporelle. Elle fait partie de notre patrimoine. »

 – « La première grande chance de jouer qu’a eue Beau Dommage, c’était pour remplacer Harmonium à l’hôtel Nelson »  relate de son côté Pierre Huet, parolier de Beau Dommage.

 – Louis-Jean Cormier a diffusé un message, à la manière d’une lettre, plein d’émotion mardi soir : « Voyons Padré ! Tu pars comme ça ? À la St-Jean ? On s’est texté il y a trois jours. J’ai chanté une de tes tounes hier soir. Aouch. »

 – Céline Dion déplore le départ d’une icone de la chanson québécoise : « Alors que le Québec célèbre la Saint-Jean-Baptiste, nous sommes aussi profondément attristés d’apprendre le départ d’un de nos géants de la musique, le grand Serge Fiori », a-t-elle écrit.

– « Je garde un bon souvenir de ce qu’on a vécu ensemble et j’espère qu’il y aura toujours quelque part dans la culture québécoise, quelqu’un pour continuer et poursuivre la musique qu’on a faite », a déclaré le cofondateur d’Harmonium Michel Normandeau en entrevue à LCN, mardi soir.

 – Pour Louis Valois, la mort de Fiori laisse un grand trou. « Je suis dévasté » dit-il. « C’est un grand ami que je perds, parce que c’est un ami de vie. Le Québec perd Serge Fiori, mais moi, je perds mon chum Serge. » Le musicien évoque L’Heptade, album majeur du Québec des années 1970. « Mais quand je pense à Serge, c’est Histoires sans paroles qui me vient en tête » ajoute-t-il. « C’est ce que je vais écouter ce soir. »

Louis Valois, Serge Fiori et Michel Normandeau, les trois cofondateurs d’Harmonium

 – Richard Séguin, autre complice créatif (au sein du groupe Fiori-Séguin, en 1978), rappelle de son côté à quel point Serge Fiori avait su toucher une corde dans le public québécois en général. « Les jeunes de toutes les époques se sont identifiés à sa voix, peut-être parce qu’ils se retrouvaient dans l’exil intérieur qu’on y entendait, dans le rêve. Parce que Serge, c’était d’abord et avant tout un grand rêveur » dit-il

RIP Serge Fiori!

 

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INFOGRAPHE: MURIEL MASSÉ
WEBMESTRE: MARCO GIGUERE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE

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