Spectacles

Serge Locat Hommage

Serge Locat, Kebek Muse et invités – Théâtre Outremont
Vendredi le 21 novembre 2025
Publié le 24 novembre 2025

Texte/Vidéos/Photos: Glen Bourgeois

Hommage à Serge Locat

Quelle expérience! Je me sens restreint d’en dire davantage. Risque de nuire au message ou de le limiter quelconque. Comment entamer cette critique d’une soirée superlative? Et bien, je commence de façon chronologique.

C’était au mois d’août 2024 que Serge Locat, compositeur et ancien claviériste des groupes Nécessité (qui s’est plus tard transformé en Pollen) et Harmonium, nous avait proposé son spectacle d’adieu. Au Théâtre Hector-Charland de l’Assomption. Presque une heure de route du centreville de Montréal où je me situais. Je me suis vite procuré deux billets dans l’espoir d’en offrir un à quelqu’un qui me conduirait aller-retour à l’événement. Désolé, aucune chance. Je pensais l’avoir manqué.

Grande surprise (et autant grand plaisir) lorsqu’on annonce que Locat répéterait son adieu de la scène, cette fois-ci, au légendaire Théâtre Outremont de Montréal. Mais cette fois, qu’un billet, merci. C’est en faisant le survol de mes courriels que je l’ai acheté au mois de février dernier. J’en suis absolument certain qu’on l’avait annoncé comme Le voyage de Serge Locat avec Kébek Muse.

Kébek Muse, cet excellent ensemble de musiciens qui ont choisi de rappeler les années 70 à travers l’interprétation de classiques populaires québécois. Groupe qui compte parmi ses rangs, pas un, mais deux anciens membres d’un groupe québécois des plus célèbres et célébré de cette même époque. Serge Locat aux claviers et Libert Subirana aux instruments à cuivre et à vent

Et pendant que Montréal pleurait, pour faire l’emprunt d’une poésie saisonnière, le décès dudit leader de ce groupe devenu légendaire. Deux autres anciens membres se glissent subtilement parmi les invités: Monique Fauteux et Louis Valois. On a vu ce quatuor réuni sur scène lors du hommage national de Serge Fiori, au mois de juillet. Accompagné d’un cinquième ancien membre, Pierre Daigneault, de la chanteuse Judi Richards (on se rappelle de sa voix à la pièce Histoires sans paroles) et de plusieurs musiciens additionels. Et on se rappelle que ça avait bien sonné, très bien vibré.

J’avoue que j’étais prêt à me déplacer si cet ensemble choisissait de se présenter de nouveau. Ils ont choisi de le faire et j’avais déjà mon billet.
Mais revenons à nos moutons, car c’était surtout le spectacle de Locat hier soir à l’Outremont. Même si l’époque Harmonium a sans doute été une grande expérience pour lui ainsi que tous les membres. Serge nous partage qu’il s’agit de sa première fois à  l’Outremont depuis les dix soirs consécutifs d’Harmonium, tôt en 1977.

C’est sa fille, Maude Locat, directrice musicale du groupe Kébek Muse et de la soirée, qui joue les premiers accords de la soirée. Des accords qui rappellent de façon immédiate la pièce Le crieur, composition de Serge qui débute son album solo Transfert, paru en 1978.

Serge Locat et sa fille Maude       Photo: Martin Bisaillon

Du côté de Serge parait bientôt le tic-tac synthétique familier, la gigue électronique… sauf que ce rythme se fane des hauts-parleurs à chaque fois que Locat s’éloigne de l’ordi afin de prendre sa place au Minimoog. Locat répète l’expérience à plusieurs essais. Après quelques reprises, il appuie sur une pédale d’un autre clavier. Le tour est joué, le rythme est maintenant perpétué. Seul hic de la soirée… si on ne compte le commentaire suivant que Serge a presque oublié de faire. Question de partager l’origine de cette composition. Le crieur est apparu lors d’improvisations spontanées. En effet, pendant que Serge attendait l’arrivée tardive de ses musiciens collaborateurs pour l’enregistrement de ce même album.  Ce soir, il n’a pas à attendre, car Serge et Maude sont vite rejoints à la pièce du batteur Éric Thibodeau, du bassiste Dylan Kell-Kirkman et du guitariste Sébastien Boisvert.

C’est suite à cette pièce que les autres membres de Kébek Muse arrivent sur scène et nous charment avec leurs interprétations du canon populaire québécois des années 70. En premier, La tête en gigue de Jim Corcoran et Bertrand Gosselin. Les voix de Serge Fortin et Marianne Mathieu s’entrelacent au son de la guitare acoustique du premier. Arrive ensuite Mes blues passent pu dans porte d’Offenbach

Les cuivres embarquent: Subirana au saxophone ténor, Karine Gordon au trombone et David Robitaille à la trompette. Marianne nous partage son expérience à l’âge de huit ans avec cette même chanson à l’émission Les démons du midi, chaîne télé Radio-Canada. « J’avais l’air d’une jeune Céline », dit-elle en riant. Elle reprend le même troisième verset qu’elle avait chanté cette fois-là avec Fortin qui chante les deux premiers. Chant, musique, le tout est exécuté avec maîtrise.

File ensuite des souvenirs musicaux de Beau Dommage, de Claude Gauthier et j’en passe. Le parfum enivrant de la fleur de lys est en évidence ce soir.

Avant l’entracte, Locat introduit son fils Vincent au groupe. Papa souligne qu’il s’agit seulement de la troisième fois que son fils paraît en public. Vincent s’installe avec sa guitare électrique pendant que Serge explique comment il est arrivé à suggérer le titre de la pièce Les méandres. Pièce que Vincent a composée et incluse à son album du même nom, paru sur Bandcamp en 2020.

Suit une pièce qui me rappelle fortement de Steve Hackett ou bien un Mike Oldfield électrique sans être électronique. Les trois Locat, accompagné de Kell-Kirkman et Thibodeau. Un délice tout court: je me propage en ligne pendant l’entracte afin de me procurer l’album en entier.

Serge revient tout seul suite à l’entracte afin de nous charmer avec Matinale. Une autre de ses compositions qui paraissent à l’album Transfert. Seul au piano à queue, la pièce a l’air d’une méditation privée, mélodique, moderne… On aurait facilement pu la placer à la suite logique de L’heptade si celle- ci avait eu lieu. Et c’est après cette pièce que Locat renonce à sa place d’artiste vedette de la soirée et que tout devient… Harmonium.

Fauteux et Valois arrivent sur scène et s’joutent à l’ensemble presque complet. (Il serait difficile d’avoir deux bassistes à jouer en même temps). Je m’attendais à deux pièces? Trois pièces? Commence Histoires sans paroles de l’album Les cinq saisons, avec Marianne qui joue la flûte traversière en duo avec Subirana.

Après la pièce (raccourcie comme à l’hommage national de Fiori), Valois partage ses souvenirs de la même suite de dix soirs d’Harmonium à guichet fermé.

Il s’agit également de la première fois depuis ce temps que Valois et Fauteux montent à cet estrade. Et on enchaîne avec une autre pièce du même album, cette fois Depuis l’automne.

Et ensuite Dixie, avec Serge Fortin qui s’assure du chant et du solo de guitare acoustique, « harmonisé, en plus! » souligne Valois.

Est-ce qu’on aurait droit à l’album au complet? Non, mais c’est bel et bien pendant une heure magique qu’on est charmé de pièces du répertoire d’Harmonium. Locat nous révèle comment est né la musique de L’heptade, troisième et ultime album du groupe. « Il fallait remplir un album
double et Serge (Fiori) et moi travaillaient chacun de notre côté, lui de son bord et moi du mien. J’étais en mode d’improvisation lorsque tout d’un coup, Serge m’a arrêté. ‘Hé, c’est bon. Qu’est-ce t’as joué, là? N’oublie pas ça, on va s’en servir.’ »

Le groupe enchaine ensuite avec cette musique, devenue partie de la pièce Chanson noire, prise suite à la section dai-da-dai, da, da, da, da, da, daiValois félicite Locat ensuite, le sourire au lèvres: « T’as bien fait de ne pas l’oublier, cette musique-là! » Subirana s’approche de l’avant scène avec sa flûte traversière et ainsi débute le moment le plus sublime de toute la soirée.

Fauteux chante Le corridor (toujours de l’Heptade) au complet… et la musique continue. Sauf le début Lumière de nuit, la suite Lumières de vie s’enchaîne. Tout léché. Tout vibre. C’est fort trippant. On a l’impression d’un groupe bien préparé qui vient de jouer cette suite entière pour dix soirées de fil et la joue pour un onzième. On est en 2025 ou on est en 1977? À la fois, le temps nous joue un tour et paie la traîte. Sublime.

Reste la chanson titre du groupe de l’album éponyme et lors du rappel, sans doute, Un musicien parmi tant d’autres. Également parmi tant d’amis aussi. Nos voix s’ajoutent encore une fois au choeur final de la pièce, comme à l’événement national, comme à la Saint Jean Baptiste de juin dernier: Où est allé tout ce monde qui avait quelquechose à raconter? 

Heureusement que plusieurs sont revenus pour nous charmer ce soir. Et reviendront encore au futur. Vous avez vos billets pour L’heptade symphonique? Suite aux dernières notes, les musiciens viennent se faufiler parmi tous nous autres, partager des mots, des sourires, des photos, des souvenirs. La magie y est toujours.  Évidemment, Locat reviendra pour L’heptade symphonique.

Félicitations à Serge Locat, à ses enfants Maude et Vincent et au groupe entier de musicien.ne.s qui nous ont partagé une soirée à la fois intime et superbe!

 

Pour un monde meilleur 

Fabriqué au Québec
Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone

Photo de bannière: Glen Bourgeois
INFOGRAPHE: MURIEL MASSÉ
WEBMESTRE: MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE

Merci de nous aider en contribuant à notre campagne de financement. Si vous songiez à appuyer notre site, c’est maintenant, c’est ici. Chaque contribution, qu’elle soit grande ou petite, aide à notre survie et appuie notre avenir. Appuyez Famille Rock pour aussi peu que 5 ou 10 $ – cela ne prend qu’une minute.

Click to comment

You must be logged in to post a comment Login

Laisser un commentaire

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

Archives

Compteur

  • 750 844 Visites

Suivez-nous

To Top

Honorons Nos Survivants Pleurons Nos disparus

Fabriqué au Québec!

Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone!

Pour Un Monde Meilleur!