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Doors Light my fire

Le top 100 de Ricardo # 10
The Doors, The Doors
Publié le 30 juin 2023

Par Ricardo Langlois

The Doors, The Doors, 1967

Premier album, première révélation éclatante de cette musique inédite, mélange de rock et de poésie. Dès Break On Through, la voie est tracée : passer de l’autre coté…Si Light My Fire sera le tube qui consacrera le groupe à l’état de star, le reste de l’album rassemble les titres parmi les tous meilleurs des Doors. L’onde souterraine de Crystal Ship, les beat lourds de Soul Kitchen et Twentiest Century Fox, la découverte du Morrison guttural et sensuel de Backdoor Man, qui deviendra un hymne de concert, l’étrangeté dEnd Of The Night, tout est ambiances fortes et fascination. Jusqu’à l’expressionnisme allemand d’Alabama Song (l’univers de Brecht, Lou Reed et David Bowie suivront) et enfin et surtout le chef-d’œuvre oedipien et hypnotique The End, faisant vibrer la corde intime et profonde jusqu’à la transe. Un des rares albums dont l’emprise reste intacte à travers le temps, la jeunesse aux portes d’Éden.

Le 15 mai1967 à Los Angeles, California. (Photo : Jasper Dailey/Michael Ochs)

Les chansons phares

À l’exception des deux chansons phares de l’album, Light my fire, qui fait plus de sept minutes et The End, qui en fait presque douze. La plupart des morceaux font moins de 3 minutes. En réalité, malgré le fait qu’il régulièrement été salué depuis cette époque comme l’un des meilleurs premiers albums rock, cet album des Doors est un mélange de pop de 1960 et d’une forme de rock très gothique avec des touches de raga indien, des arrangements jazz et des prétentions néoclassiques.

Certaines chansons, comme l’entraînant morceau d’ouverture Break on Through (to the Other Side), véritable cri de ralliement ou l’authentiquement planant Crystal Ship, et ses premiers couplets, très excentriques pour l’époque ; Avant que tu ne sombres dans l’inconscience, suggèrent l’apparition d’un groupe de rock jamais vu, très différent des autres, bien plus avancé et qui durera dans le temps. D’autres morceaux, comme Soul Kitchen, inspiré par le goût du groupe pour un resto de soul food peu cher et animé de Venise Beach appelé Olivia’s et Twentiesth Century Fox, (référence à la société de production) font tellement grimacer qu’ils auraient eu du mal à figurer sur le premier album des Monkees, sorti lui aussi cette année-là.

The End, une chanson révolutionnaire

En réalité, l’enregistrement de The End, qui finira par durer presque 12 minutes, du jamais entendu pour un morceau de rock à l’époque, donnera naissance à l’une des histoires les plus répandues, bien qu’exagérée, sur la création du premier album des Doors. Selon la légende, peu après que Jim a scandé sur scène qu’il voulait baiser sa mère dans un hurlement incohérent, le groupe joue la chanson en studio. Ils en sont aux deux-tiers quand Jim commence à errer dans les studios et remarque que Bruce Botnick est en train de regarder un match de baseball à la télé. Jim, dans un accès de rage, la renverse au sol avant de la ramasser et de la balancer sur la vitre en plein dans la régie, où Botnick et Rotchild restent abasourdis.

Après que tout le monde ait quitté le studio ce soir-la, Jim est allé à l’église catholique Saint-Sacrement en face, et il a eu une révélation. Il est retourné au studio, mais la porte était fermée. Il a escaladé la porte, est entré mais ne pouvait pas accéder à la régie. Elle était verrouillée. Cependant le studio était ouvert, les lumières rouges étaient allumées, alors il a cru  qu’il y avait un incendie. Il a attrapé un extincteur, il a renversé un cendrier plein et a tenté d’éteindre le feu.

Au final, le premier album des Doors, sobrement intitulé The Doors est bouclé en cinq jours. Cependant, Elektra mettra cinq mois à le sortir. (1)

1967, l’année psychédélique

En 1967, ce premier album fait figure d’une véritable bombe qui malgré des points communs avec le psychédélisme de l’époque se démarque nettement du mouvement hippie par une sorte de mystère, une attitude et une image presque impénétrable, un côté sombre que les Doors entretiennent, et qui tranche avec l’utopie des Grateful Dead ou Jefferson Airplane par exemple des années 67-68 et qui, à l’instar d’un Astronomy domine de Pink Floyd, sorti à la même époque, place les Doors dans une autre dimension, dans un univers à part.

Le groupe sait aussi cultiver à la fois son côté sérieux et son côté provocateur, notamment sur scène où les frasques de son chanteur ne se comptent plus ! Quelques grands classiques qui ont traversé les années et les générations et qu’on écoute avec plaisir en 2023 sont présents sur ce premier album. Break on through qui d’emblée montre que le groupe est à part, novateur et qu’il a quelque chose de différent de la pop habituelle des sixties. Un morceau qui nous tombe dessus par surprise avec son rythme vaguement latino.

C’est rapide, nerveux et ça tranche avec les standards de la pop habituelle. Light my fire et son long et magnifique passage/solo au clavier (mais celui de guitare n’est pas mal non plus) et qui montre que le rock planant peut sonner rock ! Un des titres incontournables qui ont écrit la légende du groupe.

Et maintenant, l’heure est à la poésie…

En hommage à Jim Morrison qui écrivait des livres à compte d’auteurs pour distribuer à ses ami (es) . J’ai choisi un poème de La nuit américaine…(2) On pense à l’écriture de Kerouac et de Rimbaud. Il y a quelque chose de sacré qui se dégage de son écriture. Il est fragile. Il est Apollon et Dionysos. Il est surdoué. Ses professeurs vous le diront. La musique des Doors est intemporelle. Oliver Stone en a fait un merveilleux film. (3)

Poème de Jim Morrison (American Night)

La forme est un ange de l’âme
Le cycle cheval homme enfant
La musique, le sexe, l’idée sont les
Courants de la connexion
L’amitié sert de transition
Elle conduit l’âme loin de la
Stupide sournoiserie
Vers le soleil couchant
Travail accompli
Bienvenue à la nuit
Bienvenue aux belles et sombres
Profondeurs de la Nuit Américaine
Un homme prend le temps de mourir
Déchets de son ambre
Traces boueuses de pieds de pourceaux
Dans les camps, avec leurs bûches noircies
Les étoiles tortueuses ont le chiffre
De la destinée
Dieu, aie pitié de nous
(La Nuit Américaine)

Notes

(1). Retranscription d’une entrevue de Mick Wall, Les légendes du rock, no 2.
(2). Jim Morrison, La nuit américaine, Christian Bourgeois éditeur.
(3). The Doors Film réalisé par Oliver Stone en 1991. Le film a coûté 32 millions.

L’album au format 33tours et label Elektra se compose des chansons suivantes :

Face A
1. Break on through to the other side
2. Soul kitchen
3. The crystal ship
4. Twentieth century fox
5. Alabama song whisky bar
6. Light my fire

Face B
1. Back door man
2. I looked at you
3. End of the night
4. Take it as it comes
5. The end

Ricardo Langlois est analyste musical pour Famillerock.com et critique littéraire pour lametropole.com  Il a écrit 5 livres de poésie.

 

BANNIÈRE: DANIEL MARSOLAIS
WEBMESTRE: MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE

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