Spectacles

Robert Charlebois Symphonique

L’intemporel Robert Charlebois
Publié le 26 août 2024

Texte/Photos : Michelle Dunn

Le 23 août 2024, j’étais présente au concert 2 de 3 de l’Orchestre symphonique de Montréal à la Maison symphonique pour souligner les 80 années sur Terre et les 61 ans sur scène de Robert Charlebois.

Généreux, humble, authentique, créatif et reconnaissant envers son public, Robert écrit et joue de sa musique avec ses tripes, sans filtre et sans chichi.

Qui ne connait pas les chansons et la musique de Robert Charlebois, son rire contagieux, son sens de l’humour direct et son franc-parler? Après 61 ans de carrière, il est toujours aussi vivant, franc, expressif et flamboyant, mais surtout fidèle à lui-même avec une touche d’humour théâtrale et une émotivité à fleur de peau.

Pas d’habit noir pour Robert.

Pas de sobre habit noir pour Robert, celui-ci était simplement vêtu d’un ensemble en jeans blanc de marque Levis avec espadrilles blanches et portait un chandail blanc sur lequel on pouvait entrevoir un dragon dans les teintes or et jaune soleil. Une ceinture avec motif de notes de pianos ainsi qu’une clé de sol dorée qui était épinglée sur son col à gauche, complétait l’ensemble.

Revêtu de blanc, il était comme le Yang devant l’orchestre et le chœur tout de noir vêtu tel le Yin, un parfait équilibre musical et visuel.

Photo : Antoine Saito

Une soirée riche en émotions

Même si son anniversaire de naissance était le 25 juin dernier, quelqu’un dans l’assistance a eu la bonne idée de lui chanter « Bonne fête Robert » et toute l’assistance a suivi, une belle chorale surprise pour lui témoigner notre amour.

Pour ma part, ce qui m’a marquée et même émue aux larmes fut la beauté indescriptible des sons qui emplirent l’espace de la Maison symphonique ce soir-là.

L’interprétation émotive de Robert était palpable, lui qui a même versé quelques larmes d’émotions à la fin du concert et en écoutant Rose Naggar-Tremblay chanter pendant sa chanson Lindberg.

Rose Naggar-Tremblay et Robert Charlebois    Photo : Antoine Saito

Les 2 chansons en rappel (Ne pleure pas si tu m’aimes et Et voilà) abordent clairement le sujet difficile de la mort, comme un adieu.

Au cours de la soirée, il nous a parlé de gens et de moments marquants pour lui, comme de Marcel Sabourin et du moment où à 33 ans, il s’est trouvé orphelin. Dépressif et enfermé dans son appartement, il avait ouvert à Gilles Vigneault qui lui avait rendu visite. Celui-ci lui avait offert dans une enveloppe blanche le texte de la chanson Mourir de Tendresse, qui fut la 3e chanson de la soirée.

Pendant les salutations, Robert envoyait plein de becs soufflés vers les gens qui l’aplaudissaient.

Photo : Michelle Dunn

Une fusion réussie entre 2 mondes musicaux

Étonnant concert fusionnel entre les chansons et textes populaires de Robert mais avec la touche du monde de la musique classique qui depuis des centaines d’années respecte et perpétue avec rigueur les traditions et les rendus de ces nobles compositeurs d’un autre temps.

Je dois avouer que je me demandais comment notre Robert national pourrait évoluer sur scène avec l’Orchestre symphonique de Montréal et 2 chanteurs d’opéra alors qu’ils ont l’habitude de transmettre la musique avec un décorum teinté de traditions classiques. Lui qui nous a habitué à ses spectacles intimes et plein de sauts et de blagues comme si nous étions chez lui dans son salon, a simplement dosé ses interventions mais tout en restant lui-même.

De son côté, l’OSM et son chœur sous la direction du chef d’orchestre, Jacques Lacombe et avec son premier violon Olivier Thouin ont joué l’œuvre adaptée de Robert Charlebois avec respect, mais tout en laissant place à quelques souplesses, sourires et humour.

Photo : Michelle Dunn

Assise au milieu de la première rangée juste devant la scène, j’ai pu voir toutes les expressions de Robert et aussi du chef d’orchestre, Jacques Lacombe, qui en plus de diriger son orchestre au quart de tour, veillait au grain en se retournant fréquemment avec un regard pétillant pour
suivre des yeux notre spontané Robert.

Robert n’a pas joué d’instrument de musique ce soir-là du 23 août, il a accompagné l’orchestre en sifflant pendant la chanson Phébus et Borée.

Il s’est tenu soit debout ou assis sur un tabouret. Il a chanté en duo avec la merveilleuse contralto, Rose Naggar-Tremblay à la voix riche et chaude et s’est promené allègrement devant la scène par moments en s’adressant à l’audience. Il a même tenu la baguette du chef d’orchestre
durant la chanson Ordinaire juste avant la pause.

Pendant les chansons Terre Love et La Fin du Monde, le ténor, Frédéric Antoun s’est joint à Rose et Robert, pour ajouter sa belle voix puissante à l’ensemble. Cette fusion des styles étonnante nous a tous ébloui avec émotion et a été rendue possible grâce à la mise en page des adaptations symphoniques de cc mariage des sons qui a été effectuée avec brio sous la plume de Hugo Bégin.

Jacques Lacombe, chef d’orchestre, Hugo Bégin, adaptations symphoniques, Frédéric Antoun, ténor, Rose Naggar-Tremblay, contralto et Robert Charlebois.    Photo : Michelle Dunn

La présence souriante de Rose Naggar-Tremblay, contralto

Le duo de Robert et de Rose était toute en complicité artistique et bonheur de chanter ensemble. Ce n’est pas tous les jours que l’on entend une digne chanteuse d’opéra chanter des mots tels que « crisse » avec grâce, comme dans la chanson Lindberg.

J’ai d’ailleurs demandé à Rose, si elle avait eu des réticences artistiques à chanter intégralement toutes les paroles des chansons de Robert et compris les jurons. Voici la citation intégrale de sa réponse : « Aucune réticence à chanter Lindberg  intégralement. C’était un immense honneur pour moi de m’inscrire dans l’histoire de ce monument de la chanson de chez nous. »

Rose Naggar-Tremblay et Michelle Dunn   Photo : France Latour

Mot de Rose pour le public

Ce que j’aimerais dire avant tout, c’est que je ne fais aucune distinction entre les genres musicaux. Il y a de la grande musique portée par toutes sortes d’artistes. J’ai toujours évolué à la croisée de divers univers, je chante de l’opéra sur les plus grandes scènes internationales et je chante mes chansons originales dans les théâtres sur les routes du Québec et dans des bars. Tous ces langages et ces milieux s’enrichissent l’un l’autre. »

Présence de sa belle Laurence

À la fin du spectacle, j’ai aperçu Laurence, l’épouse de Robert que les employés ne laissaient pas entrer dans la loge de son mari car ils ne savaient qui elle était. Il faut dire que bien que Laurence et Robert soient mariés depuis des décennies, celle-ci m’a confié lors d’un échange, il y a quelques temps, qu’elle se tient, par choix, loin des médias.

J’ai pu constater leur tendre amour complice en les voyant ensemble, lors du dévoilement de la murale géante en céramique en l’honneur de Robert, le 23 septembre 2022, à Montréal. Œuvre de l’artiste Laurent Lorenzo Gascon.

Un clin d’œil à Famille Rock

Les nouveaux lecteurs ici et bon nombre de Québécois ne savent pas qu’il y a un homme du nom de Géo Giguère, grand chef de Famille Rock qui a fait renaître de ses cendres le Journal Pop Rock, qui à ses débuts se nommait le Journal Pop Jeunesse. II y a 8 ans, il le propulsait sur le Web.

Géo, apprécie l’œuvre et l’artiste qu’est Robert Charlebois depuis ses débuts. C’est pourquoi, c’est Robert Charlebois qui fut à l’honneur sur la toute première édition de la page couverture de Pop Jeunesse qui fut publié le 29 janvier 1972.

Je remercie Michel de l’Imagerie Pixel à Repentigny, pour avoir reproduit sur coroplaste à ma demande, cette page couverture que j’ai remis à Robert qui avec son air comique, l’a placé spontanément devant son visage.

Conclusion

J’ai adoré voir le concert de Robert Charlebois et l’OSM, c’était merveilleux. Avec son énergie et sa longue carrière, il est facile de percevoir Robert Charlebois comme une présence permanente car pour plusieurs d’entre nous, il a toujours été présent dans l’espace public. Un peu comme le soleil qui éblouit tout le monde comme un être éternel qui sera toujours là.

L’homme est certes mortel, mais son œuvre elle, est immortelle, cristallisée dans ses chansons intemporelles et adaptations en tout genre comme celle de l’OSM.

Jérôme en 2010 a déclaré au sujet de son père : « Il a tellement eu de prix; sa carrière est tellement immense que je peux conclure que mon père, Robert Charlebois, est un être inspirant. »

Il a clairement inspiré l’Orchestre Symphonique de Montréal et d’innombrables artistes du passé et du présent et sans nul doute, ceux qui viendront dans l’avenir.

Liste des pièces jouées :
Deux femmes en or
Le Mont Athos
Mourir de jeunesse
Avril sur Mars
Sensation
Heureux en amour
Madame Bertrand
Ordinaire (Robert dirige l’orchestre à la fin de la chanson)
Pause
Terre Love
Phébus et Borée (Robert accompagne l’orchestre en sifflant)
Fu Man Chu
Insomnie
La fin du monde
Lindberg
Je reviendrai à Montréal
Rappels:
Ne pleure pas si tu m’aimes
Et voilà

 

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Fabriqué au Québec
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Photo de bannière : Michelle Dunn
BANNIÈRE: MURIEL MASSÉ
WEBMESTRE: MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE

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