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David Gilmour NYC

Concert de David Gilmour
Une finale grandiose
Madison Square Garden, New York, le 10 novembre 2024
Publié le 16 novembre 2024

Par : André Thivierge

De retour dans la lumière

En septembre dernier, l’ex-guitariste de Pink Floyd est revenu dans la lumière après neuf ans d’absence. Il a sorti l’excellent album, son cinquième, Luck and Strange.  À 78 ans, David Gilmour continue d’impressionner avec une oeuvre qui a été encensée par le public et a rapidement atteint le sommet des palmarès.  Ses fans à travers le monde espérait revoir le virtuose de la guitare une dernière fois avant son chant du cygne.

Tournée de 21 concerts dans 4 villes

Plutôt que de faire une tournée massive pour soutenir son album solo, David Gilmour a choisi de donner 21 concerts dans seulement quatre villes. Gilmour et son groupe extrêmement talentueux ont offerts six concerts à Rome, six à Londres et quatre à Los Angeles avant de se rendre à New York pour les cinq derniers concerts de la tournée. De cette manière, il s’est assuré de pouvoir permettre à ses nombreux admirateurs de choisir la ville la plus proche de leur lieu de résidence. 

Comme aucune ville canadienne n’était au programme de la tournée, il fallait choisir.  Mon collègue, Patrick Loiselle a choisi de se rendre à Rome le 1er octobre dernier pour le 4e soir de sa tournée.  Vous pouvez lire son compte-rendu ici : https://famillerock.com/david-gilmour-a-rome/

En ce qui me concerne, j’ai choisi d’assister à sa toute dernière représentation au Madison Square Garden (MSG) à New York.

Celle-ci sera probablement remplie d’émotion car bien que Gilmour n’ait pas déclaré que cette courte tournée serait sa dernière, il a récemment déclaré que « cela pourrait être le cas, évidemment ».

Peut être une image de 6 personnes, foule, Times Square et texte

Le Luck and Strange Tour de Gilmour se distingue de la plupart des tournées de concerts actuelles par un autre aspect notable. Bien qu’il soit loin d’être un des seuls rockers classiques encore sur la route, la légende anglaise – surtout connue comme membre de Pink Floyd, l’un des groupes de rock les plus aventureux, influents et commercialement réussis à avoir vu le jour dans les années 60 et à s’être imposé comme une force majeure pendant des décennies – est l’un des rares vétérans des concerts en arène à être principalement connu en tant que guitariste.

Certes, il a chanté (« Breathe », « Wish You Were Here ») ou partagé les voix (« Time », « Comfortably Numb ») sur plusieurs des chansons les plus appréciées de Pink Floyd, mais la forme d’expression la plus distinctive de Gilmour est son jeu de guitare. Lors de la tournée, l’homme de 78 ans a démontré ce que de nombreux bluesman vieillissants ont prouvé avant lui : les années peuvent user les cordes vocales, mais les accords de guitare parlent toujours aussi clairement.

De l’électricité dans l’air!

Dans ce temple mythique des arts et du sport, il y avait déjà de l’électricité dans l’air.  La salle, remplie à pleine capacité était très animée à l’aube du spectacle.  Et fait peu surprenant compte tenu de l’amour des québécois pour Pink Floyd et son guitariste, j’ai entendu beaucoup de personnes discuter en français, tant dans l’aire de vente de matériel promotionnel de Gilmour que dans les gradins. On remarque aussi une foule très variée, allant de jeunes personnes de la génération X aux baby boomers.  C’est à dire que la musique offerte en cette  soirée mémorable transcende les générations.

May be an image of crowd

Son groupe se compose de Ben Worsley à la guitare, Guy Pratt à la basse, Greg Phillinganes et Rob Gentry aux claviers, Adam Betts à la batterie, Louise Marshall au piano et au chant, Hattie Webb à la harpe et au chant, sa sœur Charley Webb au ukulélé, et la fille de Gilmour, Romany Gilmour, au chant et à la harpe.

Soudain, les lumières se tamisent et Guy Pratt (qui joue également dans le groupe Saucerful of Secrets de Nick Mason) sort pour demander poliment mais fermement au public de rester « présent » tout au long du concert et d’éviter de regarder tout le spectacle à travers l’écran d’un téléphone portable – et plus important encore, de ne pas allumer la lampe de poche de son téléphone (« David déteste ça ») en indiquant que le spectacle de lumière pendant le concert serait suffisamment bon pour satisfaire tout le monde. On peut se demander si le public du MSG était composé d’auditeurs exceptionnellement dociles ou simplement de personnes moins enclines à immortaliser chaque instant de leur vie sur les médias sociaux, mais les spectateurs ont dans l’ensemble répondu à l’appel – un petit miracle en 2024. .

Il n’y a pas eu de première partie au concert. Celui-ci comprenait deux sets séparés par un entracte de 25 minutes et un rappel. Un grand écran circulaire situé au-dessus du groupe diffusait des images et des vidéos, et l’éclairage a été utilisé à bon escient tout au long du concert.

Soudain, il a suffit d’une note de guitare perçant l’obscurité d’une arène – une note s’élevant vers le ciel, comme si elle se réveillait – pour reconnaître le guitariste. Dès que David Gilmour a frappé le mi aigu introductif de « 5 A.M. Rattle That Lock – 1996 », accompagné uniquement d’une lumière rouge tamisée et de quelques synthés encore plus doux, le public du MSG a applaudi. Les lumières se sont lentement éteintes, la célèbre posture de Gilmour est apparue, et toutes les notes larmoyantes qu’il a pu tirer de son instrument ont été mises en lumière et applaudies pendant les deux heures qui ont suivi.

David Gilmour and his band are shown during the performance on November 4, 2024 at New York City’s Madison Square Garden. (Photo Credit: Emma Wannie/MSGE)

Cette entrée en matière a été suivie par deux extraits de l’album Luck and Strange qui a été joué dans son intégralité pendant soirée. La première était l’instrumentale atmosphérique « Black Cat », pendant laquelle Gilmour était sous les projecteurs au centre de la scène.

Les images et les sons ont éclaté en couleurs avec le titre « Luck and Strange », un morceau bluesy, construit en studio autour d’un jam d’improvisation musicale enregistré en 2007 avec le défunt claviériste de Pink Floyd, Richard Wright. « C’était le bon temps, c’est sûr », a chanté Gilmour en évoquant ses jeunes années, incarnant la nostalgie des paroles de sa partenaire Polly Samson. Ce sentiment s’accompagne du souhait qu’un tel « âge d’or paisible » ne soit pas une « exception ».

Les phrases vocales de Gilmour s’entrechoquent avec les traits de guitare fluides de Worsley, préparant le terrain pour le solo de guitare hypnotique de Gilmour à la fin de la chanson.

Pictured left to right are Guy Pratt, David Gilmour and Ben Worsley during Gilmour’s concert on November 4, 2024 at New York City’s Madison Square Garden. (Photo Credit: Emma Wannie/MSGE)

Avant la tournée, une rumeur circulait selon laquelle Gilmour ne jouerait aucune pièce de Pink Floyd. Cela semblait peu probable, compte tenu de son rôle de compositeur et de chanteur de tant de chansons phares du groupe. Il a fini par céder au désir de ses fans et interpréter les pièces les plus significatives pour lui de ce répertoire. 

Et c’est après les deux pièces du dernier album que Gilmour a commencé à puiser dans le catalogue de son ancien groupe. Il a joué un segment de The Dark Side of the Moon (1973), combinant « Breathe (In the Air) » et « Time ». Greg Phillinganes, l’un des deux claviéristes du groupe de tournée de David, a repris le chant du regrettté Rick Wright sur « Time ». La performance était également accompagnée de vidéos animées de pièces d’horlogerie projetées sur un grand écran derrière la scène. Pendant ce segment, des clips d’animation d’époque de la tournée originale Dark Side of the Moon ont été diffusés sur le grand écran cyclorama situé derrière le groupe.

Le segment consacré à l’album le plus populaire de Pink Floyd s’est terminé par une reprise majestueuse de « Breathe ». La foule a poussé un rugissement assourdissant à la fin.

La chanson « Fat Old Sun », tirée de l’album Atom Heart Mother (1970), de Pink Floyd a suivi. Avec une grande image de soleil sur l’écran au-dessus du groupe, Gilmour a commencé la chanson à la guitare acoustique, avant de passer à une Telecaster. 

La voix haut perché de Gilmour était surprenante. Le jeu de guitare pedal steel de Worsley sur la chanson était assez remarquable. La puissance et le volume du groupe ont considérablement augmenté dans le dernier tiers de la chanson, qui s’est terminée par un travail de guitare incendiaire de Gilmour.

Le groupe a ensuite interprété l’instrumental « Marooned », tiré de l’album The Division Bell (1994) de Pink Floyd. Le jeu de guitare de Gilmour au début de la chanson était remarquable. Le public a applaudi à tout rompre à la fin de la chanson.

Si « Time » déplorait l’ennui des moments perdus, le titre « A Single Spark » de Luck and Strange mettait à nu l’idée que chaque seconde est un trésor. « N’est-il pas vrai que tout est dans une seule étincelle entre deux éternités », chante Gilmour avec une voix mesurée. La chanson atteint son apogée avec des cordes cinématiques et une autre sublime excursion à la guitare.

Gilmour a ensuite interprété l’un de ses morceaux fétiches, « Wish You Were Here », un classique de Pink Floyd de 1975, un moment magique qui a été l’un des moments forts du spectacle. La quasi-totalité du public a chanté avec David pendant la performance. Gilmour est ensuite venu sur le devant de la scène pour s’adresser à la foule, ce qui lui a valu une longue ovation.

Gilmour a ensuite fait venir sa fille Romany, âgée de 22 ans, qui a chanté et joué de la harpe tout au long de Luck and Strange. Romany a rejoint le groupe pour le reste du concert.

Peut être une image de 3 personnes et guitare

Après une interprétation de l’instrumental « Vita Brevis » de Luck and Strange, les projecteurs se sont braqués sur Romany, qui a joué de la harpe et chanté sur la reprise de « Between Two Points ». Cette chanson, enregistrée à l’origine par le duo britannique  The Montgolfier Brothers en 1999, est la seule chanson non originale figurant sur le dernier album du guitariste. Il n’est pas toujours facile pour un artiste célèbre d’inviter ses enfants, mais Romany possède un phrasé sombre et clair qui, à l’instar des solos de guitare de son père, est déployé de manière discrète et directe ; il vous captive tout en vous creusant l’intérieur du corps.

« Cesse d’espérer à un âge précoce », chante Romany dans l’expression du désespoir de la chanson, avec une mélodie paradoxalement invitante. Cette performance a été l’un des moments les plus marquants du spectacle, ce qui est d’autant plus remarquable que la chanson provient d’un nouvel album et n’a pas bénéficié d’années de familiarité. Après la section vocale, la guitare éplorée de David Gilmour poursuit l’histoire.

Une version inspirée de « High Hopes », tirée de The Division Bell de Pink Floyd, a clôturé le premier set. Des ballons de plage géants ont été lancés dans la foule pendant la performance, créant un spectacle presque surréaliste, ce qui a donné lieu à une scène assez mouvementée, les membres du public les lançant vers le haut, puis les faisant redescendre.

Les temps forts de la deuxième partie

La deuxième partie du concert a débuté par une interprétation enflammée de « Sorrow », un instrumental tiré de l’album studio A Momentary Lapse of Reason (1987) de Pink Floyd

Romany Gilmour a rejoint son père pour harmoniser la chanson « The Piper’s Call », la meilleure pièce à mon avis de Luck and Strange. Gilmour a joué de longues notes inquiétantes avec un ton profond et grondant et s’est tenu debout, éclairé par des lasers éblouissants. Alors qu’Adam Betts lançait le rythme robuste de la chanson, Guy Pratt, bassiste de longue date, et Romany se sont mis au diapason. Un brouillard se répand dans la salle, ponctué par des lasers qui dansent contre le fond de la salle.

Le père et la fille ont chanté dans une harmonie intime pendant les doux avertissements et les leçons de vie de « The Piper’s Call ». Côte à côte, ils ont échangé des regards et des sourires affectueux.  Sur le grand écran, Romany est apparue comme la fille de son père et le portrait craché de ses jeunes photos.

Gilmour et son solide groupe ont retourné ensuite à The Division Bell pour l’hymne « A Great Day for Freedom ». Cette dernière chanson a été mise en valeur par le solo émotif de David et les chœurs des choristes.

La chanson « In Any Tongue », tirée de l’album Rattle That Lock (2014) de Gilmour, a bien sûr été un moment musical fort de la soirée, enflammée par ce son grave, mais renforcée par les solos expressifs et puissants de Gilmour et de Worsley. Le thème anti-guerre de la chanson a été renforcé par la même vidéo déchirante projetée en arrière-plan dans le film Live in Pompeii de 2016, qui transmet l’idée que la violence militaire n’épargne ni les envahisseurs, souvent réticents, ni les envahis.

Par la suite, l’attention de la foule s’est concentrée sur Louise Marshall, qui était assis au piano sur scène, entouré de Romany et des soeurs Webb. Les chanteurs ont ensuite fait une démonstration d’harmonie vocale, livrant une version étonnante et dépouillée du joyau de The Dark Side of the Moon, « The Great Gig in the Sky » pendant que Gilmour était assis a jouer du lap-steel guitar.

Peut être une image de 6 personnes et saxophone

Chacune des interprètes se relayaient une après l’autre ce qui a offert une performance plus douce et très différente de celle originale de Clare Tory. Le résultat était envoûtant et les applaudissements de la foule à la fin de la chanson ont été soutenus et assourdissants.

Les autres membres du groupe sont revenus sur scène pour interpréter la magnifique chanson « A Boat Lies Waiting », tirée de l’album Rattle That Lock. Offerte à l’origine en mémoire de Richard Wright, la chanson, chargée d’harmonies, est riche, aimante et triste. Les réflexions de la chanson d’adieu sur la mortalité ont été amplifiées par les morceaux de Luck et Strange. « Je rame juste derrière toi », a chanté Gilmour en mémoire de son ami disparu.

Le guitariste a ensuite rendu hommage à son épouse, Polly Samson, qui est sa principale parolière depuis les années 1990 et a ensuite interprété la chanson « Coming Back to Life » (1994) de Pink Floyd, qu’il a écrite pour elle.

Pour conclure la 2e partie du concert, David Gilmour a interprété les trois autres chansons restantes de Luck and Strange. L’enivrante « Dark and Velvet Nights » a été le morceau le plus chaud de la soirée, évoquant l’arc de la romance et la vie engagée d’un couple amoureux. Le texte amoureux est un poème de Samson offert à Gilmour à l’occasion d’un récent anniversaire. Avec sa douce ambiance et la guitare espagnole de Worsley, « Sings » est une vision plus méditative du sujet. « Darling, turn back the clock », chante Gilmour dans une chanson de gratitude pour les années de confiance et de sécurité passées ensemble. La vidéo montre Gilmour dans des moments heureux avec ses enfants, alors qu’ils sont tout petits à la maison. La chanson s’achève sur la voix de Guy Pratt à la basse.

Peut être une image de 3 personnes et éclairage

Viens finalement l’atmosphérique « Scattered », qui clôt l’album. La pièce s’ouvre sur un bruit de battements de cœur sourds. La lumière se reflétait sur une boule disco suspendue au centre du plafond de la salle, qui envoyait des taches de lumière dans toute l’arène. Le travail de Gilmour à la guitare tout au long de la chanson était impressionnant, et il a fait une belle partie vocale à la fin de la chanson. Le public a applaudi à tout rompre. Gilmour a alors remercié le public et lui a souhaité bonne nuit, tandis que lui et le groupe quittaient la scène. Le spectacle n’était pas tout à fait terminé.

Une finale grandiose

Gilmour et son groupe sont revenus pour une version épique de « Comfortably Numb », le classique de Pink Floyd The Wall (1979), qui a enthousiasmé le public du Madison Square Garden. La performance, qui comprenait de nombreux solos et un impressionnant spectacle de lumières laser, était la manière parfaite de terminer une soirée musicale inoubliable. Les effets visuels sur scène ressemblaient à une cellule de prison aux lumières blanches. À ce moment-là, la foule avait collectivement décidé qu’il était temps d’ignorer les exhortations de Pratt et de sortir les téléphones – mais vraiment, qui pourrait s’énerver ? Bien que le spectacle comprenne huit chansons d’un tout nouvel album solo, presque tout le monde au MSG samedi est resté présent, captivé et pour la plupart assis jusqu’à la toute fin.

Le solo épique de Gilmour à la fin de la chanson a propulsé le public dans les rues de Manhattan avec des yeux étoilés et la chair de poule. Les membres du groupe ont échangé de chaleureuses accolades avant de quitter la scène, et Guy Pratt a lancé des pics de guitare à des fans chanceux près de l’avant de la foule.

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La dernière fois?

Ce dernier concert de Luck and Strange a peut-être servi à souligner une vie musicale qui est restée constamment passionnée et pleine d’âme. Cependant, David Gilmour a laissé entrevoir l’espoir d’une suite. Il a dit « Bonne nuit » avant de quitter la scène et ajouter « On se reverra un de ces jours, avec un peu de chance ».

Peut être une image de 7 personnes, éclairage et foule

Si c’était ma première et dernière occasion d’entendre Gilmour en concert, c’est compréhensible et satisfaisant. C’est une légende qui a gagné son statut en jouant et en composant de façon remarquable pendant près d’un demi-siècle. Il n’a pas besoin de créer ou de jouer dans d’autres conditions que les siennes.

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