Spectacles

David Gilmour à Rome

David Gilmour, Rome
Le 1er octobre 2024 au Circo Massimo
Publié le 3 octobre 2024

Texte/Photos : Patrick Loiselle

La magie opère toujours!

Dans les échelons supérieurs de la hiérarchie des plus grands de l’histoire du Rock Britannique, on retrouve les Mick Jagger, Paul McCartney, Freddie Mercury, Jimmy Page et plusieurs autres. Cette liste comprend aussi, bien évidemment, David Gilmour. Alors, quand on apprend qu’il travaille sur un nouvel album, la planète Rock tend l’oreille. Mais, quand il annonce qu’en plus, une tournée suivra, les réseaux sociaux s’enflamment littéralement. Où, quand, combien? Toutes ces questions inondent la toile. Et quand les dates sont annoncées, c’est la joie pour certains et la consternation pour plusieurs!

Pour la sortie du petit nouveau, Luck and Strange, Gilmour a annoncé que seulement 4 villes seraient visitées cette année, avec plusieurs représentations à chaque endroit. Londres, au mythique Royal Albert Hall, Los Angeles, New-York au MSG et Rome, au site historique du Circo Massimo.

David Gilmour est, depuis longtemps, mon guitariste préféré. Même si mes goûts musicaux sont beaucoup plus orientés vers le hard rock et le classic metal. Mon rêve musical ultime était de justement le voir en spectacle, à Londres au Royal Albert Hall. L’occasion se présentait finalement cet automne. Le plan était très simple. J’achète mon billet et je pars 3 jours, seul, j’assiste au show et je reviens. Madame, n’étant pas vraiment intéressée et Londres, on connaît déjà. Facile, rapide et efficace. Sauf que, pour donner une chance aux résidents du Royaume-Uni de se procurer des billets, une prévente leur était destinée. Pratiquement tous les billets, pour les 6 soirs, s’étaient évidemment envolés lors de cette journée. Quand la mise en vente publique fut ouverte le lendemain, il ne restait plus rien. Rendu à mon tour, je me suis retrouvé les mains vides.

J’avais toujours l’option du Madison Square Garden à New-York. Pas aussi exotique comme virée, mais beaucoup plus simple dans le fond. Los Angeles ne me tentait vraiment pas et Rome me semblait improbable également. Il y aurait une prévente pour les résidents italiens. En fouillant et en utilisant Google Translate, j’ai trouvé que, si je m’inscrivais comme membre sur le site d’une station de radio italienne, j’aurais moi aussi accès à cette prévente, comme celle réservée aux locaux. Je m’inscris donc, mais avec quand même très peu d’attente.

Pour rendre les choses encore plus intéressantes, les 2 préventes, New York et Rome, se déroulaient pratiquement en même temps, à une heure seulement d’intervalle. Mon premier choix était quand même le MSG, mais je me retrouve au 25,000e rang, une fois sortie de la salle d’attente virtuelle de Ticketmaster. Hyper découragé, j’étais un peu frustré également! Habituellement, je réussis toujours à obtenir les billets que je veux. Sauf, cette fois-ci, ça regardait mal et je devrais assurément me tourner vers les sites de revente, que j’essaie d’éviter à tout prix! Mais 15 minutes avant le début de la vente pour Rome, je reçois un courriel, avec mon mot de passe, pour accéder comme un local à cette fichue prévente et ça fonctionne!

Me voici devant le plan complet des billets disponibles, pour la date du 1er octobre et je me ramasse avec l’option d’être 6e rangée, droit devant la scène.

Là, ça déboule vite dans ma tête, oui je veux aller le voir à Rome et non, jamais je me ferai pardonner d’y être allé seul! Donc 2 billets ce sera. Madame ne devrait pas trop grogner, surtout si j’extensionne de quelques jours notre séjour en sol italien. Et voilà,  la première étape, la plus compliquée réglée.

Rome est la première ville de la tournée officielle et il y sera pour 6 soirs. Nous, on y sera pour la quatrième soirée. Je voulais, si possible, éviter les toutes premières représentations. Souvent, ce n’est pas tout à fait rodé et il reste quelques détails à peaufiner. Rendu au 4e soir, ça devrait être bien. Surtout, qu’une semaine avant de débuter, l’organisation avait décidé d’offrir la chance à quelques 1500 spectateurs d’assister à deux représentations de pratique devant public, au Brighton Centre, en Angleterre. C’était l’occasion idéale de briser la glace et également de tester le nouveau matériel, mais dans un contexte un peu moins stressant qu’une grande première, spécialement après 8 ans d’absence, depuis son dernier vrai concert au Royal Albert Hall en 2016.

21 septembre , les chanceux spectateurs qui assistent à la répétition

Quand la tournée fut annoncée, David, lors de plusieurs entrevues, avait mentionné que plusieurs pièces de son passé floydien ne serait pas jouées, surtout les pièces composées principalement par Roger Waters. Il préfèrerait se concentrer sur ses albums solo et sa période post Waters, sans évidemment tout à fait renier ses grands moments des années 70’s. C’est exactement ce qu’il a joué pendant les deux premiers soirs devant son public restreint et les 3 premiers soirs de la tournée officielle, ici à Rome.

Le site choisi, le Circo Massimo, date de l’Antiquité romaine. À l’époque, c’était le plus grand amphithéâtre au monde. Au faîte de sa gloire, il pouvait accueillir près de 250K personnes et il servait principalement pour les courses de chariots. Malheureusement, il ne reste pratiquement plus rien de la construction, autre que le site lui-même. Mais, ça demeure un endroit mythique et tout à fait approprié, quand on connaît la relation que David Gilmour a avec l’histoire romaine. L’endroit est immense, mais pour l’occasion, seulement une portion est utilisée, donnant ainsi un semblant d’intimité, même si on était 18K personnes. Évidemment chacun des 6 soirs se jouera à guichets fermés.

Sur le coup de 21h, par une soirée absolument parfaite, le Maître s’amène sur scène et débute avec 2 pièces instrumentales, soit 5 A.M. et Black Cat. Le son est fantastique et la guitare de Gilmour survole les autres instruments et c’est ce qu’on veut. La scène est assez sobre et une fois les morceaux d’introduction réglés, le reste du groupe et les choristes font leur apparition et enchaîne avec la pièce titre du dernier album, Luck and Strange.

C’est maintenant le temps de plonger dans son passé lointain avec la suite, Breathe/Time/Breathe reprise. Pour la première fois de la soirée, l’énorme écran circulaire si familier, se met en évidence avec le film des cadrans en constant mouvement pour Time. Le système de lumières prend également son envol. C’est aussi à ce moment qu’on réalise que David a pris de l’âge, la voix n’est plus aussi claire, les notes plus hautes sont plus difficiles et ont baissé de tonalité et c’est juste moins puissant. Cependant, c’est un des seuls moments de la soirée, avec possiblement Wish You Were Here, qu’on s’en rend vraiment compte. Pour le reste, c’était quand même très bien. Même chose pour son jeu de guitare, c’est un peu moins fluide et précis que dans ses belles années. Mais le feel et ses textures sonores tellement reconnaissables sont toujours très présentes.

Pour les quelques mini accros, c’est définitivement quelque chose qu’on peut passer par-dessus. L’homme se rapproche dangereusement de ses 80 chandelles, faut quand même pas l’oublier!

Tant qu’à avoir ouvert la boîte à souvenirs floydienne, aussi bien continuer. C’est au tour de la rétro, Fat Old Sun, suivie de la superbe pièce instrumentale Marooned. Par la suite, c’est maintenant le temps de sortir la guitare acoustique, pour bien sûr entamer Wish You Were Here. Toujours une des pièces avec la plus grosse réaction. 

On est déjà rendu au moment que plusieurs attendait, si on se fie à l’accueil reçu, avec l’arrivée sur scène de sa fille Romany, pour nous interpréter la superbe reprise de The Mongolfier BrothersBetween Two Points.  Définitivement un moment fort de ce premier set. Elle chante identique à l’album et elle possède déjà le charisme réservé de son père.

Pour clore ce premier set, c’est l’incontournable High Hopes, le classique de l’album The Divison Bell. Il y’a eu un petit glitch rendu au solo de steel guitar, quand l’ampli semblait fermé. On voyait David jouer, mais aucun son ne sortait et finalement il s’est levé comme pour aller chercher une autre guitare, avant de rebrousser chemin et s’installer de nouveau et là tout s’est mis à fonctionner. Le groupe, pendant ce petit moment, a juste continué de jouer comme si rien n’était et finalement ça n’a pas trop paru et probablement pas du tout pour les moins connaisseurs. C’est ça du live!

Pendant le solo, d’énormes ballons blancs sont arrivés de nulle part et évidemment tout le monde s’est amusé à les relancer ailleurs, dont moi également! C’est maintenant l’heure de clore ce premier set, suivi d’une pause d’environ 20 minutes.

Le deuxième set débute avec une des meilleures pièces de la période post Waters avec Sorrows. L’éclairage vient de passer à un autre niveau, définitivement un rappel de sa période Pink Floyd.

Romany s’avance ensuite en avant, pour la deuxième fois de la soirée, pour accompagner David et enchaîner avec The Piper’s Call. Suivront ensuite A Great Day For Freedom, l’excellente On Any Tongue, avec un autre solo magistral, de son précédent album, Rattle That Lock, avant de nous présenter une version moderne du classique de Rick Wright, The Great Gig in the Sky. Version beaucoup plus feutrée où chacune des 3 choristes, dont l’une s’occupait de la jouer au piano et Romany nous offre leur différente interprétation. Moins spectaculaire et punchée que la version originale, mais cette nouvelle adaptation est très belle et intime.

Après quelques autres pièces, c’est au tour de Dark and Velvet Nights et l’écran est maintenant utilisé à son plein potentiel avec des scènes vraiment bizarres et colorées, représentant la vie et la mort. Ce thème a, en effet, été grandement exploité sur le dernier album. Finalement, ce deuxième set se termine par la superbe Scattered. Ce morceau est vraiment le gros moment du dernier album, avec son solo de guitare absolument épique. Vraiment très bien réussi.

Pendant la soirée, la foule fut spécialement disciplinée et tout le monde est resté assis pendant l’ensemble des 2 sets, sauf que pour le rappel, puisqu’on sait tous ce qui s’en vient, c’est la folie vers le devant de la scène, un vrai stampede et les gens de la Sécurité ont juste abdiqué! On était déjà très près, donc ce ne fut pas tant un enjeu pour nous, mais c’était définitivement moins confortable et plus chaotique! 

Le groupe revient finalement sur scène pour l’immortelle Comfortably Numb. Rendu au mythique second solo, la marée de cellulaires était juste incroyable, c’était quasiment beau, tout cet éclairage! J’imagine ce que ça devait donner comme impression, vu de la scène. Voir et entendre ce solo, joué live, est juste magique. Il existe peu de ces moments immortels de musique, qui sont imprégnés dans notre culture moderne et Comfortably Numb en est définitivement un.

Une fois, les dernières notes jouées, même si on aurait voulu qu’il étire encore plus le solo, tout le groupe se rassemble en avant pour nous saluer une dernière fois, mettant ainsi fin à cette incroyable odyssée musicale.

Fort probablement que hier soir était la dernière fois que je le verrais en spectacle et si jamais c’était effectivement le cas, quelle façon magique de terminer l’aventure! Le voir à Rome, dans la Ville Éternelle, dans un site historique légendaire, sous un ciel étoilé et le voir nous offrir une telle performance, je ne peux demander mieux. La boucle est bouclée, je suis comblé!

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