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Dream Theater – Parasomnia

Dream Theater (partie 2)
Album Parasomnia
Publié  le 18 février 2025

Par Patrick Loiselle

Pour les insomniaques !

Quand Dream Theater, le 25 octobre 2023, annonçait le retour de Mike Portnoy, après une absence de 13 ans, leurs plans futurs furent également dévoilés. La première étape, entrer en studio et travailler sur leur 16e album. Une tournée, coïncidant avec le 40e anniversaire du groupe, suivrait par la suite, incluant une visite à Montréal le 12 mars prochain.

C’est donc, à partir d’une page blanche, que le 7 février 2024 débutait le processus de composition. Un an plus tard, jour pour jour, le 7 février 2025, nous voici avec le résultat final entre les mains et c’est du costaud!

C’est un opus de plus de 70 minutes pour 8 pièces (7 vraiment, puisque Are We Dreaming se veut plus un interlude de 90 secondes) qui nous est présenté. Sans être un album concept, toutes les pièces ont en commun la même thématique, soit différentes phases du trouble du sommeil. On y retrouvera plusieurs rappels entre les pièces, tout au long de l’album. Donc, même si on ne parle pas d’une histoire linéaire à proprement dit, musicalement, l’album est fait pour être écouté d’un bout à l’autre, dans l’ordre défini.

Après plusieurs écoutes sérieuses, si j’avais à résumer le tout en un seul mot, j’irais avec “Familiarité”. En l’écoutant, l’analogie que je pourrais donner, est comme d’avoir retrouvé mon t-shirt préféré, celui avec lequel je suis le plus confortable. 

Familiarité également pour les nombreux clins d’œil à leur passé, mais sans jamais tomber dans la facilité ou la redondance. Dream Theater a son propre code génétique et ne ressemble à rien d’autre qu’à eux mêmes et il n’y a rien de mal à vouloir célébrer son histoire.

Lors des entrevues données pour en faire la promotion, ils ont candidement avoué qu’ils n’avaient aucun problème à flirter avec la nostalgie et qu’effectivement certains bouts pourraient avoir un air de déjà-vu. C’était voulu ainsi. 

Voici donc mes impressions de ce 16e album studio, Parasomnia

In the Arms of Morpheus (5:23); une pièce instrumentale, débute l’album et déjà on a une bonne indication de la direction que le groupe prendra. Après quelques bruits d’ambiance pour nous situer dans le contexte, jusqu’à ce que le protagoniste de l’histoire ferme sa lumière pour la nuit, une intro douce avec en relief un bruit d’horloge s’ensuit. Puis, soudainement, arrivant de nulle part, les claviers et surtout ce riff de guitare ultra heavy, qui n’est pas sans rappeler le vieux King Crimson de l’époque Red, annoncent l’assaut.

La thématique de l’album est sombre et après quelques minutes seulement, on sent qu’on se retrouvera beaucoup plus dans les eaux de Train of Thought que n’importe quel autre album. Et c’est parfait pour moi, c’est mon numéro 2 dans ma liste d’albums préférés du groupe, après Scenes from a Memory.

La guitare de John Petrucci est lourde à souhait et Jordan Rudess aux claviers, suit la parade en nous sortant des sonorités absolument appropriées au thème. Souvent, je trouve son jeu un peu léger ou au contraire trop grandiose, pour ne pas dire “Disneyesque”, mais pour l’entièreté de l’album, il gardera le cap. Son jeu sera plus nuancé tout au long. Encore une fois, une similitude avec Train of Thought. La pièce se termine avec le premier de plusieurs excellents solos de John Petrucci et une mélodie qu’on retrouvera à quelques occasions. Excellente entrée en matière.

Studio, enregistrement, Jordan Rudess, 2024, pour Parasomnia

Pour la deuxième pièce, Night Terror (9:55), on la connaissait déjà, étant le premier simple disponible depuis quelques semaines. Le groupe avait choisi cette pièce comme introduction à l’album, puisque ce fut également le premier morceau sur lequel ils avaient travaillé. 

Le riff nous ramène à la sonorité très lourde de Train of Thought et ça démarre solide. Finalement, on reconnaîtra immédiatement la signature particulière de Mike Portnoy. C’est également la première apparition de James LaBrie. Tout le long de l’album, je l’ai trouvé très bon. Par le passé, il lui arrivait d’essayer de vouloir trop en mettre et il n’a plus le registre pour reproduire le tout en mode live. Pour Parasomnia, il est resté en contrôle et a très bien su s’ajuster, pour où il en est maintenant rendu vocalement.

C’est également l’occasion d’entendre le premier vrai jam et clairement, on peut sentir l’influence Portnoy. C’est complexe et acrobatique mais toujours en contrôle. Un peu ce que je reprochais à l’occasion lors des derniers albums. On avait l’impression que le groupe voulait tellement montrer sa virtuosité que le focus et le fil conducteur en souffraient. Ça en devenait un brin cacophonique par moment.

Suivra ensuite A Broken Man (8:29). Ça débute très fort, un brin symphonique et Jordan Rudess est beaucoup plus sollicité. Son jeu, tout en subtilité, cadre parfaitement avec la thématique. Quand vient le temps à Petrucci d’y aller de sa contribution, on croirait entendre du Steve Morse (Deep Purple, Dixie Dregs). Possiblement un genre de petit hommage, Morse a été une des grandes influences de John. De tous les morceaux de l’album, c’est elle qui se rapproche le plus de la période Mangini. Une bonne pièce, mais rien de spécialement inoubliable. Pour moi, la plus faible de l’album.

Dead Asleep (11:06), raconte l’histoire vécue d’un homme qui a étranglé sa conjointe pendant un épisode de somnambulisme. Il fut acquitté, lorsque la Défense réussit à prouver son historique et ses problèmes déjà connus! Dès les premières notes, on retrouve à nouveau ce sentiment de déjà-vu. Pas tant au niveau de Dream Theater, mais plus pour une ressemblance avec le classique de Ozzy Osbourne, Diary of a Madman. C’était exactement le but que Petrucci recherchait. Le sujet de la pièce s’y portait à merveille selon lui et il voulait s’inspirer de l’ambiance un peu noire de l’original. Si par contre j’avais à lui trouver une ressemblance avec une de leurs anciennes pièces, je dirais Sacrificed Sons de l’album Octavarium.

Un riff très lourd sonne la charge, mais est contrebalancé par un court solo. Très bonne performance de LaBrie sur ce morceau, très en contrôle.

Studio, enregistrement, James Labrie, 2024, pour Parasomnia

Pour la portion instrumentale, ça débute par un solo de Petrucci et Rudess lui donne ensuite la réplique. On aurait pu se penser à écouter une pièce de Liquid Tension Experiment. Du très haut calibre et un des moments forts de l’album. Elle se termine par le rappel du début, tout en douceur, juste pour renforcer l’image de la douleur et la gravité de la situation. Une pièce absolument épique.

Midnight Messiah (7:58); fut le troisième simple à sortir, et ça sonne comme une pièce qui aurait aussi pu figurer sur Train of Thought. Un morceau avec un refrain accrocheur et un solo assez classique. Au final, elle est somme toute relativement facile à digérer. Une bonne pièce, mais rien de vraiment nouveau.

Are We Dreaming (1:27), est vraiment juste un lien pour calmer les ardeurs et ralentir le tempo avant la pièce la plus tranquille de l’album.

Bend the Clock (7:23), est juste superbe et y figure le meilleur solo de Petrucci de l’album à la fin. Sans dire que c’est une ballade, c’est un moment de répit qui est tout à fait le bienvenu et à propos. Les cinq premières pièces ont été un flot non-stop d’énergie, jouées de façon intense et rapide, ça prenait une pause. Sa position sur l’album est parfaite, exactement au bon moment.

La pièce comme telle est construite de façon assez standard, mais la mélodie est très belle, elle respire et ce solo un peu floydien à la fin, est magique et se termine en fade-out. Il n’est pas sans rappeler celui de Hollow Years sur le Live at Budokan, un de ses meilleurs en carrière ou également celui de The Best of Times de l’album Black Clouds and Silver Linings. Pure virtuosité et émotion. Pour plusieurs, j’ai l’impression que ce sera la préférée du lot!

The Shadow Man Incident (19:32); Dès que les premières informations sur l’album furent rendues publiques, c’est assurément celle qui intriguait le plus. LA pièce épique et on l’espérait, un véritable tour de force de près de 20 minutes qui nous serait offert.

Ça débute par une boîte à musique qui se fait crinquer, avec encore cette mélodie récurrente, suivi d’un bout instrumental syncopé à la Boléro de Ravel. S’enchaîne ensuite un excellent riff de Petrucci, suivi d’un autre de ses superbes solos mélodiques, jusqu’à l’arrivée des vocaux. Pour l’occasion, on se retrouve tout droit à l’époque de Octavarium. Le feel, le ton et les enchaînements me font définitivement penser à cette période. 

Tout le long de l’album, malgré les nombreuses passes acrobatiques, on sentait qu’il y avait une certaine retenue de ne pas trop en rajouter. Tout était toujours bien encadré. On comprend un peu plus pourquoi! À partir de la séquence partant vers 10:00 et pendant les cinq minutes suivantes, les écluses sont grandes ouvertes et tout le monde s’en donne à cœur joie. C’est exactement à ce moment qu’on comprend réellement ce que Mike Portnoy apporte au groupe, musicalement. C’est pratiquement lui qui dirige les harmonies et les autres instruments le suivent. C’est intense et furieux, mais toujours très cohérent. La meilleure passe technique de l’album. 

Studio, enregistrement, Mike Portnoy, 2024, pour Parasomnia

Une fois l’ouragan passé, LaBrie revient pour une dernière fois, suivi d’un dernier solo majestueux de John Petrucci, avant de se terminer par le rappel de la thématique. Grandiose!

L’opus se termine par un dernier petit interlude où notre ‘héros’ se fait réveiller au matin. Finalement, sa nuit mouvementée est terminée…jusqu’à la prochaine!

Studio, enregistrement, John Petrucci., 2024, pour Parasomnia

C’est un album qui est long et lourd à digérer d’un seul coup et qui nécessitera obligatoirement plus d’une écoute pour s’en faire une bonne idée. Les performances individuelles quant à elles, sont, comme on s’y attendait, absolument incroyables. 

Au niveau de la production, c’est superbe, avec un petit bémol cependant; John Myung est, comme c’est souvent le cas, trop bas dans le mix. Il aurait pu être plus présent et l’atmosphère lourde et lugubre du thème en aurait profité! 

La grande question maintenant! Après une absence de 13 ans, l’attente en valait-elle le coup? Absolument! 

Certains diront que le groupe aurait pu être plus aventureux, sortir des sentiers battus et profiter de l’occasion pour nous sortir quelque chose de jamais vu avant! D’un autre côté, plusieurs se réjouiront d’avoir retrouvé cette familiarité, qui manquait depuis si longtemps. Il y aura des disciples dans les deux camps, c’est certain!

Est-ce leur meilleur album? Non, mais il est assurément parmi les très bons de leur carrière et surtout, un retour au bercail réussi pour Mike Portnoy.

Un solide 8.5 pour moi et vivement Montréal le 12 mars! Le troisième volet de cette série, sera justement ma critique de cette prestation.

 

Fabriqué au Québec
Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone
 

INFOGRAPHE: MURIEL MASSÉ
WEBMESTRE: MARCO GIGUERE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE

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