Entrevues

François Gagnon Acoustalectric (3)

François Gagnon, de Musical Box à Acoustalectric (partie 3)
Publié le 4 juillet 2025

Par : André Thivierge

Une carrière musicale peu banale (3e partie)

Originaire et toujours résident de Thetford-Mines, François Gagnon connait une carrière musicale peu banale.  Guitariste autodidacte qui a appris le métier dans les bars et dans plusieurs régions du Québec, il est devenu membre du plus important groupe de personnalisation de la musique de Genesis, The Musical Box. Ce musicien capable d’une grande virtuosité a rencontré et cotoyé sur scène deux des membres célèbres du groupe, Phil Collins et Steve Hacket tout en développant ses capacités d’auteur compositeur et d’artisan luthier.

Étant aussi originaire de cette région, j’ai eu la chance de mener une entrevue de 75 minutes avec ce sympatique discret personnage dont les lecteurs de Famille Rock ont tout intérêt à connaître et apprécier. En voici la troisième de 3 parties des faits saillants.

Autres rencontres marquantes

FR : Pendant toutes ces années avec The Musical Box, tu as fait d’autres rencontres très intéressantes.

Tony Levin jouait sur les Plaines au Festival d’été de Québec avec son trio acoustique avant Yes et ces derniers avaient annulé à la dernière minute et on a pris la place.

Breen Leboeuf, c’était au Festival de la Relève ici, à Thetford Mines. Bob St Laurent qui a passé presque 5 ans comme batteur avec nous a joué souvent avec lui et le lien s’est créé comme ça. Il est tellement fin Breen !

Danny Carey de Tool a été rencontré durant le Yestival, où on a joué Foxtrot juste avant Yes et lui jouait en après midi avec Volto et nous sommes restes amis depuis. Quel super humain ce Danny. Pour le Yestival, ils voulaient qu’on soit avant eux pour fitter avec leur concept vu que Genesis était du prog de la même époque.

J’ai rencontré Steve Harris, bassiste d’Iron Maiden à l’Olympia de Paris. Il était en studio à Paris pendant l’enregistrement de leur avant dernier double album, en plein avant la découverte du cancer de Bruce Dickinson. Il savait ce qu’on faisait par Denis qui avait laissé un livre programme de The Musical Box pour lui à une salle où ils allaient jouer 2 semaines apres nous en Allemagne.

J’ai aussi eu la chance de rencontrer Jonathan Mover, batteur entre autres avec Joe Satriani. Il a remplacé à la batterie pour 5 shows avant qu’Antoine Baril vienne pour un plus longue période.

 

Je ne peux oublier non plus ma rencontre avec Guthrie Gowan, un guitariste jazz rock fusion de l’heure que j’adore après son spectacle à Québec avec The Aristocrats. C’est mon côté jazz rock, j’en écoute beaucoup de même que du vieux jazz. J’écoute aussi beaucoup de musique classique.

Travail de luthier

FR : Tu as développé un métier parallèle. As-tu commencé ça avant de travailler avec The Musical Box? 

Écoute, moi j’ai toujours bricolé mes instruments. Au début, c’est parce que je ne travaillais pas pour faire d’autres choses. Je ne faisais pas d’autres choses que de la musique. Dans le temps, les ados, ça ne travaillait pas comme aujourd’hui. Maintenant, ils sont capables de s’acheter leur premier char. Et moi, dans le temps, j’avais pas de sous, fait que j’ai tout le temps appris à bricoler mes affaires moi-même.

J’avais mon premier band quand j’avais 15 ans qui s’appelait Opaque. Pis ma première  guitare Gibson, c’est là que je l’ai eu. Mais par après, tous les ajustements, j’étais très manuel, j’étais un grand bricoleur. Puis, à 20, 22 ans peut-être, j’ai commencé à en faire pour du monde qui me le demandait. Puis là, c’était moins complexe au début, c’était surtout des ajustements. Puis à un moment donné, dans les années 80, j’ai commencé à travailler les amplificateurs de guitares à lampes.  Je me suis mis à bricoler mes amplis de guitare pour les modifier. Puis, en tout cas, je me suis éduqué moi-même, comme la guitare. Je me suis éduqué moi-même à travailler là-dedans.

Puis là, en 2000, le magasin Style Musique ici à Thetford Mines, qui vient juste d’être vendu il y a trois ans à Long and McQuade, m’a fait rentrer comme technicien, puis là, je travaillais pour la compagnie Fender, pour la grade médium. Je ne faisais pas les plus petites jobs, puis plus ou moins les plus grosses jobs, là, mais j’étais intermédiaire. Fait que j’ai fait ça 23 ans pour Fender et puis en parallèle à tous les autres jobs que je faisais pour les clients qui rentraient dans le magasin. C’était de la réparation, ajustement, modification, guitare et d’amplis, à l’occasion des nettoyages de consoles et de claviers. Bon, je fais encore ça. Là, maintenant, vu la vente du magasin de musique, il y a des circonstances qui ont fait que j’ai décidé de déplacer ça dans mon sous-sol. Mais finalement, c’est toujours pareil. Le magasin m’a envoyé de la job, puis les clients viennent me voir directement. Ça fait que ça, c’est pour ma lutherie.

Photo de droite : Avec Antoine Baril, connu comme le One Band Genesis

Puis c’est pour ça aussi que j’ai fabriqué avec Michel Pellerin la guitare deux manches. Je faisais aussi des jobs d’ajustement pour le band. Des fois, en tournée, j’ai dépanné des affaires qui étaient brisées. C’est arrivé que j’ai réussi à réparer des choses. 

J’ai travaillé les amplis pour avoir le son des années 80. C’est là que je suis arrivé à un design d’ampli custom au début des années 90. Suite à cela, j’ai fait pas mal de modifications pour des guitaristes dans et en dehors de mon environnement. En dehors de The Musical Box, je joue seulement avec des amplis que j’ai fabriqué moi-même étant basés sur mon design. J’ai fabriqué ma propre guitare à l’âge de 20 ans, celle que je tiens sur la pochette de mon album solo.

L’épiphanie musicale

FR : Justement, revenons à la musique.  Depuis le début de ta carrière, tu as fait beaucoup de reprises, dans les bars puis avec The Musical Box. Et soudainement, en février dernier, tu lances une bombe musicale, un album de musique progressive instrumentale intitulé Acoustalectric. Est-ce que ça mijotait depuis longtemps? Est-ce une épiphanie?  Parle-moi un peu de ce projet-là.

Ça fait 23 ans que je travaille sur cet album-là. À un moment donné, quand c’est devenu possible d’avoir des petits 8 pistes digitales à la maison, je me suis dit qu’il faut que je m’achète ça à un moment donné. Puis j’ai eu un cadeau de Noël, un petit appareil Roland. Ma blonde, elle regrettait sa shot à un moment donné, parce qu’elle dit « Maudit, t’es tout le temps en haut dans ton studio! » Mais là, les idées se sont mises à sortir. Là, les idées de musique que tu as sur cet album-là, là, ils ont commencé à sortir. Et puis là, ça y allait, là. L’album s’appelle Acoustalectric. Oui. Électrique, puis Acousta en premier.

Parce qu’il y a beaucoup de chansons, beaucoup de pièces, parce que c’est pas des chansons, il n’y a pas de texte. Il y a beaucoup de pièces dont l’idée a commencé sur la guitare acoustique. J’avais mis la main sur une petite guitare, pas cher, qui m’inspirait parce qu’elle avait une belle sonorité, puis elle jouait bien, puis c’était ma première, je trouvais, qui me donnait cet effet-là. Je me suis mis à jammer pour avoir des idées. Fait qu’il y a des tounes qui ont commencé comme ça, il y a des tounes qui ont commencé strictement à l’électrique. Mais là, il y en a eu cinq qui datent de 2002-2003, juste avant d’embarquer dans The Musical Box. Quand j’ai joint le groupe, c’est sûr que le projet est tombé sur la glace. Parce que là, le disque dur, il était dans une autre section. Absolument. Donc le disque dur, il travaillait fort dans un autre domaine, dans un autre répertoire.

Mais à un moment donné, à partir de la deuxième année, j’essayais d’avoir ma guitare à la chambre d’hôtel, puis là j’ai créé des croquis. Finalement, avec ma première caméra numérique, j’enregistrais des petits bouts de films quand j’avais des idées. J’ai tout gardé, tout, puis j’ai fait des tounes. Puis là, à un moment donné, il y a une chanson qui a été créée pendant la COVID, d’ailleurs  l’ambiance de la pièce le transparaît, le lockdown, on vivait tout, on était tout croche, poignés dans Je ne savais pas ce qui allait arriver.

Fait que j’ai quatre batteurs différents. Moi, je joue tous les instruments à cordes. Puis il y a une petite affaire de tambourine de rien du tout. Écoute, les cinq premières, le drum était monté en haut dans la chambre de mon garçon qui était juste à côté de mon 8×8 de studio. Puis c’était David Routier de Black Lake. Il travaillait chez Style Musique. Et puis, il était dans la jeune vingtaine. C’était tout un virtuose.Et puis, le deuxième batteur, il a enregistré chez lui. Le batteur suivant, ça a été, Bob Saint-Laurent. Il en a fait deux. C’était durant la COVID. Puis là, on n’avait rien à faire. Ça fait que lui, il dit, ça va me faire plaisir de faire ça pour toi. Ensuite de ça, le 4e batteur, c’est un gars qui est venu aussi jouer dans The Musical Box, c’est Antoine Baril qui est aussi connu comme le One Man Genesis. C’est un bon chum à moi maintenant, depuis qu’il est venu jouer dans le band, puis il m’en a fait deux. Et puis la dernière, c’est après la COVID, le titre, c’est 2022, parce qu’elle a tout a reparti. On a recommencé à jouer, tout allait mieux, etc.

Puis là, c’est Marc qui joue présentement, qui l’a joué. Donc là, c’est ces quatre batteurs-là. Puis là, c’était un projet qui a duré aussi tellement longtemps parce que moi, je n’avais pas de sous à mettre là-dedans. Je n’ai jamais pensé que c’était possible de demander une subvention pour travailler là-dessus.

Je travaillais en parallèle avec un gars qui fait des productions à Sainte-Marie de Beauce, Louis Bonneville. C’est lui qui a fait la pochette. C’est lui qui l’a projeté sur les plateformes. Un moment donné, on a essayé de faire du mastering en même temps. Ça a influencé mes mix. C’est la touche finale sur le mastering. Et là, j’avais aussi des défis techniques de mixage, j’avais des très, très vieux enregistrements qui étaient avec des nouveaux enregistrements. Ça ne sonnait pas pareil.

FR : Finalement, le projet est là. Tu l’as lancé dans l’univers en février.

Là, il est sur les plateformes numériques. Les gens qui veulent l’acheter peuvent le prendre sur Apple puis sur Amazon, mais il y a le plus évident, c’est Bandcamp.

FR : Il n’y a pas de projet pour avoir une copie physique?

C’est ça que j’attends. Parce que j’ai des chums musiciens qui me disent des fois qu’ils auront resté pris avec la copie. Parce que les gens, c’est drôle. Si je regarde des shows de métal, des shows de jazz, les artistes vendent le CD et ça va. Fait que là, si je réussis à rentrer dans un genre de créneau semblable. Peut-être que je pourrais en vendre. J’en ai qui m’en demandent, mais c’est très minime. J’ai essayé de diversifier le style et ne pas juste être dans la musique progressive. Il faut écouter l’album au complet pour en apprécier la diversité.

FR : Ça fait 21 ans que tu fais partie de The Musical Box. L’année passée, tu as fait ton millième spectacle. Tu viens de compléter ton projet solo, tu es luthier. Qu’est-ce que tu as en réserve pour l’avenir, François Gagnon?

Moi, l’avenir, là, écoute, de toute façon, je ne suis pas prêt à prendre ma retraite, simplement. J’ai commencé un petit peu tard à me préparer pour ça, ça fait qu’il faut que je travaille encore. Oui. C’est souvent le cas des musiciens. Je vais continuer de faire ma lutherie le plus longtemps que je peux dans mon sous-sol, comme sideline. Puis la musique, je n’irai pas faire de quoi qui est complètement différent de ce que j’ai fait. J’ai déjà, comme par exemple, quand on était dans le duo, ça arrivait des fois qu’on faisait des tournées tout seul, Éric et moi, chacun à notre bar à la fin de la veillée. Un moment donné, j’avais monté This is A Brick, tout seul, avec la guitare puis la voix, les parties, strictement acoustiques, j’avais ramassé ça dans une section, différentes sections, jusqu’à la fin, puis ça durait 4 minutes, 5 minutes, tu sais. Jouer pour du monde qui veut entendre ça, du monde qui veut entendre un genre comme ça, le monde t’appellera pas pis dire après ils t’ont engagé, ils disent « Hey, ça accroche pas ben ben ta musique, on peut pas danser. » Tu sais, un concept sur le monde, je sais pas moi, ils viennent vraiment pour voir ça. Ça c’est une idée que j’ai eue.

Mais le chanteur, est-ce qu’il va revenir dans le décor? 

Ouais. Être tout seul avec une guitare. Ça, c’est une idée que j’ai. Je vais essayer de garder ça, puis de faire revenir la voix. Faire partie d’un projet de musique originale avec d’autres membres. Parce que ce que j’ai fait là, faire ça tout seul, c’est tout seul. Mais là, l’avantage, c’est ce que j’ai vraiment pitché. Tellement que c’est presque pas jouable live finalement. Il y a trop de guitare. Il y a trop de stuff. C’est vrai que c’est dense.

Et bien sûr, François poursuivra son cheminement avec The Musical Box.  Le groupe vient d’annoncer une nouvelle tournée consacrée à l’album Genesis Live de 1973 et sera à Montréal, Québec et Gatineau en janvier 2026.

 

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