Spectacles

Voïvod Symphonique Montréal

VOÏVOD SYMPHONIQUE
Voïvod et l’Orchestre symphonique de Montréal
Salle Wilfrid-Pelletier le 29 janvier 2025 (1re de 2 soirées)
Un soir historique…
Publié le 31 janvier 2025  

 

Texte : Jérôme Brisson                        Photos : Michelle Dunn                    Texte/Photos/Vidéos: Muriel Massé

La Première de Voïvod Symphonique

 

Notre rédacteur Jérôme Brisson en compagnie des 4 Voïvod 

Souvenir d’adolescence :

8 février 1985, Vélodrome de Montréal. Soirée ROCK 85 organisée dans le cadre du Salon International de la Jeunesse. À l’affiche, quatre jeunes groupes hard rock/heavy métal québécois de la relève : Heavenknox, Stormbringer, Sword et Voïvod. C’était à Voivod que les organisateurs de l’événement avaient confié la tâche de clôturer la soirée, sans doute dans une optique de « garder le meilleur pour la fin » étant donné que le quatuor jonquiérois était le seul groupe parmi les quatre à l’époque à avoir sorti un album (sur une étiquette américaine de surcroît), ce qui lui conférait une certaine aura de prestige.

Toutefois, quand vers minuit trente les quelques 3 000 spectateurs encore présents virent arriver sur scène ces quatre jeunes teigneux aux accoutrements dignes de Mad Max et aux guitares à l’allure futuriste, bon nombre d’entre eux, aux goûts un peu plus conservateurs en matière de rock (rien de plus heavy qu’Ozzy ou Van Halen), n’avaient aucune idée de la tornade qui allait s’abattre sur eux dans les secondes qui allaient suivre.

Ce bombardement nucléaire de riffs de guitare dissonants, de solos éraillés, de basse vrombissante, de batterie qui bûche à une vitesse démentielle, le tout pimenté par les vociférations hardcore du chanteur Denis « Snake » Bélanger, allait susciter des réactions polarisées. Les acclamations enthousiastes des métalleux connaisseurs montréalais – dont certains étaient présents lors du premier passage du groupe en première partie de Mercyful Fate au Spectrum quelques mois plus tôt – se mêlaient aux huées des rockers plus mainstream, choqués par tant d’extrémisme musical.

Après une performance d’à peine 25 minutes (heure de fermeture des stations de métro oblige), le groupe doit à regret quitter après la cinquième pièce de leur set, la rageuse Suck Your Bone. Et le bassiste Jean-Yves « Blacky » Thériault, déçu, de hurler au micro : « There you go, c’est fini, tabarnac! » avant de disparaître en coulisses avec ses confrères.

1985 – Jonquière

Retour au présent

40 ans plus tard. 40 ans d’évolution, de métamorphoses… Les premiers succès critiques (d’abord à l’étranger puis chez nous), les ruptures, les changements de personnel, les tragédies (RIP Denis « Piggy » D’Amour!) Puis la résurrection, le second souffle, d’abord avec Dan « Chewy » Mongrain à la guitare (2008), puis avec Dominic « Rocky » Laroche à la basse (2014).

2014 – Trois-Rivières      (Photo : Valérie Gagné)

40 ans de carrière à assumer leur identité contre vents et marées pour en arriver à Voïvod Symphonique.

Cette soirée historique du 29 janvier 2025 où pour la première fois l’univers musical post-apocalyptique du légendaire groupe québécois bénéficiera de l’ampleur et de la richesse du traitement de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) sur la scène de la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.

Photo : Michelle Dunn

Le spectacle

Arrivés sur les lieux, ma collègue Muriel Massé et moi-même reconnaissons déjà dans la foule quelques visages amicaux familiers : Vincent Peake de Groovy Aardvark et sa conjointe Morèna, son vieux chum Stéphane Vigeant, Patrick Loisel le guitariste et chanteur d’Augury/Merfolk, la chroniqueuse Christine Fortier. Mon vieux chum Michel Rivard et sa douce, mais aussi des confrères de Famille Rock comme Larry Todd et François « Doc » Globensky. Un climat de douce complicité semble s’installer parmi les quelques 3 000 spectateurs de tous les âges qui prennent leurs places dans la vénérable enceinte, comme si nous n’étions qu’une grosse gang de chums qui avions décidé ensemble de nous payer le luxe de célébrer ce traitement royal accordé à nos idoles.

Une fois l’orchestre installé peu après 20 heures, le premier violon prend sa place près du podium, saluant l’auditoire en faisant le signe de la main cornue avec un sourire en coin, sous les vivats de l’assistance. Puis au tour de la jeune et dynamique cheffe d’orchestre Dina Gilbert, toute en sourires, de saluer la foule et de prendre place à son pupitre. L’orchestre entame alors une introduction dramatique en crescendo durant laquelle les héros de la soirée apparaîtront sur scène, d’abord Chewy avec son sourire fendu jusqu’aux oreilles, puis Rocky et Michel « Away » Langevin qui ira prendre place à sa batterie dans sa cage en acrylique, et enfin Snake qui semble goûter les acclamations d’un public déjà chauffé à blanc.

On se doit de souligner en passant le travail de la conceptrice visuelle Marcella Grimaux pour l’apport visuel des vignettes animées délirantes projetées sur l’écran géant LED derrière l’orchestre, inspirées de l’univers graphique d’Away, qui viendront ponctuer et illustrer chaque chanson du spectacle.

Photos : Michelle Dunn

Dès la première pièce, Experiment extraite de l’album Dimension Hätross, le ton est donné : les arrangements d’Hugo Bégin parviennent à maintenir l’équilibre parfait entre la puissance dramatique brute des compositions de Voivod et les possibilités expressives quasi infinies de l’orchestre pour rehausser et appuyer les chansons.

Holographic Thinking, seconde chanson du spectacle et seule pièce du plus récent album Synchro Anarchy, en est l’exemple le plus éloquent : les cordes et les cuivres de l’orchestre dupliquaient ingénieusement certains passages chantés par Snake et le pont de la pièce était joué uniquement par l’orchestre. À ce stade, Muriel, qui m’avouait ne pas être familière avec la musique de Voïvod et n’avoir jamais assisté à un de leurs concerts, me confiait être agréablement surprise d’une telle synergie. Non seulement entre les deux entités musicales sur scène, mais aussi entre la musique proprement dite et l’aspect visuel.

Glanés tout au long de leur discographie, les classiques s’enchaînent sans aucun temps mort : The Unknown Knows, The End of Dormancy, Into My Hypercube  et même Nuclear War du premier album War and Pain.

Snake ne s’adressera à la foule que deux fois, la première pour les salutations d’usage après Holographic Thinking et après la fantastique Fall.

La deuxième fois, vers la fin du spectacle, pour remercier l’ensemble des collaborateurs(trices) (parmi lesquels on se doit de mentionner Stéphane Lévesque, bassoniste de l’OSM, métalleux dans l’âme et instigateur de ce projet) qui ont fait de cette soirée historique un succès.

Stéphane Lévesque, bassoniste de l’OSM et un pur remerciement à cette cheffe d’exception, Dina Gilbert.    (Photos : Michel Langevin)

Toujours aussi boute-en-train sur scène avec sa démarche de Frankenstein de l’ère postnucléaire, il a beau avoir accumulé un peu de ganache avec la soixantaine, mais la voix, cette voix nasillarde à la fois menaçante et gouailleuse, demeure toujours intacte. Ses confrères quant à eux semblent s’amuser comme des enfants dans une confiserie. Chewy égrène ses solos de guitare, Rocky fait gronder sa basse et Away martèle ses fûts avec la furie et l’enthousiasme de musiciens qui réalisent la chance qu’ils ont de voir leur musique honorée de si grandiose façon.

Photos : Michelle Dunn

Néanmoins, si j’avais à choisir les moments forts de la soirée, mon cœur pencherait vers les trois moments suivants : l’interprétation sidérante de Forgotten In Space de l’album Killing Technology, où jamais l’influence de compositeurs comme Chostakovich ou Mahler sur la musique de Voivod n’aura été rendue aussi manifeste de par les arrangements symphoniques d’Hugo Bégin. Et les deux pièces qui ont conclu la soirée, Tribal Convictions de l’album Dimension Hätross et le rappel, l’inévitable reprise d’Astronomy Domine de Pink Floyd de l’album Nothingface, qui prenait ce soir-là une dimension presque cinématographique. Un bucket list moment comme disent les Américains.

3 000 personnes sont sorties de la Salle Wilfrid-Pelletier avec les oreilles bourdonnantes, mais des étoiles dans les yeux… et l’impression d’avoir vécu un moment exceptionnel dans la vie culturelle de la métropole. Un soir historique. Messieurs, mes respects!

Je termine avec cette citation de Pierre Bourgault :

« La respectabilité, ce n’est pas une image. C’est ce à quoi on arrive quand, après des années, on se retrouve fidèle à ses objectifs du début, fidèle à ses principes du début et fidèle à ses rêves du début. C’est de cette respectabilité-là que nous devons vivre… Voyez-vous, ce qui n’est pas respectable aujourd’hui peut l’être demain, aussi bien chez les hommes que pour les idées. »
Pierre Bourgault (1934-2003), discours au congrès du Parti Québécois, 1971.

Mot de Muriel Massé

Je fus éblouie de vivre un si beau moment d’histoire de la musique. J’avais une petite crainte vu que je ne connaissais pas trop la discographie de Voïvod. Peur que ça soit trop heavy. Mais de constater le travail acharné des musiciens qui se sont investis à fond dans cette folle aventure, donne les frissons. Donne toute une couleur dramatique à l’oeuvre.

Voir Snake conquis, grandement embrassé par toute cette énergie, on ne fait que croire que son rêve est enfin réel.

À certains moments, je les imaginais acteurs dans une grande oeuvre cinématographique telle le Tommy de Ken Russell, drame musical. Avec des scènes surréalistes. À l’image de la folie de grandeur que peut imaginer une telle association. Une musique intense qui appuie fortement ces compositions élaborées.

Photo : Muriel Massé

Après le spectacle

Les 4 membres de Voïvod sont venus saluer le fans, rassasiés de cette somptueuse aventure. Larry Todd et François Doc Globensky, de Famille Rock, n’ont pas voulu manquer cet inouï spectacle.

Embrasser la vie, se dit Larry, entouré de ses amis, François Globensky et Jérôme Brisson.

Photos : Muriel Massé

Voici quelques commentaires de spectateurs et amis :

 – Daniel Lagueux : Que dire d’autre que OUF, WOW et AYOYE!! VOÏVOD… au zénith du metal-prog!!
 – Stéphane Blouin : Voïvod symphonique! C’était juste malade!
 – Anonymus : Voïvod sont là où ils doivent être, au TOP!!!
 – Yves Maltais : Belle soirée Père et Fils hier à l’OSM, Voïvod/Classique. Merci fiston pour le beau cadeau.
 – A-dry All-rd : Quelle expérience !!! La musique était excellente et le visuel insane. Un film apocalyptique
 – Sylvain Carignan : Merci pour le voyage dans votre vaisseau…
 – Simon Barrette : Solide performance de tous les musiciens, mais mention spéciale au percussionniste de l’orchestre qui a donné une râclée à ses timbales
 – Sylvie Desmarais : Notre voyage en vaisseau symphonique, on en revient juste pas! C’était à s’époumoner raide! Voïvod!!!
 – Carole Lartoche : Une expérience épique où Voïvod se connecte avec l’Orchestre symphonique de Montréal. Magistral et vibrant.
 – Eric Beaudin : Le show de l’année, épique, puissant, parfait! Un moment d’anthologie!

Une histoire de famille! Au concert Voïvod Symphonique, les générations se réunissent pour célébrer ce groupe culte en version symphonique

Après deux concerts mémorables avec l’Orchestre Symphonique de Montréal, Voïvod s’associe cette fois à l’Orchestre symphonique de Québec pour une performance unique et grandiose!

 

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Photo de bannière : Muriel Massé
BANNIÈRE : MURIEL MASSÉ
WEBMESTRE: MARCO GIGUÈRE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE

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