Fête Nationale des Québécois
Le 24 juin, parc Maisonneuve
Publié le 27 juin 2025
Texte: Glen Bourgeois Photos/Vidéos: Muriel Massé
Le Grand spectacle reconnaît un Grand départ… du moins un peu.
Ma première expérience de la Saint-Jean-Baptiste dans la belle province.
Malgré la canicule et le chagrin du décès d’un grand parmi nous, je me suis décidé de participer quand même à au moins une activité dans le cadre de la programmation pour la fête nationale à Montréal. Étant Acadien (néo-écossais, francophone bien sûr) aux études à Montréal, il s’agit de ma première chance à vivre l’expérience de la Saint- Jean-Baptiste au Québec. Et lors de mon déplacement au Parc Maisonneuve, j’ai vite
réalisé que je n’étais pas seul : bien de gens me côtoyaient à pied, autant au trottoir qu’à piétiner les pistes cyclables avoisinantes.
Rendu au site (ou bien à l’entrée permise, de coïncidence la dernière de trois venant du métro Pie IX), c’était le trajet à travers la foire alimentaire. Une atmosphère genre moitié camping, moitié parc de ville, j’ai quand même eu l’impression de voir très peu de sourires. Possiblement une fatigue à la suite de la chaleur en après-midi (dont on dit que l’Humidex a atteint 44 degrés Celsius…!)? Peut-être d’autres gens partageaient ma tristesse face au départ du musicien légendaire Serge Fiori (qu’on me dit aimait bien la Saint-Jean)?
Le sentiment lourd s’est allégé lors de mon arrivée devant l’estrade, où j’ai facilement pu apercevoir un bon ami québécois et membre de la Famille Rock, Jeannot Fontaine, de loin. Je l’ai rejoint dans peu de temps. Les gens festoyaient davantage et les drapeaux fleurdelisés semblaient se multiplier à chaque minute. Les gens étaient respectueux, de bonne humeur et surprise!, bien sobres. Malgré le bon nombre de gens, mon ami me dit qu’il y en a bien moins qu’au Grand spectacle l’année précédente : fort probable que bon nombre de gens sont restés chez soi afin d’éviter le coup de chaleur. Sous peu, une autre de la Famille Rock nous rejoint et on est trois à fêter ensemble parmi la foule qui grandit, petit à petit.
Muriel Massé, Jeannot Fontaine et Glen Bourgeois
L’animateur d’une radio populaire, en vue de préparer les gens avant l’enregistrement officiel, commence à entraîner la foule avec une série de répétitions afin de s’assurer qu’on allait bien chanter le refrain de la pièce classique de l’encore plus légendaire Gilles Vigneault, Gens du pays qui fête elle-même son 50e anniversaire. Après un bout de temps, j’avais l’impression qu’on allait nous la faire chanter cinquante fois. Après la première dizaine de répétitions sans et avec accompagnement, je partage mes attentes qu’on va également chanter les versets lors du spectacle (ce qu’on a fait).
Parmi toutes ces répétitions, c’était au tour de commémorer Fiori: est-ce l’ironie de saluer le départ d’un grand musicien avec les paroles bien connues “Où est allé tout ce monde qui avait quelque chose à raconter ?” Serge, t’es bien plus qu’un musicien parmi tant d’autres. Cet animateur nous dit que nos “di- didi-dam, dam, dam” ne sont pas forts. Aucune crainte, vous n’avez qu’à nous fournir l’accompagnement à la guitare pour qu’on puisse tous suivre le tempo.
Pendant ce temps, il s’adresse à la section VIP qui se trouve immédiatement au-delà de la barrière sur laquelle nous sommes accotés, en la félicitant d’être la plus vocale et énergique des sections VIP qu’il ait jamais vu au Grand spectacle. Je regarde les gens assis dans leur chaise, bien sages, pendant que mon ami m’avise que la section profite d’une superficie double comparée à celle de l’année dernière. Ça fait du sens: le plus nombreux qu’on est, le plus de bruit qu’on peut faire.
Bientôt, c’est le début du spectacle : surprise, on chante Gens du pays, mais cette fois les versets de M. Vigneault sont bien inclus, interprétés par une suite de duos parmi lesquels on retrouve Matt Lang, Sara Dufour, Daphné Brissette (du groupe rock Bon Enfant, également présent lors de la soirée), Yama Laurent, Yann Perreau, Élizabeth St-Gelais et L’Alliance chorale du Québec. Après l’intro, c’est au tour à la comédienne Guylaine Tremblay, animatrice de la soirée, à partager quelques mots… mais pas avant qu’une bonne partie de la foule partage quelques mots eux aussi: Le Québec! Un pays! Le Québec! Un pays!
Étant Acadien, je commence à paniquer un peu… par où s’est envolée la soudaine fierté d’être Canadiens, face aux menaces de 51e état U.S.? Mon ami québécois me rassure « Ne t’inquiètes pas, on aime les Acadiens ici! » J’ai mon meilleur chiac de prêt au besoin.
Sous peu, la chorale se lance dans un pot-pourri qui débute avec une pièce assez hallucinante comme choix, presque ironique pour une célébration: Dégénérations (sans se rendre à l’affirmation de party contre tout qui mène le texte original à sa conclusion, bien sûr). Comme si la chorale avait le goût d’oser de plus en plus loin, elle se lance ensuite dans le succès 1990 de Jean Leloup (pour laquelle j’ai encore un penchant de ma jeunesse) et ensuite l’incontournable Bobépine de Plume Latraverse.
La suite musicale se redresse avec un choix plus prudent, passant par Marc Déry, Le monde est rendu peace… et je ressens l’énergie se dissimuler avec les voix du choeur. Ça se reprend (du moins en esprit) avec un classique de Raymond Lévesque Quand les hommes vivront
d’amour. « Comment çà, tu connais çà? » me demande Jeannot. « Et bien, je lui répond: « Offenbach! » pour arriver enfin à La boulé de Robert Charlebois, avec deux photos d’un jeune Garou (version 1965) à l’écran géant en arrière-plan.
Dans peu de temps, v’la le Garou de 2025 qui apparaît sur estrade pour chanter Cauchemar avec autant d’énergie que je m’attendrais de lui en 1969. Une troupe de danse moderne arrive aussitôt sur scène : c’est peut-être un peu trop léché pour moi, mais la foule semble bien dans le party, alors que dire?
Ensuite, c’est Loud parmi les musiciens (et les bruits d’alarmes et d’avertisseurs chantillonnés) … et faut dire qu’un certain cachet s’ajoute à entendre des instruments live accompagner le rap.
Le beat change aussitôt lorsque arrive Guylaine Tremblay de nouveau, la larme à l’oeil, afin de commémorer la vie de Fiori. Où est allé tout ce monde qui avait quelque chose à raconter… La foule y ajoute sa voix avec brio, mais j’entends dire aux médias sociaux que la télé en a profité afin de passer une publicité. (Je propose qu’on rediffuse la mini-série d’Harmonium afin de corriger ce faux pas… l’ayant manquée lors de sa diffusion originale, j’aimerais une deuxième chance.)
Et ici, comble de malheur, Muriel a été poussée à deux reprises, elle a dû interrompre l’enregistrement.
Le reste de la soirée se poursuit dans un mélange de points saillants et d’oublis (pas d’autrui, plutôt de ma mémoire). Matt Lang en profite afin de chanter le succès de Gaston Mandeville, Le vieux du bas-du-fleuve (une autre dont je surprend mon ami en ajoutant ma voix au refrain… « Hé, comment çà tu connais celle-là? »
Loud revient avec l’Alliance chorale du Québec et c’est encore plus impressionnant (faut dire qu’il y a un petit quelquechose d’une performance en direct qu’un backing track ne peut reproduire, surtout avec une centaine de voix avec brio).
Sara Dufour est bien entraînante, bien que je ne puisse plus me rappeler de ce qu’elle a chanté (la fatigue de ma part ?). Bon Enfant joue un punk-pop rétro qui pète le feu, mais mon ami et moi ne pouvons pas nous convenir au sujet de quelle décennie ce rétro puise (il dit les années ‘70-’80, mais ça me rappelle plutôt le retour du ska-punk aux années ‘90).
Pour quelque raison, le micro de Yama Laurent n’est jamais assez fort à mon goût: j’ai confiance qu’elle a une très belle voix, mais je veux l’entendre. Les danseurs reviennent le temps d’une chanson de Yann Perreau et quittent la scène à temps pour qu’arrive Charlebois de
nouveau: le duo Perreau-Charlebois se lancent en brio dans une version bien rock de The Frog Song.
C’est au tour de Perreau à quitter l’estrade: Garou embarque sur Le mur de son (tiré de l’album qui demeure possiblement mon préféré du chanteur flyé).
Élizabeth St-Gelais nous offre une interprétation impressionnante de la pièce E Uassiuian de Kashtin. Pendant ce temps, la foule est bien unie… ou presque. Comme d’habitude, des jeunes et moins jeunes essaient de se rendre en avant-scène, tout en frôlant brusquement des gens plus âgés qui sont restés fidèles à leur poste depuis avant le spectacle et sont assez déçus de voir la vue de l’estrade bloquée par des intrus ados de 6-pied-98- pouces. (En passant, une équipe de basketball à Montréal, ça serait peut-être le temps?)
Toutefois, je perds le beat lorsque deux pièces lentes s’enchaînent, la deuxième étant une interprétation de Tu m’aimes-tu? de Richard Desjardins. “T’es tellement, tellement, tellement…” Oui, j’suis tellement, tellement, tellement fatigué de la canicule dont on dit que le facteur humidex a atteint 44 degrés Celsius en après-midi, que je commence à penser à mon lit.
Arrive le temps du discours patriotique d’Antoine Bertrand (à base de paroles de chansons québécoises) et mon ami me dit, « J’te lance le défi de me nommer toutes les chansons desquelles il va chercher ses mots...” Désolé, je n’en ai entendues presque aucune, faute des conversations qui se passaient autour de moi.
Arrive le temps de la finale à la télé, suivie d’un autre duo avec Charlebois et cette fois- ci Sara Dufour en Miss Pepsi aurait du me réveiller, mais non, pas beaucoup. Arrive le retour de Bon Enfant et la majorité de notre groupe se prononce prêt à retourner chez soi.
C’est en quittant le parc que je comprends davantage combien de gens sont présents : il y en a partout, face à des écrans géants qui sont placées de toutes directions. Une désorientation légère s’installe dans ma cervelle: l’estrade était à droite ou bien à gauche ? Où est la foire alimentaire parmi laquelle je me suis faufilé en arrivant ? Finalement, je vois un kiosque : c’est celle de la SAQ (bon, je ne me rappelle pas de celle-là…). Mon accompagnatrice voit la rue à travers les arbres : encore un meilleur signe. Sous peu, on est de retour parmi une foule, cette fois-ci qui se déplace vers le métro. À ma surprise, tous semblent embarquer dans le même autobus en face, et je me trouve facilement un siège afin de voyager la ligne verte à ma résidence.
Je reste avec un sourire aux lèvres. Je m’y reprend l’an prochain. Peut-être que j’entendrai une chorale chanter As-tu du feu? ou Le Rap-
à-Billy. C’est avec cette pensée que je me reconnaîs surfatigué.
Merci à tous pour un party ben enthousiaste et inclusif, et de m’avoir permis de mieux digérer mon deuil du départ de Fiori en me permettant d’être un Québécois adopté (comme l’a prononcé mon ami) parmi tant d’autres… vrais Québécois, bien sûr. Gens du pays, c’est votre tour…
Grand merci à l’utilisatrice YouTube, Amy, pour m’avoir rafraîchi la mémoire en postant des vidéos de la soirée pendant que je tapais ce récit au clavier de mon ordi.
Fabriqué au Québec
Basé à Montréal, capitale mondiale du rock francophone
Photo de bannière: Glen Bourgeois
INFOGRAPHE: MURIEL MASSÉ
WEBMESTRE: MARCO GIGUERE
RÉDAC’CHEF: MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE
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