Spectacles

Blue Rodeo MTL 2017

Blue Rodeo avec The Sadies
Article paru le 19 février 2017, Pop Rock 2.0
Vues 1,200 
Republié le 20 février 2022

 

Par Jérôme Brisson

 

Blue Rodeo avec The Sadies
Salle Wilfrid-Pelletier (Place des Arts), Montréal
8 février 2017

En cette soirée de semaine hivernale triste et grise, j’avais le sentiment que les quelque 3 000 personnes qui s’étaient donné rendez-vous à la Salle Wilfrid-Pelletier recherchaient consciemment ou non une dose de bonne humeur, de réconfort, quelque chose qui leur rappellerait un jour de soleil d’été sur une route de campagne. Et Blue Rodeo, c’est un peu ça depuis trente ans, comme des cousins de l’Ontario qui viennent faire leur tour et s’asseoir à notre table, année après année, pour nous conter durant plus de deux heures leurs histoires douces-amères sur fond de country rock chaleureux, tonique et lumineux.

En première partie, une surprenante et agréable découverte tant pour l’auteur de ces lignes que pour une tranche non négligeable du public présent : The Sadies, quatuor ontarien qui roule pourtant sa bosse depuis 23 ans et copains de Blue Rodeo, qui nous ont servi une demi-heure bien tassée de rock’n’roll «rootsy» dans les règles de l’art. Un cocktail détonnant de country «twangy» (le père et les oncles des deux frères guitaristes Dallas et Travis Good forment le groupe country canadien The Good Brothers), de surf rock déjanté et de psychobilly de garage sauce 1960, qui a tôt fait de remporter l’adhésion des spectateurs présents, comme en témoigne cet enthousiaste loustic qui a crié du fond de la salle «You rock, you crazy bastards !» On ne pouvait imaginer meilleure première partie pour Blue Rodeo. À revoir assurément en tête d’affiche dès qu’ils se repointeront à Montréal!

Vers 21 heures, c’est le temps des retrouvailles de Blue Rodeo avec son public montréalais, le temps pour Jim Cuddy de lancer en français un souriant «Bonjour tout le monde, bonjour mes amis!» pour ensuite marier sa voix à celle de son éternel complice Greg Keelor pour entonner Heart Like Mine de leur premier album Outskirts. Les voix à la fois si distinctes et si complémentaires des deux comparses – qui ont franchi le cap de la soixantaine- demeurent toujours aussi étonnamment puissantes et cristallines, inaltérées par l’âge, en particulier celle de Cuddy encore capable de pousser son falsetto soul dans Try qu’on entendra au rappel.

Quelques jours avant, le 3 février 2017 à Toronto (pour vous donner un aperçu du spectacle)

Le groupe – qui comprend outre Cuddy et Keelor les fidèles frères d’armes Bazil Dovovan à la basse et Glenn Milchem à la batterie, de même que Colin Cripps à la guitare, Michael Boguski au piano et à l’orgue et l’étonnant Jimmy Bowskill (The Sheepdogs) à la guitare hawaïenne, à la mandoline, au violon et à la guitare – dosera savamment sa «setlist» de la soirée, puisant son matériel équitablement au fil de ses 15 albums studio en carrière, tout en se gardant bien sûr les gros canons pour la fin. Ainsi, la pièce-titre de leur plus récent album 1000 Arms s’enchaînera harmonieusement avec la classique et très Beatlesque Rose-Coloured Glasses de leurs débuts sans crainte de décalage.

Parmi les moments forts de la soirée, qui à mon sens n’était pratiquement constituée que de moments forts, mentionnons la poignante Bad Timing (probablement la plus belle balade country jamais écrite, point à la ligne), l’incontournable Diamond Mine avec son solo d’orgue halluciné que Michael Boguski a littéralement fait sien, y injectant une urgence très free jazz, qui tranche avec l’approche «manzarekienne» de son prédécesseur Bob Wiseman.. I Can’t Hide This Anymore et sa mandoline tristounette gracieuseté de Jimmy Bowskill et une version enlevante de The Railroad de Lee Hazlewood, chantée par Greg Keelor avec toute la gouaille qu’on lui connaît.

Viennent enfin les gros canons cités plus haut : Til I Am Myself Again, véritable hommage à The Byrds avec son intro de guitare Rickenbacker par Colin Cripps, la bucolique 5 Days in May où la voix langoureuse de Jim Cuddy fait merveille et Hasn’t Hit Me Yet dont le premier couplet en entier fut entonné par les 3 000 gosiers de l’assistance, au grand plaisir des musiciens sur scène qui leur ont adressé un thumbs up des plus approbateurs.

En rappel, Jim Cuddy s’installe au piano pour Try, et son falsetto parvient encore à donner le frisson trente ans plus tard. Puis une reprise tout à fait inattendue – mais c’est dans la nature de Cuddy, Keelor et compagnie de sortir des sentiers battus! – Little Ole Wine Drinker Me, popularisée dans les années 60 par Dean Martin. Et pour finir en beauté cette soirée placée sous le signe de la joie, de l’émotion et de la communion, les membres des Sadies viennent rejoindre les héros de la soirée pour Lost Together, reprise en choeur par les fans comblés. En somme, près de trois heures de musique émouvante, rassasiante et énergisante, de la musique pour oublier un peu l’hiver…

Toujours à Toronto, Lost Together avec The Sadies (encore pour vous donner un aperçu du spectacle)

Liste des chansons :

Fools Like You
Head Over Heels
Disappear
1000 Arms
Rose-Coloured Glasses
Superstar
After the Rain
Western Skies
Bad Timing
Diamond Mine
One Light Left in Heaven
Over Me
Palace of Gold
I Can’t Hide This Anymore
Cynthia
You’re Everywhere
The Railroad (reprise de Lee Hazlewood)
Is It You
What Am I Doing Here
Til I Am Myself Again
5 Days in May
Hasn’t Hit Me Yet

Rappels :

Try
Little Ole Wine Drinker Me (reprise de Dean Martin)
Lost Together (avec The Sadies)

 

BANNIÈRE: DANIEL MARSOLAIS
WEBMESTRE: STEVEN HENRY
RÉDAC’CHEF : MURIEL MASSÉ
ÉDITEUR: GÉO GIGUÈRE
SECRÉTAIRE À LA RÉDACTION : RENÉ MARANDA

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